Chapitre 47



Haine venait de me dévoiler tout ce qu'il gardait secret depuis si longtemps, tout ce que j'avais tant espéré entendre un jour mais qu'il n'avait jamais dit à qui que ce soit. Je n'en revenais pas. Je ne pensais pas qu'il gardait autant de choses enfouies en lui. Je m'étais toujours inquiétée de ses angoisses mais je ne l'avais jamais imaginé ressentir les mêmes sentiments que moi. Ne pouvant lui répondre, je pensais à ce que j'aurai pu lui dire.

Haine, je ne peux pas te répondre mais si tu savais tout ce que je pense de toi. Toi, la personne qui m'aime malgré l'anxieuse que je suis. Je me rends compte que depuis que tu es rentré dans ma vie, j'ai beau avoir fait des erreurs et me perdre quelques fois, tu étais toujours là pour moi. C'est toi qui m'as rendue vivante. Tu m'as sauvée encore une fois Haine. Tu t'es constamment occupé de moi. Me sauver d'un incendie, me défendre en public, me ramener à la maison lors d'une pluie battante, me protéger, m'admirer, m'aimer. Tous ces regards insistants, ces sourires insolents, ce comportement insupportable que tu m'infligeais n'étaient que ta façon à toi de me rendre importante à tes yeux. Tu avais besoin d'avoir mon attention pour te sentir bien. Tu mérites d'être aimé toute ta vie Haine et c'est exactement ce que je compte faire. J'ai trouvé en notre histoire ce que je préfère le plus au monde. Je ne regretterai jamais le soir où je t'ai aperçu sur le capot de ma voiture. Je ne regretterai jamais cet instant Haine. Maintenant, j'en suis convaincue, aucune émotion n'est plus forte que l'amour que je ressens pour toi. Je t'aime pour l'éternité...

Ne lui répondant pas, il commença à pleurer. Je n'en revenais pas. C'était la première fois que j'aperçus de la tristesse sur le visage de Haine. Je ne pouvais pas le laisser dans cet état-là. Il fallait que je retrouve mon état habituel. J'essayai de plisser les yeux en communiquant par tous les moyens possibles. Je tentai également de serrer les mains de Haine que ce dernier m'avait pris afin de les placer sur sa poitrine. Je voulais me battre pour lui, pour moi, pour nous et pour Feelings. J'arrivai petit à petit à serrer la main de Haine. Il sentit sa main se serrer. Haine leva ainsi sa tête vers moi en restant bouche bée. Des tonnes d'images m'apparurent à l'esprit, avec mes amis, ma famille ou bien avec lui. J'émis un cri si fort, si libérateur, si puissant. Soudain, je me levai d'un bond. Haine était debout face à moi. Il me regarda avec admiration. Il passa alors ses deux mains sur mes joues. Je lui passai à ce moment-là une main sur ces yeux humides pour essuyer ses larmes. Je lui murmurai ainsi :

— Je t'en supplie, ne pleure pas Haine ! Tu es bien plus beau sans.

— Anxieuse ? C'est bien toi ? Tu me reconnais ?

— Bien sûr que je te reconnais ! Tu es le garçon que j'aime.

Haine m'embrassa à pleine bouche tout en me serrant dans ses bras musclés. Au même moment, Dégoût n'en revint pas. Il se mit à bégayer:

— Ce n'est pas possible ! Comment est-ce possible ?! Le sérum devait te contrôler ! Il devait te dégoûter de toutes choses ou personnes s'approchant de toi ! Il devait te faire oublier leur existence.

— C'est fini Dégoût ! Je ne suis plus votre marionnette !

— Rien n'est fini ! Le sérum sera diffusé par les armes qu'Épaté détient !

Soudain une voix se fit entendre derrière Dégoût :

— Vous parlez de ces sérums ? S'exclama le père de Haine tenant les mallettes.

— Non ! Ce n'est pas possible ! Ces mallettes appartenaient à Épaté !

— Votre cher ami s'est enfui abandonnant votre travail. Il ne reste plus que vous Dégoût !

— Peu importe, tout me revient, ce n'est pas vous et cette bande d'adolescents qui m'arrêterez.

— Eux ? Sûrement pas, mais moi oui, lança une voix qui surprit l'ensemble des membres du groupe.

En penchant ma tête sur la droite, j'aperçus le commissaire Courage aux côtés de mon père ainsi que l'ensemble des membres fondateurs. Dégoût était alors pris au piège. Il s'exclama :

— Ce n'est pas possible ! Qui vous a laissés rentrer ? Qui vous a prévenu ?!

— Nous ! S'exclamèrent en chœurs Inquiet et Rancunière.

— Fini de jouer Dégoût, il est temps de se rendre ! Lança Haine.

— Jamais ! Tout ça, c'est la faute de ta copine la fouineuse ! Si elle était pas venue mettre son nez dans mes affaires, tout Feelings serait dégoûté à l'heure où on parle ! Tu vas le regretter Anxieuse. Ce que je vais t'infliger sera pire que du dégoût !

Dégout brandit son arme à feu vers moi. De la pure méchanceté était présente dans la lueur de son regard. Il appuya sur la détente. Le commissaire Courage se jeta alors sur Dégoût. Malheureusement, le coup de feu sortit de l'arme avant. Haine se plaça ainsi devant moi pour se prendre la balle à ma place quand dans la même seconde Furieux qui était proche de son fils se jeta vers Haine en réceptionnant la balle.

Elle atterrit dans l'épaule de Furieux. Le père de mon voisin ténébreux tomba net au sol. Après avoir reçu la balle, du sang en sortit. En voyant cette scène, Haine se jeta alors aux bras de son père. Il s'agenouilla au niveau de Furieux en s'exclamant avec une voix tremblante :

— Papa !! Non ! Eh ! Pourquoi tu as fait ça ?! Tu es complètement fou !

— C'est ce que font les pères pour leurs enfants. Je voulais que tu me vois comme quelqu'un de bien, lança Furieux en essayant de parler du mieux qu'il pouvait.

Rage se rapprocha de Furieux en ayant les larmes aux yeux. Après avoir passé les menottes à Dégoût, le commissaire Courage sortit son téléphone pour appeler les secours. Je me rapprochai alors de Haine qui tremblait de peur. Je posai ma main sur son épaule. Il plongea son regard dans le mien. Je sentis la présence d'une autre personne à mes côtés. Je détournai ainsi mon regard vers Brave qui se tenait debout devant moi, le sourire aux lèvres. Ce dernier se rapprocha afin de m'enlacer dans ses bras. En le regardant, Brave me lança :

— Ça fait du bien de te revoir parmi nous Anxieuse ! Ton pétillement dans ton regard m'avait tant manqué !

— Vous êtes tous venus pour moi ?

— Oui, tu nous as tous réunis pour sauver Feelings ! Alors Feelings est venu te sauver ! Lança Protecteur en tenant Joviale par la main.

— C'est si joliment dit ! Merci Protecteur, lançai-je timidement.

— Ce n'est pas de moi, c'est de Joviale. Elle tenait que ce soit moi qui le dise.

Joviale, le sourire aux lèvres, s'élança vers moi en me sautant au cou. En me serrant de toutes ses forces, elle enfouit son visage dans le creux de mon cou. Les larmes aux yeux, elle me lança :

— Je n'arrive pas à y croire ! Toutes ces horreurs que tu as subies ! Tu t'es battue ! Anxieuse, tu es tellement forte ! Ma meilleure amie est vraiment forte, je t'aime tant ! Je t'en supplie Anxieuse, ne t'intéresse plus aux lois de la ville ! Je ne veux plus te perdre à nouveau.

— Je t'aime aussi Joviale ! Je te promets que je ne recommencerai plus !

Les secours arrivèrent pour s'occuper du père de Furieux. En sortant tous du centre, Rage avait rejoint son père dans le camion des pompiers avec Curieux. Parmi cette foule d'agents de police et de membres fondateurs, j'aperçus au loin mon père et ma mère courir vers moi en me prenant dans leurs bras. Ma mère, en larmes, s'exclama :

— Oh ma chérie ! Si tu savais comme je suis désolée pour tout ! Nous avons tant été durs avec toi ! Nous n'avions pas pris le temps de te comprendre ! Je me suis sentie si indigne à ton départ. Tu as disparu durant trop longtemps, nous t'avons cherchée de partout avec ton père ! Pardonne-moi ma chérie. Je m'en veux si tu savais !

— Maman ! Ça va, je t'assure. Tout va aller pour le mieux désormais. Je ne t'en veux pas. Je t'assure, ni à toi ni à papa, lançai-je en regardant mes parents le sourire aux lèvres.

— Je m'en veux énormément Anxieuse. Je t'ai dit des choses si horribles. Jamais, je me méfierai de toi, jamais. Je suis si fier d'avoir une fille comme toi. Tu avais raison depuis le départ sur les changements d'émotions ! Nous aurions dû t'écouter au lieu de te rejeter, s'exclama mon père en me serrant fort contre lui.

— Merci papa.

— Et moi, je compte pour du beurre ? Lâcha une voix proche de nos embrassades.

— Inquiet !

— Anxieuse ! Si tu savais à quel point je suis content de te revoir ! Rétorqua mon frère en me portant dans ses bras.

— C'est toi qui les as fait venir ! Si tu n'avais pas été là, j'ignore comment la situation aurait tourné.

Mon père fit un sourire à Inquiet qui me déposa au sol. Quant à mon père, il se rapprocha de mon frère pour le prendre dans ses bras. Leur relation avait été si distante entre eux. J'étais si contente de leurs rapprochements. En m'éloignant de cette merveilleuse scène, je me retrouvai alors face à l'arrestation de Dégoût. Le commissaire Courage posa une main sur sa tête en lui récitant ses droits. Il baissa sa tête afin de monter à l'arrière d'une des voitures de police. Brave apparut à mes côtés. En enlevant son gilet-pare-balle, il me questionna :

— Alors qu'est-ce que ça fait d'avoir sauvé Feelings ?

— De la satisfaction mais je n'aurais jamais réussi sans vous !

— On est des héros ! Et tout ça on te le doit ! Tout a commencé avec toi.

Je souris. Brave répondit en fixant l'horizon :

— Tu sais que beaucoup de choses vont changer désormais.

— Oui et pour une fois, ça ne me fait pas peur.

— Très belle réponse.

— Que va devenir Dégoût ?

— Il va passer en examen et puis il aura un procès, car il risque gros, surtout avec sa tentative de meurtre. On ne le reverra pas d'aussitôt.

Tout en regardant dans tous les sens, Brave, sur le ton de la réflexion, m'interrogea :

— Tu cherches Haine ?

— Oui, tu ne l'aurais pas vu ? Il est parti avec son père et Rage ?

— Non, c'est moi qui ai refermé la porte du camion des pompiers et il n'y était pas dedans. Tu le connais. Il n'aime pas les endroits peuplés de monde. Il a sûrement dû rentrer avec sa mère.

— Mmh...

Haine avait disparu de mon champ de vision. J'avais espéré le reprendre dans mes bras. Pouvoir être avec lui, après le long discours si touchant qu'il m'avait énoncé. Pourquoi avait-il fui ? Pourquoi partir sans moi ? Il avait sûrement du rentrer avec Nerveuse, qui, elle aussi, s'en était allée. Au même moment, le commissaire Courage s'approcha ainsi que la plupart des familles fondatrices. Il s'exclama en ma direction :

— Alors Anxieuse, tu as su prendre les devants pour abolir cette loi. Que vas-tu faire à présent ?

— Il est temps d'écrire une nouvelle histoire...

Deux jours après, les choses avaient bel et bien changé à Feelings. Après s'être rendu compte que ressentir différentes émotions était une bonne chose et non une mauvaise, les membres fondateurs ont donc décidé d'abolir cette maudite loi et d'en établir une nouvelle qui est, qu'à partir de maintenant chaque habitant de Feelings étaient libres de ressentir l'émotion de son choix. Le centre est devenu un centre de thérapie comme il devait l'être au départ. Des dizaines de personnes sont à ce jour reçues pour des séances avec des psychologues dans un espace sain et bon. Dégoût et Épaté ont fini en centre de détention. Eux aussi ont eu le droit à des séances de psy. Les armes à décharges électriques ont toutes été détruites. La clarté et la joie de vivre furent de retour à Feelings. Mes parents ont alors retrouvé leurs postes à la mairie. Quant à Furieux, il s'est remis très vite de sa blessure et a repris également son poste, mais il a aussi retrouvé un vieil ami de guerre. Mon père et lui, sont passés de meilleurs ennemis à meilleurs amis. L'un passe sans arrêt son temps chez l'autre. Drôle, lui, a repris ses études. Quant à sa sœur, ses parents ont décidé de la retirer du lycée Feel pour qu'elle reste à travailler au ranch de leur famille.

Pour ce qui était du groupe. Inquiet ne s'inquiétait plus comme autrefois. Il ressent beaucoup de joie et a renoué avec mon père. Ils sont devenus plus fusionnels que jamais. Inquiet a décidé d'ouvrir des dizaines d'autres salles de sport à travers Feelings et une salle à la mairie. Son affaire n'avait jamais aussi bien marché ! Brave avait enfin avoué à son père, son envie de faire carrière dans le football, ce que le commissaire Courage avait approuvé. Protecteur, lui, avait décidé de passer le concours de police, afin de protéger la ville de la moindre menace mais aussi dans le but de protéger sa douce et brillante Joviale. Quant à cette dernière, elle avait décidé de rester à Feelings l'an prochain pour devenir la vétérinaire la plus talentueuse. Elle n'avait pas changé, elle reste le soleil de mes jours de pluie. Blessée n'était plus la fille qu'on rejetait et qu'on laissait de côté. Elle était ce qu'elle a toujours voulu être. Ses faiblesses étaient devenues ses forces. Elle goûtait à présent à toutes émotions, toujours avec Brave. Rancunière, elle, n'était plus la peste d'autrefois. Elle avait bien changé et je me demandais même si j'allais pas la faire rentrer à nouveau dans mon cercle d'amis. Curieux faisait toujours preuve de curiosité mais également de nouvelles émotions qu'il met en pratique avec sa copine Rage. D'ailleurs, en parlant d'elle, cette dernière siège à présent à la mairie aux côtés de ses parents. Elle est devenue la porte-parole des habitants de Feelings. Elle a renoué avec sa famille.

Quant à moi, je repris les cours. Aujourd'hui est sans doute le jour le plus important de toute ma vie. Le jour de la remise des diplômes malgré qu'on ait plus passé notre temps à faire la guerre plutôt qu'à réviser pour nos examens. Le lycée ainsi que les membres fondateurs ont décidé d'attribuer nos diplômes en fonction des notes de l'année. Les habitants de Feelings ont été conviés à l'événement. Le stade avait été préparé : un long tapis rouge, une estrade en bois installée au milieu du terrain et des dizaines de sièges. Nous avions tous opté pour des tenues assez chics. Robes et costard étaient de la partie. De mon côté, j'étais vêtue d'une robe blanche.

La principale qui était sur l'estrade commença alors un long discours comme elle en avait l'habitude. Elle avait un sourire épinglé sur son visage, cette dernière n'a jamais été aussi fière lors d'un discours. Après sa prise de parole, elle se mit à appeler plusieurs émotions afin de venir chercher son diplôme sur l'estrade. Joviale fut appelée en première. Elle s'était habillée d'une robe rouge à motif à fleurs et avait lissé sa chevelure blonde. Toute excitée, elle rejoignit la proviseure pour chercher son diplôme. Je me levai comme tous les autres invités pour l'applaudir. J'étais si fière d'elle et je pouvais enfin le montrer. Elle descendit de l'estrade puis s'exclama en ayant les larmes aux yeux :

— Anxieuse ! J'ai enfin mon diplôme ! Je n'aurais jamais pensé l'obtenir un jour ! Je ne savais même pas que je pouvais mélanger de la joie et de la tristesse ensemble !

— Je suis si contente pour toi Joviale ! C'est si beau ce mélange ! Sèche-moi vite ces larmes ! On a une fête à célébrer ensemble ! Lançai-je à ma meilleure amie en l'enlaçant.

La proviseure appela alors mon émotion. Cela me provoqua une légère sensation de stress au niveau de l'estomac, une sensation que je n'avais pas ressentie depuis un si long moment. En marchant vers l'estrade, je pris une grande inspiration en me disant que c'était normal de stresser surtout s'il s'agissait de la remise des diplômes. Une fois sur l'estrade, diplôme en main, mon regard s'adressa sur l'ensemble des invités présents, la joie de mes amis, l'excitation de mes parents, les applaudissements des invités me dessinèrent un immense sourire sur le visage. La proviseure s'exclama alors en me donnant mon diplôme :

— Anxieuse ! À toi qui as sauvé Feelings ! Si tu n'avais pas été là, je n'ose imaginer comment la ville serait devenue ! Tu seras un exemple à suivre pour les générations à venir ! Félicitations à toi !

— Merci beaucoup ! Répondis-je à la proviseure, le sourire en coin.

Avant de descendre de l'estrade et sous l'avalanche d'applaudissement, mon regard se posa sur la foule pour retrouver Haine. Un siège vide se trouvait à côté de Rage qui s'était assise avec le reste de sa famille. Haine m'avait dit précédemment que lorsque tout rentrerait dans l'ordre, qu'il m'oublierait, qu'il oublierait tout ce qui s'est passé entre nous. Mais je ne pensais pas qu'il appliquerait vraiment ses dires juste après m'avoir sauvé. La tristesse et la déception étaient alors présentes sur l'étendue de mon visage. En descendant de l'estrade, je me fis enlacer par mes amis, si joyeux de me voir en possession de ce diplôme qu'on a bien mérité après cette si belle aventure. Les différentes émotions furent appelées les unes après les autres. Toutes accompagnées de sifflements et d'applaudissements. J'essayai de cacher ma déception. Au même moment, la proviseure appela Haine. Je regardai tous les coins du stade pour ne pas rater son entrée. Brave qui était à mes côtés me chuchota en penchant sa tête vers moi :

— Aucune trace de lui ?

— Non, depuis qu'il a disparu du parking du centre. Je ne l'ai pas revu. J'ignore où il est.

— Je suis sûr qu'il n'est pas bien loin.

J'acquiesçai en hochant la tête tout en souriant légèrement, Brave avait raison. Je savais que s'il m'arrivait quoi que ce soit, Haine ne serait jamais loin pour venir me sauver. Il avait le don de disparaître et de revenir au moment où on s'y attendait le moins. Furieux fit son entrée sur l'estrade afin de récupérer le diplôme de son fils. La proviseure lui donna tout en appelant une autre émotion, mon meilleur ami Brave. Il se leva tout en se faisant applaudir. En arrivant sur l'estrade, il remercia la proviseure en prenant son diplôme. Brave descendit de l'estrade et s'élança vers Blessée qu'il aperçut. Cette dernière, venue nous soutenir pour notre remise de diplôme se fit attraper par la taille. Brave l'enlaça tout en l'embrassant. Blessée afficha un immense sourire sur sa figure. Ils s'étaient bien trouvés. J'étais si contente pour eux.

Diplôme en main, casier fermé, il est temps pour moi de dire au revoir au lycée Feel. J'y avais tant de souvenirs. En passant devant la salle de musique, j'aperçus la batterie sur laquelle, le jour du bal, j'avais vu Haine jouer. En tournant la tête de l'autre côté du couloir, j'aperçus l'entrée de la bibliothèque. Je pensais au jour où je suis entrée aux archives suivie par Haine. Il était aussi fouineur que moi. En m'avançant vers la salle du cours de gestion d'émotions, j'aperçus la place où Haine siégeait, je me revoyais à nouveau sentir ses regards insistants et ses sourires insolents qu'il aimait tant m'offrir. En revenant sur mon chemin, j'accédai à nouveau au stade du lycée afin de rejoindre ma famille pour rentrer à la maison. J'aperçus au loin le portail qui me fit penser à la première fois où j'avais aperçu Haine. En retournant sur le terrain, je me fis enlacée par mes parents. Ils s'exclamèrent en chœurs :

— Nous sommes si fiers de toi Anxieuse ! Si tu savais, tu es notre plus grande fierté !

— Merci beaucoup ! Mais, il faut encore que j'envoie mes lettres de motivation pour les universités. Ce n'est pas une mince affaire.

— Eh bien, à propos de ça, le fait que tu aies sauvé Feelings d'une terrible guerre a plu à beaucoup. J'ai parlé à plusieurs recruteurs dont celui de la faculté de psychologie. Il garde une place pour toi. Tu as juste à te rendre là-bas le jour de la journée d'intégration après les vacances d'été.

— Vous êtes sérieux ?! Non, c'est vraiment vrai ? M'exclamai-je en sautillant sur place.

— Oui, si c'est toujours ce que tu souhaites faire, ta place n'attend que toi !

— Oh si vous saviez à quel point je suis contente ! Mille merci !! Lançai-je en enlaçant mes parents.

Je n'osai pas le croire. J'avais été acceptée à la faculté de psychologie. Moi qui rêvais tant de devenir psychologue. Mon rêve était sur le chemin de se réaliser. J'aurais tant voulu partager cette nouvelle avec Haine. Je pris un instant afin de soupirer, pour ensuite me diriger vers le parking du lycée. En l'atteignant, je me fis enlacer par Inquiet qui s'exclama :

— Anxieuse ! J'ai appris pour la faculté de psycho !! C'est trop cool pour toi ! Ce qui est encore plus cool, c'est qu'une de mes salles de sport va bientôt ouvrir à côté de ton université, j'aurais toujours un œil sur toi !

— Merci Inquiet ! Oh, ça me rassure, je pourrais continuer à danser et puis qui sait ? Je te rapporterai de nouveaux clients ?!

— Tu as tout compris, petite sœur !

Inquiet rejoignit Rancunière qui n'était pas loin derrière lui, cette dernière me fit un signe de la main tout en me souriant. Je me fis enlacer par Protecteur qui sortit de nulle part. Il me serra contre lui si fort que je n'arrivais plus à reprendre ma respiration. Il me lança :

— Je voulais te remercier Anxieuse. Sans toi, on ne serait pas tous ici et on ne ressentirait pas toutes ces émotions alors un grand merci à toi ! Et puis, ce soir, on va tous célébrer cette magnifique victoire chez Joviale !

— Je suis un peu surprise de ton câlin, je ne m'y attendais vraiment pas du tout ! Oui, on va célébrer cette victoire en beauté !

Joviale, suivit Protecteur, cette dernière, nous demanda alors de se regrouper au centre du parking, afin de prendre une photo du groupe. Je me plaçai à côté de Brave et de l'autre côté, se trouvait Curieux. Le sourire aux lèvres, je fis le signe de la victoire avec mes mains, tandis que Brave passa son bras derrière mon cou, Blessée était à côté de Rage ainsi qu'Inquiet et Rancunière. Joviale avait posé son téléphone en activant le retardateur, tout en se dépêchant pour se placer près de moi. L'ensemble du groupe s'exclamèrent en chœurs :

— FEELINGS !

Mes amis s'enlacèrent tandis que j'en profitai pour m'éclipser afin de rentrer à la maison. En regagnant celle-ci, j'en profitai pour préparer mes affaires pour la soirée de ce soir. Il me tardait d'y être. Je déposai mon diplôme sur le bureau de ma chambre. Je pris un instant pour respirer puis je me mis à crier si fort de joie, de satisfaction et d'excitation. Je ne me rendis pas compte de ce que je venais de créer. L'Anxieuse que j'étais autrefois n'aurait jamais pu faire ce que l'Anxieuse d'aujourd'hui a pu faire. Tout ça, je me le dois, mais je le dois davantage à mon voisin insolent. En ouvrant mon placard, je tombai nez à nez avec la robe rouge du bal. C'était un signe. Je la saisis d'un geste rapide.

Après m'être douchée, habillée, maquillée et lissé mes cheveux, je jetai un coup d'œil sur l'heure. Mon téléphone afficha dix-neuf heures. J'attrapai les clés de ma voiture ainsi qu'une veste en cuir qui m'avait été offerte par Rage. Je fis un signe de la main en guise d'au revoir à mes parents qui étaient en pleine préparation de crêpes en compagnie d'Inquiet. En sortant, je me dirigeai vers ma voiture lorsque j'entendis un bruit qui provenait de l'allée.

Je sortis de la maison en direction de l'allée où ma voiture était garée, lorsque j'aperçus une silhouette masculine, ce dernier était assis sur le capot de ma voiture. Il était habillé comme à son habitude d'un tee-shirt noir ainsi qu'un pantalon noir déchiré aux genoux, ce qui lui donnait un style de mauvais garçon. Il m'aperçut tout en me dévisageant, il en profitait pour jeter un regard insistant passant de mes chaussures à talons jusqu'à mon visage. En m'approchant de ce dernier, je m'exclamai :

— Je peux savoir ce que tu fais là ?

— Je suis assis, ça se voit non ?

— Oui, je l'ai bien compris ça, mais pourquoi sur ma voiture ? Tu peux t'asseoir autre part !

— Non.

— Ce n'était pas une question, va t'asseoir ailleurs ! M'exclamai-je assez fort, le regard fixait sur ce gars si insolent.

Il se leva du capot, se rapprocha à quelques mètres de mon visage en fronçant ses sourcils puis s'en alla. En esquissant un sourire, j'en profitai pour ouvrir ma voiture afin d'y rentrer. Soudain, j'entendis la portière du côté passager s'ouvrir d'un coup sec. En tournant la tête instinctivement, je m'exclamai :

— Mais qu'est-ce que tu fais ici ! Tu es dans ma voiture, dehors !

— Tu m'as dit d'aller m'asseoir autre part. Je suis autre part !

Je me mis à rigoler à vive voix. Je me repris en murmurant :

— Je pensais que tu avais disparu et que tu étais parti pour de bon.

— Je ne serais jamais parti sans toi.

— Pourquoi tu as subitement disparu du centre ?

— Tu sais que je n'aime pas les bains de foule et puis c'était ton moment et non le mien.

— Et pour la remise des diplômes, tu l'as manqué aussi.

— Oui, ce n'est pas vraiment important, par ailleurs mon père a récupéré mon diplôme.

— Mais donc pourquoi tu es revenu, moi, je pensais que tu allais tout oublier une fois que tout rentrerait dans l'ordre.

— Que serait le grand Haine sans sa parano ?

— Sûrement rien, lançai-je tout en approchant mon visage du sien.

Nos regards plongeaient l'un dans l'autre, nos lèvres se cherchèrent et se trouvèrent. Ne sachant comment combler le manque dont elles ont souffert de ces jours d'absence, nous nous embrassions intensément. Haine prit mon visage entre ses mains tout en me souriant avant de m'embrasser à nouveau. Après ce long baiser, plein d'amour, une pensée m'apparut, celle de mon carnet de note que j'avais perdu depuis si longtemps, c'était un peu futile de penser à ça durant mes retrouvailles avec Haine. En détournant mon regard, il remarqua la mine triste sur mon visage et me lança :

— Il y a quelque chose qui ne va pas ?

— C'est juste que je pense à quelque chose. Maintenant qu'on a détruit le livre de Feelings, on n'a plus aucun livre dans lequel on pourrait raconter nos aventures. L'histoire qu'on a vécu, personne ne pourra savoir ce qu'il s'est passé.

— Et si on utilisait ça ? S'exclamait Haine en brandissant un carnet à la main.

Je restai alors choquée de ce que Haine tenait en main. Il s'agissait de mon carnet de notes. Mon carnet dans lequel j'écrivais mes journées, mes secrets, mes non-dits, mes peurs, mes objectifs, ma vie noir sur blanc. Ça ne pouvait pas être possible. En le prenant en main, je m'exclamai à Haine :

— J'avais perdu ce carnet avant le bal du lycée. Après tout ce temps, c'est toi qui l'avais ? Mais pourquoi tu ne me l'as jamais rendu ?

— Il y a eu beaucoup d'occasions où je voulais te le rendre mais à chaque fois, il se passait quelque chose m'en empêchant. Puis si je te l'avais donné, je n'aurais jamais su que tu as fait de moi le plus grand de tes mystères à résoudre !

— Parce qu'en plus, tu t'es permis de le lire ! Haine !

— Au moins, je connais ma copine par cœur, il n'y a pas de secret entre nous !

En levant les yeux au ciel, le sourire aux lèvres, je concentrai mon regard vers Haine. Il plissa ses yeux en me souriant. Puis, il s'exclama en concentrant son regard dans le mien :

— Alors Anxieuse, comment je dois t'appeler à présent ? Joyeuse ? Pétillante ? Héroïque ?

— Anxieuse, c'est très bien.

— Très bien Anxieuse, il reste des pages dans ton carnet, que vas-tu écrire ?

— Tout ce qu'un habitant est censé savoir à propos de notre ville.

— J'espère qu'il y aura de l'action dans ton livre et qu'il sera intéressant à lire !

— Ne t'en fais pas. Il y aura de l'action, des rebondissements, de l'amour et de la vérité. Je vais faire passer les lecteurs par toutes les émotions. Je vais raconter ce que je n'ai pas écrit et que je garde en tête, tout ça en un livre. Je vais raconter la suite de l'histoire de Feelings...

Bienvenue à Feelings, la ville dans laquelle chaque personne qui y réside porte le nom d'une émotion. Feelings est dirigée par six grandes familles, la colère, la joie, la tristesse, la surprise, la peur et enfin le dégoût. Autrefois, nous devions vivre selon notre émotion et nous y limiter. Il nous était impossible de ressentir une autre émotion que la nôtre, sinon on se voyait arrêté et mis hors d'état de nuire. Auparavant, ressentir d'autres émotions était vu comme le pire des crimes. Mais un jour, une bande de jeunes a décidé de mettre fin à cette loi, qui entre nous était vraiment absurde. Ils ont donc monté un groupe d'entraide pour l'abolir et stopper le chaos et la destruction qui régnaient dans les quatre coins de notre ville. Durant leurs aventures, ces jeunes ont ressenti différentes émotions, différentes de la leur. Ils ont ainsi compris que ressentir des émotions était ce qui nous rendait réellement vivant. Ces jeunes d'émotions différentes ne s'étaient jamais adressés la parole pour certains et ne s'appréciaient guère pour d'autres. Mais ils se sont tous entraidés dans un même but : sauver notre ville.

Haine referme le livre et en caresse la couverture le sourire aux lèvres. Il plonge son regard dans le mien. Un silence règne à cet instant. Nos regards suffirent pour se comprendre. Je me rapproche de mon copain ténébreux tout en fermant délicatement mes yeux et collant mon front au sien. Haine s'exclame :

— Finalement, tu as réussi Anxieuse. Tu t'apprêtes à faire les études pour le métier que tu as toujours voulu faire. Et voilà que tu lances ta carrière d'écrivain comme tu l'as toujours souhaité. J'aime beaucoup ce résumé ainsi que ces quarante-sept chapitres. J'ai tout de même une question. Comment tu as eu l'envie d'écrire toute cette aventure ? S'exclama Haine.

— J'ai eu le Feelings !

FIN 

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