Chapitre 33 - EVA
Je pensais qu'ils allaient me poser davantage de questions sur Julien ou sur Rayan mais à la place, Isaac se lève. Quand il revient quelques secondes plus tard, il jette un paquet de feuilles sur la table basse qui me sépare de lui et de son frère. Je comprends immédiatement de quoi il s'agit et là, c'est clair, je suis dans la merde. Comment ont-ils obtenu ça ?
Depuis le jour où nos professeurs nous ont distribué les noms de ceux sur qui nous devions écrire, j'ai mené l'enquête sur les Farès. Laïla m'avait dit que personne ne voulait parler. Elle se trompait. Les gens veulent toujours parler en échange de quelque chose... Parfois, ils veulent même parler en échange de rien du tout, juste par jalousie, par méchanceté ou par envie de vengeance. C'était notamment le cas d'Akram, sa connaissance, celui qui m'a mené jusqu'à leur cité. J'ai constitué un dossier qui les ferait aller tous les deux en prison s'il tombait dans certaines mains. Quoi que... peut-être que comme Wellington, Ben, l'animateur télé et tant d'autres, ils feraient taire la justice grâce à quelques gros billets. Ce que j'ai découvert sur eux, c'est qu'ils font partie bel et bien partie de ce nouveau type de maffia qui a vu le jour en France, en Belgique et au Pays-Bas et ils sont plutôt haut placés dans ce système pyramidal. Je ne comptais vraiment rien publier ou diffuser sur eux, si j'ai été si loin dans mes recherches, c'était par plaisir d'enquêter.
- Je savais que t'étais une sale petite fouineuse, commence Isaac. J'attendais pas mieux de toi.
J'accuse le coup sans répondre.
- Ce que tu vas me dire maintenant, c'est le nom de chaque personne qui t'as fourni des infos.
Je sais très bien que si je lui donne les noms qu'il attend, il leur fera payer leur trahison. Je ne veux pas être complice de ça. Je ne sais pas comment me sortir de cette situation.
- Coopère Eva... me conseille Eli.
- Sinon quoi ? Vous allez me torturer ? demandais-je.
Je suis morte de trouille et pourtant, je refuse de continuer à être faible. Depuis l'avion, c'est une version d'Eva que je ne reconnais pas.
- Je vais la buter, dit Isaac en se levant et en vidant son verre d'alcool.
Eli tient sa tête entre ses mains. Je sens qu'ils sont à bout, moi aussi. Mes larmes menacent de couler mais je serres les dents.
- On a été gentils jusqu'à présent, Eva... ne nous oblige pas à te faire du mal, me dit ce dernier.
- Je n'allais rien diffuser, je te jure Eli. C'était juste comme ça... je voulais juste en savoir plus sur vous.
Il cherche parmi le dossier et sors une feuille. C'est un article de presse qui date de décembre 2014 dans lequel est décrit une fusillade dans leur cité qui a blessé un enfant de 9 ans qui jouait en bas des bâtiments. Grâce à Dieu, il n'a pas été tué. L'article mentionne que la cité est en proie aux règlements de compte et qu'on dénombre 4 morts depuis l'été. Sur l'article, j'avais écrit le nom des 2 hommes qui ont été tués.
- Ces deux mecs ont blessé le gosse, me dit Eli.
- Et donc, vous les avez tués ? demandais-je écœurée.
- Qui t'as donné leurs noms ?
Je ne réponds pas.
Isaac se rapproche de moi, je recule dans le canapé. Il replace sa main sur ma gorge, comme dans l'avion mais n'exerce aucune pression. Il est si proche de moi. Je sens ses genoux heurter les miens, la chaleur de son corps, son odeur. Sa main remonte jusqu'à mon visage. Je n'ose plus bouger. Son pouce vient caresser ma lèvre inférieure, qui tremble légèrement. Puis, il la passe sur ma nuque et remonte dans mes cheveux qu'il agrippe sans ménagement.
- Fais-toi pardonner en parlant Eva. Sinon, je te jure que je te ferai payer comme j'ai fait payer à tous ceux qui se sont mis en travers de notre chemin.
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