Chapitre 24



Je ne savais pas qui était cet individu. Je n'avais pas eu le temps de bien l'analyser en détail. Après avoir mangé mon sandwich commandé au foodtruck, je parcourus l'ensemble du parc en espérant retrouver cette fille. En arrivant jusqu'à la sortie, pas la moindre trace de cette mystérieuse personne. Je rentrai donc chez moi. Il fallait bien que je rentre pour me préparer à ce stupide bal auquel je ne souhaitais pas me rendre.

À mon retour, je pris mon carnet dans ma chambre et un stylo. J'allai vers le jardin pour m'installer sous le grand pommier que mon père a fait pousser, l'un des seuls endroits ombragés. Mon père a toujours eu la main verte. Il a toujours voulu mettre un potager mais la place lui manquait alors il s'est rabattu sur un pommier. Une fois assise, j'aperçus mes parents enlacés, l'un contre l'autre. L'amour était toujours aussi fort dans leur couple, ce que j'avais du mal à ressentir ces derniers jours.

Stylo en main, j'ouvris mon carnet, cherchais une page vierge afin d'y inscrire mon ressenti. Une inquiétude me hantait. J'avais cette peur de ne plus recevoir l'amour de mes parents. Peur de n'être qu'un problème à leurs yeux. Durant mon enfance et mon adolescence, ma vie n'était que drame, entre le harcèlement que j'ai vécu durant ma scolarité, les humiliations, les injures et les blessures physiques. Des faits que mes parents ignoraient. J'aurais voulu leur dire le fond de mes pensées mais ils ne prennent pas le temps de m'écouter, de me comprendre ou bien de me soutenir. Avec ce qu'il s'était passé hier, cela confirmait mes pensées. Depuis quelques temps, malgré le fait d'être entourée par mes proches ou bien par le peu d'amis que j'avais, je me sentais très seule. Tout en écrivant, j'entendis des cris de l'autre côté de mon jardin.

Je décidais alors de mettre fin à mon moment de détente pour me rapprocher de ces cris qui provenaient de la maison de la famille colère. En me rapprochant de leur allée, j'aperçus Furieux se disputer assez fortement avec son fils. Haine se dirigea en colère et d'un pas décidé vers l'entrée de leur maison. Il se retourna vers son père en lui gueulant "qu'il n'avait pas le droit de la traiter ainsi". Son géniteur en rigola d'un ton insolent et s'avança vers Haine. Il se mit à le bousculer d'une force qui provoqua la chute de ce dernier. Soudain, Haine se leva pour attraper le cou de son père. Mon voisin insolent collait son père face à sa voiture qui se trouvait sur leur allée. Furieux essaya tant bien que mal de s'enfuir de l'emprise de son fils qui le bloquait. Nerveuse fit son apparition pour s'intercaler entre le père et son fils afin de les séparer. Haine s'éloigna alors de cette scène. Il détourna son regard de son géniteur qui le fixa d'un regard des plus noirs. Haine se dirigea vers l'entrée de sa maison. Lorsqu'il m'aperçut, il fronça alors ses sourcils dans ma direction. Puis il passa devant moi sans exprimer la moindre colère.

En revenant sur mes pas, je m'interrogeais sur les paroles énoncées par mon voisin. Ce dernier avait prononcé " qu'il n'avait pas le droit de la traiter ainsi ". Qui était donc cette fille dont parlait Haine ? Ces derniers jours, j'avais pas mal de mystères à résoudre mais Haine était mon principal sujet. Il était bientôt quinze heures et je me précipitai alors vers la maison pour gagner ma chambre. En rentrant dans celle-ci, mon téléphone se mit à vibrer. Une notification qui provenait sans doute de l'organisatrice du bal de ce soir, qui n'était autre que ma meilleure amie.

Joviale : Anxieuse ! Il faut que tu m'aides à tout prix ! Je peux passer chez toi pour me préparer ?

Anxieuse : Eh bien, oui, tu peux passer.

Joviale : Nickel, je suis déjà en bas !

J'entendis Joviale sonner et monter les marches des escaliers d'un pas rapide après que mes parents lui aient ouvert. Joviale rentra dans ma chambre avec un grand sourire dessiné sur son visage. En détachant ses longs cheveux qui étaient attachés en queue de cheval, elle s'asseya près de moi sur mon lit. En posant sa tête sur mon épaule gauche, elle s'exclama :

— Je suis explosée ! J'ai dû me lever très tôt pour aller accrocher des banderoles. Je suis crevée !

— Mais tu n'es pas présidente des élèves que je sache ?

— Je t'avoue que j'aurais voulu. Mais après cette journée à tout préparer, tout compte fait, ça me va de ne pas tenir ce rôle.

— Mais que t'arrive t-il ? D'habitude, t'es une pile électrique

— C'est sympa ! Donc je suis une pile électrique ! À part ça, comment tu vas ? Tu as hâte de voir Drôle ?

— Je t'avoue que ça ne m'aurait pas dérangé de rester ici avec une bonne tisane devant un livre.

— Anxieuse, tu es jeune, tu as le temps de te comporter comme une retraitée. Tu dois en profiter ! Il faut qu'on se prépare pour la soirée. Je suis venue avec ma robe et mon maquillage. Je vais faire de toi la princesse du bal.

— Je doute que tu y arrives. Mais pourquoi pas ?

— Laisse-moi faire.

Joviale se précipita alors vers la porte de ma chambre, m'invitant à sortir pour aller me doucher, ce que j'allais justement faire. Une fois sortie de la douche, je mis mon peignoir et regagnai ma chambre. En arrivant, j'aperçus Joviale en pleine séance de karaoké. En la regardant déambuler devant mon miroir avec ma brosse à cheveux en main, je m'exclamai :

— Tu te mets dans l'ambiance pour une fatiguée !

— Il fallait bien que je fasse quelque chose pendant que la princesse se douchait ! Et puis qui n'aime pas danser ?

— Moi.

— Non, je n'y crois pas ! Tu es une déesse en danse ! Je t'ai déjà vue, je sais que tu aimes danser ! Tu ne peux rien cacher à Joviale la détective !

— Mais bien sûr, je vais mettre ma robe !

— Fais donc ça et ensuite laisse-moi faire.

J'ouvris mon armoire afin de prendre la robe rouge trouvée en magasin. Ma meilleure amie s'éclipsa de ma chambre pour aller prendre une douche, ce qui m'arrangeait car me changer devant autrui m'angoissait. J'enlevai alors mon peignoir pour le déposer à mes pieds, enfilai des sous-vêtements noirs à dentelle et saisis la robe pour la mettre. Je me mis ensuite devant le miroir afin de me contempler. Un léger sourire se dessina alors sur mes lèvres. Cette robe me plaisait tellement. Elle était moulante avec un léger décolleté, ni trop serrée, ni trop ouverte, juste ce qu'il fallait. Autrement dit, la robe parfaite. J'entendis soudain un bruit derrière mon épaule. En me retournant, j'aperçus Joviale qui me scrutait du regard. Elle s'exclama aussitôt :

— J'ai bien vu ce que j'ai vu ?! Tu viens de sourire ?!

— Non, pourquoi tu dis ça ?

— Anxieuse, je viens de te voir sourire ! C'est si beau, tu devrais le faire un peu plus souvent plutôt que d'être toujours dans la déprime

— Je ne suis pas dans la déprime ! C'est juste que je n'aime pas mes dents.

— Cesse tes excuses, ce n'est pas valable ! J'enfile ma robe et je m'occupe de toi !

— Pas de soucis, on a le temps, il est que dix-sept heures, après tout.

— Déjà ?! Non, on n'a pas le temps ! Le bal commence à dix-neuf heures et il faut que tu sois prête à l'avance.

— Calme-toi Joviale ! Ce n'est qu'un bal. En plus il n'y a pas d'élection de la plus belle fille de la soirée !

— Peut-être que si !

— Comment ça ?

— Il se peut qu'on ait organisé cette petite élection, me lança Joviale en prenant sa robe en main.

— De toute évidence, je ne serais jamais choisie donc je m'en fiche un peu.

— Anxieuse, il ne faut jamais dire jamais !

— Vous les joyeux, vous voyez de la joie dans chaque opportunité, c'est dingue !

— Oui en effet, chose que tu devrais faire également ! Trêve de plaisanterie, allez hop ! Assied-toi sur ta chaise, je m'occupe de toi !

Je m'installai devant ma coiffeuse sous les ordres de ma meilleure amie. Cette dernière me lissa les cheveux en me bouclant les pointes. Une fois la coiffure faite, Joviale passa à l'étape maquillage. Elle prit sa trousse et en sortit gloss, fond de teint, eyeliner, mascara, far à paupière, crayon à sourcil. Après une bonne heure à se maquiller, je me positionnai alors devant mon miroir, Joviale me rejoignit en s'exclamant :

— Mets tes cheveux en avant ! Bombe la poitrine et regarde comment tu es magnifique.

— Je l'avoue, tu as fait un super travail ! Je ne me reconnais même pas ! Je n'arrive pas à croire que c'est moi.

— Et pourtant si, baby ! Je n'ai rien fait de plus que quelques coups de pinceau. Le reste, c'est toi qui l'as ! Tu vas faire des jaloux ce soir !

— Je peux en dire autant sur toi ! Tu es magnifique avec cette robe bleue ! Elle fait ressortir tes cheveux blonds. Les avoir lissés, ça te change ! Protecteur va lâcher Gaffe et revenir vers toi !

— Il va se manger un gros stop ! La touche finale, ce sont les chaussures, j'ai pris des paires de sandales à talons noirs qui iront parfaitement avec nos robes.

— Je sais à peine marcher avec ça ! Tu es sérieuse ?!

— Et bien il te reste quelques instants pour apprendre à le faire, répondit Joviale en me les donnant.

Je pris les sandales, les enfilai et me mis à faire les cent pas dans ma chambre afin de ne pas faire de chute une fois dehors. Soudain, mon téléphone se mit à vibrer, Joviale le prit en main en me disant :

— C'est un message de Drôle. Il dit qu'il est bientôt devant chez toi.

— Déjà ! Il est vraiment en avance.

— Toujours avoir une longueur d'avance. Regarde, nous sommes prêtes.

— Exactement.

— Attends, j'ai oublié l'indispensable

— Quoi ?

— Les bijoux et le parfum ! Je t'ai acheté ce collier avec ce magnifique diamant.

— C'est un vrai ?

— Encore heureux ! Je l'ai acheté en bijouterie hier. Viens, je te le mets. Concernant le parfum, mets le mien, il va faire chavirer le cœur de Drôle et de toute la gente masculine que tu vas croiser.

— N'abuse pas, c'est à peine s'ils vont faire attention à moi.

— Ne parle pas trop vite ! On en reparlera après le bal. Maintenant on file !

En descendant les escaliers en compagnie de Joviale, mon père nous attendait en bas afin de nous donner quelques consignes. Ce dernier s'exclama alors :

— Vous êtes sublimes les filles ! Ne tardez pas pour le bal, vous ne dépassez pas minuit. C'est bien clair ? Je pense que tes parents seraient du même avis pour toi Joviale.

— Oui, c'est promis, lui lançai-je, tout en évitant son regard.

— Très bien, quelqu'un vient vous chercher où je vous dépose ?

— Drôle vient nous chercher monsieur, répondit Joviale en se pressant vers la porte pour l'ouvrir.

— Un bon garçon, ça me rassure de savoir que vous serez en bonne compagnie. Bonne soirée à vous deux, lança mon père avant de s'en aller vers le fond de la maison.

Joviale ouvrit la porte d'entrée, fut joyeuse de tomber face à Drôle qui s'était mis sur son 31. Il était vêtu d'un costume noir et blanc avec en guise de tour de cou, un nœud papillon de couleur noir. Il salua alors Joviale de la plus élégante des manières. Il lui prit la main afin d'y déposer un baiser, ce qu'elle trouva vraiment charmant. Lorsque Drôle m'aperçut, il resta alors figé. Son comportement me donnait l'impression qu'il était fasciné par ma présence. Je m'approchai alors de lui tout en lui disant :

— Tu es toujours là ?

— Oui, oui, je suis juste fasciné. Tu es superbe Anxieuse ! Ta robe est très jolie !

— Merci tout comme toi Drôle.

— Merci, on y va ?

En me dirigeant vers la porte de sortie, je me rendis compte que j'avais oublié mon carnet de notes près du pommier du jardin. Je fis demi-tour pour sortir dans le jardin grâce à la porte de la cuisine. Une fois dans le jardin, je me mis à chercher près du pommier. J'activai alors le flash de mon cellulaire afin d'avoir une lumière dans l'obscurité du début de soirée. Après quelques secondes de recherches, Joviale me rejoignit en compagnie de Drôle, qui ne comprit pas ce que je trafiquais dans mon jardin. Ce dernier s'exclama alors :

— Euh Anxieuse, qu'est-ce que tu fais ?

— Je cherche mon carnet de notes ! Je l'ai posé près de l'arbre mais je le retrouve plus.

— Ce sont peut-être tes parents qui l'ont rangé ou bien tu l'as rangé un peu plus tôt ? Lança Drôle, en regardant près de l'arbre.

— Non, mes parents ne savent même pas que je détiens ce carnet. Je l'avais laissé ici. Il faut que je le retrouve absolument !

— Très bien, je t'aiderai à le retrouver mais demain. Il faut que nous allions à la soirée maintenant, s'exclama Joviale.

Je fis demi-tour en direction du devant de la maison lorsque Drôle me rattrapa par le bras et s'exclama tout en souriant :

— Attends Anxieuse, il faut que tu fermes-les yeux.

— Pourquoi ça ?

— C'est une surprise ! Je t'en prie, ferme les !

— Très bien, je les ferme...

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