• Chapter 15 •

- Ceci est la liste de noms des personnes qui ont travaillé avec votre père, de près ou de loin.

Khalil prit le dossier que lui tendait son conseiller.

- Bon travail Ousmaël.

Ce dernier inclina la tête et s'assit à la droite du Cheikh.

- Bien. Si je vous ai convoqué messieurs, commença t-il en s'adressant aux hommes assis autour de la table dans sa salle de réunion, C'est parce que j'ai établi un plan d'action.

Mokhtar releva discrètement la tête subitement intéressé. Ousmaël le regarda du coin de l'œil en plissant les yeux.

- Comme vous le savez, mon prédécesseur a eu bon nombre de complice tout aussi corrompus que lui dans ce royaume et qui le sait, peut-être même au-delà. Comme prédit, je vais annihiler ce fléau en commençant par le gouvernement. Raison pour laquelle j'ai décidé de faire un remaniement.

Voyant le visage de Mokhtar se décomposer, le Cheikh se redressa sur son siège et croisa ses doigts sur les dossiers devant lui.

- Que se passe t-il Yûman ? L'interrogea t'il tandis que ce dernier ajusta sa cravate.

- Rien de bien important Votre Seigneurie.

- Vous me paraissez bien préoccupé, je me trompe ? Continua Khalil en le regardant avec insistance jusqu'à le faire baisser son regard.

- Je me disais juste que cela est un peu trop rapide vous savez..un peu trop brusque.

- Brusque ? Développez donc cela. Rétorqua le Cheikh en s'adossant confortablement sur le dossier de son siège royal sans toutefois perdre de son charisme légendaire.

Mokhtar se racla la gorge en essayant de garder contenance sous les paires d'yeux qui fixaient dans sa direction. Mais sa peau faciale commençait progressivement à pâlir.

- Et bien je veux parler du..remaniement. Vous venez à peine d'être intronisé alors je me disais que vous prendriez sûrement le temps de bien prendre vos marques avant de réaliser une quelconque action.

Des chuchotements se firent entendre parmis les dix hommes attablés dans cette salle de réunion.

- Du calme. Réclama le Cheikh avant de s'adresser à Mokhtar. Insinuez-vous que je n'ai pas assez d'expérience pour entreprendre quoi que ce soit dans mon propre royaume ?

- Jamais je n'oserai Votre Grandeur. Vous pouvez faire comme bon vous semble.

- Merci, bien que je n'ai pas besoin de votre permission. Aussi, il s'agit de mon royaume, par conséquent, je déciderai de tout ce qui le concerne de près ou de loin. Vous avez peut-être été le conseiller de mon père mais je verrai bien ce que je ferai de vous le moment venu, ne vous croyez pas exempt d'accusations. Claqua t-il sous les regards admiratifs de ses ministres.

Encore une fois, Mokhtar resta muet de frustration.
Le Cheikh commença donc à expliquer en long et en large en quoi consistait son plan et quand cela allait-il se mettre en œuvre. Une fois qu'il serait seul, il remanierait son gouvernement puis l'annoncera lors d'une conférence diffusée partout dans le royaume. Cette décision prise dès les premiers jours de son règne ne manquerait pas d'enflammer les médias et il espère faire sortir les racailles de leurs cachettes.

Deux heures passèrent dans lesquels Khalil claqua des ordres et des phrases motivantes à l'encontre du conseil des ministres, bien que ceux-ci accueillirent avec appréhension ce remaniement.

- Votre Altesse, vous avez rendez-vous avec le Cheikh du pays voisin. Votre véhicule est prêt. Lui rappela Lamine pendant que la salle se vidait progressivement.

- Bien Lamine. Bien avant cela, j'aimerais te parler.

Lamine s'arrêta dans sa marche et se rassit auprès du Cheikh.

- Je vous écoute.

- À l'heure qu'il est, mademoiselle Steele doit certainement chercher à rentrer chez elle, je voudrais que vous et votre femme empêchez son départ.

- Que nous l'empêchons de partir? Mais pourquoi donc ? Le défilé est terminé et elle fait partir des derniers bénévoles à être encore sur nos terres.

- Je t'expliquerai plus tard, attachez-là s'il le faut. Je veux la retrouver à mon retour dans ce palais et nulle part ailleurs.

- Si Sa Majesté le désire alors j'en parlerai à Saraï..

Khalil fit un fin sourire entendu avant de se lever suivi de sa garde rapprochée. À peine avait-il quitté la ville dans laquelle le dernier défilé s'était produit qu'il était déjà sur pied à régler les affaires que son père a laissé en suspens.

Il n'en oublia pas pour autant le cas de la journaliste infiltrée. Bien entendu l'entreprise paiera pour son imprudence si cette dernière n'adhère pas au compromis qu'il lui suggèrera.
Elle n'aura d'autres choix que d'obtempérer..

[...]

Mayla boucla sa valise en vitesse en prenant soin de ranger ses documents dans le fond. Elle se dépêchait de vider la chambre qui l'avait accueillie lors de son séjour dans ce palais.
En effet, après la conversation qu'elle a eu avec le Cheikh, ils étaient tous rentrés au palais le soir même lorsque la cérémonie fut achevée. Elle n'avait pas encore eu la force de parler à son supérieur de ce que le Cheikh lui avait dit. Il paniquerait tout comme elle et cela ne servirait strictement à rien. Le mieux à faire pour elle, c'était de rentrer le plus rapidement possible et ce, en toute discrétion..

Elle mit son ordinateur dans son sac à dos et posa quelques vêtements dessus afin de penser son sac rempli de vêtements. Elle ne savait pas s'il était permis à une simple bénévole de ramener un ordinateur mais elle ne voulait pas prendre de risque au cas où.

Une fois fini, elle balaya la chambre vide du regard pour s'assurer de ne rien avoir laissé de suspect.
Après cela, elle laissa un mot pour Saraï -qui s'était absentée de la journée- à Mohammadi. Ce dernier était triste de la voir partir mais Mayla n'avait pas une seule seconde à perdre dans des interminables adieux. Sans demander pourquoi, ce dernier lui montra un passage pour sortir du palais à l'insu des gardes à sa demande.
Elle le remerciera avant d'héler le premier taxi qu'elle vit et de s'y engouffrer.

- À l'aéroport s'il vous plaît. Dit-elle toute essoufflée.

Le chauffeur démarra la voiture. Mayla regarda le palais disparaître progressivement de son champ de vision.
Le chauffeur conduisait en l'observant à travers le rétroviseur. Il semblait hésiter à prendre la parole.

- Vous venez du palais ? Finit-il par demander au bout de trois minutes environ.

Mayla fronça les sourcils en serrant sa valise contre elle à cause des secousses provoquées lorsque la voirure déviait un peu trop brusquement.

- Euh oui oui.

- Laissez moi deviner..vous étiez bénévole pour le défilé d'intronisation?

- En effet.

- Je vois. Du coup merci alors d'être venue malgré-.. Merci d'être venue en tout cas.

Mayla fronça les sourcils. Pourquoi s'était il subitement arrêté dans sa phrase ?

- Malgré quoi ? Vous n'avez pas terminé votre phrase.

Il rit nerveusement en empruntant une voix bondée. La ville était très belle du peu qu'elle voyait derrière la vitre, malheureusement elle n'aura jamais l'occasion de la visiter complètement.

- Vous me paraissez étrangère mademoiselle, je me trompe ?

- Non, vous ne vous trompez pas. Répondit-elle du tac au tac.

Mayla ne voulait surtout pas qu'il change de sujet. Elle vit en ce chauffeur un peu indiscret une opportunité d'avoir des réponses aux questions qu'elle se posait depuis que Saraï a évité la conversation. C'était une journaliste après tout, toutes les informations étaient les bienvenues, qu'elles soient vérifiées ou non.

- Je me disais bien. Vous êtes venue malgré l'interdiction du gouvernement de recevoir des étrangers. Affirma le chauffeur en freinant à un feu rouge.

- Justement à cet effet, je peux savoir pourquoi ils ne voulaient pas d'étrangers ? J'avoue avoir oublié de demander à mes autres collègues bénévoles..

Il la jaugea minutieusement du regard à travers le rétroviseur avant d'accélérer au feu vert.

- Vous me paraissez sincère mais vous savez, les affaires de ce royaume sont telles que vous ne pourriez pas comprendre.

- Dites-moi toujours, il reste encore quelques kilomètres devant nous il me semble..

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top