• Chapter 25 •
- Saraï je crois que plus je dure dans cette prison dorée, plus je perds progressivement la perdre la tête.. S'enquit Mayla en suivant la femme du ministre dans l'un des nombreux couloirs du palais.
Elle s'en voulait toujours d'avoir eu à faire ce genre de rêve hier. Pire, elle n'en avait jamais fait aucun! Pourquoi maintenant ? Pourquoi le Cheikh en personne ?! Elle avait envie de fuir et de rester loin de lui, loin d'ici..
Saraï ne put s'empêcher de sourire devant le désarroi qu'affichait la jeune femme. Mayla abaissa ses sourcils en voyant que la quarantenaire se moquait ouvertement d'elle alors qu'elle voulait s'enterrer vivante.
Elle s'arrêta dans sa marche et croisa les bras.
- Je vois que cette situation te fait rire. Lui dit-elle un brin irritée.
Saraï ravala son sourire instantanément en s'arrêtant à son tour.
- Pas le moins du monde ma chérie.. Je souris parce que tu te mets dans un de ces états alors que tu n'as absolument rien fait de mal. Se justifia t-elle.
- Tu trouves ? Répondit la jeune femme en face d'elle en penchant sa tête sur le côté, ses cheveux soyeux suivant le geste.
- Mais oui ya elbi. Rêver d'un homme c'est tout à fait normal pour une femme surtout quand cet homme c'est le Cheikh d'Al-Moha en personne! S'exclama Saraï avant de partir dans un fou rire.
Mayla sourit sans s'en rendre compte. Elle souffla en regardant Saraï s'esclaffer.
- Mais attends..tu n'as pas rêvé tu as fantasmé !
- CHUT! On pourrait t'entendre Saraï! Lui dit-elle en posant son index sur ses lèvres.
Saraï se remit de ses émotions et essuya une larme imaginaire de son œil.
- Je te taquine ma chérie. Mais tu sais ce que ce mini rêve veut dire ? La questionna Saraï en reprenant la marche.
Mayla fronça les sourcils en la suivant. Elles prirent un autre couloir.
- Euh..non?
- Eh bien mon enfant, cela signifie tout simplement que tu éprouves de l'attirance pour le Cheikh. Déclara t-elle sans se retourner.
Mayla se bloqua net.
- Que dis-tu ? Mais non! S'écria t-elle avant de la rattraper.
- Qui essaies-tu de convaincre ? Toi ou moi ?
Mayla abaissa ses sourcils en descendant les marches qui conduisaient dans la grande cour où elles avaient l'habitude de s'asseoir.
Elles prirent place sur le banc de bois peint de blanc. Saraï avisa les deux hommes qui suivaient constamment Mayla avant de se tourner dans sa direction.
- Il m'a l'air dangereux Saraï..je ne peux être attirée par un tel homme voyons!
- En effet il l'est je ne vais pas le nier, mais seulement avec ceux qui le méritent crois moi. T'es-tu déjà sentie maltraitée ici ? Lui demanda t-elle en haussant un sourcil.
Mayla remua négativement la tête. Même si elle avait commis une faute grave aux yeux du dirigeant, pas une seule fois elle avait été traitée durement..bien au contraire. Elle se sustentait normalement et était libre de ses gestes tant que ces derniers étaient exécutés dans le palais.
- La seule chose que je crains c'est lui et cette mission à Las Vegas..
Le visage de Saraï fut traversé d'une lueur étrange. Avait-elle peur pour elle ? Cela ne l'arrangeait en rien.
Mayla arqua un sourcil en signe d'incompréhension devant la mine songeuse qu'affichait son amie.
- En parlant de Las Vegas, mon mari m'a demandé de t'informer que vous allez bientôt partir. Lui dit-elle d'une voix tendre.
Mayla soupira profondément en jetant la tête en arrière, ses cheveux retombant le long de sa colonne vertébrale. Saraï posa une main rassurante sur sa cuisse en lui souriant.
- Ya elbi je peux comprendre que tu sois apeurée-
La jeune femme reporta son attention sur elle avant d'émettre un rire jaune.
- Apeurée ? Je suis littéralement terrifiée Saraï. Terrifiée à l'idée de confronter je ne sais qui lors de cette mission et d'autant plus que je dois le faire pour rattraper mes mauvaises décisions! L'attente est atroce mais encore moins lorsque j'imagine ce qui m'attend là-bas. Déblata t-elle avant de reprendre son souffle.
Saraï l'écoutait patiemment exprimer son inquiétude. Puis elle la prit dans ses bras et la serra fort contre elle. Mayla répondit à son étreinte en la serrant plus fort.
- C'est peut-être difficile pour toi de le croire mais je sais que Khalil ne te laissera pas souffrir. Je sais dorénavant que tu es une belle âme Mayla et lui aussi le verra qu'il le veuille ou non. Fais confiance à l'avenir et prends la vie comme elle te vient, surtout lorsque tu n'as pas le choix. Cesse donc d'être pessimiste mon enfant ça donne de vilaines rides..La rassura t'elle après l'avoir libérée de ses bras.
Mayla ne put s'empêcher d'acquiesçer devant les dires de Saraï qui agissait plus comme une mère pour elle qu'une simple amie. Elle avait tant fait pour elle depuis qu'elles s'étaient rencontrées.
Et dire qu'elles se quitteraient bientôt sans espoir de se revoir un jour..
Elle eut un pincement au corps. Saraï sans l'ombre d'un doute la seule personne qui lui manquera ici.
Mais un détail dans ce que Saraï avait dit retint son attention.
- Tu sais qu'il ne me laissera pas souffrir ? Tu semble le connaître mieux que ce que tu laisses paraître.. Éluda Mayla.
Saraï fit une moue triste en fixant un point inexistant devant elle.
- Tu sais, Khalil n'a pas toujours l'homme austère qu'il est maintenant. Commença Saraï en se raclant la gorge.
Comme si ce qu'elle s'apprêtait à dire lui coûtait. Mayla se contenta de l'écouter en évitant de dire un seul mot qui pourrait déconcentrer Saraï.
- Son père, -commença t'elle d'une voix pleine de tristesse- cet homme mauvais et insensible, voulait coûte que coûte un fils. Heureusement, lors de sa deuxième et dernière grossesse, sa femme Nour qui était aussi ma seule et meilleure amie lui donna un fils qu'il nomma Khalil. Malheureusement Nour avait perdu bien trop de sang..elle n'a eu le temps que de serrer son bébé dans ses bras avant de sombrer dans la mort.
Saraï renifla, signe qu'elle s'efforçait de ne pas fondre en larmes. Mayla posa son bras sur le haut de son dos et mit sa tête sur son épaule, son autre main carressant tendrement sa main.
- Je suis vraiment désolée Saraï..vraiment désolée pour tout ça. Trouva t-elle à dire pour la consoler.
Saraï la remercia silencieusement puis emplit ses poumons d'air puis continua d'une voix plus claire après s'être raclée la gorge.
- Près de quatre années après la mort de sa mère, on a observé chez Khalil une malformation au niveau de sa jambe droite. Elle était courbée et il lui était impossible de marcher comme les enfants de son âge, alors il était constamment dans une chaise roulante. Son père, lui qui voulait à tout prix un fils à qui il pourra expliquer comment devenir un bon Cheikh et un bon guerrier, était complètement déçu de lui et il ne manquait aucune occasion de le lui faire savoir.
Le visage de Saraï était froissé de colère envers l'ancien Cheikh. Elle éprouvait une haine sans nom pour cet homme dépourvu de cœur.
- Un jour, alors qu'il avait cinq ans, Khalil a décidé de faire plaisir à son père et de lui montrer que ses séances avec le kinésithérapeute l'aidait à se remettre petit à petit. Alors il roula sa chaise jusqu'au bureau de ce dernier, je m'étais cachée derrière la porte ce jour-là pour observer le courage du petit. Continua t-elle en plongeant dans ses pensées..
•Flash-back, Bureau de Karym Al-Moha•
- Papa! Regarde ce que j'arrive à faire ! s'écria Khalil tandis que son père le regardait comme s'il n'était qu'un déchet.
Ignorant le regard blessant de son père, le jeune garçon aux cheveux noirs de jais s'appuya sur l'accoudoir de sa chaise de toutes ses forces. Il poussa et poussa sur ses deux bras jusqu'à réussir à se tenir complètement debout sur le repose-pied.
Un grand sourire se dessina sur ses petites lèvres et il posa son regard sur son père qui avait le visage marqué par la surprise.
- Mon fils.. murmura t-il.
Le cœur de Khalil se gonfla de joie car c'était la première fois que son père le regardait de cette façon et qu'il l'appelait comme ça. Il aurait pu tout donner pour être regardé de la sorte par son père.
Puis d'un coup, Khalil ressenti une forte douleur à la jambe droite, ce qui l'obligea à retomber lourdement dans sa chaise. Le regard de son père se brisa. Une expression mauvaise prit possession de son visage alors qu'il se levait pour venir dans sa direction.
- Tu n'es qu'un incapable! Incapable de rester debout plus d'une minute? Tu crois devenir quel genre de dirigeant avec une paresse pareille? Je ne veux plus jamais te voir Khalil, tu m'entends ? Tu es le plus grand échec de ma vie. Sors d'ici immédiatement.
Les yeux du petit garçon et pourvus de larmes. Sa tante, Saraï accourut vers lui et l'entoura de ses bras sous le regard dur du Cheikh.
- Tu devrais avoir honte de toi Karym. Tu penses que Nour serait heureuse de voir comment tu traites son fils ? Tu devrais avoir honte de toi!
Il s'approcha dangereusement de la jeune femme qui protégeait le garçon.
- Je me moque de ton ridicule avis. Ne crois pas pouvoir me donner de leçon juste parce que tu es la femme de mon ministre, Saraï. Maintenant je veux que toi et ton pingouin qui te sert de neveu disparaissez de ma vue. Claqua le Cheikh d'une voix vindicative.
La jeune femme se mit derrière le petit en pleurs et poussa sa chaise roulante jusqu'à sortir du bureau de cet homme, en faisant la promesse silencieuse à sa défunte amie, de faire de son fils un Cheikh que ce royaume n'ait jamais connu. Il y'avait énormément de travail à faire, mais elle sait qu'elle y arrivera.
Elle en était certaine..
• Fin du Flash-back •
Quelque chose se brisa en Mayla après le récit de Saraï. Elle ne sut quoi ni comment cela se faisait après tout ce qu'il a pu lui faire vivre mais elle éprouva sur le coup une immense peine pour le Cheikh, à tel point qu'elle sentit qu'aussi compliquée soit sa vie, ce n'était rien en comparaison de ce qu'il avait vécu, lui.
Son père était méchant à ce point ? Elle comprenait mieux l'aversion que Saraï avait pour cet homme. Il n'était même pas digne d'être appelé humain. Rejeter son fils orphelin de mère et de surcroît malformé ? Comment un père pouvait agir de la sorte ? C'était impensable.
- Tout ce qui intéressait Karym, c'était de fabriquer un dirigeant qui le remplacerait et qui serait aussi fort que lui. Affirma Saraï d'une voix terne.
Mayla prit le temps de digérer tout ce qu'elle venait d'apprendre. Elle comprit beaucoup de choses d'un coup. D'abord, elle comprenait la forte relation qui existait entre le Cheikh et Saraï, et qu'il lui permettait beaucoup de choses. Elle était comme sa mère..
Ensuite, la haine qu'il voue à son père était maintenant compréhensible. Qui pourrait aimer un homme de ce genre ?
Et enfin, le caractère du Cheikh s'était obligatoirement renforcé après avoir vécu une telle haine venant de son père.
Mais au fond, elle sentait que ce n'était pas seulement ce sombre épisode de sa vie qui avait forgé son caractère et augmenté la rage qui fait partie de sa vie. Il y'avait quelque chose d'autre..
- Saraï, tu avais dit que le Cheikh était né lors de la deuxième grossesse de sa mère.. Qu'est-ce qui s'est passé avec la première grossesse ? Et..où se trouve le premier enfant ? Demanda t-elle avec appréhension, comme s'il elle craignait la réponse de Saraï.
Saraï arrima son regard au sien et remua négativement la tête avant de regarder le ciel.
- Je t'en ai déjà dit assez Ya Elbi. Pour le reste, ce n'est pas à moi de le dire car cela le concerne encore plus..
Mayla déglutit, légèrement déçue car elle sentait que ce n'était pas de sitôt qu'elle connaîtrait la suite de l'histoire.
Et pourtant, le peu qu'elle apprit aujourd'hui suffisait pour comprendre une petite partie du mystère qu'il représentait.
En effet, le Cheikh avait tout d'un cœur normal avant que son propre père ne le brise en morceaux incollables..
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