12
☆ PDV - Nathalia
La première chose que je remarquais lorsque je me réveillais, c'était que mon t-shirt était beaucoup trop serré. La lumière de la pièce était quasi inexistante, et je peinais à voir devant moi. En regardant si je n'étais pas blessée, je réalisais que j'étais à nouveau adulte.
- Finis la petite peste capricieuse, marmonnais-je pour moi-même.
Je repérais à tâtons des vêtements à ma taille. Je les enfilais, mes yeux commençant à s'habituer à la semi-pénombre. C'était un jean et un t-shirt simple, même si j'étais incapable de dire la couleur. Je défis mes couettes. Je remettais de l'ordre dans mes cheveux en même temps que dans mon esprit. J'avais été kidnappée. Encore. Je pestais envers moi-même, luttant contre la vague de panique. Mes souvenirs affluaient, menaçant de m'emporter comme un raz-de-marée. Je serrais les poings et me ressaisis. Ce n'était pas le moment, je devais être plus stratégique. Chercher des issues. Je n'allais pas me rouler en boule dans un coin à chaque obstacle que je rencontrais, comme j'avais eu l'habitude de le faire.
L'année et demi que j'avais passé sans eux avait été insupportable. Je ne sortais plus, sauf sur mes heures de travail à la bibliothèque. Je ne mangeais presque plus. J'avais envisagé plusieurs fois de sauter le pas, sans jamais m'y résoudre. Ils n'auraient jamais voulu que je fasse cela. Plus important, eux-mêmes n'auraient jamais envisagés de le faire. Je m'étais raccrochée à cette idée, comme une bouée perdue dans l'immensité d'un océan en pleine tempête. J'étais presque sûre que si je l'avais voulu, j'aurais pu m'effacer totalement de la surface de la Terre. Effacer mon souvenir de leur mémoire. Comme si je n'avais jamais existé. Mes pouvoirs avaient toujours fonctionné comme ça, à l'instinct. Je sentais que c'était possible, alors ça l'était. Mais cela aurait été lâche. Au bout d'un an, je me reprenais en main. Je jetais tout ce qui me les rappelait. Les vêtements, les posters, tout. Je prenais même des cours de self défense, et je maîtrisais bientôt l'art de me battre. Je m'emprisonnais dans un silence froid et sarcastique, m'en servant comme d'une carapace.
Jusqu'à ce qu'ils me retrouvent.
La pièce était étriquée, à tel point que je commençais à devenir claustrophobe. Il y avait seulement une porte, aucune fenêtre. La lumière diffuse provenait d'entre les barreaux d'une ouverture de la porte. Je m'approchais et saisis le métal froid sous mes doigts. Je secouais le battant. Rien à faire, et en plus, de mon côté il n'y avait même pas de poignée. J'insultais la porte de toutes les insultes que je connaissais, et j'en avais une connaissance étendue. Je reculais et rencontrais le mur opposé. Je me laissais tomber au sol, appuyant ma tête contre la paroi. Je soupirais. Il n'y avait aucune issue. Je me demandais ce que quelqu'un pouvait me vouloir. Ce n'est pas comme si on pouvait me retirer mes pouvoirs et les récupérer. Puis à force de réflexion, je me rappelais de qui j'étais dans cet univers. Elizabeth Singer, la prophétesse du Seigneur. Les mots " proie de choix avec une forte prime " étaient quasiment gravés sur mon front. Perdue dans mes pensées, j'entendis un grincement et la porte s'ouvrit, lentement, très lentement.
☼
☆ PDV - Lena
Je n'avais jamais aussi bien dormi de toute mon existence. Pourtant je n'étais pas particulièrement fatiguée hier. Je m'étirais. Ce sommeil avait presque un côté pas très naturel. Je me rendis dans la cuisine pour y découvrir Castiel, l'air hagard et les cheveux hirsutes. Je sentis de la chaleur se répandre dans mon estomac. Bordel, il faudrait qu'il arrête de me faire autant d'effet. Je restais là quelques instants, l'observant déambuler dans son sempiternel trench-coat. Et non, ça n'avait rien de pervers. Pas du tout.
- Salut, beau-gosse.
Il s'approcha vers moi, ahuri.
- Il y a un problème.
- Tu veux dire à part le fait que tu portes toujours les mêmes fringues ? Ce qui n'est pas très hygiénique, au passage.
Il passa outre mon sarcasme qui masquait mon inquiétude.
- Je me suis endormi.
Je le dévisageais. Il se foutait de moi ou quoi ? Mon inquiétude disparu et je levais les yeux au ciel.
- Tu sais quoi ? Moi aussi ! La question est : en quoi est-ce un problème ?
- Les anges ne dorment pas.
Ah oui, en effet, c'était un problème. Je déglutis difficilement.
- Un sort ?
Il hocha la tête.
- La sorcière. Je vais essayer de réveiller les autres.
Il sortit précipitamment de la pièce. Un horrible sentiment me tordit les entrailles. Je courus presque jusqu'à la chambre de Nath. Tentant de maîtriser ma panique grandissante, j'allumais la lumière et regardais son lit. Vide. Elle avait disparue.
☼
☆ PDV - Nathalia
Une grande femme brune, aux yeux bleus et à la silhouette longiligne me fit face. Elle devait avoir mon âge, peut-être moins. Elle me souriait de toute ses dents. Je la jaugeais du regard.
- Inutile de me regarder comme ça, hunny. Je ne te ferais pas de mal.
Je haussais un sourcil. Quelque chose me disait que sa phrase n'était pas finie.
- Seulement si tu acceptes de collaborer avec moi. Je te laisserais sortir, tu iras voir toute ta bande d'amis dingos, et en échange tu utiliseras tes visions de prophétesse pour m'aider à régner sur l'Enfer. Qu'en dis-tu ? On est toutes les deux gagnantes, car je suis sûre que tu ne portes pas Crowley dans ton coeur.
Ma première pensée fut que, dans mon univers, elle se serait sans doute fait lyncher par tout les fans de la série. Crowley fait parti des personnages favoris, et je n'avais pas honte de dire que j'adorais le roi de l'Enfer.
- J'ai une autre idée, dis-je. Pourquoi vous n'iriez pas vous faire foutre ?
Son masque affable se craquela. Je fis appel à mes pouvoirs, mais rien ne vint. Aucune lumière blanche éblouissante. Je clignais des yeux, hébétée. Pourquoi je n'y avais pas accès ?
- J'ai bloqué toute interventions mystiques, si c'est ce que tu essayes de faire.
Mais elle n'était pas censée pouvoir bloqué ces interventions mystique la. Je ne pouvais plus que me reposer sur mes talents au corps à corps. Au moment où je me jetais sur elle, elle prononça une incantation et je me heurtais à un mur invisible. Je retombais lourdement au sol.
- Nous parlerons plus tard, lorsque tu seras plus encline à la discussion. Je n'ai pas peur de toi.
- Je suis juste une fille maladroite avec des pouvoirs incroyables. Vous n'avez pas à avoir peur de moi. Mais vous devriez avoir peur de l'autre partie de moi-même. Parce que je ne serais pas aussi maladroite lorsque les ténèbres consumeront la lumière de mon âme.
Elle n'ajouta rien, le sens de mes paroles lui échappant sans doute. Elle sortit de la pièce.
☼
☆ PDV - Katy
Assise au volant, Clara, le Docteur et Lena avec moi, je roulais aussi vite que je le pouvais pour rattraper les autres. La voiture de Dean vira soudainement à droite. Je le suivis, manquant de peu de me prendre un arbre. Castiel avait put localiser Nath, mais n'avait pas put s'y téléporter à cause des protections, et les Winchester conduisaient comme s'ils avaient le diable aux trousses. Personne n'osait briser le silence inquiet de l'habitacle. Lorsque l'Impala ralentit enfin, nous nous trouvions devant une vieille usine. Clara, le Docteur, Sherlock et John furent obligés de rester dehors. Après nous être équipés, nous entrâmes dans les bâtiments, toujours silencieux. Des démons nous accueillir, et nous sûmes les recevoir. Nous progressions dans le bâtiment à une lenteur oppressante. Nous nous plaquâmes brusquement contre les murs lorsqu'une jeune femme passa. Castiel murmura que c'était la sorcière.
- Restez ici et couvrez moi des démons, j'y vais, annonça Dean.
- Je viens, déclarais-je.
- Quoi ? s'exclama Sam.
L'aîné convainquit son cadet de rester.
- Faites attention, chuchota Lena.
- Où serait l'amusement si nous le faisions ? dit Dean, sarcastique.
Je le suivis silencieusement dans le dédale de couloirs et de virages. Soudain, la sorcière s'arrêta. Nous nous cachâmes le plus vite possible. J'entendis la voix de Nath, et vu la tête de Dean, lui aussi. Ni une ni deux, je me précipitais vers la garce. Je me fis projeter contre un mur, et y restai plaquée, comme collée dessus. La sorcière saisit la gorge de Dean, sous les cris de Nath, tambourinant sur un mur invisible. Je priais pour que les autres arrivent. Faisant un effort surhumain, mes muscles se raidissant au possible, je saisis le couteau dans ma manche. Pantelante, je réussis à l'envoyer à Dean. Il l'attrapa au vol et le planta dans le coeur de la sorcière. Elle le relâcha et tomba au sol, morte. La pression qui pesait sur moi se relâcha.
- Hasta la vista, bitch, déclara Dean.
Pourtant, Nathalia continuait de s'époumoner. Malheureusement, ses cris étaient étouffés par la prison. Au moment où je compris le mot " derrière ", je me rendis compte de notre erreur. Il n'y avait pas qu'une sorcière, mais deux.
Mon cerveau fut trop lent, ou bien la sorcière fut trop rapide. J'essaierais sans doute toujours de trouver une excuse pour expliquer ce qu'il s'était passé ensuite. Au moment où mes neurones firent le lien, la créature surgit. Un éclair argenté brilla, et elle planta son arme dans le dos de Dean.
Je savais, de mon expérience de chasseuse, que le coup porter venait de sectionner sa moelle épinière.
Le tuant sur le coup.
☼
☆ PDV - Nathalia
Tout s'arrêta.
J'avais l'étrange sensation que le monde cessait de tourner. Le moment était suspendu, irréel. Arrêter entre deux battements de cœurs. Je ne pouvais pas y croire. Je ne voulais pas y croire. Dean, dans une lenteur exagérée à la manière d'un film raté, s'étala au sol.
Tout repartit.
Mon coeur, que je croyais arrêté, s'emballa. J'ai déjà vu ce coup. J'en ai déjà vu les conséquences. Lorsque Dean percuta le sol, je sus. Je sus qu'il était mort.
Si mes cris étaient déjà forts, ceux que je poussais à présent étaient inhumains. Le mur invisible éclata. Mon pouvoir enfla en moi. Mais il n'avait rien à voir avec la chaleur diffuse habituelle. C'était froid. Vide. Je gagnais en puissance, mon esprit alimentant tel un carburant. En regardant Dean immobile, j'avais l'impression d'être estropiée. Handicapée à vie, car il me manquait une partie de mon âme. Les larmes de rage et de douleur dévalèrent mes joues. Je me tournais vers la créature. Sans pitié, je domptais le flux menaçant.
- Meurs.
Et d'un mouvement de poignet, un filet d'ombre l'entoura, et je mis fin à sa vie.
Sam et Castiel arrivèrent. Ils pleurèrent. Beaucoup. Ils se maudissaient et sanglotaient. Lena serra Katy, secouée de hoquet. Je ne pouvais pas me payer ce luxe. Je ne pouvais pas laisser ma douleur me submerger. Car si je le faisais, je me noierais et ne m'en sortirais pas. Au lieu de cela, je restais calme, les seules trace de ma tristesse infinie étant mes larmes, qui ne se tariraient sans doute jamais. Je gardais la tête froide. Il fallait agir vite. Mon Dean était mort, mais quelque chose d'autre allait revenir. La Marque le ramènerait à elle.
Car ses yeux s'ouvriront. Mais au lieu du vert, il n'y aurait que du noir.
Et le démon serait revenu.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top