Chapitre 26 - EVA


J'attends Julien en bas de chez moi en fumant une cigarette que j'ai prise à Laïla. Elle dort encore. Je ne peux empêcher les souvenirs de m'assaillir...

J'espère que des inconnus ne sont pas occupés à baiser... beurk. Je m'approche de la porte qui n'est pas tout à fait fermée. Elle est posée contre le battant et oscille légèrement au gré du vent. Je pose sans un bruit ma main dessus et je la pousse aussi discrètement que possible. Je ravale un hoquet de dégout devant le spectacle immonde qui se joue devant moi. J'ai l'impression que le sol s'ouvre sous mes pieds. Une fille est allongée sur le lit, elle saigne de la lèvre et semble à moitié consciente. Au-dessus d'elle, se tient un homme. J'ai l'impression que c'est Rayan, le pote de Ben mais je n'en suis pas certaine. Dans un coin de la pièce, la personne que je croyais aimer par-dessus tout, est affalée sur un fauteuil et regarde la scène d'un air lubrique. Ma respiration s'accélère et je ressens le poids d'une tonne qui comprime mes poumons. Je crois que je vais vomir. Les secondes semblent sinistrement s'étirer. Personne ne m'a encore remarquée.

- Pourquoi tu nous as chauffé si tu veux plus ?

C'est bien la voix de Rayan, plus lente que d'habitude.

- Tu vas aller jusqu'au bout maintenant.

Je ne bouge toujours pas, comme pétrifiée. Je repense au premier jour où j'ai connu Ben. Je recule tout doucement, sans un bruit. Je ne sais pas si c'est plus le courage ou la haine qui m'animent mais je sais que je dois agir.

Le bruit de la moto de Julien me ramène à l'instant présent.

- Salut Eva, on monte chez toi ?

- Non, il y a ma coloc qui est là, je préfère qu'on marche si ça ne te dérange pas.

- Vas-y, me répond le policier.

Il me tend une enveloppe blanche.

- Voilà, c'est tout ce que j'ai pu réunir sur Ben De Villez.

- Mon nom apparait dans le dossier ? demandais-je, la voix un peu tremblante.

- Non, me dit Julien en me regardant d'un œil nouveau. Tu connais ce mec ?

- Oui, malheureusement. C'était il y a longtemps... Est-ce que le dossier a aussi été classé « sans suite » ?

Nous savons tous les deux que je fais référence à l'affaire de corruption.

- Ouais... je t'ai noté les noms des collègues qui se sont occupés de cette affaire, me dit Julien en pointant l'enveloppe. Tu verras. Tout est là-dedans. Si j'étais toi, je m'intéresserais aussi à l'avocat qui était sur le dossier.

- Top, merci.

- Il y a quand même un truc qui me travaille...

Je ferme un instant les yeux.

- Ah oui, quoi ?

- Du sang qui a été retrouvé dans une des chambres. C'était ni celui de De Villez ni celui de son pote.

- Ah... dis-je ne sachant pas quoi répondre de plus.

- Tu étais à cette soirée, pas vrai ?

- Oui, j'y étais mais j'ai rien vu Monsieur l'agent, dis-je sur le ton de la plaisanterie.

Julien me regarde avec l'air de celui qui n'a pas envie de plaisanter.

- Et d'ailleurs, rien sur les Farès ?

- Rien de palpitant. Ils se sont fait arrêter quelques fois en étant plus jeunes pour des délits mineurs mais sans plus.

- Ok, merci... je t'en dois une, affirmais-je en cherchant mes clés dans mon sac.

- Deux même, me dit-il en retrouvant son air joyeux de d'habitude.


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