Chapitre 15 : Anxieuse




Assise sur mon lit, entourée de mes livres et notes, je suis en pleines révisions. Les mots dansent sur les pages, mais mes pensées sont totalement ailleurs, toujours tournées vers lui, vers Haine. Comment je pourrais me rattraper envers lui et notre couple ? Tant de questions, mais si peu de solutions. Soudain, la porte de ma chambre s'ouvre et Curieux entre sans toquer.

— Anxieuse ! Regarde ce que Rage vient de m'envoyer !

— Curieux, il t'arrive de toquer avant de rentrer ?

— Désolé, mais ça semble urgent, elle veut qu'on vienne au chalet de Haine, dit-il, la voix teintée d'inquiétude.

— Pourquoi est-ce qu'elle nous convoque tous là-bas ? Dis-je en fronçant les sourcils.

Je n'ai pas vraiment envie d'y aller, surtout pas après ce qui s'est passé entre Haine et moi. Mais si Rage a envoyé ce message, ce n'est pas pour rien, l'idée de désobéir ne me parais pas envisageable.

Je referme mes cahiers avec un soupir, tentant de repousser l'angoisse qui s'installe dans ma poitrine. Mes révisions n'avancent pas, et l'idée d'aller au chalet me rend nerveuse. Curieux, debout près de la porte, m'observe en silence. Il connaît trop bien ce regard pour savoir que je n'ai pas envie d'y aller.

— Prends le temps de te préparer, je t'attends devant la voiture, sur le parking, dit-il avant de quitter ma chambre.

Je reste un instant seule, le silence de ma chambre pesant lourdement sur mes épaules. Puis je me lève pour me changer de vêtement, me coiffer et me passer un léger coup de maquillage. J'attrape ma veste, et je quitte à mon tour la pièce. L'idée de revoir tout le monde, et surtout Haine, me tord l'estomac, mais je n'ai pas vraiment le choix. En arrivant sur le parking, je vois Curieux appuyé contre ma voiture, son regard tourné vers moi. Je me dirige vers lui, mais mon attention est attirée par une silhouette familière au loin. Charmeur est assis sur un coin d'herbe, entouré d'autres étudiants. Nos regards se croisent brièvement. Il baisse les yeux, comme s'il était gêné. Mon cœur se serre un instant, mais je détourne rapidement les yeux. En rejoignant, Curieux, ce dernier a remarqué mon malaise.

— Tu ne lui parles plus depuis ce qu'il s'est passé ?

— Non, je ne lui ai plus adressé la parole. Je me suis rendu compte qu'il n'en valait pas la peine. Ma priorité est Haine.

Curieux hoche la tête en silence, sans poser plus de questions. Je prends les clés de la voiture, lui faisant signe de monter côté passager. Nous nous installons en silence, et je démarre le moteur. Alors que nous quittons le campus, mon esprit est déjà loin, tourné vers ma rencontre avec Haine. Comment je vais réagir face à lui ? Surtout dans ce lieu auquel j'ai passé tant de moments avec lui, l'an dernier...

En arrivant, je ressens de la nostalgie m'envahir. Ce lieu, chargé de souvenirs, est celui où Haine et moi nous étions rapprochés l'an dernier, après qu'il m'ait sauvé des agents de traque. Le revoir aujourd'hui, dans ces circonstances, me donne un coup au moral. Je soupire longuement avant de me garer et de sortir de la voiture. Curieux, lui, semble déjà à l'aise. Il aperçoit sa meilleure amie, Rancunière qui s'avance vers nous, et sans hésiter, il court la rejoindre. Pendant ce temps, je suis accueillie par Inquiet, qui m'enveloppe dans un câlin chaleureux, comme pour me protéger de cette atmosphère tendue qui règne.

— Salut Anxieuse, comment ça va ?

Je n'ai pas le temps de répondre que Rancunière passe devant moi, me dévisageant d'un regard glacial.

— J'essaye de tenir comme je peux. À ce que je vois, Rancunière me dévisage comme avant, murmuré-je.

Inquiet me regarde avec une expression douce, mais ferme.

— Ne t'en fais pas, je lui parlerai. Elle ne t'évitera plus, je te le promets. Que ce soit elle ou bien les autres, il leur faut juste un peu de temps, comme je te l'ai dit. Allez, viens à l'intérieur.

Nous pénétrons dans le chalet, et immédiatement, je remarque Blessée en pleine conversation avec Joviale. Dès que je franchis le seuil, Joviale me voit et détourne le regard, s'éloignant sous un prétexte quelconque. Je sens une pointe de tristesse m'envahir, mais avant que je ne puisse m'y attarder, Blessée s'avance vers moi, m'accueillant avec une accolade chaleureuse.

— Coucou Anxieuse

— Salut Blessée, comment vas-tu ?

— Ça va, bien que je sois légèrement inquiète par l'urgence de Rage.

— Tout comme toi, je suis dans l'ignorance.

Blessée remarque ma peine face à la distance de Joviale et fait le lien en me regardant puis en jetant un coup d'œil sur Joviale au loin. Elle se rapproche en posant une main sur le haut de mon épaule et d'une voix douce me murmure.

— Je suis sûre que tu retrouveras cette complicité avec Joviale. Elle te pardonnera.

— Je sais que j'ai fait une erreur, mais j'espère qu'elle ou Rancunière ou encore Haine, trouveront la force de me pardonner.

— Le temps est un bon remède.

Alors que je tente de me détendre sous le conseil de Blessée. Protecteur apparaît près de l'entrée de la pièce du séjour, en me saluant d'un signe de main. Quelques instants plus tard, Rage fait son entrée, son regard croisant le mien.

— Oh, Anxieuse, merci d'être venue. J'ai quelque chose d'important à vous dire à tous.

— Rage, est-ce que Haine est là ? Demandé-je, presque à contrecœur,

— Oui, il est venu avec Rancunière. Il est à l'étage, répond Rage, sans donner plus de détails.

Étrange, elle me répond sans aucun doute, peut-être qu'elle n'est pas au courant de notre rupture et de mon erreur. Acquiesçant d'un signe de tête, je vais m'installer sur un fauteuil à l'écart du canapé où Joviale et Rancunière se trouvent. Une légère angoisse siège en moi, cette dernière est capable de monter en flèche dès l'instant où mon regard se posera sur celui de Haine. Je m'installe, les yeux fixés sur le vide, tandis que Rage commence à parler. Pourtant, je ne peux m'empêcher de remarquer l'absence de Haine. Il n'est toujours pas là.

Rage s'avance pour être au centre de l'attention, elle prend une grande inspiration avant de se lancer, son regard balayant la pièce pour avoir tous les yeux rivés sur elle.

— Je me lance, si je vous ai demandé à chacun de venir, c'est parce que j'ai découvert quelque chose d'important, commence-t-elle, mais à peine a-t-elle terminé sa phrase que Rancunière lève les yeux au ciel et laisse échapper un soupir exaspéré.

— Ne me dis pas que c'est encore une quête ? On a déjà donné l'an dernier, râle Rancunière, croisant les bras.

Blessée intervient, essayant d'apaiser la tension.

— Attends, Rancunière. Rage, qu'as-tu découvert exactement ? Peux-tu nous en dire plus ?

— J'ai trouvé un livre... similaire au premier qu'Anxieuse a trouver, mais celui-ci parle d'un groupe de résistants qui se serait enfuis par rapport à la tension de la ville avec cette loi, ils seraient parmi les montagnes, ou peut-être même au-delà.

À ces mots, Protecteur soupire à son tour, l'air blasé.

— Encore un livre, marmonne-t-il, visiblement peu convaincu.

Malgré le brouhaha, Rage continue.

— Ce groupe... j'ai la certitude qu'ils sont toujours en vie, quelque part, mais ils ont disparu il y a longtemps. On pourrait être les premiers à les retrouver.

Inquiet, légèrement sceptique, lève la main pour poser une question.

— Rage, qui sont ces gens, exactement ? Et depuis combien de temps ont-ils disparu ?

— Je ne sais pas précisément qui ils sont, ni depuis combien de temps, ils sont partis, mais je suis sûre qu'ils sont quelque part là-bas, dans les montagnes.

Sous ces propos, l'ensemble du groupe échange des regards sceptiques. Personne ne semble vraiment y croire, et pourtant, une certaine curiosité plane. L'annonce de Rage me laisse perplexe. Je m'efforce de réfléchir à tout ça, mais c'est difficile de rassembler mes pensées avec tout ce qui se passe dans ma tête. L'idée qu'un groupe de résistants pourrait exister encore aujourd'hui, après tout ce temps... c'est surprenant, presque irréel. Mais, une partie de moi a envie de croire ce que dit Rage. Après tout, si c'est écrit dans ce livre, ce n'est sûrement pas pour rien. Cette situation me fait réfléchir, et même si je doute un peu, une part de moi veut croire que c'est possible. Tout à coup, Rage se tourne vers moi.

— Et toi, Anxieuse, qu'en penses-tu ?

Je m'apprête à répondre, mais avant que je puisse dire un mot, la porte au fond de la pièce s'ouvre lentement, révélant Haine. Il s'avance en me coupant la parole, les sourcils froncés.

— Rage a raison, déclare-t-il d'une voix ferme. Quoi qu'il en soit, il faut y aller. Il faut faire cette quête.

Curieux le regarde, visiblement surpris.

— Attends, tu y crois ? Réellement à cette histoire de résistants ?

Haine le dévisage comme à son habitude, son regard perçant et froid.

— J'ignore si ce groupe de résistants existe vraiment, mais dans tous les cas, il faut y aller pour en avoir le cœur net.

Petit à petit, son regard passe sur chacun des membres du groupe, sauf sur le mien, qu'il ignore complètement. Je suis bien consciente qu'il le fait exprès et qu'il n'a pas dû digérer mon erreur. Mais quelque chose me dit que Haine est encore plus rancunier que Rancunière l'est, il compte bien me faire payer mon acte. Haine croise les bras sur son buste et lance une question qui coupe court à toutes les discussions.

— Vous n'avez rien remarqué ?

Protecteur est le premier à répondre, un sourire sarcastique aux lèvres.

— Ouais, on est tous dans ton chalet, comme l'an dernier.

Haine lui jette un regard qui en dit long sur son irritation avant de répliquer avec sarcasme.

— Bravo, Protecteur. Mais ce n'est pas ce que je voulais dire.

Il marque une pause, puis ajoute plus sérieusement.

— Personne n'a remarqué que Brave n'est pas là ?

Un silence lourd s'installe dans le séjour, alors que nous réalisons tous l'absence de Brave. Même moi, je réalise soudain que mon meilleur ami n'est pas là. Comment ai-je pu ne pas le remarquer plus tôt ? Je suis tellement submergée par mes propres tourments, que j'ai complètement oublié de penser à lui. Je m'en veux terriblement de ne pas avoir pris conscience plus tôt de son absence. Une dizaine de questions me vient à l'esprit. Pourquoi Brave n'est-il pas là ? Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Est-ce que Haine en sait davantage ? Plus j'y pense, plus l'inquiétude grandit en moi. Brave n'est pas du genre à disparaître sans prévenir. Blessée prend la parole en s'adressant à Haine.

— Maintenant que tu le dis, ça va faire plus d'une semaine que je n'ai plus de nouvelles de lui, mais il a l'habitude de couper son téléphone quand il est en mission.

Haine la fixe intensément, son regard perçant cherchant à déceler la vérité.

— Même le soir ? Permets-moi d'en douter, Blessée. Ce que je crois, c'est que Brave a disparu en tentant de retrouver Gaffe.

L'annonce de Haine nous plonge dans un silence pesant. Rage prend une profonde inspiration, cherchant à reprendre le contrôle de la situation.

— C'est exactement pour ça que j'ai besoin de vous tous, dit-elle d'une voix ferme, mais l'inquiétude est perceptible dans son ton. Si Brave était sur la piste pour retrouver Gaffe et qu'il a disparu cela signifie qu'il s'est peut-être perdu ou pire encore, qu'on l'ait attrapé. Une chose est sûre, nous devons partir à sa recherche.

Rancunière, toujours réticente, fronce les sourcils en s'adressant à Rage.

— Je comprends l'urgence, mais comment sais-tu où chercher ? Ces montagnes sont immenses, et Brave pourrait être n'importe où.

— Je sais que c'est un défi de taille, mais j'aimerais qu'on forme deux groupes pour la recherche. Ce serait plus pratique et augmenterait nos chances de le retrouver rapidement.

— Deux groupes, hein ? Parce que ça va tellement faciliter les choses, comme si on n'était pas déjà en train de chercher une aiguille dans une botte de foin.

Curieux hoche la tête, soutenant l'idée de Rage.

— Deux groupes, ça me semble logique. On couvrira plus de terrain.

Rancunière, sans manquer de sarcasme, se tourne vers lui avec un sourire en coin.

— Bien sûr que tu es d'accord. C'est ta copine après tout, tu n'allais pas être contre elle, hein ?

Inquiet se tourne vers Rancunière avec un sourire en coin.

— C'est toi qui dis ça ? Je te rappelle que tu es contre mes propos presque tout le temps, et pourtant nous sommes en couple.

Rancunière lève les yeux au ciel, un soupir faussement exaspéré s'échappant de ses lèvres. Elle répond avec son habituelle dose de sarcasme, mais j'arrive à ressentir de l'amour qui transparaît dans sa voix.

— Oui, mais c'est bien pour ça qu'on s'entend si bien, non ? Si je te disais oui à tout, on s'ennuierait vite, mon cœur.

Elle lui adresse un petit sourire malicieux avant de détourner le regard, une lueur affectueuse dans les yeux. Haine, toujours debout au centre de la pièce, serre les poings, sa voix tranchante.

— Alors qui est partant pour retrouver Brave et tenter de retrouver aussi ces résistants ?

Sans m'y attendre, je sens les regards se poser sur moi, une pression familière qui me rappelle l'an dernier, quand c'était moi qui fixais les règles à suivre. J'ai l'impression que les autres attendent encore quelque chose de ma part, comme s'ils pensaient que je suis toujours celle qui doit guider le groupe. Mais depuis le début de cette discussion, je suis restée silencieuse. Je n'ai plus cette assurance, cette capacité à m'imposer. Et en observant Haine prendre les devants, je réalise que c'est lui qui a pris ma place. Cette pensée me serre le cœur, comme si je perdais peu à peu mon rôle au sein du groupe.

Blessée prend la parole en se levant pour rejoindre Haine face aux autres.

— Je suis partante, dit-elle finalement, sa voix douce, mais déterminée. Nous devons retrouver Brave, et découvrir si les résistants sont toujours cachés.

Rancunière, Joviale ou encore mon frère et Protecteur acquiescent avec elle. Avant que quelqu'un d'autre ne puisse parler, je décide de m'imposer, mais Haine me remarque et me coupe à nouveau la parole.

— C'est décidé alors. Nous partirons à sa recherche, nous partirons dans deux jours, en attendant, préparez-vous, on se donnera rendez-vous devant la sortie de la ville, ne soyez pas en retard.

Un silence plane sur l'assemblée. La proposition de Haine ne les emballe pas, mais ils savent qu'il a raison. Voyant leur hésitation, Haine continue.

— Écoutez, je sais que partir pour une nouvelle quête ne vous donne pas envie, c'est pareil pour moi. Vous savez, si l'an dernier, on m'avait demandé de partir à la recherche de Brave, jamais, je n'aurais accepté. Surtout pour sauver ce blondinet avec qui j'ai eu tant de tensions au lycée. Mais avec le temps, j'ai découvert en lui un véritable ami, un allié. Brave est l'un de nous. Il a toujours été là pour nous aider, pour nous soutenir. Alors, rendons-lui la pareille et allons l'aider.

En l'écoutant, je reste sidérée par les paroles de Haine. C'est la première fois que je l'entends parler de Brave avec autant de respect et d'affection. Autrefois, Haine n'avait aucun ami et s'était même battu avec lui. Entendre ces mots de sa bouche est improbable. Après que la décision soit prise, l'ensemble de mes amis commencent à partir. Je me dirige alors vers Haine, mon cœur battant, déterminée à lui parler.

— Haine, je n'ai pas encore répondu contrairement aux autres...

Haine s'arrête, me fixe avec un regard glacial et répond d'un ton sec.

— Hum, ton avis m'importe peu.

Ses mots sont comme une gifle. Sans ajouter un mot, il tourne les talons et quitte la pièce, me laissant seule dans le séjour. Je savais qu'il laisserait sa colère s'emparer de lui, mais je ne pensais pas que ce soit si brutal. Ce que je ressens est aussi violent qu'une balle qui perfore le cœur, surtout venant de Haine. Le mépris dans son regard, la froideur de sa réponse, tout cela me fait ressentir un vide immense, mais surtout une profonde tristesse. Je me demande si un jour, je pourrai réparer mon erreur et notamment retrouver le Haine que j'aime tant. Je décide alors de quitter le chalet pour apaiser mon esprit. Je me dirige vers le ponton en face de la maison. En arrivant, je m'assois lentement, le cœur lourd, les jambes pendantes au-dessus de l'eau. Le calme du lac contraste avec le désordre que je ressens intérieurement. Je ferme les yeux, essayant de prendre de grandes inspirations pour calmer mon angoisse. Je réfléchis à tout ce qui vient de se passer, essayant de trouver comment je pourrais rectifier les choses. Alors que je tente de rassembler mes pensées, je sens une présence derrière moi. J'ignore qui ça peux bien être, mais je préfère l'ignorer, j'ai envie de parler à personne. Mais cette présence se rapproche et, une voix familière retentit.

— C'est Inquiet qui m'a demandé de te présenter des excuses, commence Rancunière, son ton moqueur.

— Si ça n'aurait pas était mon frère, je doute que tu te sois excusé de toi-même, dis-je en me retournant pour la fusiller du regard. Tu crois vraiment que je vais croire à tes excuses forcées ?

— Tu sais quoi ? Peu importe. J'en ai assez d'essayer d'être gentille avec toi, surtout après ton erreur.

Rancunière tourne les talons avançant de pas ferme sur le bois du ponton. Mais au bout de quelques pas, elle s'arrête, soupire profondément, puis revient vers moi en s'installant près de moi. Soudain, Rancunière change de ton en regardant le calme du lac.

— Écoute... Je suis désolée. Réellement. L'an dernier, j'ai fait des erreurs. Des grosses erreurs dont une qui a faillit te couter la vie. Mais malgré tout, tu as su me pardonner. Alors c'est à mon tour de te pardonner.

Surprise par cette confession. Mes yeux rencontrent les siens, et pour la première fois depuis si longtemps, je vois une étincelle de sincérité dans son regard.

— Depuis que tu as aboli cette loi, j'ai galéré, tu sais... Ressentir autre chose que la rancune et de l'espièglerie c'est... bizarre pour moi. C'est encore loin d'être naturel, mais avec la bande et surtout avec Inquiet, j'y arrive.

— Personne s'attend à ce que ce soit facile de gérer ses émotions, mais t'es en train de le faire, et c'est ce qui compte.

Rancunière se retourne, jetant un coup d'œil en arrière. Elle aperçoit Haine monter dans sa voiture, accompagné de Joviale et Blessée. Elle se tourne ensuite vers moi, une expression douce dans son regard.

— Ne t'en fais pas, dit-elle doucement, Joviale ne peut pas être joyeuse sans toi dans sa vie. Tu lui manques beaucoup et ça se voit. Concernant Haine, je pense que ça va être plus dur parce qu'il a laissé sa colère le consumer. Mais l'amour que vous avez entre vous existe encore, j'en suis sûre. Il est juste enfoui sous un rocher de douleurs. Laisse-lui du temps.

Je souris légèrement, les paroles de Rancunière réchauffant mon cœur malgré la douleur que je ressens. Mon regard suit la voiture de Haine qui s'éloigne du chalet, et je me laisse emporter par l'espoir qu'un jour peut être les choses pourraient s'arranger entre nous. Rancunière se lève et tend une main vers moi. Je la saisis, et elle m'aide à me remettre debout. Une fois que je suis sur mes pieds, elle me lance avec un sourire en coin.

— Bon, j'espère que maintenant, tu ne vas pas te mettre à pleurer, hein. Ce serait trop... Anxieuse, même pour toi. Tu es forte et c'est ce que j'ai toujours admiré chez toi, je dois le reconnaitre.

Je ne peux m'empêcher de rire doucement, surprise par son sarcasme qui cache mal sa sincérité. Elle s'avance pour regagner sa voiture, mais avant qu'elle ne parte, je l'appelle.

— Rancunière !

Elle se retourne, levant un sourcil interrogateur.

— Merci, dis-je simplement.

Elle me sourit en réponse, puis balance ses cheveux en arrière d'un geste théâtral, fidèle à elle-même, avant de se diriger vers sa voiture.

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