• Chapter 33 •

Khalil eut à peine le temps d'apercevoir une chevelure dorée et une silhouette voluptueuse s'échapper à toute vitesse dans les escaliers qu'il reçut l'appel qu'il attendait depuis son arrivée.
Il expira bruyamment et saisit son téléphone avant de décrocher.

- J'espère que tu as ce que je t'ai demandé.

Son interlocuteur était proche de ce qu'on pouvait appeler 'ami'. Khalil le considérait comme son bras droit de l'ombre.

- Quel plaisir de vous entendre votre Altesse.

Khalil grogna d'impatience.

- Tout doux le matou.

Teb était l'une des rares personnes qui pouvait provoquer ouvertement le Cheikh sans que ce dernier ait des envies de meurtre. Ils avaient vécu bien trop de choses ensemble..

- Teb ne me pousse pas à bout.

- Si tu veux savoir où se cache ton escroc et voleur de père et ses trois sbires, je t'ai envoyé la localisation par mail. Ils se retrouvent dans un casino très réputé pour accomplir leur besogne. Quant à leur différents logements, je travailles encore dessus.

Khalil s'arrêta derrière la baie vitrée qui séparait la villa de la forêt.

- Bien.

- Quand passeras-tu à l'action cher ami ?

- Dans deux jours, histoire de faire un peu de repérage. Le plus tôt possible sera le mieux.

- C'est tout toi ça.

- Bref, Tiens moi au courant si tu as du nouveau.

- Et le merci Votre Grandeur?

- Teb !

Ce dernier raccrocha non sans rire. Khalil souffla mais ne lui en voulait pas le moins du monde. Il y'a bien longtemps qu'il s'était habitué à Teb.
En effet durant le temps où son père régnait encore et qu'il avait finit par apprendre la vérité sur son funeste passé, Khalil ne souhaitait en rien avoir un quelconque lien avec lui quitte à renoncer à la royauté. La haine qu'il éprouvait pour son père dépassait l'entendement. Seuls Saraï qui était alors l'amie intime de sa défunte mère en connaissait la véritable raison, même s'ils ne connaissaient pas l'autre partie plus sombre. Celle qu'il emporterait certainement avec lui dans sa tombe.

Khalil n'avait jamais été aussi près de son but. Il fit des dernières mises à jour avec ses hommes qui étaient sur le coup. Tout était en ordre, absolument tout. Sauf la pièce maîtresse du plan.

Mayla.
Cette jeune femme qui ne savait pas exactement le rôle qu'elle aurait dans cette vengeance. Certes il lui avait donné toutes les étapes et les personnes devant intervenir. Mais malgré les multiples demandes de la jeune femme, il ne lui avait rien dit quant à cela.

En effet même si elle avait été contrainte d'abandonner son métier de journaliste, elle n'en restait pas moins cette personne qui a rapporté avec une compétence inouïe les événements de son défilé. Dans d'autres circonstances, il l'aurait félicité pour ce travail.
Mais il y'avait autre chose.
Peut-être s'il lui avait dit, elle aurait réussi à s'enfuir avant qu'ils n'aient pu venir à Las Vegas ?
Il ne pouvait se permettre de la laisser glisser entre ses doigts.
Khalil savait qu'il la protégerait coûte que coûte. Il se disait qu'au moins le ferait-il pour la mère de cette dernière qui attendait avec impatience son retour.
Pourvu que les choses se déroulent comme prévu..

••

Mayla entendit des pas pressés descendre vivement les escaliers. Elle ne leva par la tête, rouge de honte si jamais il l'avait surprise à roder devant sa chambre.

Khalil eut un rictus moqueur devant l'attitude faussement timide de Mayla. Se rappelant de tout ce qu'elle a eu à accomplir au palais comme monter sur un cheval en furie, il se demandait comment pouvait-elle se montrer extrêmement courageuse et apeurée le moment d'après. Cette jeune femme était décidément très unique en son genre et il se surprit à apprécier cela. Il fit mine de rien pour éviter qu'elle fonde de honte dans le sofa où elle était assise en tailleur, un livre à la main pour tromper son stress.
Sauf que le livre en question était renversé, mais il ne releva pas.

- Tu as déjà mangé ?

Mayla fronça les sourcils dans un premier temps, peu habituée à ce qu'il la tutoie. Mais c'est le Roi, il fait ce que bon lui semble.

- Non non.

Khalil se retira quelques minutes afin de charger l'un de ses gardes de commander de quoi se sustenter.
Il revint sur ses pas puis s'assit nonchalamment dans le canapé en face d'elle. Mayla, la tête baissée sur le livre inconnu qu'elle tenait le regardait du coin de l'œil tendre ses bras le long du canapé. Il prenait visiblement ses aises.
Elle ne l'avait jamais dans cette position..si familière.
Lui qui était Cheikh et qui était toujours droit dans son siège.

- Que lisez-vous ? Lui demanda t-elle avec une once de moquerie dans la voix.

Mayla le regarda puis regarda son livre.

- Euhm..

- Peut-être si vous le tenez à l'endroit, vous le saurez.

Sa remarque la fit rougir de honte. Elle voulait juste s'enfermer dans un trou de souris et ne plus jamais en sortir.
Honteusement, elle retourna le livre à l'endroit et pu y lire le titre.

- Amour Sans Timbre¹.

Khalil haussa furtivement les sourcils, apparemment intéressé.

- Ça a l'air passionnant.

Mayla lui fit un sourire aussi faux que rapide.

- Sans aucun doute Votre Grâce. Le provoqua t-elle en posant le livre sur la table basse.

- Ce que vous êtes têtue. Combien de fois ai-je demandé à ne pas être appelé comme ceci ? Vous m'appeliez Mr Al-Moha la dernière fois mais je crains que mon nom de famille soit révélé d'une quelconque façon ici à Las Vegas, où l'ennemi est tapis dans l'ombre.

- Je peux le comprendre. Alors comment dois-je vois appeler dans ce cas ? Si je vous appelle par votre prénom, cela me paraîtrait trop..

Mayla grimaça, cherchant l'adjectif qui qualifierait bien sa pensée.

- ..vous paraîtrait ? S'enquit-il en arquant un sourcil.

- Un peu trop personnel.

Khalil esquissa un de ces sourires dont lui seul avait le secret.
Mayla sentit son cœur battre à vivre allure, redoutant ce qu'il s'apprêtait à répondre, car son sourire n'augurait rien de bon.

- Nous nous sommes embrassés dans l'ancien Harem Mayla, cela ne vous paraît pas assez "personnel" ? Rétorqua t-il en mimant des guillemets.

Mayla écarquilla les yeux. Cet homme était décidément sans retenue. Mais plus elle y repensait, plus elle se rendit compte qu'il avait totalement raison.
Elle se rappela soudainement de la crise d'angoisse qu'elle avait eu dans son bureau à l'évocation des actes de son père.. comment le Cheikh l'avait réconforté et comment ses mots l'ont calmé comme jamais ses médicaments l'avaient fait.

"

- Personne ne vous fera de mal. Personne.

- Tant que je serai avec vous Mayla, rien ne vous arrivera.

- Malaki..

- Personne n'a le droit d'abîmer une si belle œuvre d'art

- ..de toutes, tu es la favorite.

"

Mayla revint tant bien que mal à la réalité. Le Cheikh lui avait dit tellement de belles choses quand elle y repense, que juste l'appeler par son prénom paraissait évident.
Comment cela se faisait-il qu'elle n'ait jamais fait le lien ?
Le disait-il à toutes les autres femmes qui passaient dans son palais ?

- Si c'est ce à quoi tu penses si je me fies à ton expression faciale, les paroles qui sont sorties de ma bouche n'en avaient jamais franchi les barrières. Je te laisse en faire ce qu'il te plaira.

Mayla avait son regard dans celui du Cheikh, rempli de promesses. Ils n'avaient étonnamment jamais eu à reparler de leur baiser, ou de quoi que ce soit de trop intime qui se serait passé entre eux parce qu'elle avait tout simplement peur. Elle ne voulait en aucun cas se leurrer. Mais la réalité paraît tellement différente..
Et si c'était le cas ?
Et si le Cheikh manifestait de l'intérêt pour sa personne ?

La jeune femme sentit son estomac se contracter rien qu'à cette idée.
Si jamais c'était le cas, elle ne savait que faire dans ces circonstances car elle ne s'était jamais senti à la hauteur d'un homme de son envergure.

Un homme aussi terrifiant que beau, torturé par les blessures de son passé et cherchant la libération dans sa vengeance.

Comment devrait-elle réagir elle aussi alors qu son corps réagissait de cette façon étrange en sa présence ? Une réaction qu'elle ne saurait justifier.

Depuis ce moment dans la grotte où elle a eu ce rêve.. Mayla savait qu'elle avait commencé à voir cet homme d'une autre façon.D'une façon plus..différente..plus intense.
Et bien que ce qu'elle ressentait était nouveau pour elle, cela s'est inévitablement décuplé lorsqu'il l'a embrassé dans cet Harem comme personne ne l'avait jamais fait.
Mayla hoqueta tandis qu'elle s'en rendait compte que maintenant.

Si elle ne savait pas vraiment si elle plaisait à l'homme en face d'elle qui la dévorait du regard comme il en avait l'habitude, elle était honteusement sûre d'une chose..
C'est qu'elle avait bel et bien des sentiments pour cet homme inaccessible.
Maintenant qu'elle y repensait, c'était tellement évident. Ce besoin irrationnel de le voir, de le sentir près d'elle et même de se sentir complètement en sécurité en sa présence..
Le Cheikh ne la laissait guère indifférente et cela, elle se rendit compte que Saraï avait déjà essayé de lui dire.

Mayla fuya le regard du Cheikh en replongeant sa tête dans son livre jusqu'à ce que le dîner arrive, persuadée qu'elle pourrait agir comme si elle ne ressentait rien pour lui. C'était le mieux à faire maintenant, d'autant plus qu'elle devait se concentrer sur sa mission.
Elle était bien trop fragile pour succomber à une abysse aussi profonde qu'était le regard du Cheikh.
Si cela n'était pas déjà fait...

- Bonne dégustation. Lui dit-il quand la nourriture arriva.

Mayla s'efforça de l'ignorer tout au long du dîner. Khalil sentait que quelque chose avait changé chez elle. Dans sa manière de voir les choses. Mais il ne releva rien pour éviter de la mettre mal à l'aise et décida de lui parler plus en détails de son rôle dans la mission qui se déroulera très bientôt.
Mayla l'écoutait avec une attention particulière vu qu'il avait revêtu le masque d'homme impitoyable. Et dans ces cas là, le defier était la pire des idées. Elle apprenait de nouvelles choses mais elle restait très professionnelle.

Dans deux jours, ils commenceront ce pourquoi ils ont mit les pieds à Las Vegas.
Mayla espérait que tout se passe bien même si elle avait au fond, très peur.

- Donc une fois que cela sera fait, tu seras libre de repartir chez toi. Termina le Cheikh après une longue tirade.

Elle pourra repartir chez elle.
C'est ce qu'elle a toujours voulu depuis que son voyage a viré à l'échec.
Mais pourquoi ce pincement au cœur ? Pourquoi elle n'avait plus le même empressement pour son départ ?

La réponse était évidente.
Il lui manquerait.

Elle savait qu'à la minute où il sortirait de sa vie comme convenu, elle sentira un certain vide profond.

Mayla ne voyait que trop bien la rage avec laquelle il parlait de son père. Bien vrai que Saraï lui en avait insuffisamment parlé, elle voulait vivement en savoir plus. Ce qu'elle lui avait dit concernant ce Karym était affreux oui, même très affreux. Et elle lui avait dit de ne pas oser parler de lui devant le Cheikh.
Même son lâche de patron, il y'a quelques temps, lui avait envoyé un mail où il lui interdisait de dire son nom à qui que ce soit à Al-Moha. C'était vraiment étrange mais elle n'avait pas répondu à son mail car il ne valait pas la peine. L'avait-il envoyé là pour le couronnement où il y'avait t-il une autre raison ??

Mayla en avait plus que marre avec toutes ces questions qui demeuraient sans réponses.
Alors sous un élan de courage, elle se décida à entamer prudemment cette conversation, la peur au ventre de se faire rejeter.

- Khalil...?

L'homme releva subitement la tête de son ordinateur sur lequel il travaillait depuis quelques minutes à peu près.
Son prénom sortant de ses divines lèvres avait un ton différent. Un ton qu'il n'avait jamais entendu auparavant. C'était peut-être dû à son accent anglais.

Mayla savait qu'elle n'obtiendrait rien de lui si elle l'appelait avec les titres qu'il lui avait interdit. C'était bien lui qui lui a demandé de l'appeler par son prénom, alors ainsi fit elle..
Et si elle doit le côtoyer tout le long de cette aventure, mieux vaut qu'elle s'y sente à l'aise.

- Mayla ?

Mayla ne s'habituera jamais à son prénom dit par le Cheikh.
( very demure, very classy :) )

Elle adorait cela en réalité. Elle déglutit pour reprendre ses esprits et porta son regard sur ses doigts qu'elle tritura pour éviter son regard perçant.

- Puis-je poser une question ? Dit-elle presque dans un chuchot.

- Tout ce que tu voudras malaki.

Elle hocha la tête et reprit de la contenance. Elle voulait qu'il lui parle en tant qu'une personne normale et non en tant qu'une journaliste. Alors elle était bien consciente qu'elle devait faire attention à ses questions. Surtout maintenant qu'il était suspendu à ses lèvres.

- Pourquoi est-ce que tu veux te venger de ton père ?

Mayla vit le visage de Khalil se déformer de rage. Elle regretta immédiatement d'avoir prit l'initiative d'en parler.
Mais alors qu'elle s'apprêtait à s'excuser, il pencha la tête sur le côté et un sourire sans chaleur naquit sur la commissure de ses lèvres.

- Tu es sûre que tu es prête à écouter toute l'histoire ?









































































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What about you guys?? Are you ready to know his dark childhood story? have a good time ;)

¹ : Amour Sans Timbre, de Sekaï Jarel, écrivain ivoirien. Merci à Itz_Jade7 de m'avoir fait connaître cette pépite♡


Jess, with luv

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