Chapitre 16 - EVA
Je suis assise dans un restaurant chic de Londres entourée des frères mais aussi de 3 autres hommes et je peine à suivre la conversation. Je me maudis encore de m'être endormie dans la voiture et d'avoir offert ce spectacle de moi haletante et en plein cauchemar, putain ! Il m'arrive encore de rêver de cette soirée... pas aussi souvent qu'avant mais à chaque fois, je m'en souviens dans les moindres détails alors que je donnerai tout ce que j'ai pour oublier, pour faire comme si rien de tout ça ne s'était passé. À chaque fois que je me replonge dans tout ça, que je pense à Ben, je passe un sale moment. Ça dure plusieurs jours et puis ça passe. Tout finit par passer.
Je bois plus que je ne mange et Eli le remarque puisque quand le serveur en costume propose de me resservir, il décline à ma place.
- C'est bon, me chuchote-t-il.
- Quoi ?
- Qu'est-ce qui t'arrives ?
- Rien je profite de la soirée, dis-je d'un ton provoquant.
- C'est ça...
Je remarque une fois de plus, comme lors de l'interview, que les frères ne boivent pas. Ce repas dure une éternité. J'aurais dû rester à l'hôtel... je n'apprends rien. Ils ne font que parler de la gestion quotidienne des hôtels et d'un vernissage qui doit avoir lieu vendredi. La petite bande d'hommes propose de fêter leur collaboration dans une boîte de nuit. Je pense pouvoir rentrer mais quand je demande aux frères de m'appeler un taxi, Isaac me répond :
- Non, tu viens. Tu prendras des photos.
Bah oui, bien sûr. C'est comme ça qu'ils m'ont présentée aux trois autres hommes... Quelques heures plus tard, je n'ai pris aucune photo mais au moins dix verres. Des femmes nous on rejoint dans l'espace VIP de la boîte. Deux grandes blondes discutent avec Eli en riant trop fort. Une femme brune et une métisse dansent langoureusement, se frottant l'une à l'autre debout sur une table basse. Isaac fume un joint, affalé dans un fauteuil, le regard rivé sur elles. Karim est rentré rejoindre sa femme, un des deux autres hommes flirte avec une autre blonde et le deuxième homme a disparu. Et moi, je bois et je me sens salement allumée. Salement seule aussi.
Si Laïla me voyait comme une statue dans une boîte déjantée de Londres, elle m'aurait dit de danser, j'en suis sure. Alors, je me lève et je me laisse porter par la musique en fermant les yeux. J'ai la tête qui tourne un peu. Je sens une présence près de moi, c'est un de nos voisins d'espace VIP qui me regardait déjà depuis quelques temps. C'est un grand blond aux yeux verts qui me fait penser à Ben. Il me dit des mots que je ne comprends pas à cause de la musique et je ne réponds pas. Je me contente de me coller davantage à son corps chaud. Il semble apprécier. Moi aussi. Je reprends mon verre et je le vide d'un trait en continuant à danser avec ce garçon. Je me sens légère pour une fois, comme si je n'étais pas vraiment ici, pas vraiment moi. Comme si je pouvais à nouveau me faire draguer, laisser un homme me toucher, retomber amoureuse...
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