Chapitre dix-sept: Sensations désagréables


Ma colère ne désemplit pas, mais pourquoi j'ai l'impression d'avoir été trahi. Enfermé dans l'atelier de mon père depuis que je suis rentré, l'explosion de tout mes ressentis donne des couleurs sombres et peu harmonieuses autour de moi. Je fini par m'assoir devant le chantier, ce n'est pas de la colère mais de la tristesse qui se dégage de tout ce fouillis. Ma vision devient floue et je sens deux perle humide descendre le long de mes joues. Je ne comprends pas, je ne la connais pas tant que ça, comme peut-elle me mettre dans un tel état.

-Dim, c'est moi, tout va bien? Il est quatre heures du matin. Demande ma mère à travers la porte.

-Oui mam' ne t'inquiète pas, ne fait pas attention. Tu devrais retourner te coucher.

Ma voix est faible et vacillante. Mais ma mère me connaît et n'insiste pas.

Le lendemain je suis réveillé par la sonnerie de la maison. J'ai toujours l'esprit embrumé, mes geste son guidé par les habitudes. Je suis seul à la maison, mon frère est certainement en cours, et mes parents au travail. Personnellement j'ai décidé de ne pas aller à la fac aujourd'hui. Je descends les escaliers comme un automate et ne dirige vers la porte d'entré. Machinalement je l'ouvre et ne réalise pas tout de suite qui j'ai en face de moi.

-Bonjour Dimitri.

-Mika n'est pas là, désolé. Dis-je avec véhémence en m'apprêtant à fermer la porte.

-Attend, c'est toi que je suis venu voir. M'avoue le sosie de Michaelb Jordan.

-J'ai rien à te dire.

-Alors laisse moi parler.

Je n'ai pas la force que me battre avec lui que ce soit physiquement ou mentalement et le laisse entrer en soupirant assez fort pour qu'il l'entende.

-Je vais me faire un café tu en veux un ? demandais-je par politesse.

-Si ça ne te dérange pas.

Il est gêné, ça fait un drôle de contraste avec sa carrure imposante. S'en est presque comique. Je pose les deux mug sur l'îlot central devant nous et m'assois en face de lui.

-Alors, je t'écoute.

-Déjà, je voulais te demander pardon pour mon comportement et ce que je t'ai dit au bar la dernière fois. Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas dû m'en prendre à toi.

-Au final, c'est peut-être un mal pour un bien. Avouais-je. Ça a poussé mon frère à me parler de ses problèmes. Ajoutais-je en amenant mon mug fumant à mes lèvre.

Je me surprends moi même, est-ce le peu de sommeil dont j'ai bénéficié qui me fait réfléchir ainsi ? Au fond, je ne lui en veux même pas, c'est un homme blessé.

-Oui mais Lou a raison ce n'était pas à moi de te l'annoncer.

La mention de ma petite brune me fait grimacer.

-Je suppose. En tout cas, j'apprécie le fait que tu sois venu mais c'est plus auprès de mon frère que tu devrais avoir ce genre de démarche. J'ai cru comprendre que vous êtes des amis de longues dates.

D'ailleurs est-ce qu'il a joué un rôle lui aussi dans la rémission de mon frère?

-C'est la première chose que j'ai fait, tu étais le dernier de ma liste, si l'on peut dire.

-Je vois. Et bien...

-Je ne suis pas venu que pour ça.

Je le regarde interloqué, il affiche un air sérieux.

-Je ne vais pas passer par Quatre Chemins, j'ai entendu ce que tu as dit à Lou hier.

-Et alors?

-Qu'elle est ta relation avec elle?

-Je ne crois pas que cela te regarde.

-Si, ça me regarde, parce que en deux phrases tu as détruit tout ce que j'ai passé deux ans à construire. Ça fait deux ans que j'essaye de lui mettre dans la tête qu'elle n'est pas une nuisance et qu'elle a le droit d'avoir des sentiments. Et toi, tu arrives, et tu lui crache à la figure tout l'inverse. As-tu la moindre de ce par quoi elle est passé pour oser lui dire ça.

-C'est Lou, la reine des glaces, mes mots n'ont même pas dû la froisser ne serait-ce qu'un peu. Et il faut croire que je n'étais que de passage dans sa vie.

Mes mots sonnent faux. Un étranger sentiment m'envahit, de la culpabilité. Et si j'avais fait une erreur, je suis en colère et je lui en veux. Mais je ne sais même pas pourquoi. Dylan soupire et passe sa mains sur son visage.

-Crois moi, ça la touché. Elle n'est pas sans cœur comme tu le prétends bien au contraire. Sais-tu comment elle a été la première à agir pour ton frère.

-Il m'a dit qu'elle lui avait demandé directement s'il voulait s'en sortir.

-Oui, mais si elle s'en est rendu compte c'est parce que son père est un cocaïnomane également. A l'âge de quinze ans, au moment du divorce de ses parents, Lou a géré l'état de son père dépressif et dépendant, toute seule sans rien dire à personne. Je ne te dis pas ça pour que tu es pitié d'elle, mais pour que tu prennes conscience de certaines choses. Contrairement à son père ton frère lui a trouvé la force de se battre contre ses démons. Ça fait plus de cinq ans qu'elle a mit sa vie entre parenthèses pour remettre son père sur pied sans y parvenir.

-Pourquoi elle n'en a parlé à personne ? Sa mère aurait pu faire quelque chose.

-Tu connais mal, la mère de Lou. Elle aurait empêché Cassandre de voir son père et Lou veut à tout prix que sa sœur soit préservée de tout ça. C'est pas vraiment le comportement de quelqu'un qui n'a pas de cœur. Ironise mon invité.

-Je pense qu'elle est moi, on ne se...

-Si tu ne fais pas le premier pas, c'est sûr et certain. La connaissant elle va te fuir comme la peste. Je ne sais pas comment tu t'y est pris mais vu l'expression qu'elle avait quand tu es parti hier, tu as réussi à pénétrer les première couches de sa carapace. J'en serais presque jaloux. Mais bon je suppose que si c'est un gars comme toi, je peux l'accepter.

-Qu'est-ce que ça signifie?

-Ça signifie qu'elle a une approche différente avec toi, elle a toujours eu du mal avec les autres, leurs sentiments, elle les considère comme inutile et encombrant. Ça ne l'intéressé plus depuis cinq ans, très peu de personnes peuvent prétendre être son ami, je me demande même si Mika et moi ne somme pas les seuls. Mais toi, elle cherche à te comprendre. Sache que quand elle demande à quelqu'un si c'est vraiment ce qu'il pense, elle demande en réalité confirmation de sa compréhension. Pour Lou les mots on un sens réel , elle utilise très peu de mots du superlatifs car leurs poids est trop lourds. C'est comme une enfant, elle a fait abstraction de tout sentiments d'attachement depuis tellement longtemps qu'il faut tout lui réapprendre. Elle est très intelligente, peut te sortir d'une situation improbable en un claquement de doigts. Mais elle reste si naïve quand il s'agit d'elle. Guide la.

-Moi, mais...

-Je l'aurait bien fait, mais j'ai commis une erreur. Et je vois bien que tu ressens quelque chose pour elle, je me trompe.

-Mais tu étais chez elle hier.

-Oui s'était en quelque sorte nos au revoir. J'avais des choses à lui dire et a mettre à plat. Elle reste une personne qui compte énormément pour moi. Et hier, elle s'est montré plus humaine que jamais. Enfin jusqu'à...

Qu'est-ce que j'ai fait?

-Je ferait mieux d'y aller. Merci de m'avoir écouté. Et s'il te plaît ne la laisse pas retomber dans ses travers.

-Qu'est ce que c'est sensé vouloir dire? 

Il est déjà parti.

J'ai passé le reste de la journée, a me torturer l'esprit.

Alors comme ça son père se drogue aussi, je m'en doutais un peu. Mais là j'en ai la confirmation. Comment une enfant de quinze ans peu prendre de telle responsabilités? Est-ce que je dois en parler à Loïc, si ça se trouve il est déjà au courant. C'est dernier temps, Loïc et moi sommes dans une phase étrange, on se cache des choses. Il faut que cela cesse, je lui envoie un SMS aussitôt.

«Tu fais quoi? Il faut que je te parle d'un truc important »

Sa réponse ne se fait pas attendre.

« Loïc: Tu veux qu'on se voit ou part téléphone ? Pourquoi tu n'es pas venu aujourd'hui à la fac? »

« Je t'expliquerais tout, dans 1h au bar devant le salon de mon père, ça t'irait? »

« Loïc: Oui, parfait à tout de suite »

Est-ce qu'il se doute ne serait-ce qu'un instant que se que je m'apprête à lui dire. Je me prépare et me dirige vers le point de rendez-vous. Quand j'arrive devant « L'absinthe » mon ami est déjà là et affiche un air soucieux.

-Salut gars, alors on fait L'école buissonnière.

-Oui, je n'étais pas trop d'humeur.

-C'est à cause de ton frère? S'inquiète Loïc.

-Non de Lou.

Il fronce les sourcils et s'adosse à sa chaise.

-De Lou? Explique toi.

-Loïc... Je suis totalement perdu.

-Bon, je vois que tu n'es pas bien alors je vais mettre de côté ma rancoeur croissante et faire abstraction de la personne que tu mentionnes. On va être honnête l'un envers l'autre, Ok?. Qu'est-ce qui ne va pas?

-J'ai fait un connerie, enfin je crois que j'ai vraiment merdé.

-À propos de quoi?

-Elle me rend fou. Loïc, j'ai couché avec elle. Je suis désolé, j'ai brisé tout les code de l'amitié.

Il a la mâchoire serré et avale difficilement la nouvelle. Il essaye de prendre sur lui. Mais la déception, la tristesse et la colère sont bien pressentent dans son regard.

-Quand?

-Hier, mais en réalité un jeu de séduction s'est installé bien avant.

-Ça à au moins le mérite d'être clair. C'est pour ça que tu m'as demandé son adresse. Le fait d'avoir baisé avec elle t'a empêché d'aller en cours, trop dure de se réveiller? Ironise t-il avec une pointe d'agressivité.

-Non, on a ... bref c'était hier matin. C'est ce qui s'est passé après, au moment de partir mon frère l'a embrassé à son tour. Ils sont allé s'entraîner ensemble, quand il est rentré j'ai eu une discussion avec lui. Mais j'avais besoin d'en avoir une avec elle également. C'est pour ça que je t'ai demandé son adresse.

C'était pas une baise, et pour la première fois de ma vie je comprends la différence avec faire l'amour. Mais appuyer dessus n'avancerait à rien.

-Alors, qu'est-ce que ça a donné ?

-Quand je suis arrivé chez elle, elle était avec Dylan.

-Aïe! C'est sûr que face à monsieur parfait la défaite est amer et je sais ce que je dis.

-J'étais si en colère.

-Tu veux dire jaloux.

Oui, j'étais jaloux. C'est si désagréable, c'est la première fois que je ressens ça.

-J'ai dit des choses que je n'aurais pas dû. Et ça je m'en suis rendu compte quand Dylan est venue me voir ce midi.

-Il est venu te voir? répète mon ami abasourdi. Qu'est-ce qu'il t'a dit.

-Que Lou n'était pas celle que je croyais et qu'elle a mis de côté sa propre vie pour protéger sa sœur des faiblesses et du penchant pour la cocaïne de son père.

-Qu'est-ce que ça veut dire ?

-Ça veut dire que Lou a débarqué chez moi avant-hier tel un zombie et couverte de bleu.

Loïc est horrifié par ce qu'il vient d'apprendre.

-Loïc, ce que je viens de te dire ne doit jamais arriver aux oreilles de Cassandre et de sa mère. Sinon tout ce qu'elle a enduré ces cinq dernières années n'aura servie à rien. Tout ce qu'on peut faire pour le moment c'est être là pour elle.

-Mais comment? Elle ne se laisse pas approchée facilement. Et toi, tu lui a dit... tu lui as dit quoi au fait?

-Qu'elle était une nuisance pour son entourage suivie d'une manipulatrice sans cœur.

Le grand blond en reste bouché. Et un soupir désespéré nous vient en même temps.

-Je ne sais pas quoi faire.

-C'est pourtant simple, va t'excuser.

-Voudra t-elle seulement m'écouter?

-Ne lui laisse pas le choix.

Mon téléphone se met à sonner, c'est Mika. Mon ami me fait signe de répondre et je m'excuse d'un signe de tête avant d'apporter mon portable à l'oreille.

«-Allô, Mika ?

-Petit frère, j'ai besoin de toi. Enfin de tes conseils. Je.... Je ne sais pas quoi faire. Sa voix est faible et il semble désemparé.

-Qu'est-ce qu'il se passe.

-J'ai pas envie qu'elle parte. Il éclate en sanglots. »

Mon frère ne pleure jamais, la dernière fois que je l'ai vu pleurer s'était à l'enterrement de notre grand-mère il y a plus de huit ans. Autant vous dire que je suis sous le choc.

« -Mika, calme toi, respire et explique moi.

-C'est D., il m'a avoué qu'il avait vu un dossier pour une université aux États Unis chez Lou. Je peux pas... Si elle y va, qu'est-ce que je vais devenir. Mais je... et D. dit que si l'on tiens vraiment à elle, on doit l'encourager à partir. Et je sais qu'il a raison, c'est le mieux pour elle. Mais... »

Je suis sous le choc, c'est donc ça l'opportunité donc elle m'a parlé.

« -Tu lui a parlé ?

-Non, je suis devant chez elle. On avait prévu de se voir ce soir. Mais je n'ose pas aller la voir dans cet état. »

Mon meilleur ami me fait signe, apparemment il entant la conversation.

-Dit lui d'y aller. Elle aime profondément ton grand frère, comme si c'était le sien. Elle me l'a affirmé. Je suis sur que s'il lui fait part de son dilemme, elle sera quoi lui dire et trouver une solution. Lou a toujours eu besoin qu'on lui dise les choses clairement avec de vrais mots. Me conseille Loïc.

Je répète les dires de mon ami à mon frangin. Il acquiesce et raccroche après nous avoir remercié.

-Elle devrait y aller. Me sort-il de mes réflexions. C'est pas n'importe qu'elle université Dim, c'est Stanford. Ils lui proposent de prendre en charge l'intégralité de ses frais de scolarité.

-Alors tu le savais.

-Oui, j'étais là quand ils l'on appelé. C'était quand je suis allé la voir après la pizzeria. Il n'y a que trois choses qui la retienne, son père, ton frère et surtout Cassandre. Quoique maintenant je me demande si son père de rentre pas dans les raisons pour lesquelles elle devrait partir.

Il n'a pas tord, elle devrait s'en aller. Mais cette pensée me rend triste.

Il faut absolument que je la vois. 

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