Prologue

Mardi 28 décembre 2021, 17h32.


– Mesdames, mesdames ! Qu'allez-vous faire, maintenant ?

– Madame Fauves, quel effet ça fait d'être enfin libre ?

Posté à l'écart de tout ce remue-ménage, je me marre intérieurement. Les questions plus vides de sens les unes que les autres, de ces journalistes à l'affût d'un vulgaire battement cils, me filent la nausée. On se croirait à un concours de la meilleure imitation de la Statue de la Liberté, tous plantés là, le micro en l'air. Ils voguent autour d'elles comme une nuée de moucherons, espérant obtenir un mot, un regard.

Les caméras filment, les flashs crépitent et les quatre femmes s'en moquent complètement. Elles restent au sommet des marches du centre pénitentiaire de Rouen, victorieuses après y avoir touché le fond. Imperturbables, elles échangent avec leur avocate, leur discussion masquée par les hourras des badauds qui les soutiennent depuis le début. Je souris devant ce tableau et imagine déjà les gros titres de demain.
"Les quatre Fauves", unies comme au premier jour.

– Bast, on tourne ou quoi ?

Manel me sort de ma contemplation. Son inséparable caméra sur l'épaule, elle me cadre en attendant mon signal.

– Tu démarres dans deux minutes, je lui indique. Mais pas sur moi, sur elles.

Je pousse son objectif du bout du doigt jusqu'à ce que Jeannette Fauves et ses trois filles soient dans l'axe avant de sortir du champ :

– Maintenant, observe.

Jeannette Fauves, graciée.
Lorsque l'annonce du président est tombée, il y a quelques heures à peine, la foule s'est soulevée d'une seule voix dans un délire euphorique. Soulagée que justice soit faite sur un crime où la victime n'était pas celle que l'on croyait. Même mon objectivité journalistique en a pris un coup.

Les quatre femmes dévalent enfin les marches d'un même pas, sans donner la moindre miette aux vautours qui s'agitent. Manel commence à tourner et un soupir presque libérateur s'échappe de mes poumons. Aujourd'hui, c'est une page qui se tourne et mon cœur se serre quand je repense à cette affaire qui a changé ma carrière, ma vie et celle de beaucoup d'autres.
Pourtant, je souris, car je sais que si ce chapitre est fini, l'histoire, elle, ne fait que commencer.

La voici.

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