• Chapter 26 •

- Tout est fin prêt votre Grandeur. L'informa Ousmaël tandis qu'il était arrêté à la fenêtre, les mains croisées derrière le dos.

Khalil acquiesça sans prendre la peine de décrocher son regard du tableau qui s'offrait devant lui. En effet, dans la cour, se tenaient sur un banc Saraï et mademoiselle Steele. Il se demandait bien de quoi est-ce qu'elle pouvait bien discuter.

- Je vois qu'observer mademoiselle Steele est devenu votre passe temps favori.. Déclara Ousmaël d'une voix moqueuse.

Le Cheikh ne releva pas. C'était inutile de le faire car son conseiller ne s'était pas trompé. Il prenait un malin plaisir à regarder la jeune femme à son insu et aussi bizarre que cela puisse paraître, le faire ne le dérangeait absolument pas.
Pourtant ça devrait.

Il lui vouait une aversion particulière mais il se rendit rapidement compte que cette aversion qu'il nourrissait constamment n'était que pour masquer l'intrigue et le mystère que la jeune femme était pour lui.
Était-elle conscience de sa beauté au moins ? Il n'en avait pas l'impression.

Puis, comme si elle avait senti son regard sur elle, elle releva la tête discrètement et balada ses yeux sur la fenêtre. Elle ne pouvait pas le voir grâce ou à cause de la vitre fermée.

Il entendit les pas de son conseiller se rapprocher jusqu'à le rejoindre à la fenêtre et imiter son geste.

- Saraï n'a yeux que pour elle, regardez la. Lui indiqua Ousmaël en souriant.

- Pourquoi s'entend t-elle si bien avec Saraï ? Je veux dire, il est vrai que Saraï est très maternelle mais dans ce palais, elle dirige les domestiques comme elle me l'a demandé mais elle ne s'est pas attachée à quelqu'un en particulier, encore moins une étrangère, je me trompe ? Questionna Khalil en croisant les bras sur son torse.

Ousmaël Rheda remua négativement la tête d'un geste las.

- Vous avez totalement raison Mon Seigneur. Mais je reconnais qu'une candeur agréable se dégage de Mayla Steele et cela n'a pas échappé à Saraï. Si elles sont aussi proches, cela porte à croire que cette dernière n'est pas une mauvaise personne finalement.. Laisse t-il planer en regardant le Cheikh.

Khalil fronça les sourcils et arrima son regard à Ousmaël mais ce dernier s'était déjà tourné en direction de la porte de sortie.

- Que veux-tu dire ? L'interrogea Khalil en pivotant sa tête sur la droite.

Ousmaël croisa les mains dans le dos comme il en avait l'habitude et se retourna pour faire face au dos du Cheikh.

- Lorsque vous l'avez démasqué vous avez joué votre rôle bien entendu, vous l'avez menacé et bientôt elle va payer pour ce qu'elle a fait en vous suivant à Las Vegas.

- En effet, mais je ne vois toujours pas où est-ce que tu veux en venir. Persifla t-il en se retournant pour lui faire face.

- Même si nous savons qu'elle a transgressé un ordre royal, cela ne vous a pas empêché d'éprouver une certaine peine pour elle.

Khalil plissa les yeux en croyant comprendre ce qu'essaie de dire son conseiller. Mais d'un regard, il l'incita à aller au bout de ses idées.

- Mademoiselle Steele ne vous laisse pas indifférent.

Khalil pouffa sur le champ. Qu'allait chercher Ousmaël ?

- Je peux savoir pourquoi est-ce que diantre tu penses une chose pareille ? Finit-il par dire en masquant son trouble.

Pourquoi la déclaration d'Ousmaël lui fait cet effet ? Ce n'est que son simple avis, et pourtant.

- J'ai remarqué que vous étiez très souvent dans vos pensées lors des précédentes réunions. S'enquiert Ousmaël.

Khalil arqua un sourcil éloquent.

- Bon nombre de choses peuvent se passer dans la tête d'un Cheikh mon cher ami. Se justifia t-il en sachant pertinemment qu'Ousmaël se rapprochait de la vérité.

Ce dernier hocha positivement la tête.

- Je n'en disconviens pas Mon Seigneur le roi. En plus de cela, j'ai ouïe dire que vous avez songé à faire installer des caméras dans sa chambre. Continua son conseiller avec prudence.

- Effectivement. Mais c'était dans les débuts, je voulais surveiller ses allées et venues. Ousmaël vous savez comment elle était déterminée à s'enfuir à tout prix. Se défend le Cheikh.

- Ça se tient en effet.

Khalil inspira frénétiquement en se carrant dans son siège.

- Ne t'obstine pas à chercher ce qui n'existe pas. Répondit t-il en prenant ses aises.

- J'énonce des faits qui je pense, échappe à votre entendement. Je vous vois bien l'observer votre Altesse, c'est toujours parce que vous la surveillez ? Il y'a pourtant deux gardes qui le font.

Voyant qu'Ousmaël ne lâchait pas l'affaire, Khalil lui lança un regard noir. Il ne fallait pas qu'il dépasse ses limites même s'ils étaient très proches, et cela, Ousmaël le savait.
Mais il était bien trop déterminé à lui faire ouvrir les yeux à ce qui apparemment brûlait à la gorge de son Cheikh de reconnaître.

- Il y'avait bien des gardes lorsqu'elle a disparu avec un cheval, je me trompe ? Rétorqua t-il la voix irritée.

- C'était un accident et non une fuite préméditée. S'entêta Ousmaël.

Khalil souffla bruyamment pour exposer son souhait de terminer cette conversation. Il se redressa dans son siège lorsqu'il vit qu'Ousmaël était loin d'en avoir finit.

- Pourquoi ne voulez-vous pas qu'elle sache que c'est vous qui avez réglé toutes les dettes qu'elle avait envers l'hôpital où sa mère était alitée depuis plusieurs mois ? Demanda son conseiller de but en blanc.

Khalil caressa sa barbe en baissant les sourcils. Il pensait que la réponse était évidente.

- Parce que je suis conscient que si elle a mit les pieds à Al-Moha, c'est pour faire sortir sa mère de cet endroit. Si elle ne sait pas sa mère en sécurité, elle ne me sera d'aucune utilité lors de la mission prochaine. S'enquit-il sans émotion dans la voix.

Il vit Ousmaël esquisser un sourire si infime qu'il aurait juré ne rien avoir vu.

- Donc vous avez fait cela pour vos propres intérêts Mon Seigneur?

- Bien sûr cher ami, pour quoi d'autres je l'aurais fait ? Arrêter ces hommes sont ma plus grande priorité et tu n'es pas sans le savoir.

- Très bien, si Son Altesse le dit. Permettez-moi de me retirer à présent. Lui dit Ousmaël.

- Bien. Fais venir mademoiselle Steele, j'ai à lui parler quant au rôle qu'elle jouera dans mon plan d'attaque. Lui répondit-il.

Ousmaël acquiesça avant de faire sa révérence et sortit calmement du bureau royal, laissant le Cheikh envahit par des pensées provoquées par les affirmations de son conseiller. Une telle chose lui aurait-il échappé ? Ousmaël aurait-il raison ? Non, bien sûr que non. Cela est insensé.

Mais alors, pourquoi éprouvait t-il le besoin qu'elle soit dans son champs de vision ? Pourquoi elle s'incrustait dans ses pensées sans qu'il n'ait à forcer ? Pourquoi s'était t-il lancé à sa suite lors de son escapade dans le désert plutôt que d'envoyer des hommes ? Et lorsqu'ils étaient dans cette grotte, quels étaient ses sentiments malvenus qui rôdaient sans cesse dans son esprit ?
Heureusement qu'il n'avait succombé à aucun. Qui sait ce qui aurait pu se passer s'il s'écoutait..

Khalil resta dans ses songes pendant un bon moment qu'il n'entendit pas les coups timides à la porte.

- Entrez mademoiselle Steele. L'invita t-il d'une voix se voulant ferme.

La jeune femme poussa sur la lourde porte en bois avant de pénétrer dans le bureau, sous le regard perçant de Khalil. Il y'a quelques minutes il la toisaient depuis sa fenêtre mais à présent, la voir de si près ravivait instantanément les paroles de son conseiller. Mayla Steele semblait etre de loin la plus belle femme qu'il ne lui a jamais été donné de voir. Et pourtant? des femmes il en a vu des centaines.

Elle s'avança, le salua d'une maladroite révérence et admira discrètement les décorations orientales du bureau.

- Prenez place, nous devons parler. L'informa le Cheikh en se retenant de glisser son regard troublant sur la silhouette gracile de la jeune femme.

- En effet votre Majesté. Répondit cette dernière en prenant sur elle pour soutenir son regard.

Le Cheikh arqua un sourcil, surprit de savoir qu'elle, comme lui, souhaitait également lui parler. Son courage ne le surprenait plus au vu de tout ce qu'elle a eu à faire jusqu'ici.

- Je vous écoute donc très chère. Déclara t-il de sa voix suave après qu'elle se soit assise.

Mayla déglutit à l'entente de ces mots. Non que c'était la première fois qu'on lui avait dit cela mais c'était bien la seule fois qu'elle ressentit son estomac se nouer de cette façon. Remplissant parfaitement son siège en cuir, les bras posés de chaque coté sur les accoudoirs, il ressemblait à un ange déchu. Mal à l'aise, elle détourna les yeux quelques secondes alors qu'elle songeait déjà à écourter sa présence dans ce bureau impressionnant. Tout en Khalil Al-Moha lui donnait des frissons malvenus. D'abord son indéniable et déroutante musculature en passant par sa voix d'un naturel autoritaire puis enfin la crainte et qu'il inspirait d'un seul regard qui rendait sa beauté virile encore plus hypnotique.

Mayla eut honte de la tournure soudaine de ses pensées. Jamais elle n'avait admiré un homme comme elle le faisait pour lui en particulier. Se rappelant qu'il attendait une réponse, elle balayait ses pensées et se racla la gorge.

- Eh bien pour faire court votre Altesse, je vous soupçonne d'avoir réglé les frais d'hôpitaux de ma mère. Avança t-elle prudemment.

Elle ne lit pas la surprise sur le visage de son interlocuteur. Il resta de marbre en entendant ses paroles.

- Puis-je savoir pourquoi vous pensez ainsi Mayla ? À ce que je saches vous ne m'avez jamais parlé de votre mère et de son état, je me trompe ? Rétorqua t-il calmement comme s'il ne venait pas de dire son prénom pour la première fois.

Mayla se sentit toute chose. Son prénom avec l'accent du Cheikh sonnait si beau qu'elle pouvait rester là à l'écouter le prononcer encore et encore.
Elle joignit ses mains sur ses cuisses et essayait de garder une attitude posée.

- Je sais que ça ne peut pas être mon patron qui ait fait cela car il m'a bien fait comprendre qu'il ne m'aiderait en rien et non en effet, je ne vous ai jamais fait part de cela mais ça n'empêche pas le fait que vous ayez pu faire quelques recherches.

Une lueur étrange scintillait dans les yeux de l'homme qui carressait lentement sa barbe.

- Continuez.

- Et comme je fais partie importante dans votre plan d'arrestation, vous avez tout intérêt à m'aider à débarrasser de ce problème qui n'en est plus un. Termina t-elle le souffle court.

Le Cheikh était subjugué par l'intelligence de la jeune femme. Elle a totalement dit les termes, sans avoir peur des répercussions ou quoi que ce soit d'autres.

- Vous avez raison mademoiselle Steele. Dit-il en se redressant.

Elle écarquilla ses yeux comme si elle ne l'avait pas démasqué il y'a une minute. Le bellâtre n'essayait même pas de démentir ou de la contredire. Elle ne s'était donc pas leurrée. C'était lui qui avait tout réglé.
Bon sang..

- Je..vous..vous auriez dû m'informer avant! Avança t-elle sans masquer son irritation.

- Pour information je suis encore le dirigeant de ce pays et je fais ce qui me semble bon. Je ne vais pas m'attarder sur les raisons de cette action car vous les avez déjà énumérées. Maintenant nous avons d'autres choses à faire vous et moi. Martela le Cheikh sans pince-rire.

- Vous et..moi ? Réitera t-elle tandis que Khalil se leva gracieusement de son siège.

Pour quelqu'un de si imposant, ses déplacements faits gracieusement et avec discrétion avaient le don de surprendre la jeune femme qui restait là à le dévisager dans toute sa splendeur. Elle se rendit compte qu'elle n'avait, ô grand jamais eu à être si près d'un homme d'une telle corpulence, cette pensée assécha sa bouche.

Remarquant qu'elle ne bougeait pas, Khalil s'enquit d'une voix à la douceur menaçante :

- Mademoiselle Steele je vous suggère d'arrêter de me regarder de cette façon. À moins que vous n'ayez l'intention d'en donner suite..

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