Chapitre 11
En me retournant, j'étais surprise de tomber nez à nez face à Haine. Je ne savais pas depuis combien de temps il était là à m'observer. Je ramassai ma veste ainsi que mes chaussures et m'en allai en passant devant lui. Puis je me retournai en m'adressant à Haine :
— T'as bien maté, tu es satisfait du rendu j'espère.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Il est tard pour venir danser.
— Je ne te dois rien ! Alors occupe-toi de toi et de ta personne seulement !
Haine s'en alla vers la salle d'haltères sans même me répondre, sans même s'énerver, sans même me provoquer, sans aucune émotion de colère sur le visage. J'étais étonnée de sa réaction. En m'en allant vers la sortie de la salle, je ne pouvais pas rester sans réponses à ce que je venais de voir. Je suivai Haine jusqu'à la salle d'haltères en lui lançant d'un ton sec :
— C'est sérieux ? Tu ne me dis rien ?
— Qu'est-ce que tu veux la parano ? Ma méchanceté te manque ?
— Non, mais d'habitude tu m'aurais limite agressé. Pourquoi t'es venu me regarder ?
— Je suis venu voir qui était rentré vu que j'ai l'habitude d'être ici seul, mais si tu souhaites que je t'agresse, je vais me gêner.
— Tu ne vas rien faire. Je sais que c'est que du baratin juste pour faire peur.
Haine se rapprocha de moi en fermant la porte de la salle d'haltères d'un coup fort. Il pointa son regard en direction du mien tout en fronçant les sourcils. Je n'avais jamais été aussi proche de quelqu'un auparavant. Mon regard plongea dans le sien. Je sentis sa respiration à quelques centimètres de mon visage, la paume de mes mains posée sur le dos de la porte. Je remontai la tête dignement et lui lançai :
— Je n'ai pas peur de toi Haine ! Je ne suis pas intimidée, je ne te crains pas !
Tout en entendant mes paroles, il se mit à fermer les yeux. Puis d'un coup, il s'éloigna de moi et dans un élan, il colla son poing dans la porte à quelques centimètres de mon oreille droite, ce qui me fit trembler. Je ne m'attendais pas à cette action. Il s'éloigna vers le fond de la salle tout en me regardant, attendant sûrement une réponse de ma part. Je ne répondis pas, je serrai la poignée de porte afin de partir le plus rapidement loin de lui. Au même moment, Haine m'adressa la parole :
— La prochaine fois, ce sera sur ta figure que le poing atterrira.
— Donc c'est ça ? T'es un gars violent en plus d'être haineux ! C'est sûrement pour ça qu'on t'a viré de ton ancien lycée car tu t'en es pris à une fille. Ça ne me choque pas venant de ta part, tu n'es qu'un connard qui ne pense qu'à faire du mal autour de toi !
— De quoi tu parles, à ta place je me renseignerais davantage avant d'accuser n'importe qui de n'importe quoi.
— Ne fais pas l'innocent ! On m'a raconté ton passé, on m'a dit que tu t'en étais pris à une fille dans ton ancien lycée. Tu t'en es pris à elle jusqu'à la pousser à la dépression voire le suicide.
— Rentre chez toi la parano ! Tu ne sais pas de quoi tu parles ! C'est bien d'écouter les gens, du coup tu devrais avoir peur de moi. Je pourrais m'en prendre à toi, faire de toi ma prochaine cible, te rendre dingue, te rendre parano plus que tu l'es déjà ! Me rétorqua Haine.
Il se rapprocha lorsque je fis des pas en arrière, ce qu'il remarqua. Il se stoppa et repartit finir ses haltères. Je sortis rapidement de la salle de sport. Une fois dehors, je soupirai. Puis une idée me vint. Une idée certes mauvaise mais qui pourrait faire payer Haine pour ses propos envers ma personne. En entrant à nouveau, je pris une chaise qui se trouvait à l'accueil de la salle de sport, la sortis et la mis contre la porte d'entrée afin que Haine reste enfermé dans la salle. Je regagnai ensuite ma voiture et m'en allai en espérant que mon voisin ténébreux tombe dans mon piège. Une fois à la maison, mes parents étaient étonnés de me voir rentrer tôt et sans Joviale. Mon père se posta devant moi en serrant les bras et s'exclama :
— Joviale n'est pas avec toi ?
— Non, elle est restée avec son copain. Et puis moi, je ne me sens pas très bien. Je vais filer me coucher.
— Très bien, mais avant j'aimerais te faire part de quelque chose.
— Oui ?
— Mardi tu n'iras pas au lycée.
— Comment ça ?
— Les six grandes familles organisent un repas et il faut que toute la famille soit présente. Du coup il faut que tu viennes, Inquiet est au courant et sera également là.
— Très bien je serai là.
— Merci.
— Mais pourquoi ce repas ?
— Pour faire bonne figure. Mais également pour le nouveau plan d'action que les membres ont mis en place. Je t'expliquerai plus tard. Monte te coucher maintenant.
— Très bien, bonne nuit à toi et à maman.
Je filai dans ma chambre, me déshabillai, me mis en pyjama, me démaquillai et préparai mon lit. Lorsque j'entendis un moteur de voiture qui provenait de l'allée voisine, je me pressai vers la fenêtre. J'aperçus la voiture de Haine se garer dans son allée. Il sortit de sa voiture tout en jetant un regard vers ma fenêtre. Je me baissai en m'asseyant à même le sol. C'était évident qu'il allait me faire payer ce que je venais de lui faire.
***
Le lendemain, je m'étais préparée tôt. C'était un jour important pour moi, j'allais être notée en course. J'arrivai au stade du lycée très tôt. Le lycée lui-même n'était pas encore ouvert. Je rejoignais le terrain, posai mon sac dans un coin et commençai à trottiner afin de m'échauffer. Le soleil commençait à percer dans le ciel, l'air frais matinal vint me caresser le visage. Chronomètre en main, je ne comptais plus les tours effectués. Un de mes lacets s'était défait, je posai genou à terre dans le but de le refaire lorsque j'aperçus une personne rejoindre le stade. Je n'y fis pas attention et continuai mon entraînement. Quand d'un coup, cette personne se rapprocha de moi :
— Tu sais que le cours n'a pas encore commencé, ce sont des efforts perdus.
— Tu veux quoi Haine ?
— T'as tenté de m'enfermer hier, raté, je suis là.
— Super, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?
— Il y a toujours une sortie quelque part.
— Qu'est-ce que tu fais ici aussitôt ? Tu m'as suivie ?
— Non, je suis venu régler ton problème avant que les cours commencent.
— Mon problème ?
— Exact.
— Et qu'est-ce que tu vas faire ? Me faire du mal ?
— Ça me tenterait, ouais, mais je n'ai pas envie de salir ma veste en cuir de sang.
— Alors vas-y fais-le, tu attends que ça. Résous ton problème, lui lançai-je tout en soupirant.
— Non, ce serait trop facile, je n'y trouverai pas mon intérêt. Un jour viendra et tu t'y attendras pas.
Je plissai les yeux en le regardant me narguer de son sourire insolent. Je me baissai pour prendre mon sac et m'en allai vers le vestiaire des filles qui n'allait pas tarder à ouvrir. Une fois là-bas, je rangeai mon sac de sport dans mon casier. Les filles de la classe arrivèrent dans le vestiaire. Je sortis pour m'asseoir sur l'estrade du stade en attendant que la classe rejoigne le terrain lorsque Joviale, débordante de joie, se précipita vers moi :
— Anxieuse ! Je suis trop contente ! Mais d'abord comment tu vas ?
— Je vais bien mais je suis beaucoup angoissée pour l'épreuve de sport.
— Tu n'allais pas bien à la soirée. D'ailleurs tu avais quoi ?
— Je n'allais pas trop bien, car j'ai été déçue.
— Ah bon, mais sur quoi ? C'est à cause de moi ? Parce que je t'ai laissée seule ? Je suis une mauvaise amie, je suis désolée.
— Non, ce n'est pas toi ! C'est Brave et Inquiet.
— Explique-moi, je n'arrive pas à suivre.
— Je pensais réellement que Brave ressentait des choses pour moi comme je ressentais des choses pour lui mais il faut croire que non. À la soirée, il m'a prise à part pour me poser une question. Et tu me connais, je me crée des centaines de films, je pensais qu'il allait m'avouer ce qu'il ressentait, mais finalement il m'a juste demandé le numéro de Blessée.
— Blessée ? La fille du restaurant ?
— Oui.
— Il se rapproche peut-être pour avoir des plats gratuits au restaurant.
— Non, je crois qu'il apprécie vraiment Blessée. Mais Brave s'est rapproché de moi dernièrement. Rien qu'à travers ses messages, j'avais l'impression d'être plus qu'une amie pour lui mais finalement je me suis fait des scènes. Haine a raison, je suis une parano.
— Anxieuse, non, tu n'es pas une parano ! N'écoute pas ce crétin. Tu sais, peut-être qu'il est comme toi et qu'il veut cacher ce qu'il ressent. Il faut que tu ailles lui demander pour en avoir le cœur net.
— Sûrement.
— Et pour Inquiet ?
— D'après Curieux, Inquiet sort avec Rancunière.
— Quoi ! Non ! Je refuse de croire à ça !
— Je sais plus qui croire. Rancunière, ma pire ennemie, mais pourquoi Inquiet ne me l'aurait pas dit ?
— Mais Rancunière, ce n'est pas n'importe qui. Ton frère sait à quel point tu la détestes alors pourquoi se mettre avec elle ? Je comprends plus les hommes mais je pense que c'est faux. Ne t'en fais pas, ne te casse pas le moral. Allez lève-toi tu vas tout déchirer pour l'épreuve.
— Merci d'être là pour me motiver.
— C'est à ça que servent les amies.
— Mais tu voulais me dire quoi avant que je parle ?
— Protecteur souhaite me présenter à ses parents.
— Oh, ce n'est pas rien. Je suis contente pour toi.
— Merci allez on file la prof vient d'arriver.
Les élèves se regroupèrent au centre du terrain. Je me mis sur le côté en compagnie de Joviale. La prof expliqua les règles de l'épreuve. Tout en l'écoutant, je sentis un regard se poser avec insistance sans arriver à m'en défaire. J'allai à la rencontre de celui-ci. Le regard de Haine ne me lâchait pas. Je concentrai mon attention sur le sien lorsque ce dernier le détourna vers la prof de sport. Cette dernière forma les équipes. Par chance, je tombai en duo avec Brave. Je me rapprochai de ce dernier. Brave était vêtu d'un t-shirt blanc et d'un short gris. Tout en me souriant il s'approcha de moi :
— Du coup, on est ensemble.
— Si seulement, chuchotai-je
— Tu m'as dit quelque chose ?
— Non, non.
— On s'y met Anxieuse ?
— Oui, tu commences ?
— Honneur aux dames.
— Toujours aussi galant.
Il me sourit tout en me prenant le chronomètre des mains. Je me mis sur la ligne de départ parmi d'autres élèves dont Rancunière. Une fois sur la ligne, cette dernière se mit à côté tout en me donnant des coups de bras dans ses étirements. Je me décalai et me positionnai. Dès le coup de sifflet de la prof de sport, je me mis à courir le plus vite possible tout en inspirant et expirant. En courant je ne fis pas attention à mes camarades qui courraient à mes côtés. Je m'étais créé un objectif, atteindre la ligne d'arrivée. J'étais douée, entraînée et prête. Lorsque d'un coup, je sentis une pression assez forte dans ma poitrine qui me fit ralentir, une douleur que je n'avais jamais ressentie auparavant. Soudain ma vue se flouta petit à petit, je perdis de la vitesse. Suite à cela, j'entendis des voix lointaines quand d'un coup, le monde se mit à tourner. Je sentis mon corps tomber à terre sans même pouvoir réagir.
Quelques heures plus tard, des tonalités se firent entendre, des tonalités plus ou moins fortes. J'ouvris les yeux progressivement. La lumière s'installa petit à petit au sein de mes pupilles. J'étais allongée dans un lit d'hôpital. Je jetai un coup d'œil à l'environnement dans lequel je me trouvais. Le blanc était omniprésent, que ce soit sur les mobiliers, le sol, les murs ou encore le matériel médical. À mon réveil, Brave était assis sur une chaise près du lit dans lequel j'étais allongée. Brave remarqua mon réveil, se leva de son siège et s'exclama :
— Anxieuse !
— Brave, mais qu'est-ce que tu fais ici ?
— Je suis venu savoir comment tu allais.
— Je vais un peu mieux. Qu'est-ce que j'ai fait ? Il s'est passé quoi ?!
— Tu as eu un malaise dû à une crise d'angoisse assez intense. Le médecin te préconise de faire de la méditation ou de prendre des comprimés à base de plantes pour te calmer et d'éviter les crises.
— Je vois et pour l'épreuve de sport, je l'ai raté du coup.
— Non, la prof de sport a dit qu'elle te le ferait rattraper. Ne t'en fais pas.
— Merci de m'avoir amenée à l'hôpital Brave. Tu es venu à mon secours comme tu me l'avais dit par message.
— Hum, je vais y aller Anxieuse. Repose-toi, on se voit plus tard ! Me répondit Brave en s'en allant vers la sortie de la chambre.
— Brave ?
— Oui ?
— Encore merci.
Brave me fit un léger sourire puis baissa la tête et s'en alla. Soudain il réapparut en me disant d'un ton assez froid :
— Anxieuse ?
— Oui ?
— Je tenais à te dire la vérité. Ce n'est pas moi qui t'ai amenée à l'hôpital.
— Comment ça ? C'est qui dans ce cas ? Les pompiers ?
— Non plus, ils ont mis un certain temps pour venir, ce n'est pas eux.
— Alors qui m'a amenée à l'hôpital, si ce n'est ni toi, ni les secours ?
— C'est Haine. C'est Haine qui t'a amenée à l'hôpital...
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