1 🍂 Terre inconnue
° La ligne entre terrain connu et terre inconnue est fine. °
☆
Taehyung
La peur est l'ennemi numéro un de l'homme. Elle contrôle sa vie, ses pensées, son corps et par conséquent, son âme.
Il y a les peurs banales. Je fais ici mention des araignées, des meurtriers ou encore du vide. Afin de gagner en précision, je ne les qualifierais pas de classiques mais plutôt de communes. C'est le bon mot. Puis, il y a les peurs un peu plus exclusives. Celles que tu évoques à des gens qui par la suite froncent les sourcils et te congédient d'un «Comment peut-on avoir peur d'une telle chose ?».
Ma peur exclusive à moi, ma honte, celle qui me fait rougir au-delà de ma peau, c'est l'école.
- Je ne veux pas y aller.
Et on s'apprête à m'y faire vivre.
- Ah ça mon coco, il aurait fallu y penser avant, rit ma mère en effectuant un virage dans la rue d'à côté.
Le cœur au bord des lèvres, je m'installe différemment sur mon siège. Je cale ma tête contre la vitre sans me soucier de mon écouteur qui glisse dans le mouvement et j'écarte les cuisses dans l'espoir de me sentir plus confortable. On s'approche. Je reconnais la route du Vancouver College. Je persiste à dire que la peur est le sentiment qui me domine plus que l'agacement. Je me sens déjà en danger à la simple idée de remettre les pieds là-bas alors l'envisager avec une valise dans ma main fait remonter la bile dans ma gorge.
Ma mère se remet à chantonner la chanson qui passe à la radio. Elle ne comprend pas ce qui se joue et ça me tue. Incapable de rester sans rien faire, je me redresse brusquement et tente une nouvelle fois de la convaincre.
- Je t'en supplie ?
- Non.
Je joins mes mains entre elles.
- Je ne laisserai plus jamais un évier de la maison vide. Je dormirai même devant le lavabo pour être à jour niveau vaisselle.
- Non.
J'active la carte visage d'ange.
- Non.
Je sors alors la carte ultime.
- Ce ne sont pas les plans de Dieu pour moi.
- Alors ça mon chéri, tu n'en sais rien. Ce que je sais en revanche de source sûre c'est que ce n'étaient pas non plus dans les plans de Dieu que tu organises une monstrueuse fête à la maison sans mon autorisation. On dirait bien qu'à ce moment-là, ses plans t'importaient peu, contre-attaque-t-elle un sourire tendre aux lèvres.
J'abandonne. Mon dos rencontre le siège en cuir ambiant. Ce n'est pas faute de lui avoir dit de diminuer le chauffage dans la voiture. Ma mère reprend sa chanson et ignore mes plaintes. Je reconnais que je n'aurais jamais dû organiser une fête sans sa permission. Elle est rarement à la maison mais me fait confiance pour ne pas lui manquer de respect. Pour maman notre chez nous est son sanctuaire. Il va donc de soi qu'elle hait recevoir des inconnus. Je n'ai pas respecté ça une fois. Une seule fois cet été. J'étais loin de me douter que les conséquences seraient aussi drastiques. M'inscrire à l'internat de l'école. Si c'est pas l'abus !
J'étais persuadé que mon onychophagie m'avait quitté des années en arrière pourtant me voilà de nouveau les ongles entre les dents. Je sens le minuscule dodane sous les roues de la voiture qui indique que nous sommes dans le parking. Elle marmonne d'agacement à cause d'un véhicule qui a eu la merveilleuse idée de se garer en dépassant la place de parking d'à côté. Cela l'oblige à faire le tour pour se ranger à un endroit disponible. Pendant ce temps, je prie. Littéralement.
- Seigneur, je te supplie de faire entendre raison à ma chère mère. Elle n'a pas idée de ce qu'elle est en train de faire. Je sais que ce ne sont pas les plans que tu as pour moi, ton serviteur. Alors-
- Mon Dieu, tu peux arrêter d'être aussi dramatique Eli ? Tu me donnes mal à la tête. Un an en internat ce n'est pas la mort. Puis tu es en terrain connu. Ce n'est pas comme si tu n'avais aucun ami là-bas. La preuve, tu les as tous ramené dans ma maison.
La ligne entre terrain connu et terre inconnue est fine. Ce n'est qu'une question de prononciation. De perception. Certes, j'ai des amis à l'école. Enfin, j'ai une meilleure amie et des connaissances. Je m'y sens bien à condition de rentrer chez moi une fois la classe terminée. L'internat est une terre inconnue, terrifiante.
- Allez hop, hop. T'es pas en avance pour la répartition des chambres et j'ai un call dans trente minutes.
Ma mère désactive le verrou des portes et ouvre la sienne pour rejoindre l'arrière. La fraîcheur du dehors contraste durement avec la chaleur dans la voiture. Mon épiderme s'en plaint. Il y a du soleil aujourd'hui mais les rayons ne réchauffent pas. La preuve, si j'ouvre la bouche, de la fumée en sort. Je devrais songer à-
- Taehyung.
La simple mention de mon prénom et non de mon surnom me suffit à ramasser mon écouteur, le ranger dans ma poche et sortir de la voiture. Le stress s'accumule dans ma poitrine quand je reconnais quelques visages sur le parking. Je ne connais ces gens que de noms mais je sais qu'ils sont habitués à l'internat. Je serais peut-être même considéré comme le petit nouveau car obtenir une chambre dans une école réputée comme la nôtre, ce n'est pas une mince affaire.
Je contourne notre véhicule en ajustant mon sac sur mes épaules et réceptionne mes deux énormes valises. Malgré leur taille, j'ai le sentiment de n'avoir que la moitié de mes affaires. J'ai forcément oublié quelque chose. J'ai ma brosse à dent, ma bible, mon ordinateur... Qu'est-ce qu'il pourrait manquer ? Ah oui, ma chambre.
- Tu as tout. Tu vas gérer ou je t'accompagne à l'intérieur ? demande-t-elle en désignant mes bagages.
Je hausse les épaules. Je peux rouler deux valises sans souci. Maintenant est-ce que je peux me rouler à l'intérieur avec autant de légèreté ? Je n'en suis pas certain.
- Tu vas gérer comme un grand tu verras. Tes mains.
Je les garde dans mes poches. Ma mère patiente deux secondes avant de me réprimander d'une tape sur le bras. J'obéis et lui tends mes mains. Elle se met alors à prier pour mon année scolaire et pour ma sécurité. Je me détends car la prière me fait toujours cet effet là. La bulle se perce pourtant lorsqu'elle dit :
- Amen.
Déjà ? Elle ne veut pas rester encore ? Prier encore ?
- Je t'aime Eli. On se voit ce week-end. Tu verras. Tu n'auras que de bonnes choses à me raconter. Il faut que je file. N'oublie pas de m'appeler avant de te coucher et de me montrer ta chambre.
Je suis tellement sous le choc que je ne parviens qu'à bafouiller un au revoir. Elle embrasse ma joue et aussi vite qu'elle est descendue, elle remonte dans la voiture et disparaît. Je me sens abandonné. Incapable de savoir quoi faire de moi-même.
Seul, je la vois. L'école. Du parking, l'immense bâtiment en pierre et l'herbe sur laquelle il repose sont visibles. Cette année ne devrait pas être compliquée. Après tout, mes bourreaux ne sont plus là. S'ils n'ont pas été assez stupide pour redoubler, ils sont à la fac en train d'oublier les marques que je porterais à vie. Je n'ai plus rien à craindre pourtant... Le nuage noir ne veut pas me quitter.
Je tourne la tête vers les bâtiments qui se trouvent à la sortie du parking. L'internat des filles du côté gauche, celui des garçons du côté droit.
Je dois vraiment entrer ?
- Taehyung ? Eh mec !
Je reconnais la voix dans mon dos à la seconde. J'oublie ma frayeur le temps de me soucier de mon apparence. Mes cheveux sont-ils bien coiffés ? Ai-je nettoyé mon visage correctement ? J'espère qu'un pigeon n'a pas fait ses besoins sur ma veste en cuir quand j'étais préoccupé.
Arthur me fait face un battement de cœur plus tard. Aucun doute. Ses cheveux sont bien coiffés, il a nettoyé son visage correctement et aucun pigeon ne s'est acharné sur sa veste en jean. C'est en partie de sa faute si je me retrouve ici. Ne trouvant aucun moyen pour l'inviter à sortir, j'ai organisé une fête à laquelle je l'ai convié. Me voilà en train de payer le prix de cette pulsion. Il déplace ses lunettes de soleil de son nez à ses cheveux roux et m'offre un sourire. Je reste figé la seconde de trop avant de parvenir à décrocher un mot.
- Salut Arthur. Ça fait longtemps.
- Ouais tu dates ! Viens on entre, je me les gèle.
Sans me laisser le temps d'ajouter quelque chose, il attrape sa valise et avance en direction de l'internat. Je me précipite à sa suite sans broncher tandis qu'il convient de me raconter le mois qu'il a passé en mon absence. J'ai suivi sur ses réseaux sociaux mais je fais mine de découvrir quand il me parle du jet-privé de sa mère, des hôtels de son père ou encore de la plage qu'il a privatisée. Je suis concentré. Si bien que je ne remarque que j'ai pénétré dans ma phobie qu'une fois que la porte claque dans notre dos. Toute cette décoration automnale donne l'impression d'être plongé dans l'obscurité. Nous sommes enveloppés par un bruit monstre. Tout le monde bavarde dans l'entrée en attendant le surveillant qui va nous attribuer les chambres. Je me mets instinctivement à le chercher dans la foule. Lui. Il n'est pas là.
Arthur passe son bras autour de mon épaule, j'oublie tout.
- Et toi ? T'as pas été très actif sur Insta.
- Oh tu sais, moi et Insta hein... T'as pas loupé grand-chose de toutes manières. Après la fête, plus de téléphone et sur la tablette c'est pas évident. Je suis juste resté à la maison à glander, tu vois ? D'ailleurs j'y pense ! Je t'avais dit que je te redirais pour l'histoire du voisin et de sa boîte aux lettres ? Bah figure-toi que-
Un individu siffle dans un objet en métal et le calme arrive progressivement. Ma phrase reste en suspens alors que je me tourne vers lui. Un jeune homme blanc maigrichon au nez droit se tient près du tableau central. Le sifflet lui donnerait un air de professeur de sport si seulement il ne portait pas le blaser à l'effigie de l'établissement.
- Un peu de silence s'il vous plaît. Du silence ! Je vois que ça commence bien ! Bon retour à vous. Pour les petits nouveaux, je me présente ! Je m'appelle Amine et c'est moi qui vais me charger de l'attribution des chambres. Très important. La brochure qui va vous être donnée doit-être lue impérativement. Si vous tentez d'esquiver à vos risques et périls. En attendant, je vais demander à tous ceux dont le nom commence de A à J de vous placer de ce côté là. Sandra arrive dans une minute. De K à U formez une jolie file devant moi. Et de V à Z mettez vous face à Kris. En silence, s'il vous plaît.
Mon pied commence à frotter la moquette marron quand je réalise que je vais faire la queue seul. Arthur a un nom qui commence par C si je ne me trompe pas.
- Eh ? Ça te dit qu'on récupère nos clés et qu'on aille direct faire un tour ? Enfin, si ça te tente bien sûr.
- Ouais, on fait comme ça, réponds-je soulagé.
Il tapote mon épaule et avec ses valises, il se place dans la file que ladite Sandra doit gérer. Je m'exécute à mon tour. De nouveau seul, la grandeur de ce lieu me frappe. L'immense escalier en bois laisse apparent les différents étages. Il y en a quatre. Les lumières ont beau être allumées, je me sens étouffé par l'ombre. Ce doit être à cause de cette moquette marron ornée de détails royaux qui empiète sur la luminosité. Je jette un coup d'œil vers l'endroit où j'ai laissé Arthur. Je n'ai pas à chercher son regard bien longtemps, il était déjà posé sur moi. Je lui souris et avec la volonté de ne pas rendre ça gênant, je détourne mon attention.
Qu'on ne se méprenne pas. Je suis toujours terrifié à l'idée d'un jour devoir considérer cet endroit comme ma maison. C'est simplement que pour quelques minutes, je choisis de me concentrer sur le positif qu'il renferme. Arthur.
🍂
Je suis sur un petit nuage.
En montant les trois étages qui mènent à ma chambre, je ne cesse de me remémorer ces trente minutes avec Arthur. Il m'a acheté des twix dans le distributeur de l'entrée puis j'ai eu droit à une visite personnalisée de l'internat. De ce point de vue, le lieu m'a paru beaucoup moins désagréable. Il y a dans la salle commune , un piano, un babyfoot et une télé. Je ne pense pas passer souvent dans le foyer mais rien que pour l'instrument, elle a gagné mon coeur.
Si l'internat est sympa, le moment est venu de découvrir avec quels garçons je vais passer l'année. Quand je suis monté abandonner mes bagages en quatrième vitesse, la chambre était vide. Je n'ai pas pris le temps de l'explorer car je voulais rejoindre Arthur. J'admets donc pousser la porte avec un peu d'appréhension.
Je fais à nouveau face au mur blanc. Quand on entre, un long couloir nous fait face. Sur la gauche, je sais qu'il y a la salle de bain, je l'ai confondue avec ma chambre toute à l'heure. Hormis ça, il est vide. Il y a deux pièces séparées. J'ai mis mes bagages dans celle qui nous fait face en premier. Elle m'était attribuée. Dans la seconde, j'entends des bribes de rire et de conversation. On partage en quelque sorte cet espace à quatre alors même si mon coloc ne semble pas encore arrivé, je longe l'espace pour voir qui sont ceux qui rient avec tant d'ardeur. Leur porte étant ouverte, je ne toque que légèrement contre le bois.
- Ah Jungkook, t'es-
Liam arrête son fauteuil roulant dans ma direction et se fige en me reconnaissant. Jamal qui d'ordinaire a le teint bronzé, blanchit. Et moi. Moi. Je manque de m'écrouler intérieurement à la simple mention de cette personne.
Si je ne connais pas bien Liam, je connais très bien son frère Jamal. Il est le copain de ma meilleure amie. Partager un espace avec eux ne me gêne pas. Le petit-ami de Jane et moi entretenons une relation cordiale. On ne se parle que si elle est dans les parages. Un détail me chiffonne. Il me semble que Liam est plus jeune que nous d'un an, j'ai du mal à comprendre comment il se retrouve à notre étage et surtout, je ne comprends pas pourquoi il a parlé de Jungkook.
- C'est toi qui a déposé ta valise ? me demande Jamal, troublé.
Je hoche la tête avec l'espoir qu'il ne me dise pas que Jungkook est celui qui va partager mon espace.
- Génial. Ils ont décidé de recréer la deuxième guerre mondiale dans notre chambre, lâche Liam en roulant vers son lit où trônent des magazines qu'il semble trier.
L'espoir n'est plus, il vient de me confirmer ma plus grande crainte. Vivre à l'internat, j'ai du mal à encaisser. Savoir que Jungkook est dans l'établissement est difficile à avaler. Mais dans ma chambre ? C'est au-dessus de mes forces. Je courrais supplier les surveillants de faire un changement, s'ils n'avaient pas dit qu'aucune modification n'était autorisée. Je pourrais plaider que Jungkook me veut du mal physiquement et mentalement mais ça reviendrait à le dénoncer et j'en suis incapable. Je suis coincé.
- Jamal, on peut pas échanger ? Je me mets ici et tu te mets avec Jungkook.
Je pense une micro-seconde qu'il va accepter car après tout, Jungkook est son meilleur ami. Ils ont d'ailleurs probablement fait une demande pour être ensemble. Depuis l'année dernière, ces deux sont inséparables et la haine qui m'unit à Jungkook est d'ailleurs la raison pour laquelle nos rapports se contentent d'être cordiaux. Mais j'ai oublié un détail...
- Franchement j'aimerais bien mais je peux pas. De un ma mère me tuerait. De deux, par rapport à Liam je ne peux pas échanger de chambre, ce ne serait pas pratique.
- C'est ça, parlez comme si j'étais pas là, marmonne Liam en nous lançant un regard réprobateur.
Pour des raisons évidentes, il faut que Jamal reste dans les parages de Liam. Il est plus jeune et son handicap n'est pas négligeable. Même si le peu de fois où je l'ai vu, il s'en sortait très bien seul, je suppose que c'est plus évident d'avoir son frère à portée de main plutôt qu'un inconnu. Le vacarme dans ma tête s'intensifie. Il n'y a aucune issue.
- Mais les gars, je ne peux pas partager une chambre avec Jungkook. C'est pas possible.
- Je sais... lâche Jamal en regardant dans le vide.
S'il y a une personne qui sait à quel point Jungkook me hait, c'est bien lui. Je ne vais pas jouer l'enfant de cœur. La haine est réciproque mais comparé à lui, moi je n'utilise pas la violence physique. Jamais. Cette situation ne conviendra à personne.
- Bah tu peux tenter d'aller à l'accueil mais je doute qu'ils soient ok, ajoute son frère.
La chaleur qui tantôt habitait la voiture revient m'accabler. Soudain, ma veste paraît plus petite, mon épiderme me démange, mon petit-déjeuner de ce matin semble aux yeux de mon ventre, avarié. C'est au-dessus de mes forces. Cette situation m'échappe. Tremblant, je recule et fonce dans l'endroit supposé être ma chambre. En effet, il y a trois sacs sur le lit que j'avais laissé vide. Les mains moites, je sors mon téléphone de ma poche et appelle ma mère. Je tombe sur la messagerie. Non sans jurer, je retape le numéro et cette fois, elle décroche.
- Eli, je suis occu-
- Maman vient me chercher.
- Quoi ?
- Dépêche-toi. Il faut que tu reviennes.
- Elijah calme-toi, qu'est-ce qui-
- Ils m'ont mis dans la chambre de Jungkook. Je suis dans la chambre de Jungkook.
Je ne tiens plus mon cellulaire, je le broie. L'air me paraît irrespirable à la simple pensée de le voir jour et nuit.
- Mais mon chéri, il va bien falloir que vous fassiez la paix un jour ou l'autre. Tu ne veux quand même pas que je vienne te chercher pour si peu ? Je suis sûre que Jungkook et toi trouverez un moyen de-
Je n'entends pas. Je n'entends plus. Parce que ça ne sonne pas comme un «J'arrive» et que mon cœur a besoin de ce mot uniquement pour s'apaiser. L'étaux se resserre. Pour si peu ? Jungkook est la raison pour laquelle quand on me parle de phobie, je pense à l'école. C'est lui.
- Maman viens.
- Je suis au regret, je ne peux pas. Dans le pire des cas, je peux essayer de demander à ce qu'on te change de chambre mais il faudra donner tes motivations comme un grand. Alors-
Je suis coincé. Le téléphone tombe au sol. La bile d'antan remonte en moi avec véhémence. J'ai à peine le temps d'attraper la corbeille vide que mon vomi s'y échoue. Je vomis mes tripes. Quand je crois que c'est terminé, ça me relance. J'entends la voix de ma mère étouffée dans l'appareil puis le bip sonore de fin d'appel. Je me remets à gerber, même ce que je n'ai pas ingurgité.
J'ai menti tout à l'heure. Quand j'ai insinué que m'envoyer ici n'était pas dans les plans de Dieu. Je savais que tôt ou tard viendrait le moment où je serais confronté à celui à qui je voue ma haine. Car un chrétien n'est pas supposé être haineux.
1 Jean 4 verset 20 : Si quelqu'un dit : J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ?
La poubelle me tombe des mains et heureusement pour moi, son contenu ne se renverse pas.
J'ai conscience que ma rancœur pour Jungkook est un grand frein dans l'avancée de ma relation avec Dieu. Je le sais et jusqu'à présent, j'ai toujours choisi de mettre ce sujet sous le tapis.
Un grincement m'interpelle. Sans surprise, Jungkook me fait face dans l'embrasure en bois. Son visage baigné de colère me donne envie de rattraper la corbeille. Je m'attends à ce qu'il me saute dessus mais on dirait que la situation le dépasse tout autant. Si bien qu'il ne m'offre pas un mot et claque la porte en partant.
Aujourd'hui, je ne peux plus faire mine d'ignorer la guerre qui a commencé entre Jungkook et moi. Dieu me met nez à nez avec mon problème de toujours et ce serait péché que d'oser le contourner.
Je peux donc soit l'affronter. Soit... l'affronter.
🍂
Fin de chapitre !
Alors vos premières impressions ?
Je suis ravie de pouvoir vous faire découvrir cette histoire, vraiment !
! Précision suite aux premiers commentaires. Elijah est le second prénom de Taehyung. C'est ainsi que sa mère l'appelle. Personne d'autre ne l'appelle comme ça. Ce sera préciser par la suite mais je tiens à le clarifier ici aussi ! Ce nom est très important pour Taehyung, vous verrez pourquoi après ^^ !
On se dit à samedi ?
Kiss, kiss <3
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