Chapitre 25 - EVA
Je retiens mes larmes tout au long du trajet. J'ai froid et j'en ai marre de ce temps pourri. Je sais que Laïla cherche juste à me protéger et que c'est comme ça qu'on fonctionne toutes les deux mais elle n'aurait pas dû faire référence à mes parents. J'entre dans le bar. Quelques têtes se retournent vers moi et se replongent presque immédiatement dans leur verre. Je cherche des yeux Tabatha et je la trouve au fond, derrière son ordinateur.
- Salut...
- Oh, Eva, qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demande-t-elle en me serrant brièvement dans ses bras.
Je lui explique tout jusqu'à ma dispute avec Laïla qui a eu lieu quelques heures plus tôt. Je n'ai même pas eu le cœur d'aller bosser ce soir. J'ai envoyé un sms à Sasha pour dire que j'étais malade.
- Tu sais dans quoi tu t'engages ? me questionne Tabatha. Laïla te met en garde, c'est tout. Tu es sûrement au courant qu'il y a quelques mois, la tête d'un journaliste a été retrouvée en pleine rue à Amsterdam ?
- Oui bien sûr. Je sais tout ça. Je ne vais rien publier. J'enquête juste.
- Pourquoi tu enquêtes si tu ne comptes rien écrire ?
Je réfléchis quelques instants. Ça a le mérite de me remettre un peu en question.
- Je peux pas m'en empêcher... comme une accro au shopping, dis-je un sourire triste aux lèvres.
- Comme je te comprends, me dit-elle en me prenant la main. Tu dis que tu ne vas rien publier mais ça, eux, ils ne le savent pas. Tu te mets en danger, Eva. Contente toi d'écrire sur leurs hôtels et arrête ton enquête avant d'aller trop loin.
Tabatha partage la même vision du métier de journalisme que moi. J'aimerais lui dire que je suis en réalité sur une autre cible mais quelque chose me retient... Pour l'instant, il vaut mieux que je garde tout ça pour moi...
- Bref, et toi ? Tu avances comme tu veux ?
- Oui, même mieux que prévu. Je dois juste trouver le journal qui va acheter les articles car je ne compte rien publier en mon nom.
- C'est mieux, t'as raison.
Plus tard dans la soirée, je profite de ne pas être au Lux pour commencer à retranscrire ma rencontre avec le deuxième policier. La partie interview est presque terminée. Il me reste l'article et le reportage-photo à réaliser. Je finalise aussi ce que je dois faire pour les Farès. Les photos sont canons et l'article est élogieux.
Mon téléphone sonne. C'est Julien qui me rappelle enfin ! On a joué au chat et à la souris toute la journée sans réussir à s'entendre.
- Salut Eva, c'est Julien.
- Hello, ça va ?
- Ouais ça va. Je viens de finir mon service. Je préfère qu'on se voie pour discuter. Je suis en récup demain et dimanche. T'es dispo quand ?
- Demain, si c'est bon pour toi.
- Ok, on dit 17 heures chez toi ?
- Oui, parfait. T'as des infos sur les deux dossiers ?
- Non, j'ai rien sur les Farès, désolé. À demain Eva.
Je ne peux m'empêcher de pousser un cri de frustration. En même temps, mon téléphone émet une vibration.
Lundi matin, sois prête à 11h.
Pourquoi ?
On va en Sardaigne.
Non.
T'as mieux à faire ?
Oui.
T'as signé un contrat, j'pense pas que tu aies le choix.
Je dois prendre la nuisette ?
Pas de réponse. Je pousse un deuxième cri de frustration et cette fois-ci je balance mon téléphone contre le mur. Quelle journée de merde.
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