Chapitre 1 : Money

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Le mois de mai, le printemps.

La nature s'est réveillée de son long sommeil d'hiver depuis la fin du mois de février. Les rayons du soleil apportent la lumière et la chaleur qui viennent chatouiller les arbres, qui ensuite se mettent à bourgeonner.

Les oiseaux chantent, les animaux sont amoureux, les fleurs sortent enfin de la terre et colorent la nature.

Je tourne la tête quand je passe près d'une école. Les enfants qui sortent en courant pour aller se blottir dans les bras de leurs parents, le grand sourire qui orne le visage des adolescents heureux de savoir que ce sera bientôt les vacances d'été. Et d'autres non, parce qu'ils savent qu'ils vont s'ennuyer chez eux pendant ces trois mois, car leurs amis iront les passer dans une autre région ou pays.

D'habitude, je ne m'éternise pas sur ces détails insignifiants. Je fais la route entre mon université et mon appartement à pieds dans mon propre monde, mes écouteurs enfoncées dans mes oreilles. Mais aujourd'hui, j'ai décidé de changer ça, je ne veux plus penser à mes problèmes, à ma vie catastrophique.

Non, je ne veux pas que mes pensées se tournent vers la maladie qui ronge ma mère de jour en jour, les quatre mois de loyer dû, le dernier versement que je devrais bientôt payer, les autres dettes et la manche de mon sac -que j'utilise depuis ma dernière année de lycée- qui risque de se déchirer d'un moment à l'autre. Ce qui entrainera la chute de mes livres et cahiers sur tout le trottoir.

J'ai décidé d'être heureuse pour une fois depuis ma misérable existence, et d'arrêter de m'appitoyer sur mon sort.

Je marche sur le ton de la musique, en balançant les bras et en bougeant de droite à gauche. Les gens doivent me prendre pour une folle, mais en ce moment je me passe de ce qu'il peuvent penser. Hall Of Fame de The Script est entrain de jouer dans mes oreilles. C'est une chanson d'espoir, une chanson qui t'encourage à donner le meilleur de toi et à ne jamais abandonner.

Tu peux être le héros
Tu peux être le meilleur
Tu peux être king kong en frappant ta poitrine
Tu peux bouger une montagne
Tu peux battre le temps
Tu peux briser les rochers
Tu peux être un maître
Ne laisse pas passer ta chance
Consacre-toi et tu peux te trouver
Présent au Panthéon
Et le monde va connaitre ton nom
Parce que tu brûles d'une flamme étincellante
Et tu seras sur les murs du Panthéon

J'entre dans Walker's Building, l'immeuble dans lequel se trouve l'appartement que ma mère et moi occupons depuis quelques mois, presqu'un an. Je salue certains voisins en montant les escaliers sans pour autant m'arrêter pour leur parler. Je n'ai pas l'habitude de le faire, je n'ai pas une relation amicale avec eux, ma mère oui, puisqu'elle est là beaucoup plus souvent que moi.

Je suis juste venue me changer et déposer mon sac de cours avant d'aller travailler. Contrairement à certains étudiants, je n'ai pas beaucoup de temps libre, mes journées sont toujours chargées. Cours, boulot, etudier, dormir. Voilà à quoi se résume ma vie.

Je suis surprise de voir que la porte de l'appartement est ouverte, je sais que ce n'est pas ma mère, elle n'est pas là, et je l'ai fermée avant de sortir ce matin. Je m'apprête à entrer à l'intérieur quand la propriétaire en sort, nos bagages en mains.

- Euh, Cristine...

- Dehors, et ne revenez pas tant que vous n'avez pas l'argent ! me coupe t-elle en me poussant de l'autre côté, se frayant un chemin.

Je la regarde étonnée.

- Mais Cristine, ma mère est malade et on a nulle part où aller ! Donnez-moi un peu de temps, je vous jure que d'ici la semaine prochaine j'aurai de quoi payer. la supplié-je.

- C'est ce que vous m'avez dit il y a une semaine, et il y a quatre mois aussi.

Elle est énervée, elle s'approche de moi et me montre quatre doigts.

- Vous le faites exprès, je ne vous laisserai plus de temps, ma patience a des limites !

Elle ne m'avait plus vouvoyé depuis bien longtemps, on dirait que je suis une inconnue à ses yeux en ce moment.

Je regarde la propriétaire de notre ancien appartement lancer nos affaires par terre, comme des vieux dechets. Les bras ballants, la boule au ventre. Certains voisins trop curieux regardent la scène depuis la porte de leur appartement.

- Cristine je-

- Pour vous maintenant c'est MADAME Cristine, seulement ceux qui habitent dans cet immeuble peuvent m'appeler ainsi. crache t-elle avec mépris, avant de me fermer la porte au nez.

Elle met les clefs dans sa poche et me tend la main. Je comprends alors qu'elle veut que je lui donne les miens, je soupire et les déposes dans le creux de sa main droite. Elle s'en va.

Je ne me suis jamais sentie autant humiliée.

Ah non, attendez.

Quand des "amies" m'avaient invitée au restaurant et que la police avait failli m'arrêter, parce que je ne pouvais pas payer le plat qu'une d'entre elle avait choisi pour moi -en me rassurant qu'elle allait payer-, là je me suis sentie plus qu'humiliée. Surtout sous les regards hautains de tous ses riches présents et le rire moqueur de celles que je pensais être mes amies.

Et aussi quand l'économe m'a expédiée à l'extérieur de la salle de classe devant tout le monde quand j'étais au lycée, en n'oubliant pas de crier que la raison était que je n'avais pas acquitté le troisième versement. Je crois que là, on a dépassé la limite de l'humiliation.

Argent, argent et encore argent. Tout tourne autour de l'argent, ma vie est une succession d'humiliation à cause de ce morceau de papier. Et les gens osent quand même me dire qu'il ne fait pas le bonheur.

Mon nom est Brooke Miller, je suis pauvre et je me retrouve maintenant à la rue.

Je ne l'ai pas et je ne suis pas heureuse pour autant. Si vous croyez autant que l'argent ne fait pas le bonheur vous n'avez qu'a transférer votre fortune sur mon compte en banque.

Et dire que j'avais décidé d'être heureuse aujourd'hui, moi qui pensais que rien ne pouvait briser ma joie artificielle, c'est raté.

Je soupire et essaie tant bien que mal de rassembler les affaires de moi et ma mère comme je le peux, pour ensuite envoyer un message à Paige lui demandant si elle peut venir me chercher avec la voiture de son père. Je suis soulagée quand elle me répond positivement.

Heureusement qu'en ce moment ma mère est à l'hôpital, je n'aurais pas voulu qu'elle vive ça, elle a assez de problème comme ça. Je ne sais pas encore ce qu'on va faire, on a nulle part où aller. C'est vrai qu'on a de la famille mais ils habitent beaucoup trop loin, je ne peux pas quitter cette ville à cause de l'université.

Je ne pourrai pas rester chez Paige pour longtemps, je l'ai appelée parce qu'il va bientôt faire nuit et que je n'ai pas d'autre choix. Vu que ma mère va rester dormir à l'hôpital pendant deux jours, je pourrais nous chercher un endroit avant son retour. J'espère vraiment que j'y arriverai, ce n'est pas facile quand on est fauché.

J'entends une voiture approcher, j'ai cru que c'était Paige mais en voyant la BMW rouge qui apparait sous mes yeux je me rends compte que non. Le père de mon amie n'a pas les moyens de se payer ce bijou. La voiture de ma pote est une vielle décapotable blanche d'origine mais qui a l'air grise maintenant, dont la porte droite ne peut plus se fermer et qui nous donne l'impression qu'elle va s'écraser à chaque kilomètres.

Alors je ne vous fais pas savoir l'étonnement qui se lit sur mon visage quand la voiture en question s'arrête devant moi, et que je vois Paige en sortir.

- Surprise !

- Qu-quoi ? fais-je abasourdie.

- C'est ma nouvelle voiture ! s'exclame mon amie en me regardant sourire aux lèvres, et en secouant les clefs sous mes yeux.

Elle me dit ça comme ça, comme si c'était normal.

- Mais...je...tu...c'est une blague !?

Elle rigole en voyant ma réaction puis sous mon immobilité, commence à mettre nos quelques bagages dans le coffre de SA voiture. Heureusement qu'il n'y a que nos vêtements, pas de meubles. Je me rends compte qu'on n'a vraiment rien.

Je ne sais pas à quel moment elle a tout embarqué, ni à quel moment je me suis retrouvée dans la voiture. Tout ce que je sais c'est que je la vois se garer devant sa maison. On est arrivé. Elle descend et je la suis.

- Tu m'expliques?

- Oh tu sais parler? J'ai cru que tu avais perdu la langue il y a cinq minutes. se moque t-elle.

- Tu voulais que je réagisse comment, tu debarques avec l'une des voitures les plus chers du monde, et tu me lâches que c'est la tienne comme si de rien n'était. Hier encore on faisait des kilomètres à pieds pour aller en cours.

Elle rit et on entre à l'intérieur, je suppose qu'on a tout le temps pour entrer avec mes bagages, pour le moment il y a urgence.

Je fais la bise à sa mère et elle me fait savoir que je peux rester autant de temps que je veux. Apparemment Paige lui a déjà dit que je comptais héberger ici pendant quelques jours. Elle monte les escaliers qui mènent à sa chambre et je la suis, elle ferme la porte une fois à l'intérieur.

- Tu m'expliques? demandé-je pour la millième fois, sur le même ton.

- C'est bon, je vais t'expliquer roh.

Elle roule puis rit

- Je ne pouvais juste pas t'en parler devant ma mère, et vu que tu étais genre absente pendant le trajet j'ai attendu que tu reviennes à toi.

- Bon voilà, maintenant que ta mère n'est plus là et que je suis revenue à moi, accouche.

Elle passe une mèche brune derrière son oreille droit, puis prend une grande respiration.

- J'ai un sugar daddy.

- T'as un quoi?




•••

NDA:
Bienvenu à toi cher lecteur/lectrice wattpadien/wattpadienne

Et voilà, je commence une nouvelle histoire.

Vous en pensez quoi? J'espère que le premier chapitre vous a donné envie de continuer ! Vous allez apprendre un peu plus sur Brooke au fur et à mesure que vous lisez, et je vous réserve beaucoup de surprise.

N'oubliez pas de voter et d'ajouter l'histoire dans votre bibliothèque pour pouvoir recevoir les notifications.

Si vous voulez quelque chose à lire en attendant le deuxième chapitre n'hésitez à jeter un coup d'oeil sur mon profil, j'ai plusieurs histoires terminées.

Bonne lecture !

Mon instagram📸: danaaya_

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