Chapitre 32 - EVA


Assise sur par terre dans le fond du jardin, j'observe la vue imprenable sur la mer. Il fait sacrément chaud ici et pourtant, je suis glacée de l'intérieur. Je suis happée par de vieux souvenirs que j'aimerais tant oublier.

Je ne bouge toujours pas, comme pétrifiée. Je repense au premier jour où j'ai connu Ben. Je recule tout doucement, sans un bruit. Je ne sais pas si c'est plus le courage ou la haine qui m'animent mais je sais que je dois agir. Comme une petite souris, je me dirige vers notre chambre. J'ouvre le tiroir de la table de nuit de Ben et je le fouille frénétiquement jusqu'à ce que je mette la main sur le métal froid de son arme. Elle est lourde et je tremble. Je mets en pratique les conseils que le psy m'a donné après la mort de mes parents. J'inspire, 1, j'expire 2, j'inspire 3, j'expire 4... Ben a cette arme pour se protéger d'un cambriolage. Je n'ai jamais tenu de revolver entre mes mains. J'inspire 5, j'expire 6... Je dois y aller, pour cette fille. Je me retrouve à nouveau devant la porte et cette fois-ci, j'entre et je la referme une fois à l'intérieur. Les deux garçons se retournent vivement vers moi. Je lève le bras et pointe l'arme en direction de Rayan.

- Recule, lui dis-je d'une petite voix tout sauf convaincante.

- Eva, calme-toi. C'est pas ce que tu crois, me dit Ben en avançant vers moi.

Il titube.

- Recule, répétais-je.

Rayan s'approche de moi et je tremble de plus belle. La fille gémit, se relève lentement en couvrant sa poitrine avec ses mains. Je la reconnais maintenant. Elle fait du journalisme aussi mais elle est en deuxième année.

- Lâche ça petite Eva, me dit Rayan. Tu vas te faire mal.

- Recule, Rayan, je te jure que je vais tirer.

Il est bien trop proche, il lève sa main et me gifle tellement fort que mes oreilles sifflent et le revolver tombe entre nous.

Un bruit derrière moi me ramène à l'instant présent. Eli s'approche. Il sent le savon et s'est changé. Il fume et me tend sa clope.

- Isaac t'attend à l'intérieur, me dit-il.

- Eli, je...

- Dis-nous la vérité, Eva et ça se passera bien.

Je finis la cigarette et je retourne à l'intérieur.

Isaac fume un joint et pour la première fois, il boit aussi. Une bouteille de vodka et un verre sont posés à côté de lui.

- C'est qui Julien ? T'as deux appels manqués, me dit-il.

Je remarque que mon téléphone est dans sa main. Pourquoi Julien m'appelle-t-il ?

- C'est un ami.

- Tu baises avec lui ?

- Non ! m'offusquais-je.

Il me lance mon téléphone que je rattrape au vol.

- Rappelle-le et mets en haut-parleur.

Je vais finir par faire une crise cardiaque... Je fais ce qu'il me dit. Je prie pour que le policier ne réponde pas mais il décroche.

- Salut Eva ! Tu vas bien ?

- Salut Julien. Ça va et toi ?

- Bien aussi. Écoutes, je t'appelle parce que tu m'en dois une pas vrai ? me dit-il d'un air joyeux.

- Mmh...

Les deux frères m'observent intensément. La suite de la discussion sera fatidique pour moi.

- T'es libre demain soir ? Je t'invite à manger.

Je souffle. Je crois que je préfère qu'ils croient qu'on couche ensemble.

- Non, je suis à l'étranger. Désolée Julien mais je te recontacte la semaine prochaine, ok ?

- Oh dommage. Mais ok, on fait comme ça.

- Bonne journée !

- Ah, attends Eva !

Il joue avec mes nerfs...

- Oui ?

- Le type, Rayan, il est incarcéré depuis deux semaines. J'ai pensé que tu aimerais le savoir...

Isaac se redresse. Silencieusement, il me dit de lui demander pourquoi.

- Pourquoi ?

- Agression sexuelle.

Première bonne nouvelle de la journée...

- Ok Julien. Merci. On en parle quand on se voit, je dois vraiment te laisser là.

- Bye, Eva. 

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