Chapitre 12 - EVA

Nous sommes enfin arrivés à l'hôtel. Je suis épuisée. Je m'enferme dans ma chambre et pendant que je me fais couler un bain pour soulager mes jambes, j'en profite pour téléphoner à Laïla.

Nous enchainons les banalités. Quand elle me demande comment ça se passe avec les frères, je lui dis qu'Isaac me méprise.

- Vas-y chérie. Va au bout de ta pensée.

- J'en sais rien. Il me regarde mal, il me parle seulement pour me lancer des piques, il a l'air de se méfier de moi et de me détester.

- Comment peut-on te détester ? Tu es si adooooorable, me taquine-t-elle.

- Mais bien sûr ! Et tu sais quoi, tu vas me détester aussi. Je suis occupée à me faire couler un bain, dans un hôtel cinq étoiles avec des produits offerts. Tu vois les kits de voyage dans les hôtels moyenne gamme ? Bah ici, c'est du Givenchy, « chérie ».

Mon amie rit de plus belle. Ça me fait du bien d'entendre sa voix, elle me réconforte.

Je travaille sur mes recherches, allongée sur mon lit quand quelqu'un toque à la porte de ma chambre. Je me lève pour ouvrir découvrant Eli qui me propose de sortir. Je décline. Je suis trop crevée.

Je relève les yeux vers Isaac qui se tient dans le salon de la suite, quelques mètres derrière son frère, quand il nous interrompt :

- On va rester ici aussi alors.

- Tu veux manger quoi ? me demande Eli.

- Heu, n'importe, des sushis c'est bon !

Isaac Farès a disparu et je m'assieds avec son frère dans le salon. Tout est fluide avec lui. Il est à l'écoute, il a toujours l'air intéressé par ce que je raconte. Il est intéressant aussi.

- Tu aimes ta vie ?

- Comment ça ? me demande-t-il un petit sourire interrogateur sur les lèvres.

- Ta vie, ton métier, tout ça ? je réponds en montrant la suite de mes mains.

- Ouais ça passe. J'ai pas le droit de me plaindre... j'ai pas toujours été riche. Mais j'oublie pas qu'aujourd'hui, j'ai tout et demain peut-être qu'il ne restera rien. Et toi ?

- Oui. Plus ou moins.

- C'est quoi les moins ?

- Le manque de soleil à Paris ! J'aimerais vivre dans un pays chaud.

- On est deux alors ! me dit-il en riant, et pourquoi avoir fait des études de journalisme ?

- Pour mes parents.

- Ils doivent être fiers de toi. Tu es courageuse et ambitieuse. Ils sont journalistes aussi ?

- Oui, on peut dire ça, en fait...

On sonne à la porte de la suite. Eli se lève, coupant court à notre conversation et à des révélations que j'aurais regretté d'avoir faites. Qu'est-ce qui me prend ? Un mec me montre un peu d'attention et je lui confie des trucs sur mes parents. Je passe plusieurs fois les mains sur mon visage pour tenter de me reprendre. Isaac et Eli me rejoignent. Nous mangeons à présent dans une sorte de silence malsain. L'ambiance change radicalement quand l'autre est présent. Je n'arrive même pas à comprendre comment il arrive à mâcher un sushi tout en me regardant aussi durement. Un mois à supporter ce comportement ? Impossible. Je vais péter les plombs. Il m'a coupé l'appétit, je me, lève et je retourne dans ma chambre sans un mot. Quand je referme la porte, des éclats de voix se font entendre. Je ne saisis pas les mots échangés mais j'assiste à une dispute entre les deux frères. Une dispute dont je suis certainement la cause et, c'est violent. 

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