Chapitre 3 : Anxieuse









Après le départ de Haine, j'en profite pour déballer mes affaires dans ma chambre, lorsque la porte s'ouvre soudainement, laissant entrer une fille aux longs cheveux couleur miel, aux yeux noisette, un teint pétillants. Ses vêtements colorés semblent presque crier leur présence dans la pièce. Elle porte un immense carton qui parait presque l'écraser sous son poids. Je décide de lui porter secours. Nous portons le carton ensemble jusqu'au lit se trouvant à proximité. En reposant le carton, elle me regarde avec reconnaissance.

— Oh, merci beaucoup, il était beaucoup trop lourd pour moi. J'ai dû le porter toute seule jusqu'ici, personne n'a voulu m'aider.

Je lui réponds avec un léger sourire.

— Eh bien, je suis contente de l'avoir fait.

Elle continue avec enthousiasme.

— Oh, j'oublie mes bonnes manières. Je m'appelle Rêveuse et je pense que tu dois être ma camarade de chambre ?

— Oui, je m'appelle Anxieuse, réponds-je simplement.

Rêveuse écarquille les yeux, l'air surpris.

— Attends, tu es LA ANXIEUSE ?! La fille qui a aboli la loi de Feelings ?! La fille qui a fait changer les choses ?! La fille qui m'a tant fait rêver ? Si c'est vraiment toi, tu es un modèle pour moi !

Gênée, je baisse les yeux et réponds doucement.

— Effectivement, c'est moi. Je ne savais pas qu'on racontait toutes ces choses sur moi et tu sais, je ne suis en rien un modèle.

Rêveuse secoue la tête avec énergie.

— Oh que si, tu l'es pour moi, et pour plein de gens qui ont toujours rêvé de ressentir différentes émotions et qui malheureusement ont dû se plier aux règles ! On était plusieurs dans cette situation, sauf que nous avons tous gardé ça pour nous...

Sa voix se perd un instant alors qu'elle me regarde avec une admiration sincère. Je sens une chaleur étrange envahir mon cœur, une sensation de reconnaissance et d'acceptation que je n'avais pas souvent ressentie.

— Eh bien, je suis contente de savoir que ce que j'ai fait a aidé des gens comme toi, murmurai-je, touchée par ses paroles.

Rêveuse est une personne comme je n'en ai jamais rencontré auparavant. Sa personnalité reflète une joie de vivre contagieuse. Elle a une silhouette un peu rondelette et porte des vêtements de toutes les couleurs, comme si elle incarnait elle-même un arc-en-ciel. Elle semble être le genre de personne à voir le monde avec des yeux d'enfant, émerveillée par les petites choses de la vie. Ce qui la rend immédiatement sympathique. Il est difficile de ne pas sourire en sa présence. Je suis bien contente d'avoir Rêveuse comme camarade de chambre, j'avais une légère crainte de tomber sur une personne avec qui je ne me serais jamais entendue. Alors que je déballe mes affaires, elle me pose une question qui me ramené à la réalité.

— Et du coup, tu es ici pour étudier la psychologie en général ?

Un peu ailleurs, je réponds en continuant de ranger mes affaires.

— Oui, la psychologie m'a toujours intéressée. Pouvoir écouter les gens et trouver des solutions pour contribuer à leur bonheur, c'est ce que j'aimerais beaucoup faire. Et puis, ça me permettrait surtout d'aider les habitants de Feelings à gérer au mieux leurs émotions.

Rêveuse éclate de rire, un rire franc et communicatif.

— Et puis, quoi de mieux que de gérer ses émotions avec la fille qui a aboli la loi ? Tes futurs clients seront très chanceux !

Je souris légèrement, touchée par ses paroles.

— C'est sûr, j'espère un jour, pouvoir rendre les gens, meilleurs.

Curieuse d'en savoir plus sur Rêveuse, je lui demande à mon tour. Et toi, Rêveuse ?

Rêveuse prend une profonde inspiration.

— J'aimerais être psychologue pour enfants pour les aider à apprendre à gérer leurs émotions plus facilement. Je me dis que si les enfants peuvent apprendre tôt à reconnaître leurs émotions et à les exprimer de manière saine, ils seront mieux armés pour faire face à la vie adulte. Je veux être là pour leur offrir le soutien que j'aurais aimé avoir moi-même.

Face à ses propos, je suis impressionnée par sa détermination et sa compassion. Je réponds d'un air spontané.

— Eh bien, c'est un superbe métier que tu rêves de faire et de permettre aux enfants de comprendre leurs émotions, c'est vraiment important.

Rêveuse acquiesce en m'offrant un sourire. Quant à moi, je continue à ranger mes affaires, déposant soigneusement mes vêtements dans l'armoire mise à disposition. Puis, je sors le cadre de Haine que je pose sur mon chevet. Soudain, Rêveuse s'approche de moi sans que je m'en rende compte, me faisant sursauter légèrement. Elle attrape le cadre et me demande de manière légèrement intrusive.

— J'imagine que ça doit être ton copain ?

— Oui, c'est lui.

Elle observe le cadre un instant avant de déclarer.

— Vous semblez heureux tous les deux.

Je la regarde reposer le cadre puis je lui demande à mon tour.

— Et toi, tu as quelqu'un ?

Rêveuse esquisse un léger sourire avant de le dissimuler.

— Oh non, je n'ai personne. J'ai longtemps rêvé de rencontrer quelqu'un qui me comprendrait, quelqu'un à qui je pourrais plaire. Mais tu sais, je suis plutôt le genre de fille à me faire des films, à être un peu trop dans la lune. Parfois, parler à un garçon qui me plaît me rend tellement nerveuse que je ne sais plus quoi dire. C'est comme si mon cerveau se mettait en mode panique...

En écoutant Rêveuse, je la comprends parfaitement, ayant vécu moi-même ces angoisses par le passé. Je pose une main réconfortante sur son épaule en lui disant.

— Eh bien, tu sais, ta super camarade de chambre fait partie de la famille de la peur, et elle aussi a du mal à calmer son anxiété. Alors, je te propose qu'on se serre les coudes, ensemble.

Rêveuse me regarde, surprise.

— C'est vrai ? Tu acceptes vraiment ? J'ai parfois l'habitude d'être un peu envahissante, et je crois que c'est pour ça que je n'ai pas beaucoup d'amis.

Je lui souris fièrement.

— Détrompe-toi, tu viens de te faire ta première amie à l'université.

Rêveuse me regarde avec des yeux pétillants de bonheur, ses traits s'adoucissant.

De mon côté, je finis de déballer mes affaires. En rangeant mes vêtements dans l'armoire, je sors un autre cadre, celui contenant la photo que Protecteur avait prise l'an dernier à notre remise de diplômes. Un sourire nostalgique s'étire sur mon visage alors que je repense aux souvenirs de l'an dernier, cette lutte pour abolir la loi de Feelings. Je me souviens de tous les moments passés avec ma bande d'amis qui ne sont plus là avec moi. Une légère larme coule sur ma joue et tombe sur le cadre. Soudain, quelqu'un toque à la porte, mais je ne l'entends pas. C'est alors que Rêveuse m'appelle. J'essuie rapidement ma larme et pose le cadre près de celui de Haine sur mon chevet.

En me retournant, Rêveuse m'informe accompagné d'un sourire charmeur.

— Il y a un beau garçon à la porte qui te demande.

Je m'approche et aperçois Curieux. Il me salue en ouvrant ses bras, et je me précipite vers lui.

— Curieux ! Oh, je suis tellement heureuse de te voir !

— Le plaisir est partagé Anxieuse ! Ça te dit de faire le tour du campus avec moi ?

— Volontiers !

J'accepte avec joie et salue Rêveuse qui nous regarde avec un sourire timide. Avec Curieux, nous nous baladons dans l'immense campus. Je peux lire de la joie sur la figure de mon ami, il semble lui aussi heureux de retrouver une tête familière dans ce vaste endroit. Cela apaise la solitude que je ressens depuis mon arrivée. En marchant sur le campus avec Curieux, je ressens un certain réconfort. Sa présence familière est un baume pour mon cœur anxieux.

— Alors, comment tu te sens ici ? Demande Curieux, un sourire chaleureux aux lèvres.

Je prends une profonde inspiration.

— C'est... différent du lycée, c'est sûr. C'est à la fois excitant et terrifiant. Tout est tellement nouveau. Et toi ?

Curieux hoche la tête.

— Je comprends. C'est un grand changement. Moi aussi, ça m'a un peu secoué au début, mais ce n'est qu'une question d'habitude. Je suis content d'être ici, même si notre bande me manque.

Je souris légèrement.

— Oui, tout le monde me manque aussi. Haine, Joviale, Brave, même Rancunière me manque... Je me sens un peu seule sans eux.

Curieux pose une main réconfortante sur mon épaule.

— Tu sais, c'est normal de ressentir ça. On a vécu tant de choses ensemble, l'an dernier. Mais on va se faire de nouveaux amis ici aussi. Et on a toujours les anciens, même s'ils sont loin de nous. On n'a pas quitté la ville, Anxieuse.

Je hoche la tête, touchée par ses mots.

— Tu as raison. Il faut juste un peu de temps pour s'adapter. Mais ça me fait du bien de te voir ici.

Curieux sourit de toutes ses dents.

— Moi aussi, je suis content. Et puis, on peut toujours compter l'un sur l'autre, pas vrai ?

Je souris en retour.

— Toujours ! Alors, tu fais quoi ici ? Quels sont tes cours ?

Il se passe une main dans ses cheveux ébouriffés, l'air un peu gêné.

— J'aimerais devenir psychologue environnemental, j'ai beaucoup de cours qui concernent les bases de la psychologie, la science, écologie et pleins d'autres matières.

— Et d'où t'es venu cette envie de faire ce métier ?

— J'ai toujours voulu comprendre comment fonctionne notre environnement et comment on peut la protéger et pouvoir me sentir utile dans cette branche-là et puis je suis un peu trop curieux là-dessus.

— C'est super intéressant, Curieux ! Mais je t'avoue que je te voyais plutôt détective, vu comment tu t'es bien penché sur le mystère de l'an dernier.

— Oh, tu sais que ça reste dans un coin de ma tête ! Je suis prêt à résoudre un nouveau mystère !

— Alors sur cette voie, tu es tout seul, j'en ai eu assez.

— Dommage, moi qui pensais que tu me suivrais. Et toi, pourquoi tu as choisi la psychologie ?

— Car j'espère pouvoir aider les gens à mieux comprendre et gérer leurs émotions.

Curieux hoche la tête avec approbation.

— Tu vas être géniale dans ce domaine, Anxieuse. Tu as déjà fait tant pour nous tous à Feelings. Tu es une source d'inspiration.

Je rougis légèrement.

— Merci, Curieux. Ça me touche vraiment. J'espère pouvoir être à la hauteur.

Il me sourit avec encouragement.

— Tu le seras, j'en suis sûr. Et si jamais tu as besoin de parler ou de te changer les idées ou partir sur un nouveau mystère, je suis là.

— Curieux !

— Très bien, j'arrête de te taquiner avec ça, rigole Curieux, en plissant les yeux.

En continuant de marcher sur le campus, je me tourne vers Curieux avec une question qui me brûle les lèvres.

— Et sinon, toi et Rage, comment ça va ? Je demande avec une pointe de curiosité.

Curieux sourit doucement, mais je peux percevoir une légère tension dans ses yeux.

— Tout va bien, même si c'est un peu compliqué en ce moment. Avec son boulot à la mairie, elle est super occupée. Et puis avec mon entrée à la fac, je pense qu'on ne va plus autant se voir qu'avant.

Je hoche la tête, comprenant la difficulté de concilier études et vie personnelle.

— Ça doit être dur de jongler avec tout ça.

Curieux acquiesce

— Oui, ça l'est. Mais on fait de notre mieux. On est censés se voir ce soir, d'ailleurs. On essaie de se réserver des moments rien que pour nous, même si ce n'est pas toujours facile.

Je lui souris, espérant lui apporter un peu de réconfort.

— Je suis sûre que vous allez trouver un équilibre. Vous êtes tous les deux très forts et déterminés.

Il me regarde avec gratitude.

— Je l'espère, tes paroles me rassurent. Et toi, comment tu gères avec Haine ?

Je soupire légèrement, sentant une vague de mélancolie m'envahir.

— Il m'a accompagné ce matin et j'ai vu dans son comportement que ça va être dur pour lui. Ça ne va pas être simple, il me manque déjà. Mais on compte s'envoyer des messages, et se parler aussi souvent que possible. J'essaie de rester positive pour pouvoir me concentrer sur mes études.

Curieux hoche la tête, compatissant.

— Ça va le faire, Haine est un grand gaillard qui va bien s'occuper, je suis sûr que vous allez gérer. Et puis on pourra aller les voir dès qu'on a du temps libre.

— Exactement.

En continuant notre promenade sur le campus, je me tourne vers Curieux, une pensée lourde pesant sur mon esprit.

— Pour tout te dire, ce qui va me manquer, c'est de ne plus avoir Haine pour venir à mon secours.

Curieux me regarde, un sourire complice aux lèvres. Puis, il me taquine en disant,

— C'est vrai, il n'y aura plus de voiture cassée, plus d'incendie, plus de pics entre vous et surtout plus de Gaffe. Mais tu sais, moi, je peux toujours venir à ton secours, même si je n'ai pas les muscles de Haine.

Je frissonne légèrement à l'évocation de "Gaffe" et le regarde avec une légère lueur de peur.

— Tellement heureuse de ne plus voir Gaffe, un soulagement. Oh, mais maintenant, j'aimerais me sauver moi-même sans avoir recours à quelqu'un.

— De toute façon avec le nombre de fois où Haine a pu te sauver, je n'aurai jamais rivalisé, constate Curieux.

Nous trouvons un banc sous un saule pleureur qui offre une vue sur une immense pelouse où de nombreux étudiants sont assis. Alors que nous nous installons, un visage familier apparait devant nous. Drôle, le frère de Gaffe, défile devant nous, accompagné de deux filles. Curieux observe cette apparition avec intérêt.

— Tiens, tiens, je ne savais pas que Drôle étudiait dans cette université aussi. Tu ne lui parles plus ?

Je détourne difficilement le regard de Drôle, les souvenirs douloureux refaisant surface. Il avait travaillé avec Épaté et Dégoût au centre de détention où j'avais été retenue, et il avait trahi ma confiance auparavant. Je ne lui avais jamais réellement pardonné. Je soupire avant de répondre.

— Oui, il est en deuxième année de psychologie et j'ai arrêté de lui parler un peu avant ma fuite de Feelings, l'an dernier.

— Ça ne doit pas être facile de le revoir.

— Non, ça ne l'est pas, admis-je. Mais je suis ici pour tourner la page et avancer. Je veux me concentrer sur mes études et sur ce qui me rend heureuse.

Curieux me sourit avec bienveillance.

— Tu as raison.

Curieux regarde l'heure sur sa montre et se lève précipitamment.

— Oh non, je suis en retard ! J'avais promis à mon camarade de chambre de déjeuner avec lui. Je te vois tout à l'heure à la présentation des cours ?

— Pas de soucis ! File ! Je m'écris à Curieux qui court à l'opposé de ma position.

Seule sur le banc, profitant de ce moment de solitude, je sors mon téléphone. Aucun message de Haine.

— Peut-être qu'il n'avait pas vu son téléphone ou qu'il était simplement occupé, me murmurai-je en soupirant.

Soudain, je sens une présence s'installer près de moi. Je lève les yeux et aperçois Rêveuse déposer deux bouteilles d'eau et deux sandwichs.

— Coucou ! Je ne savais pas ce que tu voulais manger, alors j'ai opté pour un sandwich au beurre de cacahuète. J'espère que tu n'es pas allergique à l'arachide.

J'ignore comment elle a fait pour me retrouver dans cet immense campus, mais j'apprécie son geste.

— Oh, tu sais, avec toute cette excitation, je n'ai pas vraiment faim, mais tu as fait un bon choix. Rassure-toi, merci beaucoup.

En dévorant son encas, elle se tourne vers moi en me questionnant.

— Qui était ce beau garçon ?

— C'est Curieux, un de mes amis proches du lycée. Lui et moi sommes les seuls de notre bande d'amis à être dans cette université.

Rêveuse acquiesce en sortant un bloc-notes pour dessiner tout en m'écoutant.

— Oh, tu avais toute une bande d'amis. J'imagine que ça doit être assez dur de s'en séparer.

Je hoche la tête en signe d'approbation, en prenant un bout de mon sandwich puis je reprends.

— Et toi ? Tu avais une bande d'amis au lycée ?

— Non, mais j'avais une meilleure amie, malheureusement, on s'est disputées parce qu'elle était au courant de mon envie de changer d'émotions et elle ne m'a jamais soutenu là-dessus. Aujourd'hui, on ne se parle plus, alors tant pis, je recommence à zéro, réponds elle.

— Et elle n'a jamais voulu te dénoncer aux agents d'autorité ? Je demande, intriguée.

Rêveuse me regarde avec une expression sérieuse.

— Je pense qu'elle tenait suffisamment à moi pour ne pas me dénoncer. Agir ainsi, c'est vraiment un acte horrible, surtout quand on sait que des centaines de personnes étaient enfermées contre leur gré. Même à mon pire ennemi, je ne souhaiterai pas ça.

À cet instant, je repense à Gaffe, qui l'an dernier m'avait fait vivre un calvaire en me poursuivant avec des agents d'autorité. Je chasse vite ces images de ma tête et admet à Rêveuse.

— Oui, c'est si effrayant. Heureusement que tout ça est fini.

Rêveuse hoche la tête, absorbée dans son dessin, tandis que je savoure mon encas. Je détourne mon regard de l'horizon pour le poser sur les croquis de ma camarade de chambre.

— C'est fascinant, tu as un bon coup de crayon, je commente en regardant par-dessus son épaule. Tu as vraiment un talent pour le dessin.

Rêveuse sourit, les yeux toujours rivés sur son croquis en cours.

— Merci ! J'ai toujours aimé dessiner depuis que je suis toute petite. Tu sais, ça me détend vraiment continue Rêveuse en tournant la page de son bloc-notes pour commencer un nouveau croquis. Ça m'aide aussi à canaliser mon énergie et à me concentrer.

Je hoche la tête, comprenant parfaitement l'importance de ces moments de calme et de créativité.

— Je pense que c'est une belle manière d'apprécier le moment présent, admet Rêveuse, doucement.

Elle lève les yeux de son bloc-note en me souriant.

— Et toi, qu'est-ce qui te détend ? Je suis sûre que tu as aussi quelque chose qui te passionne.

— J'aime beaucoup écrire. J'ai toujours un cahier auquel je note mes pensées, mes idées et surtout mes diverses émotions. Je t'avoue que j'ai encore du mal à gérer certaines.

Rêveuse semble intéressée.

— Oh, ça doit être génial d'avoir un endroit pour exprimer tes sentiments et tes réflexions.

Plongée dans une conversation animée, mon regard est alors captivé par un garçon qui parais à peine plus âgé que moi. Grand et athlétique, il a une silhouette qui évoque force et grâce. Ses cheveux couleur miel tombent en mèches rebelles autour de son visage. La lumière joue faisant ressortir des nuances dorées à son allure envoûtante. Il porte un tee-shirt blanc qui met en valeur son torse musclé et ses bras bien définis. Un jean bleu ciel, légèrement déchiré aux genoux, dans sa main, il tient un livre.

Alors qu'il avance d'un pas décidé le long de l'allée centrale du campus, ses cheveux se soulèvent légèrement au gré du vent. Lorsqu'il passe devant le banc auquel Rêveuse et moi sommes assises, il jette un regard intense dans ma direction, ses yeux captant les miens pour un bref moment. Puis, avec un sourire éclatant, il continue sa marche. Intriguée par cet échange, Rêveuse ne peut s'empêcher de réagir.

— Oh là là, Anxieuse, tu as vu ça ? Tu as eu un échange de regard avec le mec le plus sexy de l'université ! S'exclame-t-elle.

Je le regarde, surprise et curieuse.

— Tu le connais ?

— Tout le monde ici le connaît, c'est Charmeur ! Il fait rêver tout le monde. Il est en deuxième année et, franchement, il est incroyablement beau.

— Mais comment tu sais ça ?

— En arrivant ce matin, je suis passé devant plusieurs groupes de filles et elles n'avaient qu'un mot à la bouche, son émotion à lui.

Je souris légèrement, appréciant la beauté du moment, mais je chasse rapidement ces pensées de mon esprit. Mon cœur appartient déjà à Haine et personne d'autre ne peut occuper cette place.

Après avoir passé une heure à discuter et à mieux faire connaissance, Rêveuse et moi réalisons que nous sommes sur le point d'être en retard pour la présentation des matières de psychologie générale. Nous nous précipitons hors du banc où nous étions assises, nos pas résonnant contre les pavés du campus. Nous traversons les allées bordées d'arbres, le souffle court, essayant de nous orienter dans cet environnement inconnu. Finalement, nous atteignons l'imposant bâtiment principal où se trouve l'amphithéâtre. Ses murs de briques rouges et ses grandes fenêtres laissent entrevoir l'intérieur animé. Nous nous frayons un chemin à travers les couloirs encombrés d'étudiants. En arrivant dans l'amphithéâtre, nous nous retrouvons face à un espace impressionnant, aux gradins inclinés remplis d'étudiants, et une scène en contrebas où un professeur sévère nous fixe. Des dizaines de têtes se retournent vers nous alors que nous cherchons des places libres. Rêveuse repère deux sièges au fond, et nous nous y dirigeons rapidement, essayant de ne pas attirer davantage l'attention. Une fois assises, la voix autoritaire du professeur résonne dans la salle.

— Mademoiselle dans le fond, ce n'est pas parce que vous êtes la sauveuse de Feelings que cela vous donne le droit d'arriver en retard. Sachez que je n'apprécierai aucun retard.

Comment c'est possible ? Ce professeur me connaît déjà ? Il est évident que je vais me faire reconnaitre dès les premiers jours. Je sens mes joues rougir sous le poids de tous ces regards. Mon anxiété monte en flèche, alimentée par les chuchotements et les rires étouffés. Je tente de me calmer en repensant aux techniques que Haine m'avait enseignée. Prenant de profondes respirations, je réussis à apaiser mon esprit et à retrouver une certaine confiance. Je sors mon bloc-notes et un stylo, prête à prendre des notes. La porte de l'amphithéâtre s'ouvre de nouveau brusquement, laissant entrer Curieux et un autre étudiant, probablement son camarade de chambre. Ils se hâtent vers les sièges restants, mais pas avant que le professeur ne les réprimande également, ce qui déclenche un sourire sur mes lèvres. Curieux s'installe près de moi en murmurant.

— Eh bien, je commence bien la fac, en arrivant en retard.

Je le regarde avec un sourire complice et réponds.

— Je te rassure, je suis arrivée juste quelques secondes avant toi.

Nous échangeons un regard amusé et rigolons discrètement.

Pendant que le professeur continue sa présentation, je jette un coup d'œil autour de l'amphithéâtre. Les murs sont décorés de portraits d'anciens professeurs renommés, et une grande fenêtre à l'arrière offre une vue sur les pelouses bien entretenues du campus. La lumière naturelle inonde la pièce. Rêveuse, à côté de moi, semble absorbée par ses pensées, son carnet à croquis ouvert sur ses genoux, prête à y apporter quelques coups de crayons. À cet instant, une nouvelle détermination brûle en moi. Je suis prête à me lancer corps et âme dans cette nouvelle aventure à l'université...

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