Chapitre 44

J'étais à présent seule. Seule face à l'ennemi, seule face à moi-même, seule face à mon destin. Personne ne pouvait m'aider. J'étais prise au piège mais il fallait que je reste car on avait besoin de réponses. Je me fis attraper par des dizaines d'agents de traque puis jetée au sol comme un vulgaire déchet. Un des agents m'attrapa les poignet afin de me passer des menottes. Des chaussures de ville assez brillantes se présentaient sous mes yeux. En levant ma tête, je me rendis compte qu'il s'agissait d'Épaté. Ce dernier s'agenouilla pour être à mon niveau puis s'exclama tout en me levant mon menton :

— Eh bien Anxieuse, comme on se retrouve.

— C'est donc vous derrière tout ça !

— Tu n'y es pas du tout mais ça viendra, lança Épaté en se relevant.

Il fit un signe de la main aux agents qui me retenaient. Ces derniers me levèrent de force pour ensuite m'emmener dans la salle que j'avais aperçu en montant les escaliers. Plusieurs cellules se trouvaient à l'intérieur de la pièce. Il y avait un lit avec uniquement un oreiller à peine rembourré. Un des agents me fit rentrer de force dans l'une d'elle. Épaté referma la porte derrière lui en rentrant dans la cellule. Il me jeta un regard tout en me souriant. Il ordonna aux agents de sortir de la salle afin de s'entretenir avec moi. La plupart des agents sortirent de la mis à part deux d'entre eux. Épaté fit un signe à un des agents. Il s'approcha de moi en me tendant un verre d'eau. En le regardant, les sourcils froncés, je m'exclamai :

— Comment voulez-vous que j'attrape le verre avec les mains menottées ?

Un des agents s'approcha pour m'enlever les menottes. Je saisis à la suite de son acte le verre d'eau que l'autre agent me tendit toujours. En apportant le verre à mes lèvres, en une fraction de secondes, je décidai alors de le lancer en direction d'Épaté qui l'esquiva. Le verre s'éclata sur la vitre de la cellule. Les agents s'avancèrent afin de me passer à nouveau les menottes. Épaté leva à ce moment-là sa main en guise de stop puis s'exclama :

— Raté, tu ne peux pas briser la vitre de cette cellule ! Elle est faite en polycarbonate qui est la matière la plus résistante qu'on ait créée.

— Ce n'est pas la vitre que je visais !

— Tu m'en diras tant, lança Épaté tout en se tenant aux barreaux du lit.

— Vous comptez faire quoi de moi ? Me laisser mourir ici ?

— Ce n'est pas à moi de décider cela. Tu le sauras très vite.

— Ce n'est pas vous ? Donc, il y a quelqu'un au-dessus de vous ? Moi qui pensais que vous étiez quelqu'un de puissant, ricanai-je.

— Faites la taire, lança Épaté à ses agents.

L'un des agents s'avança devant moi. Il colla sa main si fort sur ma joue que cette dernière siffla de douleur. Épaté sourit puis s'exclama avant de quitter la salle :

— Je tiens quand même à préciser que je suis épaté par ce travail de collaboration pour libérer les personnes changeant d'émotions. Malheureusement, ce plan a échoué et tes amis vont vite être attrapés tout comme toi.

En fronçant les sourcils vers Épaté, je pris une grande expiration. J'avais le cœur qui battait si fort. Si je me retrouvais dans cette cellule à cet instant, c'était uniquement ma faute, j'espérais juste que Haine et le reste de l'équipe aient pu se mettre à l'abri ainsi que ces pauvres personnes qui ont été enfermées. Je savais pertinemment que Haine me détesterait et m'en voudrait énormément de l'acte que j'avais commis. Moi qui lui avais promis de ne rien faire bêtement. Je ne savais pas où était Haine, mais je ressentais une sensation de vide, de trou dans le cœur, je me sentais tant coupable. La colère de Haine allait être redoublée. Je ne savais pas comment j'allais faire pour sortir de ce centre, ni même si je comptais sortir d'ici. Les heures passaient et je m'étais assise dans tous les coins de la cellule. Je m'étais allongée sur le lit dans tous les sens. Soudain, j'entendis la poignée de porte s'ouvrir. Je ne savais ce qu'il pouvait se passer. J'avais peur, je stressais. Je pris une grande inspiration et une grande expiration. J'avais un flash-back.

Haine attrapa des mains de Rage, la marguerite ainsi que la bougie et me les tendit en s'exclamant :

— Regarde Anxieuse, inspire la fleur et souffle la bougie, s'exprima Haine en inspirant puis expirant.

En me remémorant ce souvenir, je pris le temps de canaliser ma respiration. D'un coup la porte s'ouvrit laissant entrer quatre agents de traques dans ma cellule ainsi qu'Épaté. Ce dernier me lança tout en me souriant d'un air sournois :

— Tu voulais rencontrer la personne qui était au-dessus de moi. Ton souhait va être réalisé, m'annonça Épaté tout en fixant la porte d'entrée de la pièce.

Soudain, un homme assez grand d'une cinquantaine d'années intégra la pièce. Il s'approcha de la cellule. Il était vêtu d'une chemise noire sur une veste noire ainsi qu'un pantalon droit à pince de la même couleur. Ce dernier se tenait près d'Épaté tout en croisant ses bras sur son buste. Il s'exclama en me dévisageant du regard :

— Eh bien, eh bien, Anxieuse. Cela fait un petit moment que je t'ai à l'œil. Depuis le repas à la mairie, je ne t'ai pas lâchée du viseur.

— C'est donc vous ! Dégoût !

— C'est bien moi en chair et en os. C'est moi qui fais le ménage à Feelings. C'est moi qui tire les ficelles ! Tu l'as bien compris !

— Pourquoi vous faites ça ?! Qu'est-ce que ça vous apporte de semer la peur à Feelings !

— Très bonne question ! Je vais répondre à ta question par une autre question. Te souviens-tu de l'interrogation que je t'avais posée à la mairie, le jour du repas ?

— Non, comment voulez-vous que je me souvienne de ça !

— Je t'avais demandé comment tu réagirais si la situation dégénérait ? Aurais-tu peur de ce qui pourrait arriver si tu te retrouvais en face d'un changement d'émotions ?

— Et alors, où est le rapport avec ma question ?

— Eh bien, la peur en elle-même, est la réponse. Ton émotion, tout le monde la ressent. Dans les moindres recoins, l'ensemble des habitants, du petit enfant à la personne âgée. Personne n'aime ressentir cette sensation bizarre dans l'estomac, ces tremblements, cette accélération cardiaque, personne ne veut ressentir ça. J'étais contre les changements d'émotions mais je me suis rendu compte que ton émotion était vraiment la pire de toutes et ces changements d'émotions n'apportent que de la peur à notre si belle ville. Très vite les gens vont ressentir du dégoût envers ton émotion et envers cette situation.

— Vous ne voulez pas que les gens ressentent différentes émotions. Vous voulez que tout le monde ressent votre émotion !

— Tu comprends vite !

— Les membres fondateurs sont au courant ?!

— Cette brochette de beaux parleurs ? Ils m'ont laissé m'occuper du centre mais personne ne sait ce qui se passe ici. La plupart pensent que c'est un centre de relaxation pour les changements d'émotions comme on a pu vous montrer lors de ta sortie scolaire.

— Pourquoi avoir capturé tous ces pauvres gens, qu'aviez-vous en tête en les gardant séquestrés ici ?!

— Oh, j'avais un plan, mais tu viens de l'échouer. Je vais donc appliquer ce que je devais faire à ces changements sur toi.

— Changer d'émotions n'est pas quelque chose de mal ! J'ai trouvé le livre de Feelings ! Ces personnes étaient appelées des éponges émotionnelles, mais si on avait su apporter des solutions à ces personnes comme des thérapies saines. Il n'y aurait pas eu de soucis ! N'avez-vous jamais ressenti autre chose que du dégoût ?!

— Le fameux livre de Feelings que les agents ont trouvé chez toi. Oui, j'ai ordonné qu'il disparaisse ! Changer d'émotions n'est pas légal, on naît avec une émotion et on périt avec celle-ci, il n'y a pas d'autres possibilités ! Non, je n'ai jamais ressenti autre chose que du dégoût, car mon émotion à moi me convient très bien, surtout quand je vois une émotion comme la peur ! Ce n'est qu'une question de temps ! Bientôt tout le monde ressentira du dégoût !

— Vous êtes un malade ! Jamais vous arriverez à vos fins ! Mes amis viendront me libérer et mettre fin à vos manigances !

— Tes amis ? Ceux qui se sont enfuis sans même penser à venir te chercher ? Si je peux te donner un conseil, choisis mieux tes amis Anxieuse !

— Vous allez le regretter ! Mes parents font partie des membres, ils vous le feront payer !

— Ton père ? Il a perdu son poste à la mairie et ta mère n'a plus de pouvoir sur quoi que ce soit. Alors, je doute qu'ils puissent faire quelque chose pour m'arrêter.

— Vous êtes un monstre !

— Non, les monstres, ce sont vous, la famille de la peur !

Dégoût fit signe à l'un de ses agents afin de me lever de force. J'essayai de me débattre comme je pouvais en donnant des coups de pied puisque mes poignets étaient attachés. Mes efforts furent vains. Plusieurs agents me tenaient. Il m'était impossible pour moi de faire le moindre mouvement. Ils me poussèrent en avant afin que je m'avance vers la sortie de la cellule, mais également vers la sortie de cette salle. En sortant, les agents ainsi qu'Épaté et Dégoût se dirigèrent vers une salle avec un accès réservé sans doute au personnel. Des dizaines de scientifiques se trouvaient dedans, ainsi qu'un siège situé au centre de la pièce. Un siège dont des ceintures étaient accrochées à chaque extrémité. En jetant un coup d'œil sur l'ensemble de la pièce, j'aperçus du matériel médical mais aussi des seringues. Je me rendis compte qu'ils comptaient me faire des expérimentations. Je jetai alors un regard sur les différents coins de la pièce à la recherche d'une possible échappatoire. Le moindre coin était gardé par un agent de traque dont ce dernier était équipé d'armes à décharge électrique. J'avais tant peur. Je pensais à mes amis. J'ignorais le sort qu'on me réservait mais je savais déjà que c'était un mauvais coup. Je n'avais qu'une hâte, c'était de voir Haine arriver en éjectant la porte, de venir à mon secours comme il avait l'habitude de faire.

PDV de Haine :

La porte se ferma entre Anxieuse et moi, assis sur le bitume, en état de choc. Je n'arrivais pas à croire ce qui venait de se passer, tout en ignorant les dizaines d'appels de ce crétin de Brave, je me redressai afin de taper à la porte de mes poings. Ma colère n'avait jamais atteint ce niveau, je tentai à la force de mes mains de lever cette porte, je ne pouvais pas laisser Anxieuse, je ne pouvais pas la perdre encore une fois ! Brave sortit alors du fourgon. Il me tira par le bras en me gueulant à la figure :

— HAINE ! HAINE ! IL FAUT QUE L'ON PARTE !

— Il EST HORS DE QUESTION QUE JE LA LAISSE ICI ! BOUGE ! Lui hurlai-je en le repoussant.

— Haine ! Elle aurait voulu qu'on sorte à tout prix du centre, il faut qu'on suive le plan ! Avec ou sans elle !

— Toi, continue le plan ! Mais moi, je reste là !

— Haine, je sais que c'est dur, mais c'est son choix ! Elle sait ce qu'elle fait. On ne va pas la laisser ici ! Je te promets qu'on va revenir en force la chercher, mais pas maintenant, ils vont nous tomber dessus si on ne se bouge pas maintenant ! Je t'en prie, viens, on doit les mettre à l'abri. On doit se mettre à l'abri ! S'exclama Brave en restant posté derrière moi.

Je ne supportai pas ce gars depuis que je l'avais vu à cette soirée organisée par Joviale. Mais il fallait reconnaître qu'il avait raison. Si je restais, je me ferais attraper et ruer de décharges électriques, Anxieuse aurait voulu qu'on suive le plan. Un côté de moi voulait écouter ce crétin mais l'autre côté ne voulait pas partir, je lui ai toujours promis de rester à ses côtés et de lui porter secours au péril de ma vie. Je ne pouvais pas la trahir, je ne pouvais pas partir, je ne pouvais m'enfuir tel un lâche. J'avais besoin d'elle comme elle avait besoin de moi.

En apercevant les dizaines d'agents se rapprocher en meute vers nous, je décidai alors de rejoindre le fourgon de Brave qui avait commencé à rouler vers la sortie du centre. Blessée m'ouvrit la porte du véhicule. Je rattrapai le fourgon en courant, une fois à l'intérieur. Brave accéléra et arriva au niveau du portail qui était en train de se fermer. Brave appuya son pied sur la pédale de l'accélérateur, ce qui nous fit passer de justesse à travers la fermeture du portail. Seulement les rétroviseurs du véhicule s'arrachèrent en contact du portail dont les portes se fermèrent dessus. Je jetai alors un regard coupable derrière mon épaule. Ce n'était pas mon habitude de fuir en laissant celle pour qui je donnerai ma vie en danger. Il fallait que je mette mes sentiments de côté. Je ne voulais pas montrer à qui que ce soit que cette perte m'avait atteint. Je saisis l'arme à décharge électrique qui se trouvait à mes pieds sur le siège passager, Brave m'aperçut tout en conduisant. Il s'exclama :

— Mec, tu fais quoi ?

— Il faut qu'on se défende ! Toi, conduis et moi, je m'occupe de ces agents de traque !

Brave acquiesça en hochant la tête. En baissant la vitre, je sortis alors ma tête de la portière du côté passager. Je jetai un coup d'œil derrière nous et j'aperçus une dizaine de fourgons nous suivre. Je rechargeai l'arme et tirai en plein dans les pneus des véhicules tentant de se rapprocher du nôtre. Des dizaines de fourgons nous encerclaient, des tirs se firent dans tous les sens. Brave fit slalomer le fourgon afin de ne pas se prendre les tirs électriques. Un véhicule arriva en face de moi. Des agents qui se trouvaient à l'intérieur ouvrirent leurs portes pour nous balancer une grenade à décharge électrique qui alla aux mains de Blessée. Prise par la peur, en une fraction de seconde, la rouquine lança instinctivement cette grenade de retour vers son expéditeur. La grenade explosa ce qui électrocuta les agents de traque. Brave jeta alors un regard des plus étonnants à Blessée en lui lâchant :

— Tu sais que tu viens de les blesser là, voire plus ?

— Certes, mais ils le méritaient, voir d'autres personnes être blessées, ça me change !

— Étonnant ! Je ne connaissais pas cette facette de toi et je l'adore, mets la plus en avant !

— Je doute que ce soit le bon moment pour parler de ça ! Brave, concentre-toi sur la route ! Lançai-je en tirant à nouveau sur les véhicules d'agents nous poursuivant.

En roulant à travers les grands arbres qu'abritait la forêt de Feelings, un des fourgons tentait de se rapprocher, ce dernier restait collé à notre pare-chocs arrière. On avait pris de l'avance sur les autres véhicules d'agents de traque, il restait seulement ce fourgon, ne voulant pas nous lâcher. Je décidai alors de sortir du véhicule en marche. J'ouvris la porte, quand Brave s'exclama :

— Haine ! Qu'est-ce qui te prend ?!

— Je vais les retarder ! Je vais sortir ! Quant à vous, continuez !

— T'es sûr ?!

— On va les avoir collés encore longtemps ! Ils ne sont pas du genre à abandonner ! Je vous rattraperai !

D'un bond, je me retrouvai sur le bitume de la route. Je me relevai en une fraction de secondes et tirait en direction des pneus arrière du fourgon qui nous collait. Ce dernier fit une sortie de route en fonçant tout droit vers un tronc d'arbre. J'aperçus le fourgon de Brave s'éloigner. J'en profitai pour charger à nouveau l'arme. Une dizaine de fourgons arrivèrent au bout de la route, d'un coup, j'entendis un bruit de gâchette. En me retournant, j'aperçus un des agents de traque se trouvant sans doute dans le véhicule ayant fait une sortie de route. Il tenait alors son arme me visant quand tout d'un coup, il tomba à même le sol se tortillant de douleurs. J'aperçus ainsi Brave tirer sur cet homme. Il s'exclama:

— Je sais que tu aurais pu te charger à toi tout seul de ces agents, mais à deux c'est mieux.

— Es-tu prêt pour la meilleure partie de jeux vidéo de ta vie ? Rétorquai-je avec un sourire insolent.

— Plutôt deux fois qu'une ! Lança le blondinet en apportant son arme à son visage afin de viser.

À ce moment, je me demandais si Anxieuse allait bien, si elle avait peur, si elle était triste, si elle était en colère. Toute cette rage que je mettais à tirer sans relâche, sans crainte, sans regrets, c'était pour la venger. Il me tardait de faire mon retour et de revenir la chercher et arrêter ces personnes dirigeant ce maudit centre. Les fourgons étaient à présent devant nous, un souffle, ma main posée sur la gâchette, un regard à mon coéquipier et des dizaines de tirs sortirent de mon arme en direction des agents. Les échanges de tirs durèrent des dizaines de minutes, des dizaines d'agents à terre, Brave s'approcha des véhicules afin de leur dégonfler les pneus. Quant à moi, je montai à l'intérieur de l'un des fourgons. Brave me rejoignit en s'exclamant :

— Comment on va retrouver les autres ?

— Oh ne t'en fais pas. Connaissant Rage, elle a laissé une trace pour qu'on la retrouve.

Je mis le contact du fourgon et démarrai en accélérant, en roulant à travers la forêt, les arbres firent apparaître une route. En l'empruntant, j'aperçus à nouveau le champ de blé dans lequel j'avais lancé le téléphone d'Anxieuse. Je me rapprochai petit à petit de l'entrée du centre-ville dont j'aperçus les grandes façades des immeubles. En me rapprochant du centre, Brave me lança soudainement :

— Haine, il y a des agents de traque à l'entrée ! Ils vont nous barrer la route.

— Non, on va foncer dans le tas, ça ne risque pas d'arriver, personne ne me barre la route !

J'appuyai sur la pédale de l'accélérateur à toute puissance, les agents me firent des signes de main afin de me stopper. Ne me stoppant pas, ils levèrent leurs armes en notre direction dans le but de tirer. Au même moment, un fourgon noir sortit de l'intérieur de la ville à vive allure, en direction des agents de traque qui étaient postés devant l'entrée. Ils se firent éjecter par le fourgon. En voyant cette scène, révolté, je sortis du véhicule pour avoir une discussion avec le conducteur qui m'a volé mon idée. En m'approchant du fourgon qui était à l'arrêt, les poings serrés, je m'exclamai :

— Tu m'as volé mon idée, je devais leur foncer dedans ! Descends ! Je veux savoir à qui j'ai affaire !

Les portières s'ouvrirent et j'aperçus alors un homme d'une cinquantaine d'années descendre du côté conducteur. Ce dernier était habillé d'un gilet pare-balle, il s'agissait d'un visage familier. Il s'avança vers moi en s'exclamant :

— Tu m'étonnes qu'on ait eu la même idée ! On a le même sang qui coule dans les veines.

— Papa ?!

— Alors fiston, je t'ai manqué ?

En état de choc, j'aperçus la deuxième personne au côté passager descendre du véhicule, un homme de la même tranche d'âge que mon géniteur. Ce dernier sortit également en tenue d'agent de traque, tenant une arme à la main, il s'agissait de Méfiant, le père d'Anxieuse. Sous l'incompréhension, je ne répondis pas. Mon regard était figé sur mon père qui s'approchait de moi, me tenant par la nuque. Je n'osais pas croire qu'il était là, devant moi. Je me mis à le repousser en m'exclamant :

— Que fais-tu là ?! Et surtout depuis quand tu fais équipe avec le père d'Anxieuse ?! Moi qui pensais que tu le détestais !

— Est-ce une manière d'accueillir ton père ?! Je ne t'ai pas élevé ainsi ! Depuis que toi et ta bande avez disparu, tout a changé ici !

— Je n'avais pas besoin de ton aide, j'ai des choses à faire ! Pendant que tu parles, des choses plus graves sont en train de se ramener !

Méfiant fit irruption dans notre discussion, en nous coupant :

— Dis-moi mon grand, tu ne saurais pas où est ma fille ? Anxieuse, j'imagine que tu la connais ?

— Je la connais bien plus que vous le pensiez ! Et à l'heure où on parle, elle est retenue au centre, il faut qu'on retourne la chercher !

— On vient avec vous ! S'exclama Furieux.

— Il est hors de question ! Répondis-je en direction de mon père.

Brave s'avança en s'exclamant :

— Haine mets ta colère de côté pour ton père, on a plus urgent à faire. Pense à Anxieuse, on a besoin de toute la main d'œuvre possible ! Le temps presse !

— Ouais, tu as raison, on s'en va, lançais-je en dévisageant mon père.

— Donc on vient avec vous ? M'interrogea mon géniteur.

— Oui, mais en aucun cas ça changera quelque chose entre nous.

Je montai à nouveau à l'intérieur du fourgon en compagnie de Brave. Celui-ci posa son regard sur moi. Je sentais venir ses questions si bêtes. Je lui lançai tout en serrant le volant :

— Sans commentaires.

— Je n'ai rien dit.

— Oui, mais je sentais venir tes questions.

Brave se concentra alors sur la route. Je mis à nouveau le contact et démarrai en rentrant dans le centre de Feelings, suivi de Furieux et Méfiant. La clarté et la vivacité qu'était la ville autrefois n'y étaient plus. Des dizaines d'agents traquaient la moindre menace dans les moindres recoins, les habitants ne se baladaient plus à leurs aises, la peur était dans la lueur des différents regards, dans les moindres gestes, mais également dans le climat, l'atmosphère était glaciale. J'ignorai qui était à la tête de cette guerre mais il n'était que destruction et chaos. Arrivés à une rue plus calme que le centre-ville, dans une allée d'une dizaines de maisons, Brave m'ordonna de m'arrêter ce que je fis immédiatement. Il descendit en apercevant une jeune fille qui manquait de se faire renverser par notre fourgon. En s'approchant vers elle, Brave s'exclama :

— Hé petite, fais attention quand tu traverses la route ! Veille à bien traverser au passage piéton, tu es toute seule ? Où sont tes parents ?

En voyant Brave, la fillette prit peur et se mit à courir loin de lui. Il resta sous l'incompréhension puis remonta à bord du véhicule. Confus de ce qui venait de se produire, je m'exclamai en le regardant :

— Elle a eu peur de toi, n'est-ce pas ?

— La situation est plus grave que je l'imaginais. J'ignore si c'est moi ou la tenue qui lui a fait peur.

— Je pense un peu des deux, à sa place, je serais aussi parti en courant, lançai-je insolemment.

— Et tu trouve ça amusant ?

— Totalement ! Ton sens du courage en a pris un coup !

Brave leva les yeux au ciel. Je repris la route en concentrant mon regard sur l'horizon. En conduisant, je passais vers différents lieux, des lieux auxquels je ne pouvais pas ne pas penser à Anxieuse. Je passai à nouveau devant le lycée, qui ne ressemblait plus à un établissement d'éducation, mais à un centre de surveillance. En passant devant la mairie, Brave aperçut une tête familière, ce dernier détourna le regard afin de ne pas se faire voir. Je remarquai son geste, mais fis comme si je n'avais rien vu, déjà que je ne supportais pas Brave, je n'avais pas envie de parler de sa relation père-fils. Après avoir roulé des heures dans les quatre coins de Feelings, j'atteignis la plage où j'aperçus la maison de Joviale. Elle semblait vide, toutefois un pressentiment me disait de m'y rendre. Je stoppai alors le fourgon. En sortant du véhicule, Brave me questionna :

— Pourquoi tu t'arrêtes ici ?

— Je veux voir un truc.

En sortant et en m'approchant de cette maison, je sentis comme un regard posé sur moi, je me retournai afin de voir de qui il s'agissait. Brave, sous l'incompréhension, ne cessait de me demander ce que je faisais. En m'approchant vers une lignée de voiture, j'aperçus une personne habillée d'un sweat-shirt gris, d'une casquette noir et de lunette de soleil. Le fourgon de Furieux et Méfiant stationnait derrière nous. Brave s'approcha en leur direction :

— Restez dans votre camion, Haine veut voir quelque chose de plus près !

Je m'approchai de cette personne, qui ne bougeait pas du derrière de la voiture. Au moment où je m'avançai vers cette dernière, elle se mit à courir dans mes bras. Je reconnus cette dégaine entre mille, il s'agissait de ma soeur.

— Haine ! Je savais que tu me reconnaîtrais ! Ça va, tu n'as rien ?

— J'avais un pressentiment de te retrouver ici, Rage !

— Venez tout le monde est dans la maison !

En me rapprochant de la maison, je montai les escaliers pour arriver au porche de l'entrée. Brave me rejoignit sur le porche. En entrant, j'aperçus Blessée, Joviale, Protecteur, ainsi que Curieux installés dans le canapé du salon. Brave attrapa Blessée dans ses bras qui s'agrippa à lui tel un koala à un arbre. Tout en soupirant, je refermai la porte derrière moi lorsqu'au même moment Furieux et Méfiant arrivèrent à leur tour. Rage fit un pas en arrière en me demandant :

— Pourquoi tu les as ramenés ?

— Ce sont eux qui nous ont trouvés. Je me méfie de l'un comme de l'autre. Ne prête pas attention et tout ira bien.

En atteignant le salon, j'aperçus une dizaine de personnes étrangères dans la salle de séjour, se nourrissant de pizza et d'eau. Des dizaines d'inconnus se trouvaient dans le jardin de la maison de Joviale. Il y avait tant de personnes, tant de regards. Je n'aimais pas les endroits noirs de monde. Rage se rapprocha de moi tout en ignorant le regard de notre géniteur qui ne prêta même pas attention à ma sœur. J'ignorais s'il avait reconnu sa fille. Tous les regards étaient alors posés sur moi. Je m'exclamai ainsi :

— Je n'aime pas les prises en paroles en public donc je vais faire court. Comment ça s'est passé pour vous ?

— Et bien, comme un lundi, se faire courser par des agents de traque, se prendre des tirs électriques, voir notre chère ville en pleine guerre et toi Haine ta journée ? Ta question est vraiment débile ! Lança Protecteur ironiquement.

J'essayai de me calmer mais à ce moment j'étais comme une pierre se mettant à rouler à vive allure vers une falaise. Je sentais la colère monter au plus profond de moi mais ce n'était pas le moment de me disputer avec un bouffon pareil. Brave s'avança alors en s'exclamant :

— Ne lui remets pas la faute Protecteur ! Tu ne sais rien de ce qu'il s'est passé ! On a eu des complications, assez dures, assura Brave en me jetant un regard.

— Comment s'est déroulé votre plan jusqu'ici ? Questionnai-je à l'ensemble du groupe.

— On a pris la route, on a dû chercher un endroit sûr et j'ai décidé qu'on se réfugierait ici. Personne ne nous a suivis, mis à part Rage, Curieux et Blessée, s'exprima Joviale.

Soudain mon père redressa sa tête, le regard tiré vers Rage. Il s'exclama en sa direction :

— Rage ? C'est bien toi ?

— Retourne à ta place, tu n'as même pas reconnu ta fille ! Et tu oses faire l'intéressé ? Lançai-je en m'avançant face à mon père.

— Haine ! Hurla Rage en ma direction.

— Cela fait tant longtemps, je suis navré, murmura Furieux, le regard désolé.

Rage lui fit un léger sourire puis soupira avant de reconcentrer son regard sur l'ensemble du groupe. Joviale se leva alors en me demandant subitement :

— Haine, j'aurais une question, je pense que tout le monde se la pose, mais où est Anxieuse ?

PDV d'Anxieuse :

Les agents de traques me forcèrent à m'asseoir sur le siège au centre de la salle. J'essayai du mieux que je puisse de me défendre. Malheureusement, c'était impossible. Ils étaient plus nombreux, plus forts et aussi, ils avaient leurs deux mains de libres. Soudain ma tête cogna le haut du siège. Deux scientifiques s'approchèrent de moi en tentant de serrer mon corps au siège à l'aide des ceintures de chaque extrémité. Je ne pouvais plus bouger. Je pouvais seulement crier à en perdre ma voix. Dégoût apparut soudainement parmi des dizaines de scientifiques. Il s'exclama alors tout en dégageant un sourire des plus narquois :

— Alors ? Ton nouveau siège te plaît ? Il est tout confort !

— Vous comptez me faire quoi ?! Me tuer ?!

— Oh non, je ne vais pas te tuer, d'ailleurs ce que tu vas ressentir est moins douloureux que celle que l'on peut ressentir d'un tir de décharge.

Un des scientifiques apparut aux côtés de Dégoût et s'exclama:

— Monsieur, le sérum est prêt.

— Très bien, lança Dégoût en jetant à nouveau un regard sur moi.

— C'est quoi ce sérum ?! Quoi que ce soit, je vous arrêterai vous et vos manigances !

— Tu vas vite le savoir ! Oh, je ne pense pas que tu t'en souviennes ! Un dernier mot peut-être ?

Mes battements de cœur ressemblaient à un bruit de tambour. Je fermai les yeux instinctivement. Un flash-back de tous mes souvenirs apparut. Mes moments avec mes amis Joviale, Blessée, Brave. Les moments partagés avec mes parents ou encore la relation que j'avais avec mon frère Inquiet. Mais les flash-back qui m'apparurent en dernier sont avec Haine. J'aperçus comme un récap tous nos moments ensemble depuis sa rencontre. Lui assis sur le capot de ma voiture, nos engueulades, nos regards insistants ou bien notre amour naissant. Tous ces moments submergèrent mon esprit. Je me souvins alors de son regard, ses caresses, ses mots, son attention, sa protection, son amour. En l'espace d'une fraction de seconde, je revivais à nouveau tous nos souvenirs les uns après les autres, ressentant exactement les mêmes sentiments que je ressentais à chacun de ces différents moments. Haine avait fait de moi la meilleure version que je puisse être. Je sentis le goût salé de mes larmes sur mes lèvres. Elles ruisselèrent le long de mes joues. En ouvrant à nouveau mes yeux, je murmurai alors :

— Haine...

Notes de l'auteur :

Coucou, cela fait si longtemps que je ne vous ai pas adressées quelques notes, j'ai quelques interrogations concernant ce chapitre qui sont les suivantes :

Comment avez vous trouvé ce chapitre ? Que pensez vous de Dégout et de ses manigances ? Qu'en pensez vous du PDV de notre BAD BOY ? Comment trouvez vous la relation naissante entre Haine et Brave ? Vos avis m'intéressent beaucoup ! :)

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