• Chapter 27 •
Mayla revint à la réalité en entendant ces mots sortirent de la bouche du Cheikh. Elle s'était lamentablement faite attrapée pendant qu'elle le regardait..oh quelle honte! Tout ce qu'elle souhaiterait, c'est d'être enterrée dans un trou et ne plus jamais en sortir.
Elle s'éclaircit la gorge avant de plisser nerveusement sa robe de ses mains.
- Je ne vous regardais pas votre Altesse. Mentit notre jeune femme en fuyant le regard brûlant de l'homme arrêté devant elle.
- Ah bon ? Et pourtant je croyais que c'était le cas, vu comment vous aviez été sur pause. Ajouta t-il d'une voix moqueuse.
Mayla priait pour qu'il mette fin à son embarras car elle savait qu'il faisait exprès de l'amplifier.
Comme pour répondre à sa préoccupation, Khalil afficha un infime sourire et se rapprochait lentement de son siège. Mayla serra instinctivement ses cuisses comme pour se protéger d'un danger imminent.
Qu'est-ce qu'il comptait faire ? se questionna t-elle intérieurement en fronçant les sourcils.
Khalil se pencha et tira son siège -qui faisait face à son bureau- sur la droite de tel sorte qu'il lui fasse face à présent. Il posa ses bras sur les accoudoirs tandis que Mayla s'enfonçait encore et encore dans le dossier du siège.
Elle se maudit de se souvenir à cet instant précis de tout les regards aussi étranges que brûlants qu'il a glissé sur elle depuis son arrivée ici et pire encore, du rêve qu'elle a avait le concernant. Ses joues rosirent sans qu'elle ne puisse y faire quelque chose.
- Vous me paraissez comme une énigme Mayla. Déclara Khalil d'une voix étrangement rauque avant de se redresser puis de s'asseoir à nouveau sur son siège.
Une énigme? En quoi est-elle un énigme pour cet homme ? Décidément, le Cheikh était bien étrange.
En effet, voir cet aspect de sa personnalité contraste fortement avec cette brutalité qu'il manifestait dans les débuts. Non qu'il est devenu un bisournous, mais elle remarquait qu'il s'était légèrement..adouci ?
Plongée dans sa torpeur, elle se sentit tourner en un rien de temps sur la gauche et fit face à son bureau. Son cœur battait ridiculement plus vite que d'habitude. Mayla mit cela sur le fait qu'elle avait devant elle un roi..un vrai..
- Parlez moi de vous. Tonna t-il en posant ses doigts croisés sous son menton, l'étudiant comme s'il elle était un problème de mathématiques.
Ses yeux gris métallique et ses épais sourcils noirs de jais rendaient pénétrant son regard et capable de garder une proie en place. C'était précisément son cas.
Même assit, sa taille doublée de carrure menaçant manquent de la faire vaciller. Le plus terrifiant de tout cela était sans doute la manière dont il la regardait. Était-ce son regard habituel ? Encore une fois, elle en doutait.
Mayla avait l'impression qu'il était en train de fouiller sans vergogne son corps et son cœur. Sa paire d'yeux la déshabillait du regard sans honte à telle point qu'elle avait l'impression que ses vêtements avaient brûlés sous le regard de l'homme.
Elle se ressaisit en agitant imperceptiblement la tête et en prenant une grande inspiration pour calmer ses nerfs tendus.
Sa demande, ou plutôt son ordre, la prise de court. Qu'elle lui parle d'elle ? Cela était-il toujours dans le cadre de sa mission à Las Vegas? Elle en doutait fortement.
- Je ne pense pas qu'il y'ait grande chose à dire sur moi que vous ne sachiez pas. Avança t-elle, suspicieuse.
Khalil plissa des yeux. Un rictus menaçait de tordre ses lèvres lorsqu'il comprit son sous-entendu. La demoiselle devant était d'une audace remarquable. Elle l'amusait inconsciemment.
- En effet je ne vais ni m'excuser, ni masquer le fait que nous avons effectivement fait des recherches sur vous. Mais vous savez que vous n'êtes pas en position de vous plaindre vu que votre liberté-
- J'ai compris votre Altesse! Je pense que cette information est bien ancrée dans ma boîte crânienne à présent.
Khalil contracta sa mâchoire, signe de son irritation.
- À l'avenir, n'essayez pas de m'interrompre, beaucoup sont morts pour moins que ça, malaki. L'avertit- il d'une voix ne souffrant d'aucune réplique.
Mayla frémit de tout son être en entendant ses paroles. Et..Malaki ? Cela ressemble fortement à un mot de son dialecte. Elle mit dans un coin de sa tête d'en demander la signification à Saraï. Peut-être le Cheikh l'avait-il maudit dans sa langue maternelle? Qui sait de quoi est capable cet homme..
Entre son regard, sa posture, sa voix et l'intérêt manifeste qu'il lui portait, Mayla se sentit toute chose.
Elle se frotta les doigts entre eux avant de se racler une fois de plus la gorge.
- Eh bien je m'en excuse..mon Roi. Dit-elle en référence à leur discussion lors d'une soirée organisée par le Cheikh.. (cf chapitre 14)
Cette fois-ci, Khalil ne cacha pas son sourire naissant. Ce qu'elle était surprenante!
C'était précisément cette nuit là qu'elle avait éveillé son intérêt quand bien même il la croyait simplement bénévole. Sa candeur, son courage, sa répartie.. cette jeune femme l'avait rafraîchit au plus au point.
- Donc je disais que vous n'êtes pas en position de vous plaindre vu que votre liberté est en entre mes mains. Dit-il en joignant le geste à la parole.
Mayla, vaincue, réfléchissait déjà à ce qu'elle pourrait sortir comme information la concernant. Elle n'avait pas vraiment envie de parler de son passé..encore moins avec le Cheikh en personne.
Mais soudain, elle se sentit très hypocrite envers le Cheikh car elle connaissait la presque moitié de son enfance difficile. Alors pour soulager sa conscience qui la taraudait à ce sujet, elle se résignait à lui parler de son passé en se faisant la silencieuse promesse de connaître la suite de celui du Cheikh, vaille que vaille.
- Eh bien, votre Altesse j'ai grandi dans l'Ohio, précisément à Wittlesburg. Une petite ville près du relatif mastodonte qu'est Colombus qui n'a d'extraordinaire que sa banalité la plus totale. Commença Mayla en tirant sur ses doigts fins.
Khalil la voyait inspirer et expirer pour se donner un semblant de courage.
- Mon père nous a abandonné ma mère et moi quand je n'avais que onze ans. C'était le début d'une vie difficile mais aussi une libération pour moi. Ma mère, n'ayant pas de boulot à l'époque, avait des difficultés pour s'occuper de moi. Jusqu'à ce qu'on l'embauche comme serveuse, au début c'était toujours autant dur car ce travail ne lui permettait pas de payer mes frais de scolarité. Mais petit à petit, nous nous sommes en sorti et nous avons pris un nouveau départ à Chicago il y'a de cela douze ans.
Mayla avait les lèvres tremblotantes tant parler de son douloureux passé lui broyait le cœur. On ne peut oublier son passé, mais Mayla ferait tout pour effacer le sien..
Elle releva lentement la tête pour accrocher les yeux curieux et surpris du Cheikh, qui l'observait avec attention. De peur de brûler sous son regard pénétrant, elle préféra garder la tête baissée.
Et dire qu'elle pensait qu'il restera indifférent à sa tirade.
- En quoi le départ de votre père fut une libération pour vous Mayla ? L'interrogea t'il après qu'elle eut reprit une respiration normale.
Mais ce fut de courte durée car sa poitrine commença à monter et descendre plus rapidement. Qu'est-ce qu'elle a pu bien traverser dans son passé qui agit sur elle de cette façon ?
Ce n'était plus une question de curiosité, Khalil éprouvait le besoin de savoir ce qui la met dans cet état.
Il sentit une sensation douloureuse lui écraser la poitrine lorsqu'elle leva la tête et qu'il constata avec peine qu'elle avait les yeux humides et les mains tremblantes.
Elle parvint à déglutir péniblement avant d'ouvrir la bouche et d'effondrer son monde :
- Mon père.. me battait violemment.
Khalil avait l'impression d'avoir un essaim de mouches dans les oreilles. Il voyait littéralement flou.
<Mon père me battait violemment>
<me battait violemment>
Mayla était une fille battue.
Il aurait tout donné pour ne pas avoir à entendre cette phrase qui déclenchait une rage sombre en lui.
De toutes les possibilités d'une enfance difficile qu'il lui avait deviné à ses différentes réactions, jamais celle-ci lui aurait effleuré l'esprit.
Le sentiment d'impuissance qu'il ressentait actuellement était pire que n'importe quelle blessure après une bataille.
Il avait serré ses mains en poings si forts que ses phalanges en devenaient blanchâtre.
La jeune femme recroquevillée sur son siège était encore plus forte d'esprit qu'il ne l'avait pensé. À son entêtement et son attitude, on ne pourrait jamais deviné la petite fille qui souffre à l'intérieur d'elle.
Lui qui croyait avoir vécu la pire enfance qui soit, la révélation de Mayla lui fit l'effet d'une douche froide. Chacun avait ses secrets, et les siens avaient forgé et changé son caractère. Alors que c'était tout le contraire de la jeune femme, son passé n'a pas empiété sur elle négativement..sauf quand il fallait en parler.
Car Mayla commençait à faire une crise d'angoisse.
Une.crise.d'angoisse.
- Mayla ! Tonna t-il en se levant de son siège.
La journaliste glissait de son siège jusqu'en dessous du bureau tandis que sa respiration se faisait erratique. Elle passa ses bras autour de sa taille avant de s'accroupir.
Elle n'avait pas cessé de pleurer et n'arrivait pas à avoir un rythme régulier respiration.
Khalil se baissa de sorte à pouvoir être à son niveau avant de reculer car sa présence la terrifiait.
- Il..il va revenir.. chuchota t-elle en tremblant, les yeux perdus sur le sol. Il va revenir..nous faire du mal..
Khalil se rapprocha lentement en secouant la tête de gauche à droite.
- Non. Personne ne vous fera de mal. Personne.
Elle leva la tête et le regarda de ses grands yeux couleur whisky, noyés de larmes.
Khalil ressenti un étrange besoin de la réconforter. La voir dans cet état de vulnérabilité ne le laissait pas indifférent pour une raison qu'il n'expliquait guère.
Il aurait pu appeler Saraï ou un de ses gardes pour ramener la journaliste dans sa chambre mais il n'arrivait pas.
Khalil jura avant de poser délicatement les mains sur l'épaule de Mayla. Il ne contrôla pas son geste réconfortant comme il ne contrôla pas ses paroles.
- Tant que je serai avec vous Mayla, rien ne vous arrivera.
La jeune femme avait cessé de pleurer mais une larme coula le long de sa joue rose.
- Pourquoi..pourquoi vous ferez cela pour moi ? Vous m'avez en aversion. Arriva t-elle à dire pour cacher l'effet réparateur que ses mots soufflés avec fermeté lui ont fait.
Khalil plissa ses yeux et la lumière du coucher de soleil en face de lui rejaillit dans ses sombres iris grises. Mayla frémit en contemplant son visage éclairé par cette lumière orangée. Visage d'une beauté brute et mâle, elle ne l'avait jamais vu d'aussi près..
- Parce que personne n'a le droit d'abîmer une si belle œuvre d'art..
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