Chapitre 20
Après avoir laissé Inquiet avec le dragon que représente Rancunière, je pris le chemin du centre-ville. Sur mon chemin, j'aperçus un fastfood. J'avais vraiment faim. Depuis quelques temps mon appétit s'était fait la malle mais aujourd'hui il était bel et bien présent. Je rentrais alors à l'intérieur du restaurant. Ce dernier était assez atypique. Les murs étaient recouverts de mousse verte, de nombreuses plantes aux tailles et couleurs différentes se trouvaient à l'intérieur de celui-ci. On se serait cru dans une jardinerie. Je m'installai à une table près de l'entrée et un serveur arriva dans ma direction en me demandant ce que je souhaitais commander. Au même moment, j'aperçus Joviale rentrer dans ce même restaurant. Elle m'aperçut et détourna son chemin vers la sortie lorsqu'elle décida de se retourner pour me faire face. Un grand sourire se dessinait sur son visage. Elle s'avança vers moi en se tenant debout devant la chaise en face de moi :
— Salut Anxieuse, je ne savais pas que tu connaissais ce restaurant.
— Je viens juste de le connaître.
— C'est un super endroit ici.
— Cool.
— Anxieuse, je tenais à te remercier pour ce que tu as fait à Protecteur.
— Pas de soucis.
— T'étais pas obligée d'agir ainsi.
— Je l'ai fait parce que j'ai appris qu'il t'a trompée avec Gaffe et ça ne se fait pas pour toi.
— Merci.
— Il n'y a pas de quoi.
— Je peux m'asseoir avec toi ?
— Oui.
— Anxieuse, je sais que je ne devrais pas agir ainsi mais je m'excuse. J'ai pris conscience de certaines choses ces derniers jours. Déjà le fait que t'avais raison par rapport à Protecteur. Il a suffi qu'il y ait une nouvelle dans la classe pour qu'il me lâche. Et puis j'ai réalisé que ressentir d'autres émotions c'est humain. Je te comprends sur ce point-là. Désolée de m'en être pas rendue compte plut tôt.
— À la bonne heure. Tu prends enfin conscience des choses.
— Oui, mais j'aimerais que personne ne sache.
— Ne t'en fais pas et pour tout te dire, tu m'as manqué.
— Tu n'imagines pas toi aussi. J'ai appris pour le fait que t'aies embrassé Brave.
— Oh non, ne me rappelle pas ça ! Je veux juste que ça parte de ma mémoire.
— Tu as pris les devants pour le coup, je n'aurais jamais pensé que t'étais capable de faire ça.
— En ce moment, j'ai des vagues de courage.
— Je vois ça.
— J'ai fait quelques recherches sur l'histoire de lla ville et j'ai trouvé un livre aux archives de la bibliothèque.
— Tu as été aux archives ?!
— Oui, d'ailleurs c'est immense dedans.
— Tu n'as pas eu peur ?
— Non mais je n'étais pas toute seule.
— Ah bon, tu étais avec qui ?
— Avec Haine.
— Haine, vous êtes amis maintenant ?
— Non, jamais on le sera. Je ne supporte pas ce gars.
— Pourtant lui il t'aime bien j'ai l'impression. Il s'en est pris à Protecteur en sport pour toi.
— Comment ça ?
— Protecteur s'est étalé au sol à cause de Haine. Il l'a énervé en lui disant qu'il allait s'en prendre à toi. Du coup Haine lui a fait un croche-patte.
— J'ai aperçu Protecteur s'étaler au sol mais je t'avoue que j'en ignorais la raison.
— Haine est à suivre de près.
— Imagine rien entre lui et moi, ça n'arrivera jamais. Il me l'a bien fait comprendre ce matin.
— Il s'est passé quoi ?
— Il m'a ramenée après la fête à la plage et ce matin, je suis allée le remercier. Je lui ai donc proposé qu'on soit ami vu qu'il fait beaucoup de choses pour moi en ce moment. Et ça ne lui a pas plu, il a refusé en me faisant peur.
— Ouais, Haine tout craché mais il m'intrigue. Comme tu as dit, il porte peut-être un masque et il n'est peut-être pas celui qu'on pense. Franchement, il devrait faire le sujet d'une étude de cas philosophique. Ce gars est un mystère.
— Exactement. Sinon j'ai vu qu'il y avait un bal vendredi, tu comptes y aller ?
— Je t'avoue, je ne sais pas trop, ça ne me tente pas vraiment. Mais en même temps, j'aimerais.
— Il faut que tu y ailles Joviale, ne serait-ce que pour montrer à Protecteur ce qu'il a perdu. Il faut que tu te mettes en bombe pour le faire regretter.
— Je veux bien accepter seulement si toi aussi tu viens.
— Je ne peux pas. Je suis privée de sortie.
— Pourquoi ?
— Longue histoire mais mes parents souhaiteront sûrement pas.
— Je peux les convaincre si tu le souhaites ?
— Je doute que tu y arrives mais essaye toujours.
Le serveur arriva enfin en apportant ma commande. J'avais commandé une pizza trois fromages que je partageais avec ma meilleure amie. Tout en prenant une part, Joviale lança un tout autre sujet de conversation :
— Et sinon j'ai vu que tu étais proche de Drôle. Je vous ai aperçus à la fête sur la plage, main dans la main.
— Tu sais, il n'y a rien entre nous.
— Mouais, je n'y crois pas vraiment.
— Drôle est un bon gars. Il est amusant et il se comporte bien avec moi mais il n'y a pas cette étincelle qui fait que je ressentirai plus avec lui qu'un simple ami.
— C'est peut-être parce que tu ne le connais pas encore très bien, laisse-lui du temps.
— Je verrai, mais je t'avoue que les garçons en ce moment, ce n'est pas ma priorité.
— Affaire à suivre.
Après avoir déjeuné et m'être réconciliée avec ma meilleure amie, nous décidâmes d'aller faire du shopping dans le but de trouver une robe pour le bal. Je n'étais pas sûre de m'y rendre mais je tenais à accompagner ma meilleure amie afin de passer du temps avec elle, ce qui m'avait manqué. Le centre-ville était rempli de boutiques de prêt à porter. Après quelques secondes à se balader dans les rues de Feelings, on remarqua une boutique de robes. Joviale me tira le bras dans le but d'y rentrer. La boutique était peu remplie. À l'intérieur se trouvaient deux vendeuses assez distinguées qui nous dévisageaient du regard, ce qui réveilla mon anxiété. Joviale disparut dans les rayons pendant que je l'attendais devant la caisse. Je sentis une présence derrière moi. En me retournant je fis face à Joviale qui tenait dans ses mains plusieurs robes. Je m'exclamais alors :
— Joviale, tu ne vas pas acheter tout le magasin ?!
— Non mais je vais essayer tout le magasin. D'ailleurs, regarde ce que tu pourrais acheter, me répondit Joviale avec excitation.
Tout en soupirant, je me baladais dans les allées des rayons, slalomais parmi les présentoirs jusqu'à me cogner contre un mannequin qui portait une robe moulante rouge. Elle était similaire à celle que Rancunière m'avait volée des mains. Je n'étais pas vraiment emballée par celle-ci mais je décidais de l'essayer. Après l'avoir enfilée, je jetai un coup d'œil sur mon reflet dans le miroir. Je ne m'étais jamais réellement trouvée belle auparavant ou même trouvée attirante et puis rare sont les personnes qui me font des compliments. Il n'y a quasiment personne qui a énoncé le moindre compliment en ma faveur. La robe m'arrivait aux genoux. Elle était rouge satinée avec un léger décolleté plongeant. Soudain un sourire apparut sur mon visage. Je me mis à sourire à cet instant. Je ressentais une nouvelle émotion, la joie. Je me trouvais sublime dedans. Je sortis de la cabine afin de montrer ma trouvaille à ma meilleure amie. Cette dernière était ébahie. Elle s'exclama aussitôt :
— Anxieuse, tu es magnifique dans cette robe. Elle était faite pour toi. Il faut absolument que tu la prennes. Cette robe fait de toi une femme fatale.
— Merci Joviale, mais ce n'est pas vraiment moi. Cette robe me donne une image de femme puissante qui sait ce qu'elle veut. Tout ce que je suis, c'est une fille qui n'a pas confiance en elle et qui stress à la moindre chose.
— Non Anxieuse, je ne peux pas te laisser dire ça. Tu es forte, tu es si forte que les autres ont peur de toi. Tu déverses ta peur sur les gens et ils te craignent tous. Sois fière d'être ce que tu es ! Personne ne devrait te dire ce que tu es, seule toi sais. Et cette robe, je vais te l'acheter.
— Non, c'est bon, je vais payer.
— J'insiste.
— Merci.
Après m'être rhabillée et être passée en caisse, cette dernière m'accompagna jusqu'à la maison. En arrivant devant mon allée, j'aperçus mon père en train de réparer sa voiture. J'entendis sa voix. Il donnait l'impression d'être en pleine discussion. Mais avec qui ? En se rapprochant, j'aperçus Drôle passait des outils à mon père. Drôle avait mis une chemise en jeans, sur un pantalon noir. Tout en discutant avec mon père, il détourna son regard alors sur moi en me souriant. Il fit un signe de la main à Joviale et moi. Nous nous rapprochâmes de lui :
— Drôle, je ne savais pas que tu étais un mécano ?
— Mon père m'a déjà montré deux trois trucs mais je t'avoue que je ne suis pas un expert.
— Du coup, t'es venu pour quelque chose de précis ?
— Et bien, je suis venu pour te voir mais je suis tombé sur ton père qui réparait sa voiture. Du coup je suis venu l'aider.
— Un garçon bien éduqué. À l'occasion, je voudrais bien que tu m'aides sur cette voiture. Enfin, si ça te dérange pas mon garçon, s'exclama mon père en essuyant ses mains pleines de cambouis.
— Il faut remercier mes parents pour ça.
— Tu souhaitais me voir pour quelque chose ?
— Oui, j'ai appris que ton lycée organisait un bal ce vendredi. Je voulais savoir si ça te tente d'y aller avec moi ?
— Je peux pas, je suis punie car mes parents veulent m'enlever le peu de liberté qui me reste. Du coup, je suis désolée mais tu peux y aller avec Joviale.
— Non mais moi j'y vais avec Curieux, lança Joviale avec un sourire narquois.
— Tu peux y aller avec Drôle, je t'autorise. C'est un bon garçon mais ne rentre pas après minuit.
— Et bien voilà, tout s'arrange. Je passe te chercher vendredi à dix neuf heures ?
— Oui, si tu le souhaites.
— Super, je vais rentrer chez moi à présent. Au plaisir de vous revoir Monsieur.
— Appelle moi Méfiant, mon garçon.
— Très bien Méfiant. Bye les filles, lança Drôle en nous faisant un grand sourire comme à son habitude.
Je pris Joviale par le bras en la tirant vers l'entrée de la maison. En arrivant dans ma chambre, je refermais la porte et m'exclamais en direction de ma meilleure amie :
— Avec Curieux ?!
— Non mais je sors pas avec lui. J'ai simplement dis ça comme ça pour te laisser seule avec Drôle.
— Tu m'a fait peur ! Je t'avoue j'aurais pas voulu y aller surtout en compagnie de Drôle.
— Bon au moins j'aurais pas à demander à ton père que tu viennes au bal. Mais pourquoi ?
— J'aurais souhaité y aller seule comme toi. Mais tu as qu'à nous accompagner.
— Euh...
— C'est confirmé, tu viens avec nous !
— Il aurait pas un frère Drôle ? M'interrogeais Joviale.
— Il a Gaffe, si tu veux.
— Oh non, pas elle, je peux pas me la voir même dans un cadre.
— Tu sais j'ai appris quoi ?
— Oh oui, raconte moi tout.
— Rancunière sort bel et bien avec Inquiet. Je les ai surpris en pleine dispute aujourd'hui à côté du lycée. Cette peste de Rancunière a eu une discussion avec Gaffe, en disant qu'elles voulaient tout faire pour me dénoncer en tant que changement. C'est là que Rancunière lui a annoncé son plan machiavélique : Sortir avec mon frère afin de voir ma réaction et de pouvoir à la suite me dénoncer.
— Elle a trouvé sa jumelle Gaffe ! Une seule nous suffisait ! Il a fallu qu'une autre se ramène ! Décidément on aura jamais la paix à Feelings. Mais je suis étonnée qu'Inquiet sorte avec elle. Il sait à quel point tu la détestes.
— Je lui ai dit qu'elle se servait de lui et il n'a pas voulu m'écouter donc je préfère laisser le temps faire. Tôt ou tard, il apprendra la vérité.
— Tu as bien raison. Sinon le bal se passe ce vendredi. Pourquoi l'organiser aussi vite, ça ne nous laisse même pas le temps de trouver un cavalier !
— Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose, tu comptes aller à la sortie ?
— Je doute qu'on ait le choix. Du coup oui, mais je t'avoue que j'aurais préféré faire un cours de maths.
— À cette sortie, il faut que j'en sache davantage sur ce qui s'est passé ici pour qu'on vive cet enfer aujourd'hui. La sortie est prévue mardi prochain et pour le moment j'essaye de chercher dans le livre que j'ai pris aux archives.
Je me dirigeais vers la cachette où j'avais planqué le livre. Je le tendis à Joviale qui le regardait avec attention lorsqu'elle l'ouvrit et remarqua les pages arrachées. Elle pouffait alors de rire en me lançant :
— Je m'attendais à au moins avoir la page du sommaire, mais même celle-ci à était arrachée. Tu n'as vraiment pas de chance décidément.
— Tu ne saurais pas par hasard qui aurait pu arracher les pages ?
— Non, aucune idée. J'avais pensé à Haine mais vu que tu me dis qu'il était avec toi au moment où tu l'as découvert...
— Oui, c'est pour ça. Je n'ai aucune idée de qui ça pourrait être. C'est une chose que je vais vite élucider.
— J'espère que tu trouveras vite. Je ne vais pas tarder à rentrer Anxieuse. Il faut que je termine mes devoirs. On se voit demain en cours.
— Oui, à demain !
Notes de l'auteur :
Bientôt les 1000 lectures, c'est incroyable, mille merci ! Et vous, si vous habiterez à Feelings, quelles émotions porterez-vous comme prénom ?
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