Chapitre 5 - EVA

Comme prévu, Simon, Ionel, Tabatha, Laila et moi nous nous retrouvons. Le café dans lequel nous sommes est vraiment pur jus des années 60. Ses occupants aussi. Tant mieux, les murs ont des oreilles mais ici on est plutôt tranquilles.

Chacun débite ses avancées pendant que mon regard s'égare à travers les vitres. Il ne fait vraiment pas beau. Novembre à Paris...

Laila explique son rendez-vous avec Wellington "le merdique". J'ai déjà entendu l'histoire alors je vais discrètement sur Instagram. Eli Farès. Son contenu se résume à : des photos de lui dans une voiture, des photos de lui à côté de gars en costume, des photos de lui... bref. Je vais voir le profil du second frère et c'est pareil. Deux belles façades. Je scrute les mentions j'aime, les commentaires, tout y passe et un groupe de personnes semble plus proche d'eux que les autres. Je me promets d'analyser leurs profils plus tard. J'en ai appris un peu plus sur eux ces derniers jours mais ce n'est pas assez.

Ionel me tire de mes pensées en prenant la parole :

- Bon, moi c'est pareil que Laila ! Je vais prendre les photos, écrire l'article, bidouiller une interview et basta. Je n'enquêterais sur rien du tout. Il est intouchable ! Vous allez me retrouver mort électrocuté et torturé dans une cave...

- C'est bon Ionel. Stop ! Il est soupçonné de recevoir des pots-de-vin pas d'être à la tête d'une armée ! intervient Tabatha.

- Non Tabatha, lui répond Ionel d'un ton narquois, mais les gars qui le protègent, je peux t'assurer qu'ils ont des armes, qu'ils ont fait l'armée même ! Et, qu'ils ne me rateront pas.

Tabatha enchaine d'un ton grave : « Bref. J'ai effectué des recherches. Effectivement, le diplomate est corrompu et pourri jusqu'aux dents. Il a des alliés partout et une communauté proche de lui. Mais, il semblerait qu'une enquête ait été ouverte par les services iraniens qui l'accusent d'avoir tué une de leurs compatriotes. Pour l'instant, c'est assez confidentiel et rien n'a fuité »

Simon pose bruyamment sa tête sur la table en parlant de trucs « merdiques », Ionel joue nerveusement avec la cuillère qui était dans sa tasse de café. Laila soupire.

Et moi, dans tout ça, j'attends impatiemment le récit de Simon mais il me demande de le devancer.

- Pour la première fois, je m'avoue vaincue les gars. Je n'ai aucune preuve de quoi que ce soit. Ce que j'ai, c'est l'exclusivité d'une interview...

Je regarde Simon, il semble me croire et me dit :

- Je n'ai rien trouvé sur eux non plus Eva. C'est l'omerta. Je suppose que tu as déjà fait le lien...

Bien sûr que j'avais fait le lien. Aujourd'hui, de nouvelles sortes de mafia naissent. Elles sont moins organisées, il y a plus de cavaliers seuls ce qui engendre un danger plus important. Du jour au lendemain, n'importe quel gars qui n'a rien à perdre peu se mettre à gérer un quartier, une ville, un pays et y faire régner la terreur. Dernièrement, des procureurs, des journalistes et des avocats ont été tués en Belgique et aux Pays-Bas. Personne n'oserait faire un papier sur cette néo-mafia. Leurs activités criminelles sont diverses et variées : contrats d'assassinat, enlèvements, trafic de faux papiers, corruption de juges, d'avocats, de douaniers, blanchiment et j'en passe. L'argent circule via des « agents ». Ce système de blanchiment est assez simple, tu donnes une somme à l'agent X à Paris et quelqu'un récupère cette somme à Rabat, Dubaï ou Amsterdam auprès de l'agent Y. Finalement, l'argent ne voyage pas vraiment. Tout le système repose sur le professionnalisme des agents. Leur slogan publicitaire : celui qui parle, mourra. Génial...

Il continue :

- De mon côté, j'ai choisi de poser mes questions aux prétendues victimes. Elles ne comprennent pas qu'après 21 plaintes, il soit toujours en liberté et qu'il travaille encore pour la chaine. Il est vraiment dégoutant ! Et tout ça, sous les yeux de tout le monde. Merde quoi, même mes parents étaient au courant.

Et là, jackpot ! Les autres s'exclament devant les révélations de Simon et moi, je sens les rouages de mon cerveau s'actionner et je comprends directement l'enjeu. Quand je rentrerai, je ne ferai pas de recherches sur les contacts Instagram des frères Farès. J'ai d'autres recherches à faire. Thabata, Simon, Ionel et Laïla ont vu les différences entre nos cibles. J'ai entraperçu le point commun !

Les jours qui suivent, je bosse sans relâche. Pour faire bonne figure, j'ai envoyé un papier nickel aux Farès mais j'ai déjà tourné la page. Mes recherches s'orientent vers quelqu'un d'autre. 


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