Fe Skov, Chapitre IV

Jordun fait face au Minotaure. Il adopte une position d'attaque, la tête surélevée. La bête mi-homme et mi-taureau ne parait pas effrayée. Ses yeux luisants de plus en plus nous prouve le contraire. Il est prêt à fendre sur le grand serpent vert ne lui faisant absolument pas peur. D'un seul coup, celui-ci charge le reptile mais l'esquive avec une facilité déconcertante. Deux fois. Encore une troisième fois. Mais rien à faire. Le serpent est plus agile dans ses mouvements que l'épais buffle. Pour toutes exclamations, le Minotaure lance des hurlements faisant trembler les murs de l'école (pour ne pas dire labyrinthe). Son adversaire réplique.

- « Humm... Moi qui penssssssait que j'allais m'amussser avec toi. Ccc'est ennuyant. Çççça aurait le mérite de vite ssse terminer. »

À ces mots, il émet un sifflement strident m'obligeant à mettre mes mains sur mes oreilles pour diminuer l'écho, et fonce sur sa proie. Sa tête piquant en avant pour pouvoir planter ses crocs dans la chair tendre et chaude de l'être se trouvant en face de lui. Cependant, la demi-vache n'a pas aperçu que la queue du sang-froid l'enroule petit à petit. Un subtile mélange d'une attaque d'un cobra et d'un boa constrictor. Encerclant sa victime, pour pouvoir l'asphyxier. Mais la progéniture de Pasiphae le remarque et ne le laisse pas l'enserrer. Comprenant qu'il n'y arriverai pas en attaquant de face suite à de nombreux essais, le Minotaure semble avoir un éclair de génie.

De l'endroit d'où je suis postée, je ne peux détourner mon regard de cette bataille. Jordun, s'est transformé en gigantesque serpent et fait face à la bête m'ayant pris en chasse quelques minutes plus tôt. J'essaye de me relever tant bien que mal. Je crois réellement que le mur est mon âme-sœur. C'est le seul m'ayant fait du rentre dedans. Triste vie de devoir tous les jours parler à un mur. Sous ma remarque pensive, j'émets un gloussement. Et là, commence mon cauchemar.

Astérios, nom du Minotaure, entaille la peau de Jordun qui a baissé sa garde, scinde l'air tel un bœuf pour arriver en face de moi et me prendre entre ses cornes. je me retrouve dans la bise en étouffant un cri de la main. Ma cuisse droite vient d'être empalée. Me montrant tel un trophée à son adversaire, il pousse un cri et me glace le sang. Mes yeux sont exorbités à cause de la douleur

- « Reposssse-là, elle n'est pas ton oppossssant ! » hurle Jordun à l'encontre du Minotaure.

Celui-ci esquisse un sourire sanglant et commence à agiter sa tête de droite à gauche en faisant des huit. Je ne peux m'empêcher de solliciter mes cordes vocales sous les coups de la douleur lacérant ma jambe, ma voix résonnant dans tous les recoins. Mon alliée voyant rouge glisse à toute vitesse dans notre direction pour mordre mon assaillant. Celui-ci voit venir sa tentative et se met à courir, à quatre pattes, s'éloignant du serpent. Les vibrations, les coups de sabots au sol, les mouvements de balancier de sa tête et l'air qui fouette finissent par avoir raison de moi et je m'évanouis.

Lorsque je reprends enfin connaissance, je suis dans un lit, une intraveineuse dans la main. Tourner la tête me demande un effort considérable mais prenant sur moi, je finis par m'assoir sur le matelas. Mon cerveau tambourine à mes os frontal et pariétal.

- « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi je suis dans ce lit ? » parlé-je à moi même.

J'essaie de me rappeler ce qu'il y a bien pu se passer mais ma migraine se fait plus vive. Je décide de rabattre la couverture qu'il se trouve sur moi et pose les pieds à terre. Et je remarque le bandage à ma cuisse droite. Mais qu'est-ce que c'est ? J'appose les doigts sur la ligature blanche et refoule une douleur. L'effleurement de mes phalanges distales sur celui-ci a pour conséquence l'accroissement d'une tâche rouge à sa surface non sans souffrance. Je regarde fiévreusement ma jambe et entends la porte de la salle s'ouvrir. Un homme vient d'entrer. C'est Jordun. Je bondis sur mes pieds et manque de tomber à la renverse. Il vient de me rattraper de justesse.

- « Qu'est ce que je fais là ? lui demandé-je.

- Tu t'es blessée. Après avoir passé l'aspirateur dans la pièce de biologie, tu as amené la lolita. Maladroitement, tu as trébuché et tu t'es reprise avec le mur. Cependant, ton énergie potentiel de pesanteur que tu as acquise t'a complètement collée à celui-ci. Mais il présentait une tige filetée ressortant de 30 cm blessant ainsi ta cuisse. »

J'arque un sourcil. Je sais que je suis maladroite et que j'ai deux mains gauches mais pas au point de me blesser à ce point. Je regarde ma montre. Elle affiche 20h.

- « Il faut que je finisse de nettoyer. Il est 20h, et je suis encore ici, je n'ai pas mangé et je suis fatiguée. Plus vite ce sera fait mieux ce sera,» dis-je.

Je me remets sur mes deux jambes et commence à avance en titubant. Jordun se tient là, derrière moi près à me rattraper.

- « J'ai tout nettoyé. Viens je te ramène et on va manger.

- Je peux me débrouiller toute seule.

- Tu es blessée, Embla. Je t'accompagne.

- Non c'est bon, je peux le faire. J'ai pas besoin d'aide. »

Il me retourne et me tient par les épaules. Il me regarde avec un regard sérieux.

- « Tu es toujours aussi têtue à ce que je vois.

Je me renfrogne et croise mes bras sur ma poitrine. Je l'observe en fronçant les sourcils et je bascule le poids de mon corps pour pouvoir lui tourner le dos. J'appose ma main sur la poignée de la porte quand je sens deux mains venir m'enserrer le buste. Jordun vient de me prendre dans ses bras me stoppant dans mes gestes.

- « Où tu étais partie ? Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manquée... Pourquoi tu as fais ça ? Pourquoi tu m'as fais ça ? » murmure-t-il si bas que je peine à entendre.

Je reste sans voix... qu'est-ce qu'il lui prend tout d'un coup ? Je viens à l'instant de bafouiller, qu'il se reprend, ouvre la porte et me devance. Je reste statique, l'observant en ne comprenant rien de ce qu'il vient de se passer. Me voyant telle une statue, il prend ma main et m'incite à le suivre. Ce que je fais malgré mes sens et mes capacités cognitives brouillés. Je scrute le sol de dalle sous mes pieds essayant avec difficultés de me rappeler l'heure oubliée.

Toujours main dans la main, je finis par me rendre compte de l'absence de mon écharpe.

- « Jordun, tu saurais pas où se trouverait mon écharpe par hasard ?

- Non pourquoi ?

- Oh non, me dis pas ça... Je ne sais pas pourquoi, mais je tiens vraiment à cette étole... »

Sans dire mot, il se stoppe, lâche ma main et entre dans une pièce à sa gauche. Il ressort en moins de cinq minutes, doudoune verte et deux longs bouts de tissus en main.

- « Ce n'est peut-être pas celle qui possède une grande valeur à tes yeux, mais au moins elle te permettra de te tenir au chaud en attendant que je cherche la tienne. »

Tout en disant ces mots, il porte à mon cou une écharpe de couleur verte à reflets bleutés à la lumière artificielle. Il me l'enroule et je ne peux m'empêcher de la sentir. Elle possède une odeur de frais comme une brise glaciale d'Hiver, d'humidité telle une rosée du matin de Printemps, de terre égal à un tapis de feuilles d'Automne et de chaleur brûlante comme les entrailles de la planète en Été. En une seule bouffée, on peut sentir les quatre saisons.

- « Je vois que tu l'as déjà adopté », glousse-t-il.

Je ré-ouvre les yeux et aperçois un Jordun arborant un sourire mélodieux, et des yeux bienveillants. Je continue à le fixer, porte ses deux mains à mes joues et les pince.

- « AÏeeee, cha fait mal !

- Arrête de me fixer ! Tu risquerai de tomber amoureuse de moi, rit-il.

- Chai pas vrai, alors lâche moi, abrutchi ! »

Je suis dans les couloir de l'école avec un homme. C'est Jordun. Il porte une grosse doudoune verte. Il marche comme s'il connait le chemin par cœur pouvant le faire les yeux fermés. Je lui donne des coups de pieds dans le ventre alors qu'il me tient sur son épaule. Mes mains boxant aussi son large dos tout en évitant de m'étrangler avec mon écharpe blanche. Il coince mes jambes de ses bras mettant toutes mes tentatives en échecs.

- « Lâche moi, abruti ! » dis-je.

Je me tiens la tête qui vient de m'assener un énorme coup au niveau des tempes. Qu'est-ce que c'est ? Une vision ? Non... il porte exactement la même chose que maintenant et moi, je porte mon écharpe que j'ai perdu... Un souvenir ? Ayant vu que je me tiens la tête, il ne peux s'empêcher de mettre sa main sur la mienne.

- « Tu as mal ?

- Oui, ça fait pas des chatouilles. Mais dis-moi, tu m'as porté sur ton épaule à un moment donné ? »

Ma demande le fait sursauter et ne me répond pas. En guise de réponse, il me fait tourner, et me pousse en direction de l'extérieur.

Nous arrivons dehors, le portail est fermé. Jordun passe devant moi, toujours en me tenant par l'épaule, l'effleure de sa main et celui-ci s'ouvre. Nous passons à travers et plus on marche, plus le bâtiment derrière nous se fait plus petit. Le portail se referme et laisse l'école sous la pénombre menaçante de la pleine lune et des étoiles. M'éloigner de cet endroit est comme si je m'éloigne d'un mauvais rêve.

- « Bon, qu'est-ce que tu veux ? me dit Jordun.

- Humm... Je veux un hamburger. Ça fait longtemps que je n'en ai pas mangé.

- Ha bon ?

- Enfin, pas vraiment. La dernière fois que j'ai voulu manger un hamburger, j'ai du cocher dans une liste les ingrédients que je voulais. Je pensais qu'il fallait mettre une croix devant les condiments qu'on voulait rajouter à son hamburger en plus de ce qu'on y met normalement. C'est à dire pains, fromage, sauce, steak, tomate, salade et tout le tralala. Donc du coup, j'ai juste coché la nature du pain et celle du steak que j'ai troqué pour un Fish and chips. Bah lorsque ma commande est arrivée, j'ai ouvert mon repas et j'ai découvert que du pain et du Fish and chips il n'y avait rien d'autre... Mon semblant hamburger m'a couté une blinde.

- Tu n'as mangé que du pain et du poisson ? Mais tu es aussi bête que tes pieds ma parole !

- N'enfonce pas le couteau dans la plaie, veux-tu ? »

- Vous avez choisi Monsieur, Dame ? demande une femme portant un tablier avec un calepin et un stylo à la main.

- Oui, fait Jordun, ce sera deux hamburgers s'il vous plait et ce que je prends d'habitude. » dit-il en insistant bien sur « habitude » lançant un regard sérieux que la femme lui rendit en échappant un « c'est noté » avant de repartir en cuisine.

- Tu viens souvent dans ce restaurant ? demandé-je

- Oui, c'est comme une seconde maison pour moi ! À vrai dire pas que pour moi, me confie-t-il en me pointant du doigt un siège derrière moi.

Sur celui-ci se trouve un garçon qui me dit étrangement quelque chose... je me mets à réfléchir et trouve de qui il s'agit. C'est Ask.

Ces cheveux sont attachés en petite couette haute derrière se tête dévoilant à la base de ses oreilles et de sa crinière, au niveau de sa nuque, un sillon de couleur rouge. Il se trouve dos à nous sur la banquette adjacente, mais quelque chose me dit qu'il n'est pas là juste pour manger. Et ce quelque chose est la carte. Il la tient à l'envers.

Je ne peux m'empêcher de rigoler et Jordun se joint à moi. De ce fait, je tapote sur l'épaule d'Ask et il se retourne.

- « Tu veux te joindre à nous ? lui demandé-je.

- Non merci, vous êtes trop bruyants pour moi.

- Aller, fait pas ton rabat-joie frérot, viens, on a tout les deux remarqués que tu nous épis autant que tu t'assoies à notre table, tu ne crois pas ? », réplique Jordun entre deux rires étouffés.

Ask lance une œillade accusatrice à Jordun que moi j'observe interloquée. Le brun à couette finit pas se lever et s'assoit à côté de moi. Ses yeux continuant à s'attarder sur la personne qui se tient en face de moi.

- « Vous êtes frères ?

- Oui, répond Jordun avec un sourire,

- Non, répond Ask en croisant les bras.

Les deux ont répondu en même temps. Je ne comprends plus rien... oui ou non ? Jordun esquisse une risette tout en décoiffant son soi disant frère de sa main gauche. Lui arrachant des plaintes.

- Tête de vipère de mes deux, arrêtes tes conneries ou je t'égorge !

- Oooh, qu'il est chou le louveteau, rit-il.

- Vous êtes réellement frères ? demandé-je perdue.

- Yope, et ce depuis longtemps déjà. »

« Mmmff » est la seule réponse qu'on a pu lui soutirer avant que la serveuse ne revienne les bras chargés. Elle dépose devant moi un grand hamburger devant lequel je ne peux m'empêcher de baver à l'avance ainsi qu'un autre, devant Jordun. Puis, viens sur la table, deux verres contenant un liquide visqueux et granuleux de couleur pourpre, un verre d'eau et un assiette de steaks accompagnés de frites.

Les deux verres pourpres vont aux deux hommes que je regarde dubitative.

- « Qu'est-ce que c'est comme boisson ? »

Les deux frères se regardent sans dire mot.

- « Du jus de groseille, dit Ask tout en commençant à amener son verre à sa bouche.

- « C'est vrai ? Trop bien, attend je t'en pique un peu ! »

À ces mots, je lève mon bras et lui prends le verre des mains pour en boire des gorgées goulument.

- « Non, attend ! C'est ! », rétorquent les deux en même temps.

Le jus entre dans ma gorge, traverse mon œsophage pour arriver dans mon estomac. Soudain, je rejette ma tête en arrière, les yeux grands ouverts.

- « Hel, qu'est-ce que tu fous, bon sang ?

- Je reste ici, je ne bougerai pas tant qu'il ne reviendra pas !

- Mais enfin ! C'est maintenant ou jamais pour te marier ! C'est pas tous les jours qu'on demande ta main !

- Non !

- Fais pas ta tête de mule Hel... Il va croire que tu es aussi froide que les morts... »

La personne qui conversait avec cette certaine Hel ressemblait à s'y méprendre à Jordun. Il est grand, mince, brun aux reflets verts aux longs cheveux attachés à l'aide d'un peigne en or. Il était habillé d'un yukata japonais vert émeraude lui allant à merveille. Elle, qui était de dos, portait un haut blanc orné d'un collier en or et en pierres incrustées sur le col. Les épaules étaient dénudées laissant retomber des demi-manches sur ses bras. Sa taille ne présentait aucun tissu, dévoilant ainsi son nombril et sa taille de guêpe. La ceinture de sa jupe était de même acabit que le collier du haut et était continuée par du tissu blanc fendu sur les deux côté de ses jambes les laissant apparaitre. À sa cheville gauche était accroché une chevillère en or et présentant des clochettes mais aucune sandale. Elle était pieds nus.

Ses cheveux étaient d'un noir ébène reflétant la lumière de la lune à merveille, et lui arrivant jusqu'au début de ses fesses. Ils étaient aussi noir que la nuit sans étoiles, aussi ondulés que l'eau troublée et aussi dégradés que la durées des vies qui différaient. Elle était magnifique de dos.

- « Hel... Je suis là..., dit une deuxième voix d'homme. Ou plutôt de grand Loup noir et aux yeux écarlates et délimités par du pourpre.

- Fenrir ! »

Hel se retourna pour faire face à Fenrir laissant à la contemplation de son visage. Hel... Elle possédait des yeux bleus azurs incarnant l'âme pure et un visage fin. Cependant, une laideur venait frapper sa beauté. Toute la moitié droite de son corps était morte. Laissant à vue, ces os et sa chair bleutée par la nécrose. Hel était un léger alliage entre le Paradis et l'Enfer, la Beauté et la Laideur, la Vie et la Mort.



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Coucou, tout le monde ! :D

J'espère que ce chapitre vous aura plut, dite moi que vous en pensez en commentaire ! ^^

En tout cas, je prends vraiment plaisir à écrire cette histoire, j'espère que c'est pareil de votre côté !

Je commence l'écriture, pardonnez moi mes erreurs de débutant et si vous avez des idées pour m'améliorer, je suis preneuse ! ;)

À bientôt pour le chapitre 5, alors ! ;D

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