• Chapter 19 •
- Je vous avais promis que nous reparlerons de votre cas, vous vous en souvenez ? Lors de la cérémonie de clôture. Commença Khalil d'un calme étrange.
Bien sûr qu'elle s'en souvenait. C'était ce soir qu'il lui avait dit qu'il savait qui elle était en réalité. Elle déglutit en gardant la tête baissée.
- Vous me répondiez avec une telle assurance..votre spontanéité me laissait sans voix.
Était-ce un compliment ou se moquait-il d'elle parce qu'elle avait perdu de sa spontanéité en cet instant précis ?
Elle releva les yeux vers lui discrètement et elle découvrit ses yeux plissés, comme s'il rejouait encore la scène dans son esprit.
- Pour qui travaillez-vous ? L'interrogea t'il les sourcils froncés.
- Je travaille à la BBC News de Chicago.
- J'ai demandé pour qui, et non où est-ce que vous travaillez. S'enquit-il.
- Mr Gordon. Michael Gordon.
Il fixa un point inexistant comme pour chercher dans sa mémoire si ce nom lui disait quelque chose. Apparemment non.
- Vous lui avez déjà envoyé tout vos rapports ?
- Oui..votre Majesté. Répondit-elle d'une petite voix.
Il inspira en se massant les tempes.
- Vous allez me faire l'honneur de supprimer tout ces dossiers de votre ordinateur.
Elle hocha négativement de la tête.
- Je ne peux pas.. il s'agit de..de mon travail votre Majesté je-
- Vous êtes sérieuse? Vous risquez la prison et vous me parlez de travail !
Elle savait qu'elle prenait des risques énormes en allant à l'encontre de ce qu'il disait mais cela en valait la peine. Sans ce travail elle ne pourrait payer les frais d'hôpital de sa mère. Elle ne trouvait même pas le courage de le lui dire, la croirait-il ? La réponse était évidente.
- Bien que mon informaticien ait eu accès à l'ordinateur de votre supérieur et supprimé tout ce que vous lui avez envoyé, je n'écarte pas le fait qu'il l'ait peut-être envoyé à quelqu'un d'autre pour plus de sécurité. Toutefois, ces dossiers n'ont plus rien à faire dans votre ordinateur, je voudrais que vous les effacez vous-même. Lui dit-il d'une voix sans saveur.
Elle baissa la tête en ravalant ses larmes..Il avait déjà une longueur d'avance avant même qu'il ne la convoque dans son bureau.
Il a tout supprimé..
Tout son travail..ses nuits blanches à écrire et rapporter..
- Bien, Votre Grandeur. Finit elle par dire en masquant ces émotions.
Il la regarda, perplexe.
- Maintenant que vous n'avez plus aucune raison de continuer votre petit manège mademoiselle Steele, vous pouvez avouer que c'est mon père qui vous a envoyé ici. Enchaîna t-il d'une voix impatiente.
Mayla fronça les sourcils d'incompréhension. Le Cheikh était-il bipolaire? Son père ? Où allait-il chercher cette hypothèse ?
- Votre Grandeur je reconnais être journaliste mais croyez moi je n'ai pas été envoyé par votre père. Je viens de vous dire pour qui est-ce que je travailles. Je ne connais même pas cet homme ! S'exclama t-elle vivement.
Khalil resta silencieux et la dévisagea, essayant de voir sur ses traits si elle disait la vérité ou si ce n'était que des paroles apprêtées. Après tout elle mentait sur son identité depuis le début, qu'est-ce qui prouvait qu'elle n'était qu'une simple journaliste ? Cette jeune femme devenait de plus en plus une énigme.
- Justement mademoiselle je ne vous crois tout bonnement pas. Rétorqua t-il méchamment.
Bien sûr qu'il savait qu'elle travaillait pour ce Gordon pour avoir eu accès à ces comptes. Mais qu'est-ce qui prouvait que ce n'était pas une supercherie ?
Mayla avait la respiration entrecoupée. L'accusation qu'il lui portait était très grave. Comment pouvait-elle le dissuader d'une telle pensée alors qu'elle n'était pas irréprochable ? La considérer comme une envoyée de l'ancien Cheikh faisait d'elle son ennemie numéro 1. Non, il pouvait tout penser, sauf ça. Elle ne savait plus quoi dire tellement la situation la dépassait. Et s'il décidait de rester sur sa position ? Elle risquait énormément car elle ne pourrait même pas se battre face à l'homme en face d'elle. Et si elle ne revoyait plus sa mère? Ni son amie? Cette mission avait prit des proportions énormes ! Toutes ces pensées commençaient à faire monter la tristesse qu'elle gardait dans son être et cela se matérialisait par de chaudes larmes qu'elle ne put retenir.
Les larmes silencieuses de la jeune femme coulaient le long de ses joues sous le regard dur de Khalil. Impossible de savoir si elle jouait la comédie où s'il s'agissait de réelles larmes. Quoiqu'il en soit, il ne put s'empêcher de ressentir un léger pincement face à ses mains qui tremblaient.
- Nettoyez moi ces larmes, nous ne sommes pas dans une crèche à ce que je saches. Lui dit-elle en déposant le paquet de papier mouchoir devant elle.
Elle murmura un faible merci d'une voix cassée en essuyant ses joues rosies. Son visage reflétait la tristesse. Pourtant, sa délicate beauté ne restait pas en retrait, il devait le reconnaître. Ses lèvres pulpeuses tremblaient et son visage, d'un ovale parfait encadré par ses mèches dorées ressortants de son chignon, était immaculé de larmes. Ses prunelles qu'il entraperçut reflétaient une anxiété croissante. Il passa ses yeux sur son corps fébrile, et sur la finesse de son cou laiteux puis sur sa poitrine qui n'avait de cesse de se soulever à chacune de ses respirations brutales.
Khalil en resta muet. Elle le surprenait encore par son innocence et par son montre de faiblesse qui contrastait avec la femme combative qu'elle était. Elle était décidément très intriguante.
Quelques minutes passèrent dans lesquelles personne n'avait brisé le silence. Le Cheikh s'était levé il y'a deux minutes pour répondre à un appel. Mayla était maintenant maîtresse de ses émotions et s'en voulait énormément d'avoir pleuré devant lui. Pourtant, elle sentait qu'il s'était quelque peu adoucit. Peut-être l'avait t-il finalement cru ? Impossible de le savoir. Elle entendait sa voix gutturale claquer des ordres à son interlocuteur à l'autre bout du fil derrière les baies vitrées de la salle de réunion. L'avait-elle mit en colère ? Après tout, il l'était constamment. Quelques minutes après elle ne l'entendait plus crier. Il semblait s'être calmé.
Il revint une dizaine de minutes plus tard, le visage fermé mais le regard moins dur.
- Vous avez une chance de prouver que vous n'avez aucun lien avec cet homme.
Mayla joignit son regard au sien, très intéressée par sa phrase.
Le Cheikh semblait faire durer le moment. Il arqua un sourcil en l'observant s'impatienter.
- L'on vient de m'informer de la localisation de Karym Al-Moha. J'ai un plan pour le saisir, lui et sa troupe qui se trouve avec lui dans ces endroits peu fréquentables. L'informa t-il d'une voix marquée par la colère.
Elle acquiesça mais ne comprenait absolument pas en quoi cela la concernait.
- Cela est une bonne nouvelle.. Trouva t-elle à répondre en attendant la suite.
Il eut un rire jaune.
- Vous ne voyez pas quel rôle vous pouvez jouer ? Demanda t'il en reprenant son masque d'homme froid.
- Non votre Altesse, je ne vois pas. Répondit-elle en faisant fi des assauts répétés de son cœur.
La voix grave du Cheikh la faisait littéralement trembler.
- Et bien vous allez m'accompagner.
- Vous accompagner ? Vous voulez dire que je participe à leur arrestation ? Questionna t-elle ébahie.
- Vous ne devrez trouver normalement aucun inconvénient mademoiselle Steele, vu que vous ne le connaissez pas. Et moi, j'ai besoin de vos talents de rapporteuse, vous saurez pourquoi.
Le cerveau de Mayla prenait difficilement le temps d'assimiler l'information. À quel moment sa situation avait prit cette tournure des plus surprenantes ?
- C'est un arrangement qui nous sied à nous deux, ne le voyez-vous pas? Ayant lu vos rapports détaillés sur mes différents défilés je vous sais très compétente. Et quant à vous, vous me montrerez par la même occasion que vous n'êtes pas une complice de mon père.. Affirma t-il de sa voix à l'accent naturellement chaud.
- Voyez cela comme une mission ou quelque chose de ce genre pour vous faire pardonner auprès de ce pays après l'avoir espionné.. Reprit t-il d'un ton réprobateur.
Aucun son ne traversait la barrière de ses lèvres. Que pouvait-elle dire ? Le Cheikh Khalil Al-Moha était un fin manipulateur.
L'étau se resserrait autour d'elle. Cette proposition lui faisait éviter la prison et elle savait qu'elle n'avait rien à perdre..
Avait-elle réellement le choix ? Elle retournait la situation dans tout les sens mais aucune autre solution lui venait à l'esprit. Son cerveau lui soufflait au contraire de profiter de cette offre avant qu'il ne lui donne plus le choix.
Le Cheikh représentait clairement un défi de taille. Rien ne lui échappait. Il arrivait toujours à ses fins..songea t-elle, vaincue.
- Et où est-ce que nous irons pour cette..mission ? Demanda t-elle prudemment.
Un fin sourire de satisfaction étira les lèvres de l'homme qui avait les bras sur les accoudoirs de son siège, révélant son torse large.
- Las Vegas.
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