Chapitre 43
Le lendemain matin, en me réveillant, je m'aperçus que j'avais changé d'emplacement. Je m'étais endormie sur le capot de la voiture de Haine. Me voilà réveillée à l'intérieur de celle-ci sur la banquette arrière. Haine m'avait sûrement mise à l'intérieur en me couvrant d'une couverture. Je sortis de la voiture afin de m'étirer. J'aperçus Haine et Brave assis dos à moi en pleine discussion. Je me frottai alors les yeux. Cela ne pouvait pas être vrai. C'était comparable à une illusion. En m'avançant vers eux, je m'exclamai :
— Est-ce réel ? Ou je suis encore dans mes rêves ?
— Pourquoi dis-tu ça ? Me questionna Brave.
— Vous deux ! En pleine discussion ?! Sans qu'il n'y ait de conflit ? De guerre ? De sang ?
— Et c'est pourtant juste, affirma Haine en croisant ses bras sur son buste.
— Incroyable.
— Tu as bien dormi ? Il faut que tu manges. Tiens, attrape ! S'exclama Haine en me lançant une barre chocolatée.
— Je me suis avancé vers la route. Aucun fourgon à l'horizon, lança Brave, l'air soucieux. Ce n'est pas normal. L'équipe de Protecteur et celle de Rage devraient être venues depuis hier après-midi.
— Il faut qu'on s'avance. Si on reste dans la forêt, on ne pourra rien faire, décidai-je.
— Non, on en reste au plan, lança Haine en me fixant du regard.
— Brave, qu'en penses-tu ?
— Je pense qu'elle a raison Haine. Ils ne vont pas nous trouver en restant ici. Avançons-nous vers la route.
— Et si des fourgons passent et que ce ne sont pas vos amis ? Que fait-on ? Lança Haine.
— Et bien prions pour que ce soit nos amis.
Nous décidâmes d'aller à leur rencontre. Après avoir roulé, Haine se gara sur le côté de la route près d'un champ de blé. Il s'exclama tout en fermant la portière sèchement :
— Rien devant, rien derrière, où sont passés vos amis ? Ils devraient être là depuis hier après-midi.
— Ce n'est pas normal en effet. J'espère vraiment qu'ils n'ont rien eu de grave, s'inquiéta Brave.
Soudain trois fourgons noirs apparurent au loin. Ils roulaient à grande vitesse sur le bitume. Haine décida de se rapprocher afin de discerner qui était au volant de ces fourgons. Les trois camions s'arrêtèrent en même temps au niveau de Haine. Leurs portes s'ouvrirent dans la même seconde laissant apparaître des têtes bien familières. Protecteur et Joviale se trouvaient dans le premier camion. Blessée et Curieux dans le second et Rage dans le dernier. Ils étaient tous habillés comme des agents de traque avec des vêtements noirs ainsi que des gilets pare-balles et armes à charge électrique. Rage tenait des piles de tenues similaires. Cette dernière s'approcha de Brave et de Haine en s'exclamant :
— Tenez les garçons. Mettez ça pour rentrer au centre, ça vous aidera !
— Comment tu vas Rage ? Lança Haine en prenant une des tenues.
— Si tu savais comment c'est en ville. On a mis du temps, on devait revenir plus tôt mais on a eu un empêchement.
— Ah bon lequel ?
— On a dû se cacher. La ville est pleine d'agents. On se sent surveillés dans nos moindres faits et gestes. Et puis trouver des fourgons de libre, était une mince affaire, reprit Rage en distribuant les tenues.
— Ce qui compte est que vous soyez là sans dommage.
— On a eu des complications Brave, lançait Protecteur.
— C'est-à-dire ?
— Gaffe nous a reconnus et s'est lancée à nos trousses, lança Joviale en jetant un coup d'œil sur Blessée.
— Une des décharges électriques a failli toucher Blessée. On a réussi à s'enfuir.
— Si j'arrive à attraper Gaffe. Elle va vraiment payer pour ce qu'elle a fait que ce soit pour Anxieuse ou bien pour ma copine, lança Brave le regard noir.
— Même moi qui étais avec elle. Je ne la reconnais plus. La loi lui est montée à la tête, rétorqua Protecteur.
Brave s'approcha de Blessée en la tenant près de lui. Je détournai le regard vers Haine qui s'était éloigné pour s'habiller du gilet pare-balle. En m'approchant de lui, il me prit le gilet de mes mains pour me le mettre. Curieux ouvrit les portes de son fourgon en saisissant des armes à décharges électriques. Il s'approcha de moi pour m'en donner ainsi qu'à Haine, Brave et moi. Tenir cette arme était inimaginable. Je ne pouvais pas tenir cette horrible chose dans mes mains. En la tenant, mon regard était rempli de terreur, soudain une main me saisit l'arme ce qui me surprit. J'aperçus Haine m'attraper de force l'arme en s'exclamant :
— Il est hors de question que tu aies ce genre de chose entre tes mains, lança Haine en rendant l'arme à Curieux.
Je fis un léger sourire à Haine tout en m'adressant à Protecteur :
— Vous avez pu apercevoir Inquiet et Rancunière ?
— Non, nos chemins se sont séparés dès l'entrée du centre-ville.
— J'espère qu'ils vont bien.
— Connaissant ma sœur, elle a dû arriver à ses fins, lança Protecteur en serrant ses bras sur son buste.
Soudain, une décharge électrique sortit de l'arme que tenait Haine en direction de Protecteur. Ce dernier l'esquiva et fusilla Haine du regard tout en s'approchant de lui, l'index levé, Protecteur s'exclama :
— MAIS TU AS PERDU LA RAISON ! Qu'est-ce qui t'a pris de me tirer dessus ?!
— Au moins, on est sûr qu'il marche !
— Je suis certain que tu l'as fait exprès ! Hurla Protecteur.
— Les garçons, je pense qu'on a autre chose à faire ! S'exclama Joviale tout en tournant le visage de Protecteur vers elle.
Haine s'exclama à l'ensemble des membres des groupes :
— Trêves de bavardages ! On va se diriger vers le centre. Anxieuse, tu rejoins ta blonde et son copain le craintif. Brave, tu pars avec ta copine et Curieux. Quant à moi, je monte dans le fourgon avec ma sœur. Lorsqu'on arrivera au centre, il faudra faire profil bas et quand nous passerons la barrière, une fois sur le parking, on expliquera à nouveau le plan. C'est bon pour tout le monde ?
Mes amis acquiescèrent d'un hochement de tête. En montant dans le fourgon en tête, ce dernier disposait de trois places, Protecteur referma la porte derrière moi. On reprit alors la route, Protecteur prit le volant quant à moi, je me retrouvais au côté fenêtre, quant à Joviale, cette dernière se trouvait entre Protecteur et moi. Ma meilleure amie tourna à ce moment-là sa tête vers moi tout en me lançant :
— Comment tu te sens Anxieuse ?
— J'ai une boule au ventre si douloureuse, j'espère que tout se passera bien et toi ?
— J'ai la même sensation si l'on suit le plan, il n'y a pas à s'inquiéter.
— Si je peux vous rassurer, j'ai la même boule à l'estomac, rétorqua Protecteur tout en conduisant.
— Il faudra que vous fassiez diversion pour qu'on puisse rentrer et faire sortir ces pauvres gens du centre. Faites bien attention à vous, lançai-je à Joviale et Protecteur.
Joviale me prit la main en la serrant, après quelques instants à conduire, nous arrivâmes devant le portail auquel de nombreux agents de traques étaient postés devant. En s'approchant du portail, un des agents s'avança jusqu'au niveau de Protecteur, en un mouvement de main, l'agent lui ordonna de baisser la vitre. L'agent le dévisagea du regard tout en s'exclamant :
— Quel est le motif de votre visite ? On n'attendait pas de renforts aujourd'hui.
— On est venu pour récupérer des armes pour le centre-ville. On commence à manquer, lança Protecteur en fixant droit dans les yeux l'agent.
— Très bien, s'exclama l'agent en faisant un signe de main pour qu'on ouvre le portail.
Protecteur remonta alors la vitre tout en roulant. Après avoir accédé au parking du centre, nous roulâmes afin de se garer près d'une rangée de fourgons blindés. En sortant sur le parking, nous nous dirigeâmes vers l'arrière des véhicules dans le but de les ouvrir tout en se faisant passer pour de vrais agents. Haine et Brave ainsi que Blessée, Curieux et Rage, nous rejoignirent à l'arrière de notre véhicule. Mon voisin ténébreux s'exclama en s'adressant à l'ensemble du groupe :
— Protecteur et Joviale, vous restez près des fourgons. Dès que Curieux et Rage font sortir des personnes dans votre véhicule, vous pouvez partir. Logiquement, vous allez avoir des agents à vos trousses, ce qui nous donnera du temps pour faire sortir les autres personnes.
— Très bien, je n'aurais pas dit mieux.
— C'est juste que tu préfères qu'on te mâche le travail, lança Joviale en rigolant discrètement.
— Pas faux, avoua Protecteur.
Haine se tourna face à Rage en s'exclamant :
— Il ne faut pas qu'on s'attarde à parler en meute, ils vont trouver ça étrange. Tu connais le plan. Colle-toi y.
— Ne t'en fais pas petit frère. Je suis bien accompagnée, lança Rage en faisant un clin d'œil à Curieux.
Brave se dirigea avec Blessée vers les portes de secours à l'arrière d'un bâtiment en faisant un hochement de tête vers ma meilleure amie et un sourire à Rage et Curieux. Je rejoignis Haine. En entrant dans le bâtiment, nous tombâmes sur une cage d'escalier. Nous montâmes un étage puis deux et un dernier. Au troisième étage se trouvait une porte, Blessée serra la poignée afin de l'ouvrir. Celle-ci donnait sur un grand hall vide, en y accédant, plusieurs portes se trouvaient devant nous, une d'elles indiquait vestiaires. Brave s'avança de cette porte tout en restant à l'affût. En rentrant dans celle-ci, des casiers se trouvaient à l'intérieur. Blessée et Brave étaient restés à l'extérieur des vestiaires. Haine ouvrit l'un des casiers et y trouva alors une blouse de scientifique qu'il me tendit. En la mettant, ce dernier ne me quitta pas du regard. En posant son arme contre le mur, d'une main, il m'attira contre lui. Il posa son front contre le mien et me chuchota:
— Je ne te le répéterai jamais assez. Fais bien attention à toi et je t'en prie n'en fais pas qu'à ta tête.
— N'aie crainte, je suis avec toi, je doute qu'il puisse m'arriver quoi que ce soit.
— C'est une évidence.
Soudain, Brave ouvrit la porte, l'air inquiet et s'exclama :
— Je ne veux pas vous déranger mais il faudrait se presser, j'entends des bruits de pas !
— On arrive.
Brave laissa la porte ouverte, tout en arrangeant la blouse de scientifique. Je sortis des vestiaires. Haine reprit son arme et sortit de la salle en refermant derrière. Brave marcha à mon niveau, ce dernier s'exclama :
— Tu sais qu'il n'y a plus aucun retour, tu en es consciente ?
— Oui, je suis consciente de ce qu'on fait, te souviens-tu de la salle ?
— Oui, il faut descendre, elle se trouve non loin de la salle de pause.
Au même moment, la salle de surveillance se trouvait en face de nous. Je jetai alors un regard vers Haine. Il lança :
— Rage a fait le nécessaire avant de partir du chalet. Elle a fait en sorte que toutes les caméras du centre ne fonctionnent plus. Au cas contraire, si elles se mettaient à nouveau de marcher, elles n'afficheraient pas ce qui se passe en direct.
— Vous êtes vraiment douées, avoua Blessée.
— Ma sœur a du talent, répondit Haine fièrement.
Un groupe d'agents passa devant nous. Je rentrai dans le rôle d'une parfaite scientifique. J'accélérai le pas tout en marchant en tête de mon groupe d'amis, devenus des agents. Ces derniers en pleine discussion ne portèrent aucun regard sur notre venue. Après avoir descendu plusieurs étages d'escaliers, nous arrivâmes près de la salle de pause, Brave aperçut alors au bout du couloir la fameuse porte donnant sur le sous-sol, cette dernière était gardée par deux agents. Haine s'avança ainsi, d'un pas décidé vers eux. Je le retins par le bras. Il s'exclama en me fusillant du regard :
— Mais que fais-tu ?!
— C'est plutôt toi, tu comptais faire quoi ?!
— Allez leur donner un coup pour avoir libre accès de la salle. Je ne comptais pas rester ici les bras croisés à réfléchir !
— Haine, si tu mêles la violence directement, on ne va pas s'en sortir. Ce centre est infesté d'agents armés jusqu'aux dents. Il faut réfléchir plutôt qu'agir, lançai-je en relâchant son bras.
— Elle n'a pas tort mec ! Ta copine a de l'intelligence !
— Ça veut dire quoi ? Tu penses que je n'en ai pas ?! S'exclama Haine en s'avançant vers Brave, les poings serrés.
— Haine ! Brave ! Cessez d'agir bêtement ! Lança Blessée.
Je jetai alors un coup d'œil sur les différentes choses qui se trouvaient dans le périmètre de la salle dans laquelle on devait se rendre. Lorsque mon regard fut attiré sur Blessée qui passait sa main sur la joue de Brave. Je m'approchai ainsi de mes amis en leur annonçant :
— Blessée et Brave, vous allez faire diversion près de l'entrée afin que les agents devant puissent venir vers vous. Une fois qu'ils seront près de vous, vous déterminez la fin qu'ils auront.
— Et après, tu dis qu'il ne faut pas mêler la violence directement, rétorqua Haine.
— Dans certaines circonstances, la violence peut être utile, lançai-je en arquant un sourcil.
Brave et Blessée acquiescèrent d'un hochement de tête puis s'avancèrent près de la salle gardée par les agents. Haine et moi restâmes près du mur discrètement. Blessée attira Brave contre elle et l'embrassa. Les agents ordonnèrent que les embrassades de Brave et Blessée cessent. En les ignorant, le couple continua de plus belle. Les agents décidèrent de s'avancer vers Blessée et Brave, dont ces derniers en avaient profité pour rejoindre le couloir dans lequel Haine et moi étions.
Les agents atteignirent le début du couloir afin de suivre Blessée et Brave lorsque l'un deux se reçut un coup de la part de Haine ce qui le fit tomber au sol. Brave actionna son arme ce qui lança la décharge électrique. Quant à l'autre agent, ce dernier s'était dirigé vers moi, ressentant un niveau élevé de peur. Je collai mon poing dans la joue de l'agent qui me fusilla du regard en tenant son arme devant moi. En recevant ce léger coup, il se mit à ricaner tout en s'exclamant :
— C'est tout ce que tu as, gamine !
À ce moment-là, un volcan explosa à l'intérieur de mon être, un panache de feu et de cendres noir. Sans réfléchir, ma jambe droite se leva afin de lui donner un coup des plus forts entre les jambes. Il tomba alors à terre en m'insultant ce qui me permit de lui donner un coup de poing en pleine poire. Haine s'avança pour lui infliger plusieurs décharges. Brave et Blessée s'approchèrent en me lançant :
— Joli coup ! Il a dû bien ressentir la douleur !
— Bizarrement, je me sens beaucoup mieux maintenant.
— On ne peut pas les laisser là, lança Blessée.
— On va les tirer par les jambes et on va les mettre dans les toilettes qui sont à proximité. Les filles, passez devant afin d'éclairer la voie, annonça Brave en tenant les jambes d'un des agents.
Haine fit de même en prenant les jambes de l'autre agent. Blessée et moi avançâmes vers les toilettes au bout du couloir. Personne ne s'y trouvait. Haine et Brave laissèrent les agents à l'intérieur et verrouillèrent la porte. Brave attrapa une chaise qui se trouvait à proximité et l'installa de manière que l'on ne puisse pas ouvrir la porte des toilettes de l'intérieur. Après avoir pris une grande expiration, Haine se dressa devant moi en m'attrapant la main, je m'exclamai alors :
— Ne t'en fais pas. Je n'ai aucune égratignure.
— Ce n'est pas ça qui m'inquiète, c'est le fait qu'il t'ait dit que tu n'en étais pas capable. Laisse personne te dire de quoi tu es capable ou pas. Tu es la seule à savoir ce que tu vaux.
— Merci Haine, lançai-je en souriant.
Haine fronça alors les sourcils tout en s'adressant à Blessée et Brave :
— Allons-y, on a des personnes à sauver !
En retournant près de la porte, Brave et Blessée prirent ainsi la place des agents. Quant à moi, je sortis le badge d'accès qui nous ouvrit ensuite la porte donnant sur une pièce dont l'ensemble des murs étaient blancs. Haine et moi rentrâmes dans celle-ci, je me mis ainsi à passer ma main sur l'ensemble des murs afin de trouver la porte cachée. Soudain, je mis la main sur la porte dissimulée derrière un des murs de la salle. Cette dernière donnait sur un long couloir sombre et étroit, Haine prit la lampe torche qui se trouvait sur la tenue que Rage lui avait donnée. En entrant dans ce couloir, Haine me tendit la lampe, tout en avançant, Haine s'exclama afin de combler le silence :
— Anxieuse, je tiens à te dire que je ne pensais pas vraiment ce que je t'ai dit hier. Je sais que si je venais à partir, tu te débrouilleras très bien sans moi. C'est plutôt moi qui aurais beaucoup de mal à vivre sans toi.
— Haine, je doute que ce soit le moment pour qu'on parle de ça.
— Écoute, je sais que tu es une fille forte. Tu es capable de grandes choses. J'ai beau être grand, musclé, avoir une certaine carrure mais à côté de la force que tu possèdes en toi, ce n'est rien. Je ne veux pas que tu doutes de toi.
— Haine, si je suis forte, enfin si je montre que je suis forte, c'est uniquement parce que je suis avec toi, tu me transmets ton envie, ton courage et ton amour. Sinon, je resterai cette fille peureuse, sans cesse en train de stresser. Je serais cette fille dans l'ombre de tout le monde.
— Tu sais, il y a plus de héros dans l'ombre que dans la lumière.
— Tu parles de toi, c'est ça ? Ricanai-je.
— Je parle de nous.
Tout en serrant fortement la main de Haine, je détournai alors les talons et marchai au bout du couloir. À la fin de celui-ci, une porte se trouva au bout avec un accès à badge comme dans mon souvenir lorsque j'étais venue ici avec Brave lors de la sortie scolaire. En passant le badge dessus, la porte s'ouvrit subitement, de nombreux cris se firent entendre. Des cris de peur, des pleurs, le bruit de dizaines de décharges se fit entendre. En atteignant la salle, les cellules étaient toujours présentes, mais ces dernières s'étaient multipliées. L'endroit grouillait de gardes dont certains avaient des chiens à muselières. Le regard de Haine se ferma subitement. Je ressentis de la colère dans la lueur de son regard. Un escalier en colimaçon se présentait à nous. En l'empruntant, je jetai un regard sur les différentes sorties possibles. Il était impossible qu'on fasse sortir un nombre incalculable de personnes par le chemin que nous venions de prendre. Agenouillés près de grands cartons se trouvant près des escaliers en colimaçon, Haine aperçut une grande porte donnant certainement sur le parking du centre. Il était évident qu'on devait faire sortir ces personnes par cette porte. Haine me chuchota alors en me fixant du regard :
— Je vais me balader dans les allées de ces cellules en faisant mine d'être un des leurs. Je vais ensuite me rapprocher de cette grande porte afin d'en savoir plus sur l'ouverture de celle-ci. Quant à toi, il faut que tu te rapproches davantage des scientifiques dans le but de voir comment faire sortir toutes ces personnes en même temps. Il faudrait peut-être couper le courant sinon il y a sûrement un bouton qui permettrait l'ouverture immédiate de toutes ces cellules.
— Je pense aussi. On y va.
— Attends, attends, on n'a pas encore décidé de certaines choses, me lança Haine.
En me levant, j'ignorai la suite des consignes de Haine, je rejoignis ainsi les scientifiques postés devant l'une des cellules à contempler un homme d'une quarantaine d'années. Je jetai ainsi un regard vers les cartons et aperçus Haine sortir de notre cachette et marcher à pas lent devant l'ensemble des cellules. Je jetai un coup d'œil sur l'ensemble de ces dernières. Les personnes dedans étaient si apeurées. Cela me faisait tant de peine. À contre cœur, je baissai ainsi le regard tout en le concentrant sur les plaquettes de boutons se trouvant sur chacune des cellules. En levant la tête en l'air, j'aperçus une cabine en hauteur, une personne en costume se trouvait à l'intérieur, il m'était impossible pour moi de savoir de qui il s'agissait. Sûrement Épaté, pensai-je, en orientant mon regard sur cette cabine. Je sentis un regard se poser sur moi. Celui de Haine se trouvant à une rangée plus loin, ce dernier avait également remarqué la cabine en hauteur. D'un regard, il me fit comprendre de ne pas m'y rendre, tout en me rendant dans sa rangée, je m'approchai de cette cabine afin de savoir par quel escalier m'y rendre. Je sentis dans le regard de Haine qu'il était contre cette décision mais il le fallait. En m'approchant des escaliers de cette cabine, une voix me coupa dans mon élan :
— Eh ! Où vas-tu ?
— On m'a demandé de...
— Tu sais quoi, peu importe pourquoi tu vas vers cette direction, il faut que tu amènes ceci à l'agent qui se trouve dans la tour de contrôle. Dépêche-toi, c'est important !
Sans réfléchir, je saisis la tonne de document confié par le scientifique. En montant les escaliers, j'aperçus que ce même escalier donnait à une autre salle derrière. J'ignorai ce qui se passait dans cette pièce. Il fallait que je reste sur le plan que je m'étais fixé. Je continuai mon chemin jusqu'à la cabine devant laquelle un agent attendait. Ce dernier me dévisagea de la tête au pied en scrutant chacune de mes formes. Il s'exclama alors :
— Tu es nouvelle ici ?
— Je suis venue amener des documents.
— Réponds à ma question, hurla l'agent en ma direction.
En ne répondant pas, ce dernier s'approcha de moi tout en me chuchotant :
— J'aime bien les femmes mystérieuses. Tu sais quoi, je vais te laisser passer uniquement si tu me donnes ta jolie émotion. On pourrait se voir après le boulot. Qu'en penses-tu ma jolie ?
Soudain, une voix familière l'interrompit dans sa lancée :
— Eh toi ! On te demande en bas, c'est assez urgent !
Ce dernier passa devant moi tout en me lançant un sourire dégoûtant. En me retournant, j'aperçus Haine, les bras croisés, le regard noir en ma direction. Je baissai alors le regard pour ensuite le reconcentrer sur la porte donnant sur la cabine. J'attrapai la poignée afin de rentrer dedans. Une fois dans la cabine, cette dernière était vide. L'homme que j'avais aperçu était sans doute passé de l'autre côté. Haine referma derrière lui et s'exclama ainsi :
— J'ai essayé de chercher un bouton donnant sur la porte. Il y a un accès avec un badge. Il me faudrait ton badge Anxieuse.
— Tiens, lançai-je à Haine en lui remettant le badge.
Plusieurs boutons se trouvaient dans cette cabine ainsi que de nombreux documents, lorsque soudain, j'aperçus un énorme bouton rouge avec comme indications "Ouverture cellules". C'est alors que Haine aperçut au même moment, un bouton permettant de lancer une alarme incendie dans l'enceinte. Haine s'exclama alors :
— Tu vas rester ici. Je vais descendre et dès que tu me vois près de la porte, tu actionnes le bouton alarme. Ensuite, tu ouvres les cellules, tu as compris ?
— C'est clair, je t'attends !
Haine sortit de la cabine en descendant les escaliers. Une fois en bas, je l'aperçus se diriger vers la grande porte. Soudain un raffut s'entendit. Un homme assez agité était en train de se cogner sur les vitres de la cellule pour tenter de la briser. Les agents se dirigèrent alors près de cette cabine ce qui me permit d'appuyer sur le bouton de l'alarme. Elle se déclencha au même moment. J'appuyai ensuite sur le bouton de l'ouverture des cellules. En sortant de la cabine, je me retrouvai ainsi face au même agent au regard dégoûtant. Il s'exclama ensuite :
— Toi, tu n'es pas nouvelle. Tu es venue ici pour un but précis ! Viens par là !
Je refermai ainsi la porte en rentrant à nouveau dans la cabine. Il tenta d'ouvrir la porte de force. Je l'entendis essayer de pousser la porte dans le but de la défoncer. Je m'éloignai de celle-ci. Au même moment la porte se fit éjecter et l'agent apparut avec à la main son arme à décharge électrique. Il me fit un sourire tout en tentant de rentrer, subitement il se mit à tomber à terre, se tortillant de douleur. En tombant, il fit apparaître la personne qui venait de lui injecter ses décharges électriques. Il s'agissait de Brave qui avait rejoint la salle. Je m'exclamai alors :
— Mais comment tu as fait pour rentrer ?
— On a entendu l'alarme et les portes sont restées ouvertes. Du coup, on est venus vous apporter un coup de main. Blessée est avec Haine, elle fait sortir les personnes. D'ailleurs, il faut qu'on y aille pour les aider.
En descendant à toute vitesse les escaliers, on se mélangeait aux scientifiques, agents et détenus. Brave lança alors une décharge électrique à un agent tentant d'en infliger une à une jeune fille. Quant à moi, je pris la fille par la main lui indiquant de rejoindre Haine et Blessée. En les rejoignant, la grande porte était ouverte donnant sur le parking, deux fourgons arrivèrent dont les portes arrière étaient ouvertes. Protecteur sortit du camion, arme à la main, voulant nous aider. Curieux fit de même en sortant également de son fourgon. Haine et Blessée commencèrent à faire rentrer les personnes à l'intérieur des véhicules, lorsque j'aperçus des dizaines de groupes d'agents de traque arriver de tous les côtés, Brave se mit à gueuler à travers le boucan :
— ILS SONT TROP NOMBREUX POUR NOUS ! Il FAUT DÉJÀ QU'UN DE NOUS QUITTE CES LIEUX !
— Mon fourgon est rempli ! Je peux déjà commencer à fuir ce qui vous laissera du temps ! Hurla Protecteur tout en tirant des décharges sur plusieurs agents.
Brave hocha la tête envers son ami, tout en continuant à se battre avec les agents. Protecteur ferma alors les portes de son fourgon tout en montant à l'intérieur. Il ordonna à Joviale de s'en aller. Brave aperçut au loin un camion blindé sûrement à l'arrêt. Il me lança :
— Anxieuse ! Il faut que l'un de nous prenne un autre camion ! Il n'y aura pas assez de place pour tous ces gens !
— Va le chercher ! Je m'occupe des agents ! Donne-moi ton arme !
Brave me confia alors son arme. J'aidai Blessée à emmener les personnes à l'abri dans le fourgon de Curieux et Rage. Haine se battait avec quatre agents différents. En le voyant, je décidai ainsi d'utiliser l'arme de Brave.
Je m'orientai vers Haine en tirant sur un des agents de traque. La décharge lancée arriva sur l'un d'eux. Il tomba à terre ce qui permit à Haine de se défendre. Un second fourgon rejoignit l'entrée. Au volant, Brave sortit de la voiture pour ordonner à Blessée de se réfugier dedans. Je tournai ensuite la tête vers Curieux lui indiquant que son fourgon était prêt à partir tout en continuant de tirer des décharges. Il recula pour fermer les portes du véhicule et s'en aller avec Rage. Il ne restait plus que Brave, Haine, Blessée et moi face à toute une armée d'agents.
La plupart des personnes avaient été secourues. Le fourgon de Brave commença à se remplir. J'aperçus alors au loin une personne se faire poursuivre par un agent. Sans réfléchir, j'allai lui porter secours. Je tirai en direction de cet agent pour lui infliger des décharges. La jeune fille courra à toute allure en direction de la sortie et gagna ainsi le véhicule de Brave. Le camion était rempli. Toutes les personnes se trouvant dans les cellules avaient été secourues. Des dizaines d'agents ou de scientifiques étaient au sol, assommés ou se tortillant de douleurs, à cause des décharges électriques. Brave en profita pour remonter dans le camion. Il mit le contact au véhicule en nous gueulant :
— Les gars, c'est maintenant ou jamais pour monter à bord !
Au même moment, des troupes de dizaines d'agents arrivèrent de tous les sens. Haine m'ordonna de monter à bord du camion. La porte était en train de descendre pour se fermer. Il se mit à me gueuler dessus en me tirant le bras pour que je monte dans le fourgon :
— ANXIEUSE ! Monte dans ce foutu camion !
— Haine, il faut qu'on comprenne qui dirige cette folie !
— ANXIEUSE, MONTE TOUT DE SUITE DANS CE FOURGON ! TU M'ENTENDS ?!
— Haine, quoi qu'il arrive, je t'aime et je t'aimerai toujours !
— Anxieuse, cesse de dire n'importe quoi ! La porte va se fermer sur nous ! Viens dépêche-toi !
J'attirai la bouche de Haine contre la mienne pour y plaquer un dernier baiser. Un baiser plus intense que jamais. Je mémorisai son visage dans la fraction de seconde qu'il le fallait pour prendre ma décision. Et puis, d'un geste, je le repoussai violemment, laissant la porte se fermer entre nous et nous séparer.
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