Chapitre 4 - LAÏLA
J'ai rendez-vous avec Welligton toute à l'heure. Son équipe m'a autorisée à faire le reportage-photo. J'en profiterai pour faire l'interview. D'une pierre deux coups. Et je ne vais rien faire qui ne me ressemble pas. Je ne vais pas commencer à farfouiller dans la vie de ce mec ! Je me répète ça, comme un mantra depuis que le bain coule. Et, ça ne m'aide pas. Je veux juste rendre un travail classe, poli et avant-gardiste qui colle à mon image.
Et pourtant, cette saleté de petite voix me dit : mais si ! farfouille ! c'est exactement ce que la fac attend de toi.
Et plus je pense à Eva, plus j'angoisse. J'essaye de chasser cette sensation désagréable que je connais bien en entrant dans le bain et respire doucement en savourant le confort procuré par l'eau chaude qui enveloppe mon corps. J'ai parlé avec ce mec hier soir. Un fantôme de mon ancienne vie. Je voulais savoir dans quoi Eva s'impliquait. Et c'est du n'importe quoi, merde ! J'ai tiqué comme elle quand le gars m'a dit qu'aucun des deux frères n'avait fait de la prison. Parait-il qu'ils aient géré pendant 9 ans et quelques mois le deal dans leur quartier comme personne auparavant. On les comparait déjà à des chefs d'entreprise. On dit d'eux qu'ils aiment la discrétion et qu'ils défendent farouchement leur territoire. Et le problème, le gros problème merdique comme dirait Simon, c'est qu'Eva est une putain de fouineuse !
Je ne peux m'empêcher de repenser à la nuit où j'ai rencontré Eva. Les souvenirs m'assaillent comme des éclairs lumineux. Je m'enfonce dans la baignoire, si profond que ne dépasse de l'eau que le bout de mon nez.
Wellington est exactement comme je l'imaginais ! C'est fou. Grand, un peu grassouillet, une peau fade et rougie par l'alcool et le soleil, des cheveux jaunes peignés en brosse assortis d'un hideux pantalon bleu ciel, d'une ceinture Hermès et d'une chemise blanche. Manque plus que le Yacht de papa en arrière-plan. Le château y est déjà et je me trouve devant.
Plus les minutes passent, plus mon stress redescend quand mon cerveau s'aperçoit que Wellington est totalement inintéressant.
Je fais le job et, à un moment, j'ose poser LA question en sachant pertinemment qu'il va me répondre. La troisième bouteille qu'il débouche me donne le go :
- J'espère que vous n'avez pas eu de problème avec la justice après votre petit accident ?
Il ne relève même pas l'importance de la question et me répond avec un léger air d'ivrogne :
- J'ai le bras long !
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