Le lendemain matin, j'attends sagement devant chez moi, mon sac de voyage à la main. Il est 9h00 et les frères ne devraient pas tarder à arriver. Vu leur tempérament, je ne pense pas réussir à obtenir des informations sur l'autre cible. J'espère que Laïla arrivera à faire parler Wellington.

Un gros van noir s'arrête devant moi. Un jeune homme descend, prend mon sac et ouvre la portière qui dévoile les Farès. Eli descend de la voiture pour m'aider à y monter et l'autre ne m'accorde même pas un regard, trop occupé avec une tablette.

- Salut Eva, bien dormi ? Me demande Eli.

- Salut... oui bien merci.

Je monte dans la voiture sans laisser paraitre le léger mal-être qui s'empare de moi. L'odeur des deux homme rempli l'habitacle et mis à part au boulot, j'évite les hommes comme la peste. Eli apaise un peu les choses quand il m'explique le programme des prochains jours. Ils vont donc lancer leur nouvelle marque. Une chaine d'hôtels, les trois premiers ouvrent cette semaine à Londres, Cambridge et Bristol. Ce sont des hôtels jeunes et dynamiques où l'on trouve des chambres standards pour des séjours courts mais aussi des logements pour les étudiants en co-living. Le concept a l'air intéressant. Le but de ce voyage est de s'assurer que tout soit nickel avant le lancement. Ils doivent également diner avec certains partenaires. Le voyage s'achèvera par un vernissage.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant un aérodrome et tout va très vite. Nous montons dans un petit avion et décollons. Tout se passe de manière assez fluide et silencieuse, si bien que je finis par m'assoupir.

Quand je me réveille, je vois les deux frères se lever. Nous sommes arrivés.

- Tu ferais mieux de dormir la nuit.

La remarque d'Isaac et son ton acerbe me surprennent. Je ne réagis pas. Je suis encore dans le gaz. Je me dépêche de me lever et de les suivre à l'extérieur. C'est une fine pluie qui m'accueille à Londres et je frissonne. Nous remontons dans un van qui nous amène devant un hôtel près du palais de Buckingham. Je n'ai pas vraiment l'habitude de tout ce luxe et j'essaie de ne pas le montrer. Mais, je ne peux pas me retenir de poser les yeux sur les lustres imposants, sur les colonnes en marbre ou encore sur les fleurs fraîches disposées partout autour de nous. Je surprends le regard d'Isaac sur moi, mais je n'y prête toujours pas attention d'autant plus qu'il me regarde drôlement. Il est certainement rassuré de m'avoir fait signer son contrat de confidentialité de merde alors il se lâche. Il est l'archétype même des clients du Lux... dominant, ambitieux, macho.

Ils ont loué une suite avec trois chambres. Heureusement qu'on peut verrouiller les portes. Ma chambre est somptueuse. Le lit est énorme et orné de draps blancs en soie. La tête de lit est bleu nuit, les murs sont de couleur crème. Mes pieds s'enfoncent de deux centimètres dans la moquette grise. C'est le luxe à l'état pur. La salle de bain est simple avec une robinetterie dorée et du marbre noir. Mais, le plus beau, c'est l'accès de ma chambre à une terrasse surplombant la ville. Magnifique.

- Tu as faim ? m'interrompt Eli pendant que je profite de la vue.

Il se tient juste là, derrière moi. J'aurais dû verrouiller la porte de ma chambre finalement. Je ne pensais pas qu'il se sentirait aussi à l'aise pour y pénétrer... juste comme ça. Je le dévisage et c'est vrai qu'il est beau. Je comprends mieux les « cœurs » de centaines de femmes sous ses photos sur Instagram. Il a le teint doré, ses yeux sont brun clair et son regard est toujours légèrement nostalgique. C'est attendrissant. Il est grand et imposant tout en paraissant doux. Il est prévenant... tout le contraire de l'autre.

- Oui, avouais-je.

- On va manger puis on va visiter le premier hôtel, celui de Londres.

- D'accord, j'arrive.