Guérie

Un jour, peut-être, je serai guérie de cet espoir malsain qui me mine la tête. Je regarderai les yeux des autres sans avoir le vertige tout le temps. Et les mains, et les corps ne m'aiguiseront plus. Je serai plus tenace que le papier mâché. Les voix des autres ne me plisseront plus dessus. Je n'aurai pas tout le temps besoin de penser. J'arracherai les pansements d'un coup et je n'aurai plus mal aux cicatrices partout. Les veines feront des villes partout sur mon corps et, peut-être, je laisserai quelqu'un les inonder de n'importe quoi.

Un jour, peut-être, je serai guérie des avalanches sur mon ventre. Plus rien ne criera à l'intérieur. Les baisers ne me toucheront plus, ça sera un jeu, tout le temps. Je ne m'étourdirai plus sur les mains des autres. J'irai fumer sur des motos, des stations d'essence. J'aurai l'énergie renouvelable, les idées incassables. Je ne perdrai plus le rythme des corps élastiques, ceux qui attachent, ceux qui étranglent. Et j'appuierai doucement sur la gravité des mots, un peu pour qu'ils figent, mais jamais assez pour qu'ils me tombent dessus.

Un jour, en me levant, je saurai faire trembler la lenteur. Je sortirai du lit les trappeurs avec leurs pièges à ours et les perdants avec leur lourdeur qui couvre, qui essouffle. Je serai comme un chantier, jamais pareille. J'inviterai à courir des archéologues, des mineurs pour qu'ils m'arrachent du corps ce qu'ils ont de plus précieux. Et je serai rapide, douée, presque invisible tellement je fermerai les portes vite.

Je serai rapide. Je serai guérie de ce qui me cale et qui m'arrête. Tout sera et restera le même jeu, et j'inviterai les plus lâches à s'amuser.

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