Chapitre 18 : Comme une sieste...
Maggie fût réveillée par des coups frappés à sa porte. Elle se leva d'un bond et demanda qui était l'auteur de ces coups, la tête encore dans le brouillard.
« —C'est Ewen. Tu fais quoi ? On va manger.
—Deux minutes, j'arrive. »
La petite détective passa par la salle de bain pour se refaire une beauté express et sortit dans le salon privé afin de rejoindre son collègue.
« —Me dis pas que tu dormais ? lui demanda Ewen sur un ton qui se voulait réprobateur en commençant à se rendre dans la salle à manger.
—Oui, j'en n'ai pas fait exprès. Ce nouveau boulot m'épuise complètement.
—J'espère pour toi que t'as quand même avancé dans l'enquête ou tu vas découvrir Patron énervé. Et crois-moi, personne ne veut voir Patron énervé.
—J'ai énormément avancé dans l'enquête, plus que tu ne pourrais l'imaginer.
—Raconte.
—Ce n'est ni le moment, ni l'endroit. On pourrait nous entendre et je ne préfère pas.
—T'as raison. J'ai aussi... »
Ewen fût coupé par un cri d'effroi qui venait probablement du deuxième étage. Il remonta donc les marches le plus vite possible avec sa collègue et virent que la porte du bureau de monsieur de Féniel était ouverte. Ils y entrèrent donc avec précaution, essoufflés par leur course dans l'escalier.
Dans la pièce se trouvait Rebecca, sanglotant sur le sol, à côté du bureau. Monsieur de Féniel, avachi sur son siège, semblait dormir. Ewen s'approcha de l'homme, lui saisit le poignet et fit un signe négatif de la tête à l'attention de sa collègue.
« —Appelle les secours, je vais essayer de lui faire un massage. Et fait sortir Rebecca d'ici s'il te plaît. »
Maggie s'exécuta. Elle sortit l'employée de maison en lui offrant son corps comme appui, referma la porte et appela une ambulance. Petit à petit les personnes présentes dans le château débarquèrent et s'agglutinèrent autour de Rebecca.
« —Laissez-lui de l'air ! s'agaça Maggie. »
Béthanie, qui venait d'arriver, vint à la rescousse de sa collègue en dispersant la famille, leur demandant de les attendre dans la salle à manger avec Djamila qui venait également d'arriver.
« —Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Béthanie.
—C'est monsieur de Féniel... commença Rebecca avant de se remettre à sangloter de plus belle.
—Son cœur ne bat plus, acheva Maggie. »
Béthanie entra en trombe dans le bureau. Elle en ressortit quelques minutes plus tard.
« —Reste-là avec Rebecca, je vais prendre le relais d'Ewen. Surtout, empêche quiconque d'entrer. T'as appelé une ambulance ?
—Oui, ils arrivent. »
Béthanie entra de nouveau dans le bureau. Patron arriva à l'étage.
« —Que se passe-t-il encore ?
—Ewen et Béthanie font un massage cardiaque à monsieur de Féniel, expliqua Maggie une fois de plus, son cœur ne battait plus. »
Patron s'agenouilla près des deux femmes et saisit Rebecca par les épaules.
« —Comment l'avez-vous découvert ?
—J'étais... Je suis venue lui proposer de venir manger... Et... Il ne répondait pas... Alors... Je suis rentrée... Je ne le fais jamais... Mais j'ai senti... Enfin j'ai eu l'intuition... Je vous jure que je n'y suis pour rien... »
Patron se releva et entra dans la pièce en intimant l'ordre à Maggie de rester là. La jeune femme attendit donc devant la porte, à côté de Rebecca, ne sachant que faire pour tenter de la calmer. Les interactions sociales n'étaient pas son point fort. Au bout d'un temps qui parut interminable à la détective, un médecin urgentiste et deux ambulanciers arrivèrent, guidés par Sara.
« —Ils sont dans cette pièce ? demanda le médecin en jetant un regard sur les deux femmes assises sur le sol et adossées au mur.
—Oui, leur répondit Sara en les introduisant dans le bureau. »
Maggie se releva, aida Rebecca à faire de même, puis la confia à Sara qui l'emporta avec elle. Elle ne savait pas s'il fallait qu'elle entre dans le bureau ou pas, alors elle commença à faire les cents pas devant la porte.
Ewen et Béthanie sortirent du bureau quelques petites minutes plus tard, stoppant la marche de Maggie.
« —Alors ? demanda-t-elle.
—On ne peut plus rien pour lui, lui répondit Béthanie. Il est mort depuis un moment. Ils vont l'envoyer à François Rieur pour qu'il fasse son autopsie mais il a probablement succombé à une crise cardiaque.
—Les pauvres, ils ont perdu deux membres de leur famille en à peine trois jours.
—Oui, et Patron nous a demandé de l'annoncer aux personnes présentes. »
Maggie ne répondit rien et se contenta de suivre Béthanie et Ewen qui se rendirent dans la salle à manger. Quand ils furent entrés dans la pièce, c'est Béthanie qui prit la parole, au grand soulagement de ses deux collègues :
« —Je suis désolée de devoir vous apprendre cela, mais monsieur de Féniel n'est plus des nôtres. Au premier abord, il aurait succombé à une crise cardiaque. Son corps va être autopsié. Nous vous tiendrons au courant dès que possible. Vous avez toutes nos sincères condoléances. »
Rebecca se remit à pleurer, Sara versa elle aussi une petite larme qu'elle s'empressa d'essuyer. Judith fondit en larmes mais silencieusement, contrairement à Ségolène qui pleurait très bruyamment dans les bras de son mari. Bénédicte se cacha dans ses mains pour pleurer, son mari à ses côtés qui retenait visiblement ses larmes. Enfin, Joshua et Émilien posèrent leur main sur l'épaule de l'autre en serrant les lèvres et baissant la tête.
Béthanie, Ewen et Maggie sortirent de la pièce, suivis de Djamila.
« —Où est madame de Féniel ? demanda Maggie. A-t-elle été prévenue ?
—Je ne sais pas, lui répondit Béthanie, il faut qu'on aille la voir.
—Euh... En fait il y a un problème... lança Maggie honteusement.
—Quel problème ? lui demanda Béthanie avec méfiance.
—J'ai vu madame de Féniel ce matin pour lui poser des questions à propos de Judith, et pour lui expliquer ce qu'il en était de la situation...
—Et ?
—Elle s'est énervée et ne veut plus entendre parler de nous.
—Bien joué Maggie. Comment on fait maintenant si on a quelque chose à lui demander ? Et il ne manquerait plus qu'elle ne veuille plus de nous ici. Dans ce cas, on pourra dire adieu à l'enquête.
—Je ne savais pas qu'elle réagirait comme ça...
—Peu importe, il faut quand même qu'on aille la voir pour lui annoncer que son mari est...
—Ah vous voilà ! lança sévèrement un homme au bout du couloir. »
Patron se dirigea vers la petite équipe.
« —Ce n'est pas la peine d'aller voir madame de Féniel pour le lui annoncer, je viens de le faire. Elle accepte que vous restiez ici durant toute la durée de l'enquête mais elle refuse qu'on vienne la déranger. Nous avons perdu un témoin primordial et aucun d'entre vous n'a pensé à lui poser les bonnes questions. Maintenant, nous allons devoir faire sans elle. Je ne vous félicite pas.
—C'est de ma faute, avoua Maggie pleine de honte.
—Je sais, elle m'a expliqué la petite conversation que vous avez eues toutes les deux. J'espère pour toi que tu as appris de ton erreur.
—Oui. »
Il tourna les talons et laissa le petit groupe là où il les avait trouvés. Les quatre détectives avaient l'air d'enfants qui viennent de se faire gronder.
« —On va manger ? demanda finalement Ewen.
—Ça t'arrive de penser à autre chose qu'à ton estomac ? lui renvoya Béthanie. Sinon oui, on y va. »
Ils firent demi-tour et retournèrent dans la salle à manger. Ils s'assirent là où la table était dressée et où il n'y avait encore personne, et ils attendirent que le repas soit servi. Le déjeuner se déroula en silence, avec seuls les pleurs qui venaient le troubler.
Quand tout le monde eut fini de manger, Sara débarrassa la table. Maggie l'interpella au moment où elle prenait son assiette :
« —Au fait, pourquoi Rebecca est-elle là aujourd'hui ? C'est son jour de congé normalement.
—Elle est quand même venue me donner un coup de main. Avec toute l'agitation qui règne au château et vous qui débarquez, je suis un peu débordée alors Rebecca s'est gentiment proposée de venir m'aider. Mais je viens de la renvoyer chez elle, elle n'est pas en état de continuer à travailler, elle a besoin de repos. C'est l'ironie du sort. »
Et Sara s'éloigna après avoir emporté l'assiette de la jeune détective.
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