• Chapter 30 •

Mayla marchait rageusement dans sa chambre en se mordant les doigts.
Elle n'en revenait toujours pas. Comment avait-il pu l'abandonner d'une telle façon ? D'autant plus que c'est lui qui l'avait embrassé en premier ?
C'était tout bonnement absurde !

Elle se maudissait intérieurement d'avoir répondu à son baiser passionné et d'avoir ressenti toutes ses sensations aussi interdites que nouvelles. Elle s'était sentie..désirable ?
Rien que le fait d'y penser la mettait dans une rage sourde. Ce Cheikh n'était qu'un chenapan ! Mayla ne voulait plus le revoir avant un très très long moment.

Elle cessa de marcher lorsqu'elle entendit quelques coups à la porte de sa chambre. Elle s'en approcha avant de l'ouvrir à moitié sur Saraï qui souriait même avant de l'avoir vue. Mayla ouvrit complètement la porte et se laissa porter dans les bras de la femme.

- Mayla mon enfant! Comme ça fait longtemps que je n'ai pas vu ta bouille! Chantonna Saraï en tenant les joues de cette dernière.

- Oui ça fait un moment qu'on ne s'était pas vues.

Sarai fronça les sourcils en examinant la jeune femme.

- Tu es sûre que ça va ? Tu m'as l'air..irritée.

Mayla lui sourit gentiment en retour.

- Ne t'en fait pas, je commences à sentir un peu la pression.

Saraï pencha sa tête sur le côté.

- Oh ma chérie, je ne veux pas que tu t'inquiètes. Tout se passera très bien crois moi.

Mayla acquiesça en l'invitant à entrer.

- Nous avons tellement à nous dire. Fit Saraï en entrant dans la chambre.

- Ah oui! Tout d'abord j'aimerais vraiment avoir la signification d'un mot que j'ai..appris récemment.

Elle s'assit sur son lit aux côtés de Saraï qui lui prit les mains dans les siennes.

- Un mot que tu as appris ? Hum vas y dis moi.

- Malaki. Je ne sais pas si j'ai la prononciation exacte mais-

Saraï la coupa d'un petit rire.

- Oui tu as bien prononcé. Malaki signifie Mon ange.

Mayla écarquilla ses yeux. Elle qui pensait que le Cheikh la maudissait avec ce surnom, il était au contraire en train de l'appeler mon ange ? Pourquoi le faisait-il ? Même n'étant pas physiquement présent, il épuisait les pensées de la jeune femme.

- Où as-tu appris ce mot ?

- Oh ça n'a que très peu d'importance tu sais..

Saraï l'observa avec suspicion avec un léger sourire flottant sur les lèvres.

- Bon soit! Il faut que tu fasses ta valise, demain vous partez pour Las Vegas..S'enquit-il Saraï en balayant l'air de sa main.

Déjà.. le temps avait pas mal filé depuis le jour où le Cheikh lui avait dit qu'elle devenait pièce essentielle de son plan de vengeance.
Mayla se mit au travail avec l'aide précieuse de Saraï. Elle rangea toutes ses affaires dans ses valises. Elle vida sa salle d'eau, son dressing en passant par les tiroirs de sa table de chevet.

Une trentaine de minutes plus tard, il n'y avait plus aucune trace d'elle dans la chambre. Elle eut un léger pincement au cœur comme à chaque fois qu'elle devait quitter un endroit. Au moins, sa liberté lui sera bientôt rendue et elle pourra revoir sa mère.

- Ouf! Tout y est ? Tu es sûre que tu n'as rien oublié ma chérie ? Lui demanda Saraï en époussetant le bas de sa robe.

Le cœur de Mayla se serra de douleur en se rappelant qu'elle ne verra peut-être plus jamais cette merveilleuse femme qui a toujours été l'épaule sur laquelle elle s'est reposée depuis sa venue ici. Saraï allait énormément lui manquer.

- Oh! Ya Elbi tu pleures ? Remarqua t-elle en s'approchant de Mayla qui essuyait ses larmes. Tu vas me faire pleurer aussi Mayla.. Termina Saraï dont la voix se cassa.

Et elles se prirent dans leurs bras l'une l'autre.

- Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi Saraï, tu es une personne très aimante. Chuchota Mayla en reserrant leur étreinte.

Saraï renifla en souriant.

- Et toi tu es aimable Mayla. Elle recula légèrement pour poser sa main sur sa joue. Tu es la fille que je n'ai jamais eu et je remercie Dieu pour ce cadeau du ciel que tu es. Maintenant ma chérie, tu as toute ta vie devant toi, ne la gâche pas à cause de remords, tu me comprends ? Certes il te reste une dernière étape avant de retrouver ta vie mais profites de tout ce qui peut t'arriver dans la vie. Tires le positif dans toutes les situations et surtout évites de tomber dans la solitude ou la tristesse, car ces choses là sont dangereusement addictives.

Mayla écouta d'une oreille attentive chaque mot de Saraï. Elle les garda tous dans le fond de sa tête, se promettant de ne jamais oublié ces sages conseils.

- Merci Saraï, j'ai bien compris. Saches que je ne t'oublierai jamais.

- Moi non plus mon petit cœur. Maintenant, je veux qu'on passe le reste de la journée à papoter et à profiter l'une de l'autre hors du palais avant qu'on ne se laisse, qu'est-ce que tu en dis ?

Les yeux de Mayla s'illuminèrent alors qu'un large sourire se dessinait sur son visage. Elle a fait presque le tour de ce pays mais elle n'a pas assez profité à cause de son travail -qu'elle a très certainement perdu- mais à présent elle va pouvoir se balader dans les rue de Al-Moha avec Saraï qui plus est! Elle avait déjà hâte de sortir avec elle.

- J'en dis que c'est une merveilleuse idée Saraï ! Je vais de ce pas me préparer.

- D'accord Hobi, on se retrouve dans la cour dans une dizaine de minutes.

Mayla acquiesça avant que Saraï la laisse se préparer.
Elle commençait par prendre sa douche en imaginant les souvenirs qu'elle pourrait envoyer à sa maman.

À partir de demain, elle sera sous les ordres stressantes du Cheikh et elle avait intérêt à bien se comporter, alors elle se promit de profiter de sa dernière journée avec Saraï. Malgré tout ce qui a bien pu se passer entre eux, elle savait qu'il ne lui accorderait aucun traitement de faveur pour autant.

Puis..elle repensa à leur baiser qui l'avait rendu toute chose. Elle boulonnait de l'intérieur et pourtant lui paraissait..normal. On ne pouvait jamais deviner ce à quoi il pense. Il était tellement inaccessible, c'en était déroutant.

Elle cherchait toutes les raisons pour lesquelles il l'a embrassé aujourd'hui mais rien ne lui venait à l'esprit. Avait-il été prit d'une simple envie passagère de le faire ? Que représentait-elle pour lui ? Comment devait-elle se comporter à présent ? Plus important encore, comment lui, se comporterait avec elle ?

Mayla refoula toutes ses questions auxquelles elle n'avait pas les réponses. Elle laissa l'eau chaude effacer ses pensées profondes. Elle réfléchissait trop..il fallait qu'elle suive les précieux conseils de Saraï.

Elle sortie de la salle d'eau et commença à s'apprêter. Il fallait qu'elle passe un bon moment avec Saraï et elle ne laissera rien ni personne l'en empêcher. Ni ses propres pensées ni le Cheikh qui en était le sujet principal.

**

- Bien, merci à vous messieurs d'être présents cet après-midi. Je serai en déplacement pour une raison qui est connue de tous. Je ne peux pas dire avec exactitude la date de mon retour mais lorsque je reviendrai, sachez que cette histoire sera terminée.

Khalil observa avec mépris la place de Mokhtar qui était vide de la présence de cet imbécile. Il avait déjà une idée sur l'endroit où l'ancien conseiller de son père pouvait se trouver.

- Mon Seigneur, la nouvelle de votre absence risque de faire paniquer la population. Il faudrait peut-être en informer tout le monde. Avança Oumar Rhabi.

Le Cheikh refusa d'un mouvement de tête.

- Surtout pas. Je comptes sur vous pour ne pas ébruiter cela. Rediffuser des interviews que j'ai eu à faire, des discours.. n'importe quoi. Il ne faut surtout pas que les gens sachent ce que j'ai pour intention de faire.

- Je vois ce que vous voulez dire votre Grandeur. Vu comment ils vous adulent, s'ils apprenaient que vous avez pour objectif de capturer ce tyran, ils seront pris d'une extase qui pourrait mettre à mal vos plans. Eluda Oumar.

- Exactement, je n'ai aucune envie que l'ennemi connaisse mon prochain mouvement. Je ferai cela dans la discrétion la plus totale. Continua Khalil.

La réunion se poursuivie dans laquelle le Cheikh donnait les dernières instructions avant son départ et comment il voulait que l'on traite les sujets délicats pendant son absence.
Une heure passa. Puis deux.
La salle de réunion se vidait progressivement pour laisser un Khalil exténué, Lamine son premier ministre et Ousmaël son conseiller.

- Lamine je n'ai pas vu ta femme de toute la journée, elle se porte bien ? S'inquiéta Ousmaël en se redressant dans son siège.

- Oui cher ami elle se porte à merveille, en réalité elle a décidé de passer le reste de la journée avec la jeune femme dont elle s'est entichée.

Khalil fronça les sourcils en braquant son regard sur son premier ministre.

- Que dis-tu ? Lui demanda t-il.

- Que les deux femmes étaient toutes deux sorties.

- Sans mon autorisation ? Demanda t-il, la mâchoire serrée.

- Je crains votre Altesse que Saraï ait jugé nécessaire de vous en informer. De plus, Mayla étant considérée comme 'prisonnière', il y'a toujours des gardes qui la suivent dans l'ombre. Ajouta Lamine espérant refroidir l'ardeur de la rage qui prenait vie dans les yeux de son Cheikh.

Khalil finit par serrer les poings et poser ses avants bras sur les accoudoirs de son siège. Ousmaël, lui, regardait la scène avait beaucoup d'attention. Khalil ruminant dans sa barbe, fixait le mur en face de lui avec une rage contenue. Qu'est-ce qui le mettait dans cet état ? Son conseiller avait hâte de le savoir. Et cela ne saurait tarder car il vit Lamine se lever de son siège avant de faire la révérence.

- Votre Altesse, je vais aller voir comment se passent les préparatifs de votre voyage, on se voit avant votre départ ? S'enquit Lamine après avoir terminé sa révérence.

- En effet. Je te remercie Lamine, tu peux disposer à présent. Rétorqua Khalil en inclinant respectueusement la tête.

Lamine salua Ousmaël de la tête auquel le conseiller répondit par un sourire entendu.
Une fois la porte fermée, Khalil leva la main en direction de son conseiller.

- Je crois savoir ce que tu t'apprêtes à me demander, tu ferais mieux de ne me poser aucune question. Le devança t'il.

Ousmaël se mit à rire sincèrement.

- Je n'ai rien encore émit et Mon Seigneur se méfie déjà. Je vous connais Khalil, dites-moi pourquoi avez-vous paniqué lorsque Lamine a dit que Mayla était sortie.

Khalil inspira en massant ses paupières noircies par des nuits blanches dans lesquelles il préparait sa prochaine intervention à Las Vegas. Que devait-il répondre à son conseiller ? Qu'il a été prit d'une colère intense de savoir la jeune femme hors de son palais ? Hors de ses murs et de son contrôle ? Une colère qu'il ne s'expliquait même pas, comment pouvait-il l'expliquer à quelqu'un d'autre ?

- Je ne te dois aucune explication Ousmaël.

Plutôt que de s'en offusquer, le viel homme sourit, ce qui irrita Khalil encore plus.

- C'est bien ce que je pensais. Avant de prendre congés de vous votre Altesse, j'aimerais vous donner un petit conseil.

- Je n'en ai pas demandé.

- Je me permets néanmoins.

Khalil souffla et promena son regard sur le désert au loin. Son conseiller était obstiné et ne s'empêchait pas de lui dire tout haut ce qu'il pensait tout bas.

- Si vous ne ressentez rien pour la jeune femme, cessez de l'épuiser mentalement sinon vous prenez le risque de la détruire.

Khalil reporta subitement son attention sur Ousmaël. Ses paroles avaient eu l'effet d'une douche froide.
Son conseiller se leva et le salua avant de sortir de la salle de réunions à son tour.

Khalil passa une main sur son visage puis dans ses cheveux qu'il tira. Le souvenir de la jeune femme qu'il avait laissée en plein milieu du Harem le tenaillait encore et encore. Comment avait-il pu réagir avec autant de lâcheté ? Comment pouvait-il lui expliquer le désir qui le saisissait à chaque fois qu'elle était dans son champ de vision ? Le Cheikh en devenait malade. Avait-elle conscience de l'emprise qu'elle avait sur lui ? Et encore, avait-elle conscience de sa beauté ? Il en doutait fortement. Cette pression qu'il avait ressenti quand elle était face à lui, la lumière illuminant sa candeur.
Il le sait. Il aurait dû résister. Car comment le verrait-elle à présent ?
Khalil ne savait plus où donner de la tête, pour cause? il n'avait jamais rien vécu de pareil. Cette situation hors de contrôle avait pour don de l'énerver au plus au point, surtout qu'en ce moment l'objet de ses pensées n'était pas au palais.

''Si vous ne ressentez rien pour la jeune femme, cessez de l'épuiser mentalement sinon vous prenez le risque de la détruire.''

Il était conscient de la véracité de cette phrase, Ousmaël avait réussi à semer la pagaille dans sa tête.

Khalil réfléchit encore et encore pendant de longues minutes avant de quitter la salle de réunions à son tour. Il refoula toutes ses interrogations dans un coin de sa tête et se concentra sur ce qui l'attendait bientôt. Pour atteindre son objectif, il n'avait pas besoin de distractions. Rien n'était plus important actuellement que la confrontation qu'il languissait d'avoir avec son père et tout les autres traîtres.
Il n'avait jamais été aussi prêt du but...

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