La fée pas chier


Bon, vous vous demandez sûrement qui je suis. Eh bien, je vais vous le dire.

Je m'appelle Félicia. Et je suis Marraine la bonne fée. Les souliers de verre et la robe bleue à fanfreluches de Cendrillon, c'était moi. Oui, je sais ce que vous allez me dire. Minuit ? C'était un peu tôt pour rentrer, mais bon, la gamine avait que dix-huit ans ! Et puis, pour faire ce qu'elle a fait ! Heureusement, elle s'en est pas trop mal sortie, la petite. Bref, j'ai plus de cinq cents ans, même si j'en fais dans les trente. C'est ça, être une fée, tu ne vieillis pas. Exit l'image de la vieille fée toute rabougrie avec les cheveux gris. Moi, je suis blonde aux yeux bleus, petite et un peu rondelette.

Depuis ce jour, j'ai été assignée au département Stylisme, Préservation et Bienveillance de toutes les princesses. J'ai appris au prince de Blanche-Neige la méthode d'Heimlich pour que la gourmande recrache son morceau de pomme. Moralité : jamais accepter de la bouffe de quelqu'un que vous ne connaissez pas. Je vous jure, combien de fois j'ai dû intervenir parce qu'elle avait accepté de la nourriture empoisonnée de gens qui avaient l'air "si innocents". Cette gosse a vraiment un problème avec ça, je crois qu'elle a été trop bercée du mur étant enfant.

Je vous jure, c'est du boulot de la garder en vie, celle-là. Bah, c'est pas pire que la fois où j'ai dû... Euh, bref, passons.

Bien sûr, je ne suis pas la seule Marraine la bonne fée, il y en a plusieurs, mais moi, je m'occupe principalement des descendantes des princesses de contes de fées. Et je peux vous dire qu'elles ne sont pas aussi "charmantes" que leurs arrière-arrière-arrière... grand-mères. Par exemple, c'était cette abrutie de descendante de Blanche-Neige qui m'a réveillée à six heures du matin parce qu'elle n'avait rien à se mettre.

Je lui avais balancé un sort de mode pour aller me recoucher, mais il fallait lui faire son petit-déj' aussi. J'ai mis un laxatif dans sa compote pour m'avoir fait chier de si bonne heure alors que c'était censé être mon jour de congé. Enfin, j'aurais aimé le faire, mais mon fichu sens des responsabilités m'en a empêché. Peut-être la prochaine fois... Mais rien que d'y penser me fait sourire. La petite allait avoir un bon transit grâce à moi ! Ça pouvait pas lui faire de mal, elle était grasse. Une sacrée gourmande, la descendante de Blanche-Neige ! Bien fait !

Pour en revenir à moi, j'en ai plein le dos de ces pestes. J'avais besoin de vacances, mais bon, le syndicat des fées en accorde rarement. On sait jamais, une princesse peut toujours avoir besoin de vous pour tout ou rien.

"Marraine la bonne fée !"

Encore une !

"Fée pas chier maintenant ! Je dors."

Et je me remets au lit et mets des bouchons dans les oreilles pour ne plus les entendre. Mais une idée commence à germer dans ma tête : il est peut-être temps de leur montrer que la marraine peut aussi se rebeller...

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