Chapitre 11 : Anxieuse




Je conduis, mes mains serrées si fort sur le volant que mes jointures en deviennent blanches. Les gouttes tombent sur le pare-brise, rendant la route floue, mais ce n'est rien comparé au chaos qui règne dans ma tête. Je n'arrive pas à croire ce que Haine m'a fait. Comment a-t-il pu me trahir de cette façon ? J'ai l'impression qu'il ne sait plus gérer les choses quand je ne suis pas là pour veiller sur lui. Mon cœur est en morceaux, et je sens la colère m'envahir. Je pensais qu'on avait quelque chose de spécial, qu'il pouvait être honnête avec moi, mais là... ça dépasse tout. Cette trahison, cette douleur, c'est insupportable. J'ai l'impression d'étouffer sous le poids de la déception. J'essaie de me concentrer sur la route, mais tout ce que je vois, ce sont ses erreurs, sa trahison et surtout, le fait qu'il m'ait caché tout ça, qu'il ait continué à agir derrière mon dos.

Les larmes coulent, je n'arrive pas à les retenir. J'ai mal, si mal. Je pensais qu'il m'aimait, qu'il tenait assez à moi pour me respecter. Mais il me prouve encore une fois qu'il n'est pas prêt à grandir, qu'il ne peut pas gérer les choses sans moi. Je pensais qu'en abolissant la loi, il n'aurait plus à ressentir uniquement de la colère. Je ne sais plus comment penser, que ressentir. Tout ce que je sais, c'est que je suis dévastée. Devoir faire une pause dans notre relation, je sais que c'était la bonne chose à faire, mais pourquoi ai-je l'impression que mon monde entier est en train de s'effondrer ? Je suis à peine sur le chemin du retour que ma voiture commence à ralentir, et finalement, elle s'arrête complètement. Je regarde le tableau de bord, horrifiée. Plus d'essence. Comme si ce n'était pas assez. Je tente d'appeler Curieux, puis Rêveuse, mais aucune réponse. Le désespoir commence à me submerger. Finalement, je n'ai pas d'autre choix que d'appeler Charmeur, même si je sais qu'en l'appelant, ça ne fera qu'augmenter ses chances de se rapprocher de moi. Il répond presque immédiatement, comme s'il attendait mon appel. Je lui explique ma situation, lui envoie ma position, mais au moment où je termine, mon téléphone s'éteint. Je lâche un cri de colère en tapant ma main contre mon volant. La pluie tombe lourdement, me laissant seule avec mes pensées, jusqu'à ce qu'une voiture grise s'approche. Je ne l'entends même pas arriver jusqu'à ce que Charmeur toque à ma fenêtre, me faisant sursauter.

— Je t'ai fait peur ? Demande ce dernier, inquiet.

— Je suis simplement surprise par ta venue rapide. Mais attends, tu as une nouvelle voiture ?

— Oui, mes parents m'en ont donné une autre, mais on parlera plus tard, pour l'instant, il faut te mettre à l'abri, tiens enfile mon sweat et met la capuche pour empêcher la pluie de mouiller tes cheveux.

Il me tend son sweat, révélant ses abdos sans que je puisse m'empêcher de remarquer, puis m'aide à sortir de ma voiture. Je prends le sweat à contrecœur, puis en essayant de rejoindre sa voiture, je me prends une crevasse se trouvant sur le bitume de la route. Je trébuche quand Charmeur me rattrape juste à temps, et dans ce geste, sous la pluie battante, je sens mon cœur s'emballer. Il s'approche de moi, son visage près du mien, et dans un élan de confusion et de désespoir, je l'embrasse. C'est un baiser que je ne comprends pas tout de suite. Un geste impulsif qui semble répondre à des sentiments que je ne pensais pas avoir. Il me rend mon baiser, et pour un instant, j'oublie tout le reste.

                                                                                      ***

Sous la pluie qui tambourine contre la voiture, Charmeur m'arrête juste avant que je ne sorte.

— Je m'occupe de ta voiture demain, je te la ramène sur le parking du campus.

J'acquiesce en silence, lui tendant les clés. J'ai envie de fuir, de mettre fin à ce moment gênant, mais il m'arrête de nouveau, son regard planté dans le mien.

— Anxieuse... Tu n'as pas à te sentir coupable pour ce baiser.

— Je suis désolée, Charmeur... J'ai eu un moment de faiblesse. Et maintenant, je suis seule à me sentir coupable, vu que c'est moi qui t'ai embrassé.

Il me fixe, cherchant quelque chose à dire. Mais je n'ai pas envie d'entendre quoi que ce soit. Je me détourne et sort de sa voiture, marchant rapidement sous la pluie. Je n'ai pas fait trois pas que Charmeur m'appelle. Je me retourne, et le vois courir vers moi. Sous la pluie battante, le campus est désert. Il me rejoint et avant que je puisse réagir, il pose ses mains sur mes joues trempées et m'embrasse de nouveau, plus intensément encore. Je m'éloigne brusquement, le souffle coupé.

— Mais que fais-tu ?

Il sourit, malgré la pluie qui nous trempe tous les deux.

— Maintenant, tu n'es plus seule à te sentir coupable.

Je le regarde, abasourdie, alors qu'il recule vers sa voiture. Tout ça me paraît irréel. La pluie continue de tomber, mais je suis figée sur place. Quand il s'éloigne enfin, je me précipite vers le bâtiment, cherchant à me mettre à l'abri, mais surtout à échapper à ce chaos intérieur. En montant les escaliers qui mènent à ma chambre, je sens les larmes monter. J'ai fait une énorme erreur. Je n'aurais jamais dû l'embrasser, d'autant que je ne ressens rien pour Charmeur, rien qui puisse justifier ce que je viens de faire. Dans ma chambre, je me laisse tomber sur le lit. Les larmes que j'ai retenues commencent à couler, et je ne peux plus les arrêter. Je réalise que Charmeur ne m'apprécie probablement que parce que je suis la « sauveuse », car je brille d'une lumière qui n'est pas vraiment la mienne. Si je n'étais pas Anxieuse, la fille qui a sauvé la ville, est-ce qu'il me verrait seulement ? Mais Haine... il m'a toujours aimée pour qui je suis réellement, pas pour ce que je représente. Notre histoire est bien plus profonde qu'un simple coup de cœur. Tous les moments que j'ai partagés avec lui et les épreuves que nous avons traversées ensemble, me prouve que c'est lui que j'aime et pas Charmeur.

Je m'enfonce dans l'oreiller, mes sanglots étouffés par le tissu. Comment ai-je pu tout compliquer ainsi ? Je sais que j'ai besoin de temps, de clarté, mais à présent, une seule question trône dans mon esprit. Comment réparer tout ça maintenant ?

Le lendemain matin, je me réveille avec une lourdeur dans la poitrine, mais je sais qu'il faut que je passe outre et que je reprenne ma routine. À la cafétéria de l'université, je prends une pomme et un verre de jus d'orange et m'installe à une table, où Curieux me rejoint rapidement. Il commence à me parler de Rêveuse, disant à quel point c'est une fille super. Il s'emballe sur ses qualités, sur le fait qu'elle est douce, compréhensive, mais je l'écoute à peine. Mon esprit est ailleurs complètement absorbé par la présence de Charmeur que je vois au loin. Il est entouré de quelques filles, souriant et discutant avec elles. Mon regard se concentre sur lui, et je sens qu'il finit par me remarquer. Nos yeux se croisent une seconde, mais je détourne les yeux pour me concentrer sur ce que Curieux raconte. Je hoche la tête distraitement, faisant semblant d'écouter, mais il n'est pas dupe et il finit par remarquer mon absence mentale.

— Anxieuse ? Tu m'écoutes ? J'ai l'impression, tu es totalement ailleurs.

— Effectivement, tu as tout juste, est-ce que tu veux que l'on sorte pour en parler ?

Curieux accepte de quitter la cafétéria pour gagner l'extérieur du bâtiment. En se retrouvant entre les étudiants pressés, je ne peux plus garder le silence. Je me tourne vers Curieux et lui avoue enfin la vérité sur mon baiser avec Charmeur, le chaos que ç'a déclenché dans ma tête, et le fait que je suis complètement perdue avec Haine.

— Curieux, j'ai... quelque chose à te dire. Je prends une grande inspiration, cherchant le courage. Hier, j'ai embrassé Charmeur.

Curieux reste silencieux un instant, le choc se lisant sur son visage. Il finit par froncer les sourcils, essayant de me comprendre.

— Attends... Tu as embrassé Charmeur ? Mais... et Haine ?

— Je sais... Je sais que c'était une erreur. Mais ça s'est passé si vite, après que j'ai annoncé à Haine de faire une pause, quand j'ai appris qu'il aide Brave à retrouver Gaffe. Je me suis sentie tellement perdue, tellement seule...

— Tu as rompu avec Haine, car il aide Brave ? C'est vrai, il n'aurait pas dû accepter d'aider Brave sur cette affaire, mais ce n'est pas si grave pour rompre. Surtout un couple solide comme vous deux.

— Après réflexion, c'est exact, mais je me suis sentie trahie.

Curieux soupire et se frotte la nuque, visiblement troublé par mon annonce.

— Trahie ? Et tu penses qu'avec ce que tu as fait, il va se sentir comment ? Attends, il le sait ?

— Non... Enfin, pas encore. Je ne sais même pas comment je pourrais lui dire ça.

— Tu sais que ça ne va pas rester secret éternellement. Si tu aimes Haine, il faut le mettre au courant. Mais pourquoi Charmeur ? Tu l'aimes ?

Je secoue vivement la tête, refusant cette idée.

— Non... non, ce n'est pas ça. C'était un moment de faiblesse, je suppose. J'étais tellement en colère contre Haine... et Charmeur était là. Je me suis laissé emporter. Mais je ne ressens rien pour lui.

— Alors pourquoi l'avoir embrassé ?

— Je crois... que je cherchais juste du réconfort. Mais maintenant, je me sens encore plus mal. J'ai blessé Haine, et je ne peux même pas le lui dire.

Curieux me regarde longuement, puis hoche lentement la tête.

— Je comprends que tu te sentes coupable, et tu as raison de l'être. Je suis surtout en train de penser à Rêveuse qui fait une fixation sur Charmeur, si elle apprend ça, elle sera attristée.

— Je ne voulais blesser personne... surtout pas Rêveuse. Elle m'avait demandé si j'avais des sentiments pour Charmeur, et je lui ai dit que non. Je me sens tellement horrible.

— Rêveuse va être blessée, c'est sûr. Mais tu ne peux pas fuir tes erreurs. Il faudra que tu lui parles aussi. Mais pour l'instant, il faut que tu penses comment gérer ça avec Haine.

Je détourne le regard, le cœur lourd.

— Je ne sais même pas par où commencer...

Curieux serre doucement ma main en souriant légèrement.

— Commence par être honnête. Avec toi-même, et avec lui. Ça ne sera pas facile, mais c'est la seule façon d'aller de l'avant.

Je hoche la tête, consciente de la vérité des mots de Curieux, mais terrifiée à l'idée de tout ce qui pourrait suivre. Curieux reprend en me questionnant sur ma meilleure amie tout en tenant son portable en main.

— Pourquoi tu n'en parles pas à Joviale ? C'est ta meilleure amie ! Elle pourrait vraiment t'aider à y voir plus clair.

— Je ne peux pas faire ça, dis-je en me stoppant près d'un banc. Elle est trop proche de Haine. Si je lui en parle, elle pourrait... enfin, je ne veux pas qu'elle prenne parti ou que ça complique encore plus les choses.

Curieux me regarde avec un sourire un peu coupable, et avant que je puisse réagir, il s'exclame d'un air gêné.

— Trop tard, dit-il en haussant les épaules. J'ai déjà envoyé un message à Joviale.

Je le fixe, incrédule.

— Quoi ?! Curieux, rassure-moi, tu n'as pas envoyé de message ?!

— Si et d'ailleurs, elle a déjà répondu. Elle a dit qu'elle allait même passer en début d'après-midi.

Je laisse basculer ma tête en arrière, en laissant échapper un soupir exaspéré. Je savais que Curieux essayait de bien faire, mais je n'étais pas prête à parler à Joviale, surtout pas maintenant, alors que je suis déjà tellement perdue. Mais désormais, je n'ai plus vraiment le choix.

— Tu aurais pu me demander avant, dis-je, tentant de cacher mon agacement.

— Je sais, mais je pense que c'est ce dont tu as besoin, même si tu n'en as pas envie, répond-il calmement. Joviale saura écouter sans te juger. Fais-lui confiance.

Je croise les bras, encore hésitante, mais au fond, je sais que Curieux a raison. Peut-être que parler à Joviale pourra m'aider à clarifier mes pensées, même si c'est la dernière chose que je veux faire en ce moment.

                                                                                               ***

L'après-midi est calme, et je suis plongée dans mes révisions sur le lit, essayant de me concentrer. Mes pensées ne cessent de revenir à la conversation avec Curieux et à la peur grandissante de ce que je dois affronter. Soudain, un coup léger à la porte me sort de mes pensées. Mon cœur bat plus vite, et je me lève pour aller ouvrir, espérant que ce soit Joviale. Mais en ouvrant la porte, je me retrouve face à Charmeur. Mon cœur se serre immédiatement, et sans réfléchir, je tente de refermer la porte. Mais il bloque la porte avec son pied avant qu'elle ne se ferme complètement.

— Que fais-tu ici ?

Il est vraiment la dernière personne à qui je veux parler. J'essaie de repousser la porte, mais il pousse doucement pour entrer.

— Anxieuse, attends. On doit parler de ce qui s'est passé.

Il entre dans ma chambre, malgré mes efforts pour l'en empêcher. Je recule, nerveuse, cherchant mes mots.

— Il n'y a rien à dire, Charmeur. Je ne veux pas en parler. Je te remercie pour ma voiture, mais s'il te plaît, pars.

— Je suis désolé de jouer avec tes sentiments, Anxieuse. Ce baiser... ce n'était pas juste un moment de faiblesse pour moi. Mais je comprends si ça l'était pour toi.

— Non, Charmeur. C'était une erreur, et c'est tout. Je t'en prie, pars.

Il continue de s'approcher, sa voix plus douce, plus désespérée.

— Je ne veux pas te perdre. Même si tu regrettes ce baiser, je ne peux pas ignorer ce que je ressens. Je ne veux pas compliquer ta vie.

— Tu l'as déjà fait...

Il s'approche de nouveau, son regard plein de cette même intensité qui m'a troublée la dernière fois. Mais je recule instinctivement, essayant de mettre de la distance entre nous, autant physiquement qu'émotionnellement.

— Anxieuse, je ne veux pas te perdre. Si on doit juste être ami, alors tant pis, je m'en contenterai.

Je n'arrive pas à penser clairement, tout semble brouillé dans ma tête. Mais avant qu'il ne puisse continuer, un coup retentit à la porte, un coup ferme qui résonne dans la pièce. Je me crispe, reconnaissant le timing presque parfait de cette interruption. Je profite de l'occasion, m'accrochant à cette distraction pour mettre fin à cette conversation que je ne suis pas prête à avoir.

— S'il te plait, pars de cette chambre.

— Très bien, je m'en vais, encore désolé...

Il tourne lentement la tête vers la porte, hésite une seconde, puis se dirige vers celle-ci. Charmeur lève les yeux et tombe sur Rancunière. Avant même qu'il ne puisse dire un mot, Rancunière lui adresse un sourire sarcastique.

— Tu peux dégager ?  Lui lance-t-elle d'un ton qui ne laisse aucune place à la négociation.

Charmeur lève les mains en signe de reddition, un sourire en coin.

— À vos ordres, répond-il avec un soupçon de malice, avant de sortir de la chambre, adressant un clin d'œil à Joviale qui l'ignore totalement.

Une fois la porte refermée derrière lui, je suis surprise de voir Rancunière aux côtés de Joviale. Il y a quelques mois, je n'aurais jamais imaginé qu'elle vienne ici, encore moins en compagnie de Joviale. Rancunière me regarde avec une expression indéchiffrable, tandis que Joviale m'offre un sourire réconfortant qu'elle efface aussitôt. Je sens une vague de confusion m'envahir.

— Qu'est-ce que Rancunière fait ici ? Pas que je ne veuille pas te voir, mais Curieux a envoyer un message à Joviale et non à toi.

— Oh, ne t'inquiète pas, je sais que je ne suis pas la première sur ta liste d'invités. Mais disons que j'étais dans le coin et que je n'allais pas laisser passer l'occasion de venir voir comment tu t'en sortais. Après tout, on est presque de la famille maintenant, non ?

— Si tu le dis, murmuré-je en levant les yeux en l'air.

Rancunière s'avance, prête à continuer sa conversation, mais Joviale lève une main pour l'arrêter.

— Laisse-moi faire, murmure-t-elle doucement.

Rancunière, bien que réticente, acquiesce et va s'asseoir sur mon lit. Joviale prend une profonde inspiration et s'approche de moi.

— Anxieuse, on est là parce qu'on est inquiètes pour toi, et aussi pour Haine. Il nous a parler de votre rupture. Il traverse un moment difficile, mais toi aussi. C'est évident que vous vous aimez, mais il y a trop de malentendus entre vous en ce moment. Concernant Gaffe, il ne faut pas lui en vouloir...

— Ne pas lui en vouloir ? On parle de Gaffe là ! Il m'a trahie ! Il ose essayer de retrouver la fille qui m'a filé le plus gros traumatisme de ma vie ! Tu y crois ? Pourquoi il a fait ça ?!

Joviale ouvre la bouche pour répondre, mais je continue de plus belle, sans même lui laisser une chance de s'expliquer.

— Et en plus, il s'est comporté comme le connard qu'il a toujours été en s'en prenant à la voiture de Charmeur, juste par jalousie ! Exactement comme ce qu'il a fait à Rancunière l'an dernier !

Rancunière, qui était jusque-là restée en arrière, laisse échapper un rire incrédule.

— Sérieux, il a recommencé ? Demande cette dernière en rigolant, comme si c'était une sorte de rituel chaotique auquel elle est maintenant habituée.

Toujours furieuse, je me tourne vers Joviale, mes yeux lançant des éclairs.

— Alors, vas-y, dis-moi, qu'est-ce que je suis censée faire, hein ?

Je regarde Joviale, et c'est comme si je la voyais soudain sous un nouveau jour. Depuis notre enfance, elle a toujours été celle qui apaise, qui diffuse sa joie de vivre. Mais là, je perçois une colère sourde en elle, quelque chose que je n'avais jamais vu depuis l'abolition de la loi. Elle me fixe, les sourcils légèrement froncés, et je sens que ce n'est pas seulement de l'inquiétude qui anime son regard. C'est la première fois que je la vois ressentir une telle colère et ça me glace.

— Tu veux vraiment savoir ce que tu es censée faire ?! Tu veux que je te dise ce que Haine traverse ? Il ne voulait pas faire cette affaire avec Brave ! Tu le savais ça ? Il ne voulait pas parce qu'il savait ce que Gaffe représentait pour toi ! Mais tu sais pourquoi il l'a fait finalement ? Pour aider Brave, son ami ! Car il se sent inutile sans toi, sans toi qui te balades avec un autre garçon ! Tu l'as fait venir dans ta chambre, tu passes du temps avec lui, tu te rapproches de lui juste car il est là ? Pour remplacer Haine ? Qu'as-tu en tête, Anxieuse ?

Surprise par l'attaque soudaine de Joviale, je reste bouche bée, incapable de répondre. Joviale continue, le visage rougi par la colère

— Je n'arrive plus à te reconnaître, Anxieuse ! Où est passée la fille qui voyait en Haine quelqu'un de bien malgré sa colère, malgré sa rage ? Où est passée celle qui faisait tout pour ses amis, pour les autres ? L'Anxieuse que je connaissais n'aurait jamais agi de la sorte avec son copain ou ses amis.

— J'ai changé. Je pense plus à moi et mes études qu'à autre chose, et peut-être que tu devrais en faire autant.

Joviale me dévisage, son regard glacial me parcourant de haut en bas.

— Ouais, c'est ce que je vais faire. Mais moi, mes amis sont importants, c'est ma famille.

Sur ces mots, elle tourne les talons et quitte la pièce. Rancunière, qui avait observé la scène en silence, s'approche lentement de moi en s'exclamant à son tour.

— Tu sais quoi, Anxieuse ? L'an dernier, je t'ai mené la vie dure, mais tu as toujours été une fille bien malgré tout. Une fille qui en valait la peine. Je voyais mes erreurs à travers toi, mais aujourd'hui... Aujourd'hui, tu es devenue aussi mauvaise que moi, peut-être même pire.

Je fronce mes sourcils, prête à protester, mais Rancunière m'interrompt.

— Haine m'a confié qu'il ne voudrait pour rien au monde chercher Gaffe, qu'il savait ce qu'elle représentait pour toi et qu'il était hors de question qu'il le fasse. Mais finalement, il a changé d'avis, tu sais pourquoi ? Il l'a fait pour aider un ami, parce que l'amitié, c'est tout ce qu'il lui reste... mais il faut croire qu'on ne représente plus rien pour toi. Si j'avais été Haine, je t'aurais laissée au centre de détention l'an dernier. Parce que l'Anxieuse que je vois aujourd'hui ne mérite pas le soutien qu'on lui a apporté.

Rancunière recule, me laissant seule à la fois choquée et dévastée...

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