Avec une démarche assurée, le Cheikh Khalil Al-Moha entra en inondant la salle de conférence de sa présence virile et déstabilisante. Son charisme projetait une autorité naturelle qui fit frémir les autorités qui s'étaient levées pour l'accueillir avec de fortes ovations.

À peine était-il arrivé dans la ville de Safar, dernière étape de sa parade royale que les médias l'avaient assailli de questions problématiques. Ayant une longueur d'avance sur les journalistes et autres, il avait déjà convoqué une conférence de presse pour affronter ces sangsues. Et maintenant il était temps de mettre les choses au clair.

Il monta sur l'estrade et ajusta le micro. Dès ses premières phrases, il captiva l'attention des conférenciers en un rien de temps. Il promena un regard sans saveur en prononçant d'une main de maître son discours tout en rappelant sa dévotion pour son pays et l'accroissement de la sécurité nationale. Il ne manqua pas d'avertir quiconque oserait menacer ou trahir la patrie.

Son discours s'acheva avec un tonnerre d'applaudissements. Arriva l'heure des questions. On lui posa une multitude de questions auxquelles il répondit sans difficulté aucune. Puis vinrent les questions qu'il attendait.

- Votre majesté, commença un journaliste, prévoyez-vous d'étouffer l'affaire concernant votre père comme ce dernier avait l'habitude de le faire ?

Les lèvres de Khalil s'étiraient en un rictus mauvais. Il se rendait compte qu'ils connaissent bien les tactiques de son père.
Les bruits de flash et la lumière qui en émanait à lui faire perdre la vue augmentaient la tension en lui.

- Rassurez-vous je n'ai pas pour projet de l'étouffer, je suis très impliqué dans cette affaire. Je n'en dis pas plus car au moment venu, vous jugerez par vous-même.

Se contenta t-il de répondre d'une voix terne.

- Votre Seigneurie, pensez-vous que le précédent Cheikh, reviendra pour réclamer son trône? Si oui, quelle serait votre réaction ?

Cette question suscita des murmures et un silence glaçant dans la salle. Les journalistes étaient décidément prêts à lui cracher tout ce qu'ils souhaitaient sans retenue.

Le regard de Khalil s'assombrit.

- Al-Moha dirigé par mon père n'était que corruption et dépravation. Si c'est ce zoo que vous appréciez, libre à vous de dégager du pays. Je suis un fils d'Al-Moha, je ne laisserai personne dégrader mes terres à cause de l'argent ou de pierres précieuses. Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour que les complices de mon prédécesseur et lui-même paient pour leurs actes. Je n'ai plus rien à ajouter.

On acclama sa réponse et il remit ses lunettes de soleil en descendant de l'estrade pour éviter les flashs incessants d'appareils photo. Ses gardes l'entouraient pour éviter les journalistes acharnés qui tendaient leur micros en déblatant des questions tous en même temps.

Puis tout d'un coup, dans la précipitation, Khalil aperçu un visage familier maladroitement masqué. Il fronça ses sourcils en retirant ses lunettes puis regarda sur sa droite, pendant que cette personne s'était retournée pour se fondre avec précipitation dans la masse.

Il la vit ajuster un épais voile noir sur sa tête qui laissait échapper quelques mèches de cheveux de couleur jaune pâle, voire couleur or..
Il ne lui fallut pas plus de détail pour savoir de qui il s'agissait.
Khalil plissa ses yeux en serrant les poings.

- Il y'a un problème mon seigneur ? S'aventura à demander Ousmaël, voyant le Cheikh fixer d'un regard noir la direction qu'avait prit cette mystérieuse personne.

Il hocha négativement de la tête.

- Rien. Rien du tout. Allons-y. Répondit-il simplement en esquissant un sourire qui ne présageait rien de bon..

**

Toute essoufflée, Mayla marqua une pause en respirant fortement. Enfin elle était arrivée dans la grande salle qu'ils avaient loué pour une occasion particulière.
Elle avait réussi à s'infiltrer dans la salle de conférence et avait eut un maximum d'informations grâce aux questions posées et aux chuchotements des journalistes. Cela la satisfaisait beaucoup et elle mettrait bientôt ses notes dans le nouveau dossier.

Mais autre point noir de cette histoire, Le Cheikh. L'avait- il reconnu? Ce serait franchement sa fin. Et pourtant elle était sûre que par le regard qu'il avait posé sur elle, même en une seconde, il pourrait la reconnaître. Cette simple pensée la fit transpirer à grosse goutte.

- Calme toi d'accord ? Il n'a pas pu savoir que c'était moi puisque j'étais couverte. Se rappelait elle en reprenant ses esprits.

Elle avait déjà établi son alibi avant de s'incruster dans la salle de conférence. Elle rendit donc les sacs remplis d'objets décoratifs qu'elle avait acheté après avoir quitté la conférence comme une voleuse.

- Merci beaucoup hobi, tu me libères d'un poids! lui dit Saraï en récupérant les sacs.. Mais pourquoi as-tu ce voile? Même si cela te va à ravir. Se moqua t-elle gentiment.

Mayla retira le voile en libérant par la même occasion ses cheveux qui avaient fugués du chignon qui n'en était plus un.

- Oh ça.. j'ai vu que la majorité des femmes ici portaient le voile par rapport aux autres villes qu'on a visitées alors j'ai eu cette idée.

- C'est bien vu mais tu n'étais pas obligée tu sais, c'est un choix personnel. L'informa t-elle.

- Compris. Pourquoi tu avais l'air préoccupé ce matin Saraï ? Demanda t-elle en rangeant le voile dans sa sacoche.

Cette dernière soupira en s'adossant sur le mur.

- Mon mari m'a informé que le Cheikh se méfie de toi. J'ai beau dire que tu es une jeune femme très serviable et gentille mais il n'y peut rien auprès du Cheikh et cela me rend vraiment triste qu'on te juge pourtant tu es l'innocence en personne.

Mayla lui sourit adorablement. Elle se rendit compte qu'elle avait trouvé faveur aux yeux de Saraï et elle en fut très honorée.
Malheureusement Saraï se trompait sur elle, mais elle espérait qu'elle ne perdrait pas son estime pour autant..

- Je te remercie énormément Saraï, ça me fait chaud au cœur. Lui dit-elle en souriant sincèrement.

- Tu es vraiment trop belle hobi.. elle posa sa main sur la joue de Mayla. Tu vas beaucoup me manquer lorsque tu rentreras chez toi.

Mayla se contenta de sourire et d'accepter l'étreinte maternelle dont l'invitait Saraï. Elle s'en voulait presque de ne pas être comme cette femme la décrivait. Mais bon, elle avait une mission à accomplir et ses idées revinrent rapidement en place.

Après ce moment de tendresse, Mayla inspira profondément pour s'armer de force et de détermination.
Pour l'instant, elle commença à sortir les décorations avec Saraï lorsqu'elle se souvint de ce qu'elle avait entendu à la conférence.

- Dis moi Saraï, tu peux me parler du prédécesseur du Cheikh ? Qu'est ce qu'il est devenu ?

Cette dernière fit tomber la guirlande qu'elle tenait en fixant avec de grands yeux le sol.

- Qu'est ce qu'il y'a? Demanda Mayla en fronçant les sourcils devant le manque de réaction de Saraï.

Saraï ramassa la guirlande et passa une mèche derrière son oreille.
Elle jeta un coup d'œil dans sa direction.

- Pourquoi demandes tu cela ? Où as-tu entendu parler de lui?

- Euuh, juste pour savoir..

- On aurait dit une journaliste.

Mayla baissa la tête en faisant mine de ne pas avoir entendu.

- Quoi qu'il en soit ce n'est pas un sujet à remettre sur le tapis alors s'il te plaît, pour ton bien ne poses pas cette question à quelqu'un du palais.

- Oui ne t'en fais pas. Répondit-elle.

- Alors commençons à décorer cette immense salle. Il faut que tout soit prêt avant le retour des autres du défilé. Si on y a pas assisté, c'est bien pour mettre le paquet sur la fête de ce soir.

- Bien Saraï. Dit-elle en la suivant, perdue dans ses pensées.

Elle se demandait bien ce que le père du Cheikh avait fait pour être autant un sujet tabou. Elle se promit de percer ce secret non seulement pour son travail, mais aussi par curiosité.

Ce jour-là elle n'avait pas assisté au dernier défilé car apparemment la cérémonie de clôture de ce soir était très importante. De toutes les façons, lors du défilé il s'y déroulera la même chose que lors des deux premiers jours, alors elle prendrait des informations auprès des bénévoles qui auront filmé l'événement.

Cette soirée promettait d'être des plus passionnantes..

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Maintenant que le décor est planté, bonne suite de lecture :)