Chapitre 6
Un orage éclata en plein milieu de la nuit agitée que j'étais en train de passer. Une nuit remplie de pensées. Après m'être tournée, retournée à maintes reprises, je décidai de me lever, mes pensées me tourmentaient. Être sans cesse en train de réfléchir m'empêchait de fermer l'œil et ces dizaines de questions sans réponses me rendaient folle. Je me rapprochai de la fenêtre dont le vent a fait claquer mes volets. J'ouvris la fenêtre afin de les fermer lorsque j'aperçus à la fenêtre voisine Haine les mains sur la tête, assis devant sa fenêtre. Il semblait apeuré. Je le fixai pendant quelques secondes tout en fermant les volets. Il sentit mon regard posé sur sa personne et leva instinctivement la tête vers moi. Je baissai la tête en refermant mes volets. Haine, lui, ne fit aucune action et avait un long regard vide d'émotions.
Quelques heures plus tard, le soleil se leva, je n'avais que très peu dormi. Tout en baillant, je m'habillai. Je fis une bise à mes parents avant de sortir prendre le chemin du lycée. Je mis mes écouteurs et tombai sur une musique que j'aimais tant écouter en arrivant au lycée. Je me faufilai au milieu de la foule d'élèves qui s'apprêtaient à rentrer dans le lycée. Dès mes premiers pas dans le couloir, je me rendis à mon casier, j'y déposai des affaires pour alléger mon sac. Lorsque je tournai ma tête vers l'entrée du bâtiment, j'aperçus Haine faire son entrée en tenant d'une main une bretelle de sac à dos. Je détournai ensuite le regard, pour me concentrer sur mes affaires. Il passa derrière moi et continua son chemin sans un regard envers moi. Je sais que je ne devrais pas porter d'importance sur ce gars mais j'aurai espéré qu'il vienne me parler de sa réaction de ce matin. J'ai comme l'impression qu'il porte un masque au quotidien. Peut-être que je me trompais comme je me suis trompai sur le fait qu'il était peut-être le coupable de la destruction de la voiture de Rancunière. Seul l'avenir me donnera les réponses à mes questions même si je me posais énormément de questions à la seconde. Je fermai mon casier en remettant le cadenas à celui-ci.
Je pris le chemin de mon premier cours et envoyai un message à Joviale pour savoir où elle était passée. Au même moment, je me pris une personne sans vraiment regarder où j'allais ce qui provoqua une chute de livre que tenait cette personne :
— Non mais ce n'est pas possible, à quoi te servent tes yeux !
Je m'étais prise Protecteur, le frère de Rancunière, qui paraissait différent que d'habitude. Je lui ramassa ses livres pour les lui donner :
— Je suis désolée, je n'ai pas vu qui était devant moi.
— T'as des yeux, apprend à les utiliser !
— Je suis désolée, vraiment.
— Je sais que c'est toi, tu t'en es pris à la voiture de ma sœur pour te venger de ce qu'elle t'a fait subir au réfectoire.
— Je n'ai strictement rien fait ! T'es censé protéger les autres ! Pas t'en prendre à eux verbalement et sur le ton de l'insolence !
— Je protège que mes proches et si on s'en prend à eux, je sors les griffes ! La police élucide encore l'affaire, ils vont finir par trouver que c'est toi la coupable. Et là, tu vas payer Anxieuse.
Je serrai les poings en ressentant une certaine frustration mélangée à de la colère. Je me contenais depuis si longtemps. De plus Protecteur avait un regard méprisant. J'en avais marre d'être persécutée par sa sœur. Il fallait qu'il se rajoute. Je sentis la colère traverser l'ensemble de mon corps. Je lui gueulai à la figure :
— Je n'ai rien contre toi, mais là, tu as décidé de jouer avec mes nerfs ! Comment oses-tu m'accuser alors que tu n'as aucune preuve ! Tu es bien le frère de Rancunière, toujours à être méchant. Tu lui ressembles !
À ce moment, je me souvins que ce furent les mêmes paroles qu'Haine avait employé par rapport au fait que je n'avais aucune preuve contre lui. Je me rendis compte du sentiment qu'il a pu ressentir face à mes accusations. Je me sentis mal pour lui. Protecteur me dévisagea lorsqu'il se mit à gueuler par-dessus ma voix, d'un ton plus fort. Des dizaines d'élèves s'étaient mis autour de nous pour assister à la dispute tel un spectacle. Lorsque Brave apparut entre nous deux afin de nous séparer :
— Non mais vous faites quoi vous deux ? Vous êtes fou ou quoi ? Ce n'est pas un ring de boxe !
— C'est lui qui a commencé à m'accuser! Je lui ai certes fait tomber ses livres mais il a commencé à m'accuser pour une chose que je n'ai pas faite alors je trouve ça normal de me justifier !
— C'est bon calme toi, pourquoi tu réagis de cette façon ? Anxieuse, tu n'es pas censé t'énerver, je dois te le rappeler ?
— Je m'énerve parce qu'on joue avec mes nerfs et cette loi à deux balles qui oblige tout le monde à ressentir uniquement son émotion, quelle loi pourrie, je vous plains tous !
— Anxieuse !
Je m'éloignai de ce règlement de compte en empruntant les escaliers pour me rendre à mon cours de physique-chimie. Lorsque la ville a été nommée Feelings, les six grandes familles fondatrices ont instauré une loi, qui dispose que toute personne résidant feelings doit vivre et agir selon l'émotion qu'elle porte. En aucun cas, elles ne doivent agir d'une autre manière. Il y a quelques années, beaucoup de personnes ont agit différemment et se sont retrouvées en suivi psychologique ou alors placées en centre pour leur faire comprendre de plusieurs manières que leurs actions étaient néfastes pour la société. J'ai toujours trouvé cette règle ridicule mais je pouvais en parler à personne de peur qu'on m'enferme. Je pouvais en parler à personne car personne me comprenais, ni ma famille, ni ma meilleure amie.
En atteignant la salle, je me fis rattraper par Brave, qui m'attrapa le bras et m'emmena dans un coin du couloir :
— Tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé ?! Pourquoi tu t'en es pris à mon ami de cette manière ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Et ce comportement que tu as, dois-je te rappeler que tu t'appelles Anxieuse et non une émotion de la famille de la colère !
— Comment ça je m'en ai pris ? Pourquoi ça serait moi et non lui ?
— Parce qu'il s'appelle Protecteur et je sais qu'il ne ferait jamais ça.
— Je ne te pensais pas comme ça Brave. Je pensais que tu valais mieux que ça. Tu protèges ton ami, c'est bien, protège le bien alors.
La sonnerie retentit et les élèves commencèrent à rentrer dans leurs salles respectives. Brave me rappela au loin. Je me retournai en lui disant d'un ton fort :
— Je ne suis pas un chien !
Lorsque je me retournai pour rentrer en classe, je tombai face à Haine qui s'était déjà installé au fond de la classe. Il fut étonné de lire sur mon visage de la colère et de la frustration. Il ne me lâcha pas du regard jusqu'à que je me trouve une place. Une fois assise, je penchai ma tête en arrière et tout en fixant le plafond, je pris une bouffée d'air afin de me calmer. J'enfilai ma blouse pour réaliser les travaux pratique. Le prof décida de nous mettre par binôme. Il désigna une autre élève pour réaliser le TP avec moi quand au même moment, Joviale arriva tout essoufflée en s'excusant de son retard. Elle s'installa ensuite à côté de moi. Je la saluai mais elle esquiva mon bonjour. Je pris un bout de papier pour y inscrire un mot :
—Tu m'esquives ?
—Elle le prit et y répondit par écrit:
—Je peux savoir pourquoi tu t'en es pris au gars que j'aime ?
—Je m'en suis pas prise à lui. Il m'a cherché et j'en pouvais plus. Il est venu m'accuser par rapport à la voiture de sa sœur.
—Tu t'es énervée contre lui alors qu'il voulait juste parler avec toi.
— Joviale, tu n'étais pas là, il m'a méprisé et tu sais que j'en ai déjà marre de sa sœur, c'était trop. Et puis tu sais que les symptômes de l'anxiété, ça peut être des excès de colère alors ne m'en veut pas.
—Je sais bien, mais beaucoup ont pensé que tu faisais un changement d'émotion. Je veux pas qu'on pense ça de ma meilleure amie et pour Protecteur, j'irai lui parler.
—Alors tu veux bien me reparler ?
—Bien sûr que oui.
Après m'être réconciliée avec ma meilleure amie, nous commencions les travaux pratique. Quelques minutes après, le prof arriva dans les rangs pour constater les travaux finis, je mis le résultat de nos efforts au bord de la table afin que le prof puisse le voir. Le cours toucha presque à sa fin et le prof n'était toujours pas passé à notre table. Je fis tomber une de mes feuilles de cours au sol, je me penchai pour la ramasser et me relevai aussitôt. En me retournant j'aperçus Haine avancer dans ma direction. Il passa devant mon bureau et d'une main il fit tomber la fiole qui contenait le résultat de notre travail. Joviale s'exclama alors :
— Nooooon, il faut vite qu'on le refasse, on a encore du temps !
Joviale ne réagissait pas à cette chute. Haine se retourna en me lâchant un sourire accompagné d'un regard arrogant. Je le rattrapai devant la classe :
— Mais t'es sérieux là ? Je t'ai fait quoi ? Avec Joviale, on a travaillé dur. Ce n'est pas pour que tu viennes le renverser ! Pour qui tu t'es pris !
Il me fit face tout en me dévisageant comme il a l'habitude de faire avant de me répondre :
— Décidément, la petite s'émancipe. D'abord tu t'en prends à Protecteur. Ensuite, c'est ce blondinet et maintenant, c'est moi, tu les enchaînes les gars toi hein.
— Ferme la ! Lui répondis-je en me bouchant les oreilles afin de pas entendre ses paroles mensongères.
— Je ne savais pas que tu faisais partie de ma famille! Elle a bien changé la parano. Pour ta fiole, je te rends la pareille de ce que tu as fait hier ! Je te l'ai dit, tu joues à un jeu dangereux où tu vas perdre. Tu ne devrais pas t'énerver autant. Les gens vont penser que tu sors du chemin. Reste dans ton anxiété, c'est mieux pour toi.
Il partit l'air de rien. C'était officiel, je le détestais, je ne pouvais plus me le voir, je soupirai et revenai sur mes pas en rentrant à nouveau dans la salle de classe. À mon retour, Joviale était en pleine préparation afin de refaire le travail demandé. Le prof était en train de vérifier le devoir de la table de derrière. Je me précipitais vers ma meilleure amie pour l'aider. Dès que le prof passa à notre table, Joviale venait tout juste de finir, elle passa une main sur son front tout en soufflant de fatigue. Le prof valida notre devoir. En sortant après ces deux heures de cours, je me dirigeais vers une machine à café dans la cour du lycée. Joviale me rejoignit en s'exclamant :
— Fais gaffe à ne pas boire trop de café, c'est un stimulant et ce n'est pas bon pour toi ni pour quelqu'un d'autre.
— C'est ce qui me fait tenir pourtant. Tu sais hier, je suis rentrée sous la pluie et une voiture est passée devant moi et m'a mouillée de la tête au pied en roulant sur une crevasse.
— Oh le chien ! Les gens sont ignobles décidément.
— Et tu ne devineras jamais qui était au volant de cette voiture.
— Haine, c'est ça ?
— Exacte.
— C'est vraiment un crétin !
— Hier je suis allée chez lui.
— Quoi !
— Je voulais aller régler mes comptes avec lui. Mais en y allant je suis tombée sur sa mère qui m'a faite rentrer. Haine était là et voulais que je m'en aille or sa mère souhaitais que je reste.
— Et c'est comment chez lui ?
— Luxueux et sophistiqué. La puissance et la richesse émanent des murs. Il a une piscine, une jacuzzi et un grand jardin.
— Ouais je vois, tout pour montrer qu'ils sont riches et orgueilleux.
— Exactement.
Au même moment, un ensemble de personnes se précipita devant nous vers l'entrée du lycée. Nous décidions de suivre l'effet de foule pour savoir la raison cet attroupement. Arrivée devant les marches de l'entrée du lycée, une voiture de police se trouvait devant celle-ci. Deux policiers sortirent alors et se dirigea vers l'entrée. Tout le monde se posait des questions sur leur venue. Après quelques minutes, les portes de l'entrée s'ouvrirent. Les deux policiers sortirent en tenant une personne que je reconnus immédiatement et dont je n'aurais jamais pensé qu'elle se retrouverait arrêtée sachant qu'il n'existait aucune preuve contre elle. Les policiers firent monter la personne, menottée à bord de leur véhicule, en lui récitant ses droits. Celle-ci jeta un regard par la fenêtre qui croisa le miens lorsqu'un sourire se dessina sur mon visage. C'est à ce moment que je murmurai en espérant qu'il capta mon attention et qu'il puisse lire sur mes lèvres :
— J'ai gagné Haine.
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