Fe Skov, Chapitre III
Je tourne le dos au directeur ainsi qu'à la fenêtre et laisse la nouvelle rencontre me guider jusqu'au portail. Même si je ne regarde pas cette silhouette effrayante, je peux encore sentir son regard oppressant et profond.
- « Tu auras beau me fuir, tu ne pourras pas me réchapper Embla. On est fait pour se rencontrer et tu viendras à moi de ta propre volonté, ne l'oublie pas... Tu es l'Edda.
Ma haine saura trouver le trajet.
Mon mal rongera la Déesse Oubliée.
Mes décès enterreront le Goulu.
Et la Nouvelle Ère venue,
Mettra à terre l'Amour Interdit et Libérateur.
Ainsi je déverserai ma noirceur. »
Ce chant me paralyse sur place et un frisson me travers l'échine. Même de dos, je devine qui l'a fredonné. Mais je ne veux pas me retourner. Je ne veux pas la voir. Est-ce que l'avertissement de Ask concerne cette femme ?
Jordun remarque mon arrêt, me prend par l'épaule et me dit :
- « Rester faire le ménage t'engourdit ? Aller, dépêche toi, je n'ai pas que ça à faire. »
Apparemment il n'a rien entendu. Finalement, je tente un regard au dessus de mon épaule. Le directeur écrit silencieusement sur son calepin et à la fenêtre se trouve l'extérieur de l'école. La forêt vient encore de disparaitre ainsi que cette sombre femme.
Je suis tranquillement Jordun jusqu'au portail. Il finit par mettre une main dans sa poche, sort une clé de celle-ci et empoigne le cadenas. D'un simple coup de poignet il ouvre le scellé tombant à ses pieds et emportant avec lui la chaine. Le portail vient d'être ouvert. Jordun me regarde et je passe de l'autre côté toujours sans dire un mot.
- « Ne t'inquiète pas tout va bien se passer, je serai dans le bâtiment ce soir. Tu n'auras qu'à m'appeler si tu as un problème et je viendrai à ta rencontre. »
Il essaye de me réconforter. Je lui réponds avec un sourire qu'il me rend avec sincérité. Cette personne me fait me sentir à l'aise et ce, même si il m'a affirmé de me méfier de lui.
Après 20 bonnes minutes de marche, je finis par arriver sous le porche de mon immeuble. Je pousse la porte et vérifie ma boite aux lettres. Une lettre est visible et je me dépêche de savoir qui me l'a envoyé. Aucune marque de l'expéditeur. Je m'empresse de l'ouvrir et y découvre un anneau en or et pas de mot. On peut y voir une inscription sur l'orée extérieure mais elle est illisible.
- « C'est quoi cette lettre ? Elle m'est bien adressée ? »
Suite à ma remarque, je revérifie le destinataire. Il y a marqué « Embla Mimir, Spiorad ». Non, c'est bien mon nom et c'est bien la ville de Spiorad où j'habite, le facteur ne s'est pas trompé. Je continue d'admirer le bijou qui se trouve dans ma paume et voulant savoir si elle est à ma taille, je la passe à mon annulaire gauche. Elle me va. Je souris. Un bijou gratuit, qu'elle chance ! Je referme la boîte aux lettres et commence à monter les escaliers. Je ne peux arrêter de regarder ma main portant la bague. J'arrive devant ma porte, se situant au troisième étage, défais les verrous et enclenche la poignée. Mon appartement est assez spacieux pour une personne. Et oui, je vis toute seule, ma famille vivant à 10h de chez moi, à Teine. Je ne les vois pas souvent mais quand l'occasion se présente je saute dessus. Cependant, cela ne m'empêche pas de leur téléphoner régulièrement. Je pose mon sac sur le tabouret se trouvant à droite de la porte et me dirige vers le frigo pour boire de l'eau fraiche. Ça fait du bien de boire. Je me laisse tomber sur le canapé et ferme les yeux tout en repensant à cette après-midi assez étrange. Je ne veux pas la revivre, heureusement que c'est fini. Je me reprends et regarde l'heure qu'indique l'horloge. 17H30. J'ai le temps de faire un petit somme, ça ne me fera pas de mal. Je finis donc par m'allonger sur le canapé, un plaid sur mon corps et Morphée m'emporte au pays des songes.
J'ouvre les yeux et me trouve sur une branche, les jambes ballantes et le dos accolé au tronc. Je ne sais pas où est-ce que je me trouve. Je regarde autour de moi et m'aperçois que l'arbre sur lequel je me trouve est un saule pleureur.
- « Mais qu'est-ce que je fous ici, moi ? soupiré-je.
- De par ta venue, l'oracle tu auras eu.
- Qui est là ? »
Je me retourne, regarde en haut, en bas, à côté mais je ne vois personne. Mais qu'est-ce qu'il se passe à la fin ? Je commence à saturer...
- « Je ne suis personne d'autre qu'une partie de toi même. »
Suite à cette réplique, je sens un mouvement dans mon dos. Je me décolle et tourne la tête. Je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux et d'ouvrir la bouche. Le tronc a changé de forme pour laisser place à un visage d'homme âgé ayant une longue barbe blanche et les yeux bandés. Je me retourne donc comme je peux pour faire face au tronc.
- « Mais c'est quoi ce délire ? Je suis droguée ce n'est pas possible ! crié-je avec certitude. Ce ne peut pas être autrement !
- Tu ne possèdes point de poudre dans ton organisme mais pour tout potage, ta vie psalmodique se verra altérée pour révéler ta fidèle âme, me dit le visage présent dans le tronc. Mon nom est Mimir. Charmé d'enfin te parler », me sourit-il.
À cause de mon état d'étonnement, je ne lui rends pas son sourire mais quelque chose m'interpelle.
- « Tu portes mon nom. Tu t'appelles Mimir et moi je m'appelle...
- Embla Mimir, me coupe-t-il. Je sais qui tu es. Je connais les secrets les mieux cachés et des nombreuses vérités que personne d'autre ne connait. Et je les révèle.
- Mais qui es-tu ? Tu me connais mais moi non, lui demandé-je abasourdie.
- Toi.
- Moi ? Comment ça ? Si je ne suis pas droguée c'est que je suis devenue folle ! Depuis cette après midi j'ai des visions ! Que j'ai les yeux fermés ou ouverts elles apparaissent ! »
Le visage du vieux sourit. Et je ne peux m'empêcher de penser qu'il est là pour m'aider à comprendre bien des choses. Mais il y a quelque chose que je n'arrive pas à discerner. À ce moment là, Mimir ouvre la bouche pour me répondre.
- « Tu n'es pas non plus aliénée, Embla. Toutefois, toutes les vérités ne sont pas bonnes à prendre aujourd'hui. Certaines te seront dites ultérieurement. Et d'autres présentement. »
Il s'est tu. Est-ce qu'il attend que je lui pose des questions ?
- « Alors je te pose des questions ou c'est toi qui me les révèles sans que j'intervienne ?
- Je te répondrai si tu peux savoir celle-ci sinon, je resterai aphasique et ce sera à toi de poser une autre interrogation.
- Pourquoi je vois une forêt à travers la vitre du bureau du directeur ?
- Tu commenceras à voir de plus en plus de choses de cet acabit. Ta véritable nature te sera dévoilée au fur et à mesure. Je ne peux t'en dire plus à ce sujet.
- Quel est ce paysage alors que je vois ? repris-je.
- C'est la Forêt du Vieux Fer. C'est une forêt noire servant de prison et se situant dans les profondeur de Fe Skov. Personne ne peux s'échapper de l'intérieur. Elle est gardée cependant par Fulla.
- C'est quoi Fe Skov ? insisté-je en arquant un sourcil. Là, il possède toute mon intention. Ce qui décroche un sourire à Mimir.
- Fe Skov est la Forêt Féérique. Elle se situe dans le Nord du Royaume de Buidheann dans un monde parallèle évitant ainsi toute intrusion. Cette forêt est emplie de créatures célestes, magiques et mythologiques, où la magie prime. On y trouve des bienfaiteurs, des neutres et des malfaiteurs. Tout s'y côtoie.
- Mais si la Forêt du vieux Fer est une prison et qu'elle est gardée par cette Fulla, dont tu viens de me parler, cela veut dire que M. Hraesvelg est Fulla ? »
Ma remarque fait éclater de rire le Véritable jusqu'à en pleurer. Ça semble logique ce que j'ai dit pourtant.
- « Non, M. Hraesvelg n'est point Fulla. Fulla est une déesse vierge. Déesse de la fertilité. Elle est reconnaissable de par de longs cheveux ceints d'un bandeau d'or autour de la tête. C'est la gardienne de l'anneau d'or. Ce ne peux pas être M. Hraesvelg !
- Mais alors pourquoi sa fenêtre donne sur cette Forêt noire ? »
Mimir s'arrête de rire et redevient sérieux d'un seul coup. Son regard se fait plus sombre et s'est tu. Apparemment je n'aurais pas de réponse à cette question.
- « Qui est cette femme que j'ai vu dans la prison ?
- Gullveis. La prophète de la discorde. La plus malveillante créature qui subsiste dans ce monde. Ne lui fais jamais, je dis bien jamais, confiance. »
Je le lui réponds pas et assimile ce qui vient de me dire. Et je me rappelle que ce n'est pas la première personne à me mettre en garde.
- « Ask. Il m'a aussi mise en garde et rattraper quand j'ai voulu enjamber la fenêtre. Il sait quelque chose à ce sujet ?
- Il sait beaucoup de chose et est ignorant dans bien des domaines. Celle qui en sait autant que moi est Gullveis.
- Si Ask connaît des choses concernant la forêt... c'est qu'il est une créature ? Tout comme le directeur du coup ?
- Exactement.
- Tu me diras pas quelle est leur nature ? soupiré-je.
- Certainement.
- Qui est l'Edda ? Pourquoi le directeur et Gullveis m'ont appelé comme ça ? demandé-je, curieuse.
- L'Edda est considérée comme la mère de la poésie véhiculant la Connaissance spirituelle et initiatique. Ils te nomment ainsi car tu adviendras cette personne permettant de faire bouger les choses. »
Je suis déconcertée. Il ne m'en dira pas plus et je sais plus quoi demander. Mes pensées sont bousculées de questions. Je me mets donc à tripoter l'anneau à mon doigt. Je relève la tête et vois Mimir esquisser un sourire en coin.
- « Cet anneau... qu'est-ce qu'il y a d'écrit dessus ? Qui me l'a envoyé ?
- Le message en sa lisière s'éclaircira en temps voulu. Et quant à l'envoyeur... il n'est autre que le servant de Gullveis.
- Le serviteur de Gullveis ? Qui c'est ?
- Ton magister de biologie, Monsieur Roland. »
J'en reste abasourdie, Monsieur Roland n'est pas humain et en plus il est de mèche avec la créature la plus malveillante ! Ce ne peut pas être vrai !
- « Non, dit moi que c'est pas vrai ! Ce ne peut pas être possible, je le côtoie presque une fois par jour ! Il ne peut être son serviteur ! Et puis elle est enfermée tu m'as dit ! Mais d'un côté ça pourrait concorder avec son comportement avec moi ! Mais je n'ai rien fait ni à lui, ni à elle ! Alors pourquoi ? Pourquoi ? »
Je commence à gigoter dans tous les sens à cause de cette incompréhension et mes fesses sont prises de fourmillements. Seulement, se trémousser sur une branche ne donne rien de bon mise à part une belle chute. Mon corps glisse de la branche et je n'ai pas eu le temps de me rattraper avec les bras à un rameaux de l'arbre.
- « Aaaah ! » crié-je.
BOUM ! J'ouvre les yeux. Je suis aux pieds de mon canapé, enroulée dans mon plaid. Ça devient de plus en plus dingue cette histoire. Mais je crois aux paroles qu'a prononcées Mimir. Je me relève péniblement et me dirige vers le frigidaire pour encore une fois, boire de l'eau fraiche. Je me tiens à la table à manger car un vertige vient de me prendre. Quelle heure est-il ? Je lève la tête vers le mur et observe l'horloge qui affiche 18H45. Je remets le verre à mes lèvres, prends une gorgée et recrache à moitié celle-ci. Je suis en retard !
Je prends en vitesse ma veste style militaire cintrée et une écharpe blanche présentant des lignes noires. Mets mes chaussures que j'ai enlevé avant de m'endormir et ouvre la porte pour la refermer aussitôt derrière moi. Je dévale les escaliers et prends la route de l'école aux pas de course.
J'arrive devant le portail fermé de l'école essoufflée et transpirante malgré le froid glacial du soir. De la buée se forme lors de mes expirations alors que je prends appuie sur mes genoux. Même un début de printemps reste hivernal. Et surtout cette année. Le portail finit par s'ouvrir et j'entre. Je peux apercevoir devant la construction Jordun. Il se tient droit, les mains dans les poches et portant une grosse doudoune verte. Il dois être frileux car même avec ce blouson, on peut le voir trembler. Je marche dans sa direction, les mains dans mon écharpe.
- « Salut, ma belle. Bien dormi ?
- Quoi ? »
Un flash passe devant mes yeux et Jordun a le téléphone sortit. Il vient de me prendre en photo.
- « De quel droit tu te permets de me prendre en photo ? Donne moi ton téléphone ! crié-je en me rapprochant de lui.
Me venant venir comme le nez au milieu de la figure, il tend son bras, tenant le cellulaire en l'air. Évidemment, moi qui suis petite de taille, même sur la pointe des pieds je n'atteins absolument pas sa main tendue. Je saute aussi haut que je peux. Mais rien à faire.
- « Aller, donne le moi !
- Non. Rêve toujours, poulette !
Jordun rit à plein poumons et tourne pour accentuer la distance entre ma main et la sienne. Il se fiche clairement de moi.
- Arrête et donne moi ton téléphone que je l'efface ! »
Continuant à rire, mon irritation se fait plus hardie et je finis par lui donner une tape sur son torse. Sa réaction ? Me prendre en sac à patate sur son épaule droite. Il commence à marcher en direction de l'intérieur de l'établissement sans pour autant me poser à terre.
- « Tout à l'heure, j'ai oublié de te montrer les locaux des affaires de ménage. Je vais commencer par ça, me dit-il toujours en marchant.
Je continue toujours de lui donner des coups dans le dos et dans le ventre avec mes pieds cependant il coince mes jambes avec son bras gauche, les rendant ainsi inoffensives.
- Lâche moi, abruti ! »
- Pour le ménage, il est prévu de passer le balai et la serpillère dans tous les couloirs et dans toutes les salles de l'école. Comme c'est le soir et qu'il fait froid, le ramassage d'ordures passe aux oubliettes.
- Pose moi au sol ! » lui hurlé-je dans son oreille.
Dans un râle violent, il me balance sur le carrelage du couloir et se tient les oreilles. Ma quatrième chute de la journée... super. Je vais avoir de ces bleus demain. Je ressemblerai à un schroumpf, et plus précisément le schroumpf tombeur. Et c'est pas les prétendants qui abondent.
- Espèce de charogne vivante !! Tu as bousillé mes oreilles ! J'espère pour toi que tu cours vite. »
Il vient de me menacer. Ses yeux sont traversés par un éclair destructeur. Il ne rigole plus et mon corps en frémit. Tous mes sens sont en éveils. Il faut que je me cache. Je me mets donc à courir à toute haleine et je m'engouffre dans les différents couloirs apparaissant devant moi. Je ne peux faire demi-tour. Inconsciemment, je sais qu'il ne plaisante pas. Désastre... je me retrouve devant un cul-de-sac. Oh non... Je regarde autour de moi. Une porte semble être mon issue de sortie et j'y pénètre. Je referme précipitamment celle-ci et m'y adosse. La pièce est noire et ne semble pas être aérée très souvent voire pas du tout. Je calme ma respiration et mon coeur qui s'affolent. Me voilà calmée, j'essaie de visualiser ce qu'il y a dans le débarras. Il y fait étrangement chaud et le silence règne en maitre. L'odeur n'est pas des plus agréables en nez. Je ne veux pas allumer la lumière de peur qu'elle ne trahisse ma position à Jordun. Par conséquent, j'accole mon oreille droite contre la porte. Je n'entends rien venant de l'autre côté et me détends. Dans le fond de la petite pièce me servant de cachette, j'entends un léger souffle. Ce souffle chaud arrive sur le haut de ma tête. Ça aurait pu être l'air de la climatisation mais nous trouvant dans une vieille bâtisse, ce système n'est pas installé. Je me retourne doucement et deux lumières incandescentes apparaissent et un grondement chimérique déchire l'oxygène et les autres atomes présents. Un tremblement se fait ressentir.
- « Eh merde... »
J'empoigne la poignée et me dépêche de sortir de cet endroit sans refermer la porte. J'ai pas vu la dalle qui ressort du sol et trébuche. Je me ressaisis et me retrouve sur les fesses reculant aussi loin que possible de l'encadrement noir. Les deux yeux se font plus gros et je peux maintenant distinguer ce qui s'est trouvé enfermé avec moi. Une créature de deux mètres cinquante se tient là devant moi. Sa tête présente des grosses cornes proéminentes et inquiétantes. Son visage, lui, est celui d'une bête sadique, carnassière et barbare. Elle ne me quitte pas de ses yeux féroces et au fur à mesure de ses pas, son anneau tambourine contre sa truffe. Son haut du corps ressemble à s'y méprendre avec celui d'un bodybuilder avec une pilosité accrue de la tête jusqu'aux épaules et du milieu de son buste jusqu'à ses cuisses. Ses grandes mains présentent des doigts trapus et étendus finis par des ongles aiguisés. Elles sont assez grandes et musclées pour briser un crâne sans difficulté. Son bas du corps, lui, est agencé avec des cuisses extrêmement bien constituées d'un homme et des demi-jambes de bêtes se terminant par des sabots recouverts de fanons imposants. Rien chez lui ne semble être bienfaisant, mais bel et bien dangereux et brûlant tel l'enfer se reflétant sur sa peau. Je n'en crois pas mes globes oculaires... C'est un Minotaure.
- « RAHHHH !! »
La bête mythologique vient de jeter un énorme cri provenant du plus profond de ses tripes. Elle ne rigole pas et est prise dans une transe pleine de rage.
Je me relève péniblement et commence à courir vers l'endroit que j'ai échappé plus tôt dans la soirée. Je cours aussi vite que possible, ma vie en dépend ! Je tourne sur ma gauche et me retrouve devant une autre impasse. Je rebrousse chemin pour prendre à droite et esquive miraculeusement le Minotaure qui m'a suivit après ma fuite. Mon écharpe a bien faillit m'étrangler car elle s'est prise dans les cornes de la créature.
- « Mon écharpe ! » dis-je en la regardant pendre de ses défenses.
Celles-ci viennent de rencontrer le mur et de s'y coincer. Ça me laisse du temps pour m'enfuir. Je continue ma lancée tournant à chaque virages se présentant à moi. Je ne sais pas combien de fois j'ai tourné, mais cela fait un moment que je cours ne sachant ni où je suis ni où je vais. J'ose m'arrêter pour reprendre mon souffle et regarde en arrière. La créature a réussi à se dépêtrer du mur et se trouve à 150 mètres de ma personne. Lui aussi s'est stoppé. Mon coeur rate un battement. Il vient de fendre l'air se retrouvant maintenant plus qu'à 50 mètres. Je me remets à user de mes jambes même si sa vitesse dépasse les 60 km/h. Je veux l'échapper. Mais un mur se dresse encore devant moi. Ce bâtiment est un vrai labyrinthe. Je me déplace de façon à faire face à ce monstre et comprends maintenant, où je me trouve. La présence d'un Minotaure... les murs formant un labyrinthe... Je me trouve actuellement dans le labyrinthe de Dédale... l'antre sans issue possible du Minotaure, fils de Pasiphae et d'un taureau de bois. Je suis finie... Voyant la bête se ruant dans ma direction, je ferme les yeux en attendant les coups. Mais rien ne me touche. Et un sifflement se fait entendre. Jordun se tient là, bloquant le passage à l'animal mystique, me laissant voir son dos. L'entré impromptue du garçon étonne le Minotaure s'arrêtant.
- « Tu cours vite on dirait poulette.
- Jordun ! Pousse toi, tu vas te faire tuer !
- Tu as fais sortir une bien belle bête de sa cage, je la matte et après je m'occupe de ton cas. » dit-il en me lançant, par dessus son épaule, un sourire sadique.
Comment ça, il la matte ? Comment on peut gagner face à un Minotaure de deux mètres cinquante de haut !
- « Arrête, va-t-en ! Je veux pas que tu meures à cause de moi ! »
Sur ces mots, je me lance sur Jordun pour le pousser et prendre sa place car le Minotaure a recommencé à charger. Mais au moment où mes mains atteignent son corps, son bras se lève et m'abat contre la charpente de l'école du telle force que mon corps fait un trou dans celle-ci. Je suis sonnée mais assez consciente pour voir ce qui se passe autour.
Jordun enlève sa veste et continu de se déshabiller jusqu'à enlever son boxer. Il est alors nu devant une bête féroce sans pitié prête à tuer tout le monde se trouvant sur son chemin. Son corps devient vert émeraude et s'élance en hauteur. Pris de douleur, il courbe son dos commençant à présenter des écailles et des épines tout le long de sa colonne vertébrale. Ses bras fusionnent avec son buste et ses cuisses. Son bassin se rétrécit et ses jambes se rejoignent pour ne former plus qu'une appendice grandissante. Ses oreilles, elles, s'allongent tel une collerette et sa mâchoire s'avance pour créer une gueule impressionnante dévoilant des canines saillantes. Ses pupilles viennent de troquer leur allure naturellement ronde contre une allure ovale anguleuse.
Il est méconnaissable. Il est devenu un gigantesque serpent faisant plus de 10 mètres de long. Jordun n'est pas humain, je n'en crois pas mes yeux. De ma position basse, la scène paraît à la fois monstrueuse et fascinante. Je ne peux détourner le regard.
Un combat sanglant et surréaliste va commencer. Et moi, j'en suis la spectatrice.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top