Fe Skov, Chapitre V
- « ...bla ! Embla ! »
Ask me secoue dans tous les sens ce qui me renvoie à la réalité. Qui est Hel ? Je dévisage Jordun pour pouvoir bien observer les similitudes avec la personne parlant avec Hel dans ma vision. Je me penche sur la table, les mains sur sa surface et mon visage à quelques centimètres du sien. Les deux compères se dévisagent et je finis par demander à celui se trouvant en face de moi.
- « Tu t'es coupé les cheveux ?
- Hein ?
- Est-ce que tu t'es coupé les cheveux ? redemandé-je.
- Mais de quoi tu me parles ? Je me coupe les cheveux une fois tout les deux mois comme tous les hommes ! »
Je me rassieds complètement déboussolée, les bras croisés sur ma poitrine et le regard vague. Pourquoi j'ai eu cette vision... Elle est plutôt troublante. Et puis pourquoi cette femme possède la moitié du corps mort et une autre en vie. Et qui sont cet homme et ce loup qui l'accompagnent. Si seulement Mimir peut me répondre... Aussitôt dit aussitôt fait, Mimir montre sa présence.
- « Hel est la déesse des morts n'ayant pas péris aux combats d'où son corps. L'homme que tu as vu c'est Jormungand, le mystérieux Dragon du Nord et le loup est Fenrir, me dit-il dans ma tête de sorte que personne d'autre n'entende.
- Mimir ? répondé-je étonnée.
- Mimir ? Qui est Mimir ? interpellent les deux frères en même temps tout en m'observant.
- Je n'aurai pas du goûter votre boisson, ça me donne des hallucinations, menté-je. Qu'est-ce qu'il y avait exactement ?
- Heu...
- Faites pas vos rabats-joies. Je sais que tu n'es pas humain Ask, répliqué-je en soupirant.
- Répète pour voir ? »
Il vient de se lever, les points sur la table. Je fais de même pour lui tenir tête. Je sais qu'il a très très mauvais caractère mais c'est pas lui qui va me marcher sur les pieds.
- « Tu... n'es... pas... humain ! répété-je en articulant bien.
- Je pense donc je suis ! Je suis humain !
- Menteur !
- Folle !
- Jean-foutre !
- Mongole à batterie !
-Sac à puces ! »
Cette insulte m'est sorti d'un seul coup. Pourquoi « sac à puces » ? Ma tension redescend. Cependant, après cette dispute mouvementée et criarde, la dernière algarade met Ask encore plus sur les nerfs. Ces yeux deviennent ardents et rougeoyants. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Sa corpulence augmente, sa taille augmente. Tout chez lui prend une envergure décuplée. Ses dents commencent à ressortir et à s'épointer. Son visage prend de nouveau plis, dont son nez qui se retrousse, s'allonge de plus en plus et ses lèvres dévoilent ses canines acérées.
- « Ask, calme toi bonhomme. Ne te met pas dans cet état là ! »
Jordun vient prendre la parole pour essayer de calmer son frère mais rien à faire. Il finit donc par dire aux serveurs d'appeler le patron du restaurant.
Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Je m'enfonce de plus en plus dans la banquette me collant à la fenêtre du mieux que je peux au fur et à mesure qu'Ask prend de la place. Un homme en costume cravate arrive en courant au côté de Jordun qui continue tant bien que mal à canaliser Ask.
- « Qu'on ferme les portes et qu'on active la barrière contre les Miséricordieux ! Vite ! »
À ces mots, une femme vient bloquer les accès au restaurant et les verrouille. Une lumière bleutée aveuglante prend possession de la salle. Nous aveuglant tous. Je réouvre les yeux et tombe nez à nez, ou plutôt nez à museau avec un loup démesuré.
- « Fenrir... »
Ma remarque étonne tout le monde car pour eux, je ne suis pas surnaturelle. Je couve ses yeux d'un rouge vif et leurs démarques pourpres qui me lancent des éclairs de colère. Ses grognements se font de plus en plus discerner à chaque fois que ma main grignote de la distance entre lui et moi. Soudain, elle s'arrête à deux centimètres de sa mandibule. Ma vue se brouille et je sens des gouttes sur mes joues. Je suis en train de pleurer... mais pourquoi ? Ça je ne le sais pas mais une profonde tristesse mélangée à une extrême joie s'engouffrent dans mon être. Puis-je prendre sur moi ? Non... et mon corps fini par bouger à sa guise. J'enlace de tout mon possible l'animal se trouvant devant moi. Il a vu, avant mon geste, que des larmes ont coulé sur mon visage... son aura de fureur change en une aura de douceur impassible. Je braille toute l'eau salée de mes glandes lacrymales, en resserrant ma prise de peur qu'il s'en aille, et il enfouit sa tête dans mon cou. Je reprends mes jérémiades de plus belles lorsque mes mains finissent par rencontrer un fil rouge de soie... Ce fil le privant d'une certaine liberté.
- « Fen... Pourquoi ils t'ont fait ça... », dis-je en pleurnichant.
Embla vient de me traiter de « sac à puces ». Mon sang ne fait qu'un tour dans mes artères et brise mon self-contrôle. Elle se fiche complètement de moi ! Elle fait comme si elle a oublié toutes ses années, comme si elle ne me connait pas, comme si tout ce qu'on a vécu est insignifiant à ses yeux. Et Jordun... cet abruti se rapproche de plus en plus d'elle. Je les hais. Je vais exploser. Je sens ma nature refaire surface en moi. Mon corps devient de plus en plus chaud et volumineux, mon visage se déforme et ma vue s'obscurcit davantage. Mes vêtements se font plus petits me serrant tel un filet mignon, ma pilosité s'accroît et devient plus sombre. Je suis en train de me changer... Jordun essaie tant bien que mal de me calmer, mais rien y fait. Les vibrations de ses paroles rebondissent à l'entrée de mes oreilles. Je ne veux pas et pourtant. Après le filtre bleu de la barrière aux Miséricordieux, ma forme véritable s'est montrée. Je suis toutes dents dehors et poils hérissés, devant celle à qui je ne veux pas faire peur. Apparement, elle sait que je ne suis pas humain ? Pfff, balivernes. Elle tremble sur la banquette se collant à la fenêtre pour essayer de s'enfuir.
Qu'est-ce qu'elle fait ? Pourquoi elle tend la main ? Je ne veux pas qu'elle me touche ! La dernière fois qu'elle l'a fait je ne me suis pas transformé devant ses yeux... J'ai pu ainsi éviter de voir passer de la peur et du dégoût. Néanmoins, je n'ai pas su préserver ses joues de la cascade de perles de chlorure de sodium. Qu'elle s'éloigne de moi ! Je m'y prends mal ? Je ne sais pas car son faciès vient de changer. Ses cheveux se font plus noirs et plus ondulés. Des larmes descendent lentement de son oeil droit. Son oeil... d'une couleur brune il a viré à un bleu azur aussi profond que le ciel illuminé d'un franc soleil.
Hel... c'est définitivement bien elle. Sa forme humaine ne se rappelle pas mais, sa réelle identité se souvient. Au plus profond de son être, elle se souvient de moi ! Sa main finit par toucher mon maceter gauche et fonce sur moi, me prenant dans ses bras. Je n'y crois pas et pourtant je ne peux que répondre à son étreinte plongeant ma tête dans la chaleur de son cou. Son étau se resserre lorsqu'elle frôle mon entrave.
- « Fen... Pourquoi ils t'ont fait ça... »
Je finis par sortir de ses bras sentant des regards insistants et horripilants venant de derrière.
- « Vous voulez ma photo ?, m'exclamé-je en fronçant des yeux.
- Ask... »
C'est Embla qui vient de parler. Je me retourne pour refaire face à ma belle. Hel a laissé place à sa nature humaine. Quand est-ce que je la reverrais ? Je ne sais pas mais je la protégerai en attendant son retour ! Mais ça ne m'empêche pas de mettre dans ses retranchements Embla, de la taquiner et de m'amuser. Après tout, ce n'est pas elle qui m'importe.
Le loup se dégage de mon étreinte, à mon plus grand désarroi. Je veux qu'il revienne, que je me remette à sentir son doux parfum busqué et boisé ainsi que sa chaleur corporelle. Je réouvre les yeux et l'observe.
- « Vous voulez ma photo ? dit-il avec férocité.
- Ask... soupiré-je. Je... te trouve trop mignon ! J'adore tes oreilles et tes coussinets ! »
Pour accompagner mes paroles, j'accentue mes gestes et les voyelles tout en lui touchant les régions précédemment citées. Les mots qui ont voulu sortir à ce moment là sont complètement différents... Mais je ne veux pas y croire et je ne veux encore moins le dire à voix haute.
Mon discours sonne comme une injure pour Ask et celui-ci me renvoie un regard sanglant avant que son corps commence à diminuer de volume, de pilosité et de visage. Non sans douleur.
- « Je suis toujours aussi mignon ? me lance-t-il en s'approchant tout doucement de moi, avec un sourire narquois. Dis-moi, que tu me trouves mignon, vas-y, je t'écoute. Je suis toute ouïe. »
Là, je sais pas quoi penser...Il n'a pas remarqué mon hésitation avant ma phrase répugnante, digne d'une femme complètement fanatique des oreilles et des coussinets des animaux (qui me soulage) mais en plus...
- « Tu es à poil, bordel !!!!, crié-je à son égard.
- Je sais. Regarde moi et dis moi que tu me trouve toujours mignon. », en faisant un sourire carnassier.
Il se rapproche dangereusement de moi, me faisant frissonner. Toujours sur ma banquette, je l'enjambe pour passer à côté et essayer d'esquiver l'homme nu comme un vers qui se dandine dans ma direction. Mais à vrai dire, il a beau être dans sa forme humaine, il possède toujours à mon grand désespoir une certaine vitesse et habilité. Je me suis mise à courir dans toute la salle, zigzaguant entre les personnes, non humaines évidemment, présentes. Tous nous dévisagent en souriant et en rigolant.
- « Laisse moi tranquille ! Ne t'approche pas de moi ! fis-je en courant.
- Non, j'adore trop te tourmenter. »
À peine, finit-il sa phrase, qu'il monte sur une table et bondit en l'air. Mon malheur me suit partout... Je me prends le pied de quelqu'un dans ma course et tombe au sol. Je suis maudite. Je me tourne pour voir où se trouve mon assaillant mais le vois en l'air. Evidemment, je me retrouve en dessous lui !
- « Dégage de là !
- Non, hors de question mon petit wapiti. »
Il me nargue avec son sourire malicieux que je lui ferais bien avaler.
- « Va-t-en, sac à puces ! Sale cabot ! Tu n'as même pas de force ! »
Ask claque de la langue, empoigne mes poignets et les place au dessus de ma tête et les tient à l'aide d'une de ses mains. J'essaie de me sortir de son emprise mais je n'y arrive pas. Il est définitivement plus fort que moi, c'est certain. La seconde, elle, vient encadrer mon menton, essayant de m'obliger à le regarder dans les yeux. Il peut contrôler ma tête mais pas les mouvements de mes globes oculaires. Je décide donc de regarder le plus haut possible pour éviter de le fixer dans les yeux. Car toute cette mascarade est gênante.
Je peux sentir que ça ne lui plait pas et je m'en réjouie. J'ouvre la bouche pour sortir une troisième injure tout en esquissant un sourire mais je n'en ai pas eu le temps. Mon prédateur vient d'apposer ses lèvres sur les miennes. Je me débat comme je le peux mais toujours en vain. Son baiser se fait brutale, il entrouvre sa bouche et fait pénétrer sa langue pour aller à la rencontre de la mienne. Je veux le forcer à se retirer mais pour cela, il me faut jouer à son jeu. Son baiser se fait affamé, et lors d'un roulement de langue, où nos dents d'entrechoquent, je me cambre, balance la tête en arrière, lui mords férocement la lèvre inférieure et lui donne un cou de genou. Il s'enlève sous la douleur. Il passe son pouce à sa blessure essuyant le sang dégoulinant tandis que moi, je le regarde en léchant mes incisives tout en dessinant le même sourire qu'il a arboré avant. Apparemment, le coup de genou n'a pas eu l'effet escompté mais la morsure, si. Voici ce qu'on appelle un baiser qui a du mordant.
- « C'est qu'il mort le petit wapiti.
- J'espère qu'on vous dérange pas, mais garder la barrière active consomme de l'énergie et... Vous devriez faire ça dans votre coin, merde ! Vous avez déjà excités deux personnes ! », proteste le patron répondant sous le nom de Pat.
Je me mis à rougir au plus haut point. Je ne me suis jamais sentie aussi gênée de toute ma vie. Contrairement à moi, Ask ne laisse passer aucun signe de honte mais montre qu'il se dilate bien la rate. Je ne peux m'empêcher de m'énerver.
- « Oh, Ask, regarde, un chat ! », fis-je en tendant mon bras dans une direction.
À mes mots, le loup saute en avant tout en regardant à gauche et à droite, excité comme jamais. J'éclate de rire de bon cœur. Je m'en tiens les côtes, j'en pleure et me roule par terre. Comment il peut se faire avoir aussi facilement ? Toute la salle finit par rire de cette absurdité. Et Ask fait moins le malin.
Jordun s'approche de moi, encore en boule à cause de mon fou rire, et me tend la main. Je la prends et m'appuie pour pourvoir me relever. Ce soi-disant Pat a jeté des vêtement sur le tout nu qui s'habille rapidement. Cependant, il a pas encore bien digéré ma moquerie et continu de me foudroyer du regard. J'hausse les sourcils et affiche une risette farceuse qui ne lui a pas plus. Je lui tourne le dos et par hasard, croise le regard de deux personnes. Celles-ci ont le pantalon baissé, leur main dans leur caleçon. Je vire au rouge, et détourne mon regard. Ask me regarde toujours mais cette fois-ci, avec un attention sadique et moqueuse.
-« Excusez-moi ! Vos toilettes sont bouchés ! Vous devriez faire quelque chose ou je ferais en sorte que votre restaurant ferme ! »
C'est la voix d'une femme. Tout le monde se retourne en même temps. Idem pour moi.
- « Que fait cette humaine ici et maintenant ? Qui la laissé entrer ? », crie le gérant.
Pat se mis en colère tandis que les autres personnes présentes, elles, sont choquées. Des murmures se font entendre tels « C'est une humaine! ! », « Mais la barrière contre les Miséricordieux est en place ! », « Aurait-elle assistée à toute la scène ? ».
- « Eh oh, quelqu'un est là ? Osez ne pas me répondre, et votre restaurant deviendra un débarras ! », répète-elle.
Soudain, l'humain sortie de derrière le mur. Je suis abasourdie... C'est Aurore. Mais que fait-elle ici ?
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Salut tout le monde, voilà j'ai fini le chapitre 5, j'espère qu'il vous aura plu ! Dite moi ce que vous en pensez en commentaire, ça me fait toujours plaisir d'en voir et de vous répondre ! :D
Passez une bonne soirée !
Bisous toute le monde ! ;D
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