Deux abysses sombres et profondes. Voilà comment elle décrirait les iris qui la scrutaient depuis maintenant quelques secondes. Son cœur battait la chamade et elle savait que ce n'était pas seulement parce qu'il l'avait attrapé la main dans le sac, non.
Sa simple présence provoquait des fourmillements dans son estomac. Était- ce par crainte ? Par honte ? Elle avait beau l'avoir déjà vu, sa présence était toujours aussi troublante. Une onde de chaleur se dispersa en elle quand son odeur musquée vint sournoisement lui chatouiller les narines.
Dans la lumière vive des néons, son visage hâlé paraissait différent, bien plus intriguant qu'elle ne l'aurait pensé. Était- il en colère ? Il y'avait de quoi l'être. Il était d'une beauté sans pareille même énervé.
Ses cheveux noirs étaient coupés avec une telle finesse. Pire, il semblait bien plus grand encore comme si cela pouvait être possible. Quant à son regard intimidant, il lui provoqua un sentiment étrange. Celui de garder ses distances face à cet homme imposant. Sa conscience lui dictait de jouer la carte de l'ignorance.
- Pas le moins du monde votre Grandeur. Je me dirigeai justement vers la sortie. dit-elle en faisant glisser discrètement sa valise derrière elle.
Le Cheikh suivit du regard son mouvement en arquant son sourcil droit. Il prit sur lui pour éviter qu'un sourire moqueur entame la commissure de ses lèvres. Elle le fuyait littéralement du regard et cela ne faisait qu'augmenter sa satisfaction de l'avoir prise à son propre jeu.
Cette jeune femme était décidément très amusante. Khalil laissait expressément son regard se balader sur son visage pour donner raison aux rougissements de ses joues.
Dans cette lumière pure, sa beauté le surprenait encore. Ses yeux clairs brillaient comme deux faisceaux de lumières lorsqu'elle le regardait. Ses cheveux toujours aussi clairs et indomptables cachés dans un ridicule bonnet lui donnaient l'étrange envie de les libérer. Khalil écarta sa main le long de sa hanche pour endiguer l'intensité de frisson qui venait de le parcourir.
Ne laissant rien paraitre sur son visage impassible, il se racla la gorge avant d'ordonner à l'un de ses hommes de récupérer les affaires de Mayla.
- Ou est-ce que vous m'emmenez ? demanda t-elle en commençant à paniquer.
Le Cheikh l'invita à le suivre sans un mot, ce qu'elle fit non sans se poser des questions. Ils attirèrent les regards des personnes dans l'aéroport.
Bien entendu ce n'était pas tout les jours qu'on voyait le Cheikh dans cet endroit public. Mayla s'étonna de ne voir aucun paparazzi dans les environs ce qui n'était pas pour lui déplaire. Elle n'avait aucunement l'envie de voir sa face dans un magazine.
Ce qu'elle ne savait pas, c'est que le Cheikh avait veillé à ce qu'il ne se trouve aucun journaliste dans les parages.
Ils montèrent enfin dans la berline noire qui les attendait dans un espace réservé ou il n'y avait aucune autre voiture que la sienne. Mayla vit en revanche les gardes royaux entourer l'endroit. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle se rendait vraiment compte qu'elle était sous la coupe de cet homme et que rien ni personne ne pouvait la sauver. Il était le seul décideur de son futur proche.
Songeait- il à l'emprisonner ? Un hoquet de peur la saisit. Elle ne voulait pas du tout se retrouver en prison. D'ailleurs qui le voudrait ? Elle pivotait lentement sa tête pour essayer d'anticiper le sort qu'il lui réservait mais, droit comme un pic, le Cheikh avait le visage gravé dans le marbre.
Mayla soupira d'inquiétude avant de se tourner du coté de la vitre en priant pour que le Cheikh aie pitié de sa pauvre personne..
**
Quand ils arrivèrent au palais, Mayla le suivit à l'intérieur comme si elle découvrait l'endroit pour la première fois. Elle avait oté son bonnet dans la voiture et avait attaché ses cheveux en un chignon bas. Elle voulait tellement voir Sarai et lui dire à quel point elle était désolée de s'etre faite passer pour quelqu'un d'autre, elle ne savait pas qu'elle rencontrerait une personne avec une belle ame comme la sienne dans sa mission risquée. Elle espérait que cette dernière qui l'avait prise comme sa fille ne lui tourne pas le dos. Pour l'instant, elle avait un problème bien plus urgent à régler.
Le Cheikh se stoppa dans sa marche pour qu'elle arrive à son niveau.
- Rendons-nous dans mon bureau mademoiselle Steele, j'ai bien envie de découvrir vos autres talents cachés. Annonça t-il d'un ton moqueur sans qu'il ne se trouve l'esquisse d'un sourire sur ses lèvres charnues, l'enfonçant encore plus dans sa gêne.
Sa main se glissa avec autorité dans son dos pour la guider. Mayla se crispa à son contact. L'avait- il senti ? Toutefois il ne retira pas sa main, son visage restant toujours autant gravé dans le marbre. Aussi étrange que cela puisse paraitre, elle pensait que le Cheikh avait pour but de la déstabiliser pour mieux l'affaiblir.. ou était- ce seulement dans sa tête ? Quoi qu'il en soit, elle n'était visiblement pas en position de force.
Elle inspira silencieusement pour se donner contenance en entrant dans ledit bureau. Il était grand, sophistiqué, les nuances de couleurs sombres étaient merveilleusement bien associées. Le mobilier était noir tandis que les murs étaient nacrés. Bibliothèque en bois massif, longue fenêtre ou l'on pouvait distinguer le merveilleux soleil, des sièges en cuir en passant par un long bureau aux finitions parfaites. Un espace opulent qui représentait bien le maitre des lieux, ce qui ne faisait qu'accroitre son angoisse.
- Prenez donc place chère infiltrée. Claqua t-il, la mettant mal à l'aise.
- Votre Altesse je vous en prie.. je-. Balbutia t-elle.
- Vous quoi ? Vous n'êtes pas uniquement journaliste ? À moins que vous soyez en plus une envoyée de mon cher père! Claqua t-il en s'approchant dangereusement d'elle.
Elle en était à présent certaine. Le Cheikh était très en colère contre elle. Aurait- il réagit de la même façon s'il s'agissait d'une tiers personne ou était- ce parce qu'elle était bénévole et que plusieurs personnes, notamment la femme du ministre lui avait fait confiance ? Mayla était complètement perdue.
Elle s'assit sans rien ajouter de peur d'attiser encore plus sa colère. Il passa derrière elle en retirant sa veste d'un geste rapide et contrôlé. Mayla sentit une fragrance particulière lui monter au nez. Elle avait déjà humé cette senteur virile et épicée mais elle en ressentait les memes effets.
Le long de sa colonne vertébrale, un petit frisson fit son chemin jusqu'à sa nuque. Il apparut dans son champ de vision pour rejoindre son grand siège en cuir. Tout en lui exprimait l'assurance et la force d'une réussite visible sur ses traits constamment plissés par une colère sourde.
Pendant un instant, elle se laissa dominer par ses pensées; elle se demandait s'il avait toujours été cet homme rongé par la colère ou s'il était un homme.. normal.
Des questions qui resteraient sûrement sans réponses surtout qu'elle n'avait pas le droit de poser une seule question personnelle ou professionnelle qui laisserait entendre qu'elle le fait dans le but de remplir son article. Néanmoins elle gardait ses interrogations au fond de sa tete.
Khalil s'assit confortablement et avec charisme tel le Roi qu'il était. Son regard magnétique s'attarda sur ses cheveux attachés tandis qu'il joignait ses doigts sous son menton. Quelle sanction opterait- il pour cette jeune femme au regard apeuré en face de lui qui ressemblait à une biche prise dans la lumière des phares d'une voiture ?
Il savait qu'elle n'avait fait que suivre les instructions de son supérieur mais cela ne l'innocentait pas pour autant car elle savait aussi bien que ce dernier qu'une telle démarche leur était strictement interdite. Il inspira profondément en croisant les bras lentement, ce qui exposa ses biceps tendus, fermes et sillonnés de veines palpitantes.
Mayla sentit sa bouche s'assécher devant le silence volontaire du Cheikh. Elle voulait prendre ses jambes à son cou et disparaitre de devant cet homme à la corpulence qui ne disait pas son nom. Elle se demandait si elle était embarrassée à cause de la situation pathétique dans laquelle elle se trouvait ou était- ce le corps de l'homme qui lui donnait des bouffées de chaleurs incontrôlables.
- Bien. J'ai des questions à vous poser, je compte sur vous pour être honnête si vous souhaitez avoir une infime chance de revoir les vôtres de sitôt. S'enquit le Cheikh d'une voix vindicative tandis qu'un sourire machiavélique jonchait ses lèvres.
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