•••

Le vehicule jaune s'arrête devant moi et je m'empresse de monter. N'étant pas chanceuse depuis la naissance, je ne trouve aucune place vide alors je suis obligée de faire le trajet sur mes deux pieds.

Hier j'ai bien dit à Paige que j'allais y réfléchir, concernant l'idée d'avoir un sugar daddy. Mais la verité c'est que c'est déja fait, et c'était une très très mauvaise idée.

La vie d'un pauvre est peut-être miserable, mais je ne suis pas du tout prête à avaler de la bave de grand père et de laisser un vieux penis tout mou entrer en moi pour de l'argent. Je ne me vois pas me forcer à coucher avec un homme qui pourrait être mon grand père, c'est très malsain et c'est comme de la prostitution.

Bon, coucher avec son petit-ami n'est pas de la prostitution mais il n'y a aucun sentiment là dedans. Tout ce qu''intéresse ces jeunes femmes c'est l'argent, ça prouve que des gens sont vraiment prêts à tout pour un dollar.

Serieusement, ce qui me degoûte le plus c'est de savoir que je devrais supporter de me laisser toucher par un papi. Sinon ce ne serait pas un problème, mais là il n'est pas question que je m'embarque dans cette merde. Je laisse Paige dans son délire. Il ne me reste que peu de temps pour finir mes études, sois pantiente Brooke, sois patiente. Tu n'auras bientôt plus peur du lendemain.

Le bus s'arrête et je descends après avoir payé le transport, non pas sans un pincement au coeur. Je crois même que le chauffeur avait tiré l'argent, ça se voyait que je n'avais pas envie de me séparer de lui.

En naviguant sur internet ce matin, je suis tombée sur une annonce: Camping car à louer. J'ai regardé les prix et ça me convient, j'ai appelé et la propriétaire m'a dit qu'il y en avait de disponible alors me voilà en route.

Je ne suis jamais monté dans un camping car de toute ma vie, et bientôt il y en a un qui me servira de maison. C'est mieux que de dormir dans la rue.

Arrivée sur l'aire de camping car, je ne peux m'empêcher de sourire. Plusieurs camping cars sont alignés sur le terrain, on dirait un petit village. C'est un coin tranquil et il y a beaucoup d'abres aux alentours. Ce n'est pas si mal, j'aurai des voisins et j'aurai l'impression de vivre dans un immeuble enfaite.

Une femme rousse qui doit avoir la quarantaine vient me rencontrer.

- Bonjour, vous devez être Brooke.

- Bonjour, oui c'est bien moi. répondé-je en lui faisant un sourire chaleureux.

- Bienvenue, mon nom est Marie et je suis la propriétaire de ce petit paradis. Dit-elle en montrant l'endroit d'un mouvement de bras. Venez je vais vous faire visiter et vous montrer les cars disponibles.

On ne perd pas une seconde et elle me fait faire le tour du "village". D'après ce qu'elle m'a dit, ils sont une familles et les gens ont vraiment l'air d'être gentils si je me fie aux sourires qu'ils me donnent en me voyant passer avec Marie. Des enfants courent pour aller à l'école, ils ont l'air heureux même s'ils n'ont pas les moyens de se payer une vraie maison. C'est de cette positivité dont j'ai besoin, les gens ici sont tous comme moi, Fauchés. Il n'y a pas de riches supersticieux qui pensent qu'ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent parce qu'ils possèdent ce qui dirige le monde. L'argent.

Je n'ai aucun doute, je vais habiter ici avec ma mère.

Je choisis un car pas trop au fond et Marie l'ouvre pour que je puisse voir l'intérieur. Il est de couleur crême avec certaines parties maron et orange, ce n'est pas grand mais je me contente de ce que je peux avoir.

En étant à l'intérieur on ne se rend pas compte que c'est juste une voiture, il y a un lit pas trop grand mais suffisant pour ma mère et moi. Une petite douche qui peut prendre une seule personne, un endroit pour cuisiner et un four tout aussi petit connecté par une cable à un bobonne de gaz qui se trouve à l'extérieur, près des pneus.

Une maison mobile, c'est vrai que c'est un paradis pour les gens comme moi.

J'informe à Marie que je viendrai y habiter demain, elle
écrit mon nom dans un grand cahier et me donne ma clef. Je lui dis au-revoir et prends encore le bus pour me rendre à l'université. Contrairement à ce matin il y a des places vides, la chance s'est-elle enfin tournée vers moi? Je l'espère que ça sera le cas pendant toute la journée.

***

Du lundi au samedi, je travaille dans un café. Le Darci's café. La semaine quand j'ai cours je commence à quinze heures pour dix-huit heures, et le samedi à huit heures pour quinze heures.

Ça fait un mois que j'ai ce boulot, un mois qu'on a diagnostiqué le cancer du sein à ma mère, un mois que je suis obligée de travailler pour nous garder en vie parce qu'elle ne le peut plus. Avant ma mère travaillait ici, c'est elle qui m'a conseillée de demander un job quand elle est tombée malade. Heureusement qu'elle avait rassemblée un peu d'argent, je l'ai utilisé pour payer ce que je devais à l'université et maintenant je travaille pour pouvoir achter ses medicaments.

Je m'en sors pas trop mal, vu qu'il n'y a pas trop de serveurs au café mais beaucoup de clients. Ce qui veut dire que mon salaire est pas mal, en plus le patron me paie la semaine.

Le bruit de cloche quand quelqu'un ouvre la porte du café résonne, ce qui me pousse à lever la tête. Quatre jeunes de mon âge entrent, j'écarquille les yeux quand je reconnais les deux filles qui m'ont ridiculisée et ont failli me faire arrêter il y a un an. Elles sont accompagnées de deux mecs que je n'avais jamais vu au part avant, un brun et un blond.

- Oh, regardez qui voilà. C'est Brookie !

C'est Candy qui a parlé. Quand je me rappelle que la première fois qu'elle m'a appelé comme ça, je trouvais ça mignon, j'ai envie de me mettre une baffe.

Je pourrais l'insulter de tous les noms et l'envoyer balader mais hélas, ce n'est pas mon café. Je ne suis qu'une serveuse, mon travail c'est de sourire, prendre les commandes des gens et les servir.

- Que puis-je vous servir? demandé-je dans le plus grand des calmes, ignorant aux passages leur sourire de connasses.

- Tu ne dis pas bonjour à tes vieilles amies ? dit l'autre connasse, Samantha.

- Vous vous connaissez? Demande l'un des mecs, qui a l'air d'un dieu grec.

Pourquoi les beaux gosses trainent toujours avec les pestes ?

- Oui, elle est dans notre université.

Notre université, comme si elle les appartenait. Mais n'est ce pas le cas? Je suis sure que leurs parents ont assez d'argent pour l'acheter avec tous les étudiants à l'extérieur.

- Pouvez-vous passez votre commande s'il-vous-plait, j'ai d'autres clients à servir. dis-je en restant le plus professionnelle possible.

C'est faux, les autres clients sont entrain d'être servis par Greg et Miranda mais je veux en finir avec eux.

- Un café latté pour moi et un cappuccino pour Samantha. lâche Candy sur le ton d'un ordre.

- Un chocolat chaud pour moi. dit le mec blond.

- Un chocolat chaud et un croissant pour moi, s'il-vous-plait.

C'est le dieu grec qui a parlé aussi gentillement, je lève la tête surprise et mon regard tombe dans ses beaux yeux. Il me regarde en souriant avant d'aller s'assoir sur une table avec les autres. Je m'empresse d'aller préparer leur commandes pour ne pas baver.

- Et voilà, dis-je en posant le dernier commandes sur leur table.

Je m'apprête à m'en aller quand:

- Hé, Brookie !

Je m'arrête et me tourne vers eux les sourcils froncés.

- En quoi puis-je vous aid-

Je n'ai même pas terminé ma phrase qu'un bruit de verre se cassant résonne dans le café. Candy vient de renverser son café.

- Ramasse le. m'ordonne t-elle.

- Je te demande pardon?

- Aller, vas chercher des trucs pour nettoyer ça! fait-elle comme si elle était une maitresse de maison qui parle à sa servante.

Elle se prend pour qui celle là?

- C'est toi qui l'a jeté, exprès.

- Non, c'est toi. Et si tu ne veux pas faire ce que je te dis, tu auras des problèmes.

- Essaie pour voir. dis-je sans réfléchir.

- Monsieur Darci ! crie-t-elle.

Elle connait mon patron?

- Qu'est ce qui se passe ici? dit mon patron en arrivant.

Il regarde les dégâts puis me regarde.

- Brooke, tu m'expliques?

- Elle-

- Elle a renversé ma commande et elle ne veut pas aller me chercher une autre. me coupe Candy.

Monsieur Darci me regarde sévèrement puis se tourne vers la bande.

- Je suis désolé mademoiselle Candy, Brooke va vous servir un autre café et le prix de celui qu'elle a renversé s'enlèvera de son salaire.

- Quoi? m'indignée-je. Vous ne pouvez pas me faire ça, c'est elle qui l'a renversé !

- Au travail ! fait-il en tapant des mains ignorant complètement ce que j'ai dit.

Je rêve ou quoi? Qu'est ce qui vient de se passer? Il n'a même pas pris la peine de m'écouter et il me traite comme si je n'étais rien.

J'enlève mon tablier et le jette sur une table au loin. Je ne peux accepter ça, j'en ai marre.

- Qu'est-ce que vous faites?

- Je démissionne. dis-je avant de tourner le dos et de sortir du café.

•••