• Chapter 16 •

- Vous me semblez préoccupé cher confrère. Je pensais que vos ministres vous en avaient déjà parlé.. S'enquit le Cheikh Ben Hakeem du royaume voisin en posant sa tasse de thé.

La nouvelle que Ben Hakeem venait de lâcher l'avait laissé sans voix. Khalil gardait une expression détendu alors qu'il n'en était rien intérieurement.

- Je leur laisse le bénéfice du doute. Je supposes qu'ils ne savaient pas. Trouva t-il à dire.

Le vieux Cheikh toussota sous l'effet de l'âge en essayant de retrouver une respiration régulière.

- J'en doutes fort mon très cher Al-Moha. Si mes souvenirs sont bons.. j'ai conclu cet accord avec ton père et il n'était pas seul.

Ousmaël, qui avait accompagné son Cheikh à ce rendez-vous, croisa le regard perdu de ce dernier.

- Mon père n'était pas seul vous dîtes? Je croyais qu'il avait cette habitude de conclure des accords de son propre chef. Rétorqua Khalil qui commençait progressivement à perdre patience.

Ben Hakeem commença à rire mais son rire fut vite remplacé par une toux sèche. Quand il reprit ses esprits, il fixa Khalil, puis Ousmaël.

- C'était peut-être ce qu'il faisait croire mon cher. Avec qui un Cheikh se déplace t-il constamment ?

Khalil regarda l'homme assit comme un pic à la gauche de Ben Hakeem et qui semblait être son conseiller. Puis les gardes qui les entouraient dans cet endroit luxueux et qui étaient également présents à l'extérieur.

- Je ne fais pas allusions aux gardes.

- Avec ses conseillers ?

- Exactement. Et qui était le conseiller de ton père ?

Ousmaël ouvrit la bouche en écarquillant ses yeux. Khalil lui, n'afficha aucune expression. Ce coup-ci, il l'avait vu venir. Le conseiller de son père n'était personne d'autre que Mokhtar Yûman. Il se méfiait déjà ce dernier mais apprendre qu'il avait une telle information en sa possession et qu'il la gardait volontairement l'enflammait au plus au point.

Khalil réajusta sa veste en intimant à Ousmaël qui avait la mâchoire contractée, de se taire.

- Je vous remercie Votre Majesté d'avoir répondu présent à ce rendez-vous.

- Le plaisir fut pour moi Votre Altesse. Encore félicitations pour votre intronisation et n'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou incompréhensions.

- Entendu, je vous recontacterai afin de vous donner mon dernier mot sur cet accord. Je me dois de mettre certaines choses aux points avant cela.

Ben Hakeem inclina sa tête avant de se lever suivi de Khalil puis des deux conseillers. Les quatre hommes se saluèrent respectueusement.

- J'avoue être pour le moins surpris mon Seigneur. Je ne pensais pas cet homme droit mais cacher une telle information, il doit forcément y voir un intérêt. Commença Ousmaël, une fois qu'ils furent installés dans le véhicule.

Khalil tapait ses doigts sur sa cuisse dans un bruit stressant. Il regardait, mâchoires serrées, le paysage défiler à vive allure en réfléchissant à une raison pour laquelle Mokhtar Yûman ne lui avait jamais signifié que son père, l'ancien Cheikh Karym Al-Moha avait mit en vente une bonne partie du pays.
Heureusement que Ben Hakeem, qui était censé l'acheter, lui en a parlé aujourd'hui. Évidemment Khalil ne vendra jamais ses terres.

Cette action de son géniteur le conforte encore plus dans l'idée que Al-Moha ne signifiait rien pour lui qu'un vaste territoire dont il pouvait se servir comme bon lui semblait.

- Le mieux à faire, c'est de le laisser libre pour l'instant.

- Libre vous dîtes ? Mais il mérite la prison!

Khalil décrocha son regard du paysage pour le poser sur Ousmaël qui semblait avoir perdu de son calme légendaire.

- Si l'on l'arrête tout de suite, nous n'aurons pas d'informations sur ce qu'il compte faire car je sais qu'il ne restera pas les bras croisés sachant mon père en exile. Je le sens. Rétorqua le Cheikh.

Ousmaël fixa un point inexistant en hochant positivement la tête.

- Je veux une surveillance discrète autour de cet homme, il doit certainement savoir où se terre son lâche de complice qu'est mon père. Il faut que j'aie le maximum d'informations avant de projetter quoique ce soit, et ce Mokhtar m'y aidera, de gré ou de force.

Ousmaël acquiesça puis exécuta l'ordre de Khalil en contactant des hommes pour suivre Mokhtar.

Khalil serra ses poings sur sa cuisse en se promettant de retrouver celui qui ne l'avait jamais considéré, qui ne savait que fuir lorsqu'une situation lui échappait. Et il le faisait encore..
Il respira fortement en songeant à toutes les atrocités qu'il a commises en tant que tyran, en tant que père. Il paiera pour chaque goutte de larme et de sang qu'il a fait coulé sur son chemin.
Retrouver la confiance des habitants de ce royaume a été un long processus auquel Khalil a veillé minutieusement. Raison pour laquelle il ne laissera aucun rat passer à travers ses pièges au risque de briser les espoirs que son peuple avaient fondés sur sa personne. Il matérialiserait bientôt ses projets, il lui fallait juste un peu de temps.

Khalil était tellement absorbé par ses pensées qu'il n'entendit pas Ousmaël au téléphone.

- C'est pour vous mon Seigneur. dit Ousmaël en lui tendant l'appareil qu'il prit rapidement en voyant le nom de son premier ministre sur l'écran.

- Oui ? Répondit sa voix gutturale.

- Votre Grandeur, la jeune femme n'est plus dans le palais. Avança Lamine tant bien que mal.

Khalil fronça les sourcils.

- Je croyais t'avoir dit de retenir cette dernière par tout les moyens! Tonna t-il, la colère et la frustration commençant à prendre le dessus.

- C'est bien cela. Mais il s'avère qu'elle a été nettement plus rapide que nous votre Majesté. Je vais envoyer de ce pas des hommes la retrouver, elle doit être certainement à l'aéroport.

Les traits de Khalil se détendirent progressivement. C'était trop facile qu'elle s'en aille. Il ne pourrait pas la sanctionner pour son décret qu'elle a enfreint si elle se retrouvait sur le territoire américain, et non le sien.

- Lamine, ordonnes à toutes les compagnies aériennes de n'effectuer aucun vol jusqu'à nouvel ordre. Laisse moi prendre le relais.

- Entendu. Mais êtes-vous sûr votre Altesse ? Vous n'avez pas encore été aperçu seul en public cela pourrait engendrer des troubles-

- Détrompes toi Lamine, je ne suis pas seul. Une horde de garde me suit de près et je ne crains pas les personnes un peu trop en colère contre mon père qui aimeraient la déverser sur moi. Tout ça fait partie du processus d'intégration, je prendrai sur moi. Dit-il sans pince-rire.

- Si vous le dîtes mon Seigneur, alors j'arrête les recherches.

Khalil raccrocha et rendit le téléphone à Ousmaël qui l'interrogeait du regard.

- Que comptez vous faire ? Questionna t-il en voyant le Cheikh plisser ses yeux avec détermination.

- Prenez la direction de l'aéroport. Ordonna t-il à l'adresse du conducteur.

- Bien votre Majesté. Répondit ce dernier en Inclinant la tête.

Khalil craqua son cou avant de se tourner pour regarder Ousmaël.

- Je comptes rendre une visite surprise à une fugace demoiselle qui pense m'avoir échappé..

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