Chapitre 1 : Anxieuse
Je suis si fière de l'évolution de Feelings depuis notre quête à la recherche de la vérité, c'est si plaisant de pouvoir ressentir des émotions en toute liberté. Toutefois, cela n'a pas été facile pour tous. Mes parents par exemple, ont mis du temps à accepter le fait de ressentir d'autres émotions que celles appartenant à la peur. Eux comme les autres membres fondateurs ont d'ailleurs étaient les premiers à pouvoir bénéficier d'aide dans leurs gestions d'émotions. Il est vrai que voir ma mère ressentir autre chose que du stress était assez surprenant au début. Aujourd'hui, elle comme mon père arrive à gérer leurs émotions tout comme la plupart des habitants de la ville. Depuis la restauration de la liberté émotionnelle, Feelings a subi une transformation remarquable. Des centres communautaires ont été établis dans toute la ville afin d'offrir un soutien et des ressources. Des ateliers de bien-être et des séances de méditation sont régulièrement organisés pour aider les citoyens, d'ailleurs certains sont même organisés par ma mère, elle qui a eu tant de mal à gérer son stress, aide à présent autrui.
Le cinéma de Feelings, autrefois limité à certaines catégories de films, est désormais ouvert à tous les genres. Les habitants peuvent à présent regarder des films qui reflètent toute la gamme des émotions qui existent. Allant des comédies légères aux drames poignants en passant par les films d'action palpitants ou des films d'horreurs sanglants. À la bibliothèque de la ville, tous les anciens ouvrages sur les émotions ont retrouvé leurs places sur les différentes étagères. Ce qui permet d'aider au mieux les habitants à comprendre les différentes émotions à travers la littérature, la poésie ou encore la psychologie. Enfin, les membres fondateurs ont également prévu d'organiser des festivals et des événements pour célébrer la diversité émotionnelle. Des concerts, des expositions artistiques et des conférences sont prévus pour les habitants de Feelings, il faut dire que maintenant que Rage siège auprès des membres, en tant que porte-parole des habitants, beaucoup de choses ont bien changé.
Feelings qui était autrefois anxiogènes, est aujourd'hui une ville florissante et vibrante, où la liberté émotionnelle est célébrée et encouragée à chaque tournant. Depuis l'an dernier, je me sens si bien, si comblée depuis notre lutte. Jamais je n'ai été aussi heureuse. À chaque jour qui passe, je me réveille avec un sentiment de légèreté, sachant que je peux vraiment ressentir et exprimer mes émotions sans crainte. C'est comme si un poids immense avait été levé de mes épaules, me permettant enfin de vivre pleinement.
Pourtant, malgré mon bonheur actuel, je ne peux m'empêcher de penser à ce que la ville aurait pu être si nous n'avions pas entrepris toutes ces démarches ? Si nous n'avions pas défié la loi oppressive qui régnait sur Feelings ? Si nous n'avions pas arrêté Dégoût et Épaté dans leurs plans diaboliques de supprimer toutes les émotions en imposant le dégoût à tout le monde. Où en serions-nous maintenant ?
Peut-être que la ville aurait continué à sombrer dans un état de désespoir. Nous aurions été condamnés à une existence dépourvue de toute forme de joie, d'amour et de bonheur. Ces pensées me faisaient frissonner, mais elles renforçaient aussi ma détermination à apprécier chaque moment présent. Je sais désormais, plus que jamais, que la liberté d'être qui nous sommes, avec toutes nos émotions et nos contradictions, est le fondement même de la vie que nous méritons tous d'avoir.
Me concernant, il est temps d'affronter une épreuve assez bouleversante, celle de quitter mon cocon douillet, mes habitudes, ma chambre, ma famille et mes amis chers pour aller à l'université. Même si je suis excitée à l'idée de poursuivre des études qui me passionnent, je ressens un petit pincement au cœur, à l'idée de quitter le centre de Feelings. C'est là où j'ai grandi, où j'ai vécu les moments les plus intenses de ma vie notamment notre lutte avec Haine et le reste de ma bande d'amis. Cette aventure avait non seulement changé le cours de l'histoire de la ville, mais elle avait également renforcé les liens entre nous d'une manière indélébile. Nous étions devenus une famille choisie, soudée par les épreuves que nous avions traversées ensemble. Quitter cet environnement rassurant pour plonger dans l'inconnu était déchirant pour moi.
Je me demande comment je vais faire face à cette nouvelle vie loin de mes amis, mais surtout loin de Haine. Partir loin de lui pour étudier représente une souffrance que je n'ai jamais anticipée. Haine où celui qui n'avait cessé de garder un œil sur moi l'an dernier, même en son absence. Celui qui prétendait me détester, mais dont l'amour secret transpirait à travers chaque acte de secours qu'il me portait. Partir signifie m'éloigner de sa présence rassurante, de sa capacité à être là quand j'en avais le plus besoin. Pourtant, malgré la douleur de la séparation, je sais que c'est nécessaire. Je dois poursuivre mes études, élargir mes horizons, grandir en tant que jeune femme. Malgré tout, cela ne rend pas le départ plus facile.
En préparant ma valise, mon regard se pose sur le cadre qui trônait sur mon chevet. À l'intérieur, une photo de Haine et moi. Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que mes doigts glissent tendrement sur le visage de mon petit ami figé dans le cadre. Son sourire me réconforte. Je prends délicatement le cadre dans mes mains, décidée à l'emporter avec moi dans ma nouvelle vie à l'université. Au fond de moi, je souhaite vraiment que notre lien soit assez fort pour survivre à la distance, pour que nos cœurs restent connectés même lorsque nos chemins se séparent. Quelque chose me dit que peu importe où la vie me mène, une partie de moi appartiendra toujours à Haine, celui qui, malgré toutes nos différences et nos querelles, reste mon pilier, mon roc, mon amour secret.
Après avoir rangé mes affaires dans ma valise, je jette un dernier regard sur le mur auquel sont accrochées les photos de mes amis. Je sens une vague de nostalgie m'envahir alors que je m'apprête à partir. Puis, je me tourne vers ma chambre, observant une dernière fois l'ensemble de ce lieu qui a été mon refuge pendant tant d'années. Finalement, je ferme la porte derrière moi, laissant cette chambre qui a été le théâtre de tant d'aventures. Un nouveau chapitre de ma vie s'ouvre devant moi. Alors que je descends les escaliers avec ma valise, je sens une certaine tension dans l'air. Mes parents m'attendent au rez-de-chaussée devant la porte d'entrée pour me dire au revoir. Je peux comprendre leurs inquiétudes, mais je sais aussi qu'ils sont fiers de moi-même s'ils ont du mal à le montrer.
— Je n'arrive pas à croire que ma fille va rentrer à l'université, tu as grandi si vite, hier encore, je t'apprenais à faire du vélo le long des pâtés de maisons, déclarait mon père, en me serrant dans ses bras. Anxieuse, ma chérie, n'oublie pas de rester prudente là-bas. Et assure-toi de nous appeler dès que tu arrives à destination, d'accord ?
— Papa, je suis sûre que tu vas vite t'habituer à mon absence, mais je ne serai pas loin et puis je reste joignable sur mon téléphone.
— Oui, ma chérie, ton père a raison et n'oublie pas de prendre tes médicaments contre le stress. Tu sais que les premiers jours dans un nouvel établissement peuvent être difficiles.
— Ne vous inquiétez pas, je serai prudente. Et oui, maman, j'ai pris mes médicaments, ne t'en fais pas, rassurai-je en prenant ma mère dans mes bras. Je suis contente que vous puissiez m'accompagner à l'université.
— Eh bien par rapport à ça... Haine t'attend dehors. C'est lui qui t'accompagnera ! Tu devrais y aller si tu ne voudrais pas être en retard pour ton premier jour à l'université, s'exclamait mon père en ouvrant la porte d'entrée.
Mon père ouvre la porte, révélant Haine qui m'attend devant la voiture. Comme toujours, il porte une veste en cuir sur un tee-shirt noir, lui donnant l'air mystérieux et ténébreux qui lui est propre et qui me plait tant. Le simple fait de l'apercevoir me remplit de bonheur, et j'en oublie même de prendre le temps de dire au revoir à mes parents avant mon départ. Je fais rouler ma valise jusqu'à ma voiture à laquelle se tient Haine, je me retourne et salue mes parents d'un geste de la main pour ensuite me reconcentrer sur mon chemin. Haine était là, son regard tendre et réconfortant, me rappelant que je ne suis pas seule dans cette nouvelle aventure. Avec un sourire radieux, je m'approche de lui, oubliant momentanément tout le reste.
— Salut toi.
— Salut la parano, lançait Haine d'un regard taquin avec un sourire se dessinant sur ses lèvres.
— Je suis surprise de savoir que c'est toi qui vas me conduire à l'université.
— Eh bien, je voulais te surprendre, j'en ai parlé à tes parents et ils étaient d'accord.
— Attends, toi, tu as parlé avec mes parents ? Mais quand ça ?
— Anxieuse, tu comptes rester ici à me demander des comptes sur la façon dont j'ai procédé pour te faire une surprise ou te décider à monter dans cette voiture ?
— Pardonne-moi, mais je ne m'y attendais pas du tout, le grand Haine a réussi son coup, avouai-je en lui offrant un sourire complice.
Haine arque un sourcil tout en souriant malicieusement avant de me prendre mes bagages des mains. Ce dernier se dirige vers l'arrière de la voiture afin d'ouvrir le coffre, tandis que je m'installe au volant. Cherchant dans la boite à gant mes clés de voitures, je commence à paniquer de ne pas les trouver, mais surtout, je redoute de perdre du temps ce qui me provoquera un énorme retard. Soudainement, Haine réapparait et se tient près de ma portière.
— Ce sont les clés que tu cherches ? Déclare mon petit ami, d'un ton joueur.
— Oh, mais c'est toi qui les as ! Tu me rassures, pendant une seconde, j'ai cru les avoir perdues, tu peux me les donner, s'il te plait.
— Non.
— Comment ça, non ?
— Non, je te les donnerai pas, c'est moi qui vais te conduire à l'université et je compte bien faire ça, jusqu'au bout. Alors lève tes fesses et installe-toi au côté passager.
— Je ne sais pas si c'est la liberté émotionnelle qui est de retour à Feelings, mais tu m'as l'air si différent, je n'en reviens pas, je m'exclame, bouche-bée en changeant de siège.
— Il n'y a pas de mal à vouloir faire plaisir à celle que j'aime, avoue Haine en s'installant à ma place.
— Oh ne t'en fais pas, je constate que tu me traites réellement comme une princesse qui se fait conduire par le prince charmant.
— Je t'arrête tout de suite, je ne suis pas un prince charmant. Moi, je suis plutôt le méchant de l'histoire.
— Oh, tu sais, tu peux être le personnage de ton choix, je t'aimerai de la même façon, lançai-je en passant ma main dernière la nuque de Haine, le regard attendrissant.
Haine m'offre un sourire puis démarre le véhicule en direction de l'université.
— Quelle est l'adresse ? Demande-t-il, concentré sur la route.
— Université de psychologie, 12 Rue de la sérénité.
La faculté se trouve à l'autre bout de la ville, dans un quartier auquel je ne me suis jamais rendue encore. Alors que nous roulons à travers le centre-ville, je regarde les rues défiler sous mes yeux, chaque coin de rue m'évoque un souvenir différent. Je me souviens des rires avec Joviale dans le parc, des moments avec Brave, mon meilleur ami, des moments de réconfort avec Blessée, des instants de complicité avec Inquiet, mon frère, et de tant d'autres souvenirs partagés avec le reste de ma bande d'amis. Perdue dans mes pensées, je suis brusquement ramenée à la réalité lorsque la main de Haine se pose sur ma cuisse.
— Tout va bien ? S'inquiète Haine d'une voix douce.
Je lui offre un sourire en retour.
— Oui, tout va bien.
Mes yeux se perdent à nouveau dans le paysage urbain qui défile, tandis que j'essaye de me préparer mentalement à mon entrée à l'université. Alors que nous sommes presque arrivés à notre destination, mon téléphone vibre plusieurs fois. Je jette un coup d'œil à l'écran et vois une série de messages de bonne rentrée de la part de tous mes amis : Joviale, Blessée, Brave, Protecteur, Inquiet et même Rancunière. Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je réponds rapidement à chacun d'eux. C'est si réconfortant de savoir que, même à des kilomètres de distance, nos liens d'amitié restent forts et indestructibles. Haine remarque les notifications qui s'affichent sur l'écran de mon téléphone et me questionne sur l'auteur de ces messages.
— Qui t'envoie des messages ?
— Tout le monde, Joviale, Brave, Blessée, Protecteur, Inquiet et même Rancunière, je suis étonnée.
— Hum, pour Rancunière, je pense que c'est Inquiet qui l'a forcé !
— Je suis du même avis que toi, mais en tout cas, c'est si gentil à eux de penser à moi, je sais qu'ils sont tous occupés aujourd'hui.
— Tu comptes pour eux, Anxieuse et puis tu as tant fait pour nous tous, comment veux-tu qu'on t'oublie ? Pour ma part, je ne le pourrai jamais.
— Tu es si mignon, merci de le penser et de me l'avouer, ça me touche tant, Haine.
— Profite, car je ne te le redirai pas deux fois.
— Je me disais bien que ta fierté n'était pas très loin, ça ne changera pas ça.
Haine m'offre un sourire, mais je remarque qu'il le dissimule rapidement en détournant son regard vers la route. Nous sommes désormais proches de l'université de psychologie. Après quelques minutes à rouler, nous atteignons enfin le campus. Haine se gare et sort mes bagages du coffre, tout en observant l'immensité du campus. Pendant ce temps, j'ai des étoiles dans les yeux en contemplant le campus. C'est comme dans mes rêves les plus fous : des dizaines d'étudiants sur l'herbe en groupe, riant avec des livres à la main, des bâtiments imposants. Un sourire illumine mon visage tandis que je prends conscience de la réalité du nouveau chapitre de ma vie. Pourtant, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec Haine. Je sens qu'il cache sa tristesse de me voir partir à travers un sourire. Il me rejoint devant la voiture en jetant des regards de part et d'autres sur le campus.
— C'est vraiment grand ici, tu es sûre que tu ne vas pas te perdre ? Je peux demander un plan à quelqu'un, si tu veux ? Taquine Haine.
— Je ne vais pas me perdre, je suis une grande fille et puis, je ne serai pas seule, Curieux est aussi dans cette université.
— C'est justement pour cela qu'il faut que tu prennes un plan, je n'ai pas confiance en lui, même s'il fréquente Rage.
— Il te faut juste du temps pour le connaitre mieux, viens, on va rentrer à l'intérieur du bâtiment principal, c'est là-bas que se trouvent les chambres.
Je me dirige vers l'un des bâtiments principaux, où se trouvent les chambres des étudiants, notamment celle qui m'a été attribuée dans un courrier. Après avoir monté plusieurs étages, nous arrivons enfin devant ma chambre, cette dernière porte le numéro 47. La porte est déjà ouverte et à l'intérieur se trouvent deux lits avec une salle de bain commune. Sur le premier lit, des couvertures roses sont soigneusement disposées, entourées d'une dizaine de plantes et de plusieurs toiles de peinture. Des vêtements et des peluches sont éparpillés un peu partout. Il s'agit sûrement du lit de ma camarade de chambre. Plus loin se trouve mon lit, ce dernier a une couverture bleu marine et un drap blanc. Un bureau, une armoire et une étagère complètent le mobilier.
Haine regarde autour de lui et s'exclame d'un air critique.
— Ce n'est pas le grand luxe, mais c'est déjà bien. Je ne sais pas qui est ta camarade de chambre, mais elle a l'air bien envahissante au vu de ses affaires éparpillées.
En regardant autour de moi, je m'y plais déjà, je m'allonge sur mon lit, laissant échapper un soupir de bonheur.
— Ce n'est peut-être pas le luxe, mais j'aime bien. J'ai tellement hâte de commencer les cours !
Haine acquiesce en regardant par la fenêtre qui donne sur l'immense campus.
— Oui, ça va être une nouvelle aventure pour toi.
Je me redresse et observe Haine d'un air interrogateur, remarquant son état d'esprit préoccupé.
— Est-ce que tout va bien, Haine ? Tu as l'air ailleurs, dis-je avec douceur.
Haine m'offre un sourire un peu forcé.
— Oui, tout va bien, ne t'en fais pas. Je m'inquiète juste un peu pour la présence masculine sur le campus. Je sais que tu vas attirer beaucoup d'attention, après ce que tu as fait pour Feelings.
En entendant ses propos, je lui adresse un sourire espiègle.
— Oh, monsieur est jaloux ?
Haine répond avec sérieux.
— Rien à voir, mais les gars n'ont pas intérêt à se rapprocher de toi, sinon je vais devoir intervenir, déclare-t-il en se rapprochant de moi pour m'embrasser tendrement.
— Chéri, c'est ce qu'on appelle la jalousie. Mais si tu ne veux pas le reconnaitre, promis, je garde ça pour moi, murmure-je à Haine en l'embrassant sur la joue avant d'ouvrir mes valises.
— Tu es sûr, tu ne veux pas que je reste ici ? Je pourrai éloigner tous ceux qui souhaiteraient se rapprocher de toi ? Et puis je pourrai aussi t'obtenir la meilleure place dans les amphithéâtres et...
— Et me dénicher les meilleures soirées étudiantes ?
— Absolument ! Même si je sais que tu les détestes.
— Autant te dire, que je compte passer mon temps à bouquiner qu'à m'amuser, je ne compte pas m'y rendre, mon avenir est beaucoup plus important.
— Tant que tu es loin de la gent masculine, c'est ce qui m'arrange.
— Pourquoi me rapprocher d'eux alors que je t'ai déjà toi ? Déclare-je, en me rapprochant de Haine, le sourire complice.
— J'aime quand tu me dis ça, avoue Haine en posant ses mains sur mes hanches.
En caressant d'une main sa joue, je pose délicatement mes lèvres sur les siennes en lui offrant un doux baiser avant de plonger mon regard dans le sien. Puis dans la seconde suivante, l'écran de mon téléphone se met à vibrer, affichant un message de mes parents. Haine l'aperçoit et s'exclame ensuite.
— Tu devrais leur répondre, ils vont s'inquiéter et je pense qu'ils sont même capables de venir ici pour savoir si tu es bien installé, ricane Haine.
— Tu ne crois pas si bien dire, je vais leur répondre et défaire ma valise.
— Tu as besoin d'aide ?
— Ne t'en fais pas, je vais le faire seule et puis je doute que tu veuilles assister à la rencontre avec ma camarade de chambre, si ?
— Tu as raison, j'espère juste que tu t'entendras bien avec elle, sans qu'elle remplace Joviale, je pense qu'elle t'en voudrait, je n'ai pas envie de voir ce que ça donne une blonde en fureur.
— Oh, tu n'aimerais pas ! Rigole-je en repensant à des souvenirs concernant ma meilleure amie.
— Je vais filer dans ce cas, tu es sûr, je ne peux pas rester ici ? Ça ne me dérange pas de dormir à même le sol.
— Haine, j'aimerais beaucoup, mais il est temps, je t'appelle dès que j'ai fini de m'installer.
— Promis ?
— Je te le promets.
Haine acquiesce en jetant un dernier regard sur la chambre, il s'avance vers la sortie en dévisageant le coin négligé de ma camarade. En saisissant la poignée de porte, je sens mon cœur battre la chamade, je ne peux pas le laisser partir ainsi. Je relâche mes vêtements pour me précipiter vers Haine.
— Attends ! Crie-je en sautant dans les bras de mon petit ami.
Haine se retourne rapidement et me rattrape en me serrant dans ses bras, m'embrassant fougueusement. Je prends son visage entre mes mains, ne voulant plus le lâcher. Entre deux sourires, je lui dépose un dernier baiser rempli d'amour et de réconfort.
— Maintenant, tu peux t'en aller et surtout, n'oublie pas que je t'aime, murmure-je en m'éloignant de sa portée.
— Je t'aime encore plus, la parano, déclarait Haine en m'offrant un clin d'œil.
Après avoir fermé la porte derrière le départ de Haine, je sens mon cœur se faire ravager par la solitude et la tristesse. Tout ce que je connais a désormais disparu, je me retrouve à présent seule...
En m'asseyant sur mon lit, observant mes bagages au milieu de la pièce, je prends un instant pour calmer mes émotions. Tout me semble étrange et déconcertant. Le silence de la chambre était presque assourdissant. Je me sens submergée par une vague de désespoir, mes pensées se bousculant dans ma tête.
— Et si je n'y arrivais pas ? Et si je restais seule, et si j'étais rejetée ?
Mais je refuse d'écouter ces pensées néfastes. Je me lève et commence à déballer mes affaires, chaque objet familier m'apporte un peu de réconfort. Les photos avec Joviale, Haine et du reste de ma bande d'amis ou encore celles de ma famille ou encore les livres que j'aime, je les dispose de façon à me rappeler mon ancien chez-moi. Petit à petit, la chambre commence à prendre vie.
Je réalise alors que je suis plus forte que je ne le pense. Certes, je suis seule et loin de tout ce que je connais, mais j'ai une chance de créer quelque chose de nouveau ici et surtout de pouvoir accéder au métier de mes rêves. Je sens une détermination naître en moi. Je ne suis plus la même personne paralysée par l'anxiété. Cette fois, je me promets de m'intégrer, de me faire des amis, et de réussir. Avec cette nouvelle résolution, je regarde par la fenêtre, contemplant le campus devant moi. Un monde inconnu m'attend et je suis prête à l'affronter.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top