Trois longs jours s'étaient écoulés depuis l'annonce que Mr Gordon lui avait fait. Elle doutait toujours. Arriverait-elle à s'adapter à ce nouveau pays? Si loin de sa civilisation à elle? Tant de questions se bousculaient dans sa tête.
Elle pensait bien évidemment à sa pauvre mère hospitalisée.
Et c'est justement pour elle qu'elle prit enfin sa décision..

La journée était enfin terminée.
Mayla sortait de la BBC News lorsque sa collègue et seule amie, Anaïa, accourait vers elle.

- Mayla tu pars sans me dire ? La reprocha t-elle en s'arrêtant à son niveau.

- Oh je suis désolée, j'avais la tête ailleurs. S'excusa t-elle en forçant un sourire.

Elles se mirent à longer nonchalamment le long de la rue.

- Tout le monde est sous le choc.

Mayla fronça les sourcils d'incompréhension, puis de colère. Elle se stoppa net dans sa marche.

- Par rapport à quoi ?

Anaïa fuyait son regard.

- Eh ben..tu sais que plusieurs personnes désiraient cette affectation et donc ils-

- Et donc ils ne me sentent pas capable de relever ce défi de taille ? S'emporta t-elle.

Anaïa lui prit les mains l'air sérieux. Elle plissa ses lèvres pour trouver les bons mots.

- Moi je t'en sens capable Mayla. Ils laissent l'envie parler pour eux, tu n'as pas le droit de les écouter.

Mayla respira profondément en s'en voulant de s'être énervée contre son amie. Cette dernière la rechauffa de ses bras puis elles reprirent leur chemin.

- Tu l'as déjà prise, ta décision ?
L'interrogeait prudemment Anaïa.

Mayla haussa les épaules.

- À vrai dire je doutetoujours. Tu n'es pas sans savoir que c'est complètement différent de ce que j'ai l'habitude de rédiger.

- Et c'est justement ça qui doit te pousser à y aller ma belle! Découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, de nouvelles cuisines ! S'enquit son amie d'une voix enjouée.

- Ah c'est sûr que tu n'aurais pas hésité toi. Répondit-elle en riant.

- Je t'assure Mayla, il n'y a rien de mieux que de sortir de sa zone de confort et vivre de nouvelles expériences. L'encouragea son amie en s'arrêtant.

- Je vais y réfléchir Anaïa, mais avant, je vais en parler à ma mère. Lui dit-elle en lui faisant un câlin d'aurevoir comme elles en avaient l'habitude.

Son amie lui sourit et emprunta une autre direction. Mayla héla un taxi en direction de l'hôpital général.

Sans le savoir, Anaïa avait non seulement aiguisé sa curiosité, mais aussi elle s'est imaginée fouler le désert d'Al-Moha qu'elle n'avait jamais vu.
Mayla relativisa et remit sa décision finale entre les mains de sa chère mère, qui devait se faire opérer mais qui attendait toujours..faute de moyens.

Une vingtaine de minutes plus tard, elle marchait dans le couloir blanc qui menait à la chambre dans laquelle sa mère était hospitalisée. L'odeur des produits d'aseptisation lui donna un haut le cœur
Elle repéra la chambre de sa mère et y pénétra, refermant la porte derrière elle.

Sa mère lui sourit, les yeux légèrement ouverts. Ses cheveux étaient enfermé dans un plastique et elle portait une robe de chambre blanche, le doigt et le revers de sa main droite reliés par des fils à une machine.
Elle lui fit tant bien que mal un câlin avant de s'allonger à ses côtés.

- Maman comment te sens-tu à présent ?

- Je tiens le coup. La rassura t-elle d'une voix pâteuse.

- Les docteurs font tout leur possible. Je suis certaine qu'un jour tu-

- Chérie tu es tellement belle et jeune..je ne veux pas que tu gâches ta vie entre ces quatre murs à cause de moi.. La coupa sa mère d'une voix faible.

Mayla soupira. Sa mère avait le chic pour changer carrément de sujet.

-Je ne gâche pas ma vie maman, on en a déjà parlé.

- Tu as vingt quatre ans Mayla, c'est l'âge de profiter de la jeunesse et de la vie avant que les jours funestes arrivent. Renchérit t-elle.

- Tu n'es et tu ne seras jamais un poids pour moi maman. Contra t-elle.

Sa mère lâcha l'affaire, le visage fatigué et cerné. Cette vision lui fit mal au cœur. Elle se demanda si c'était le bon moment pour lui parler d'Al-Moha. Vu son discours précédent elle était sûre que sa mère accepterait qu'elle "profite de sa jeunesse".

- Maman il faut que je te parle. Dit-elle avant de ne plus pouvoir le faire.

- Je t'écoute ma chérie.

Mayla inspira longuement avant de se redresser et de s'asseoir sur la chaise au chevet du lit.

- J'ai reçu une affectation.

Le visage de sa mère s'illumina tant bien que mal.

- Mais c'est merveilleux Mayla ! S'exclama t'elle avant d'arquer un sourcil. Pourquoi j'ai l'impression que tu n'es pas ravie?

- Je le suis maman, c'est un énorme privilège pour moi mais..

Sa mère pencha son visage en plissant les yeux.

- Si c'est à cause de moi que tu hésites je te l'interdis fermement jeune fille !

Mayla soupira.
Elle devrait s'y attendre. La seule raison pour laquelle elle songeait à refuser cette affectation lui interdisait de le faire.

- Ne laisse pas ce qui s'est passé dans ton enfance te retenir de faire ce que ton cœur désire fermement. Je veux que tu y ailles et que tu fracasses tout comme tu l'as toujours fais ma petite journaliste d'amour. Reprit sa mère de sa voix doucereuse. Fais le pour moi Mayla. Montre leur qui j'ai mit au monde.

Mayla sourit inconsciemment en chassant une larme qui menaçait de couler. Ce qu'elle et sa mère avaient vécu était bien loin derrière elles, mais il lui arrivait d'en faire des crises de panique. Heureusement que tout ceci s'était arrêté depuis son adolescence.

Elle se rapprocha de sa seule famille et la serra fortement dans ses bras.

- Je te promets de revenir au plus vite.

Elle se redressa et sa mère enveloppa sa joue de sa main.

- Et moi je te promets de t'attendre ici..de toutes façons je ne peux pas me lever de ce lit. Dit-elle en riant légèrement.

Mayla la suivit dans son geste en lui serrant la main. Jokebed Steele, à elle seule, avait redonné vie à la fougue qui sommeillait en sa fille.
Et Mayla se promit de tout fracasser, non seulement pour montrer à ses collègues qu'elle en était capable, mais aussi pour sa chère mère pour qui elle donnerait sa vie.

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Mayla se lit Maïla
Anaïa se lit Anaya