Chapitre 30 - EVA


Je sens mes muscles se détendre un peu une fois qu'Eli referme la porte. La pièce qui me servira de chambre est tout aussi jolie que le reste de la maison. Sans perdre de temps, je me dirige vers la salle de bain attenante. J'arrache presque mes vêtements. Je n'ai qu'une seule envie, c'est de me retrouver dans le réconfort de la chaleur de la douche. J'y reste aussi longtemps que ma peau rougie me le permet.

Je ne sais pas très bien ce qu'il va se passer à présent. Isaac m'a dit « qu'on réglerait ça » une fois arrivés. Qu'entendait-il par-là ? Laïla attend surement de mes nouvelles. Pour l'instant, je vais lui dire que tout se passe comme prévu. Je ne veux pas l'inquiéter... mon téléphone reste cependant introuvable. J'ai dû l'oublier en bas ou dans la voiture.

Des bruits sourds venant de l'extérieur m'interpellent. Je m'aventure sur le petit balcon de ma chambre et je découvre Eli et Isaac dans le jardin, avec des gants de boxe. Ça m'a l'air d'être une sorte d'entrainement mais ils y vont plutôt fort. Eli est torse nu et je ne peux m'abstenir de le mater. J'avais déjà remarqué que c'était un homme musclé mais son corps à moitié nu est vraiment impressionnant. Isaac, lui, porte toujours son t-shirt, à présent collé à sa peau à cause de la transpiration. Comme s'il sentait mon regard sur lui, il lève les yeux en ma direction. C'était une erreur de sa part, Eli en profite pour lui envoyer son poing dans les côtes. Isaac est rapide et touche son frère au visage. Je redescends et me dirige vers le jardin. Une fois face à eux, ils s'arrêtent et m'observent tous les deux, haletants à cause de l'effort.

- Vous n'avez pas vu mon téléphone ?

- T'en as pas besoin, me répond Isaac tout en retirant son t-shirt avec lequel il essuie les gouttes de sueur de son front.

- Ma coloc va s'inquiéter, je lu ai dit que...

- J'men tape. Rentre, continue Isaac sur le même ton cassant.

Je ne bouge pas. Il s'avance vers moi et me tire par le bras vers l'intérieur. Je résiste mais pas longtemps, il est bien plus fort que moi et je n'ai pas envie qu'il me fasse mal. Il m'indique le fauteuil. Je m'assieds et lui et son frère font de même, en face de moi. Ils sont toujours torses nus et je recommence à paniquer. J'ai du mal à gérer ma respiration, elle devient complètement chaotique.

- Ok ma belle, on va commencer, me dit Isaac.

Je regarde partout autour de moi afin de trouver une issue ou une arme pour me défendre si besoin mais c'est peine perdue, je pense que je n'aurais même pas la force de me lever.

- Comment tu t'appelles ? me demande Eli.

Je comprends directement où il veut en venir alors je joue la carte de la vérité.

- Je m'appelle Eve. Eve Zidar.

- Pourquoi tu te fais appeler Eva Darzi alors ? continue-t-il, imperturbable.

Je ne sais pas par où commencer et je n'ai aucune envie de me confier sur quelque chose d'aussi personnel dans ces conditions...

- Réponds salope, me presse Isaac.

J'écarquille les yeux face à l'insulte.

- Ça vous concerne pas putain !

Je sursaute quand Isaac frappe violemment la table de son poing si bien que j'ai peur que le verre éclate en mille morceaux. Il se lève et par reflexe, je me protège le visage avec mes bras.

Eli se lève à son tour et vient devant moi. Dans un geste plutôt doux, il abaisse mes bras.

- Regarde-moi. Pourquoi Eva ?

Je me perds dans ses yeux, j'y retrouve cette pointe de nostalgie comme aux premiers jours où je l'ai rencontré. J'ai terriblement peur. Je suis au pied du mur et j'ai bien l'impression que ce n'est que le début de mon « interrogatoire ».

- En 2016, mes parents sont morts. Ils ont été tués en Syrie. Ils étaient grands reporters pour France télévision.

Sa main se pose sur mon genou, dans un geste réconfortant. Je ne me concentre que sur lui et je continue.

- C'était juste avant que j'entre à la fac à Paris. Mon papa s'appelait Hugo Zidar et ma maman Carla Marloni. Tout le monde était au courant de leur mort, ça passait en boucle aux infos et puis ils étaient respectés dans le milieu de la presse. Pour me préserver, j'ai changé un peu mon prénom et mon nom... Je ne voulais pas qu'on s'apitoie sur mon sort à la fac ou qu'on pense que je devais ma réussite au nom que je portais, c'est tout, ça n'a rien à voir avec vous, Eli.

Je vois son visage se décrisper un peu face à mes révélations. J'ai peut-être réussi à me rendre plus « humaine ».

- Je suis désolé pour toi, Eva.

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