Chapitre 17 : Nouvelle confrontation avec la matriarche

Maggie réfléchit encore quelques minutes lorsqu'on frappa à la porte de sa chambre. Elle alla ouvrir et, à sa grande surprise, se retrouva nez à nez avec Djamila.

« —Oui ?

—Il paraît que tu avances bien dans l'enquête. Alors Patron m'a demandé de t'apporter ça. »

Djamila tendit un dossier à sa collègue qui le saisit.

« —C'est tout ce que j'ai trouvé d'intéressant pour l'instant. »

Et elle s'en alla. Mystérieuse.

Maggie referma la porte de sa chambre et s'assit de nouveau derrière son bureau. Elle ouvrit le dossier et le feuilleta rapidement une première fois, puis un peu plus attentivement une seconde fois. Il s'agissait du contrat de mariage entre Judith et Christophe.

Ils s'étaient mariés en août deux ans et demi auparavant. Il était indiqué qu'il y avait séparation des biens acquis avant, mais également après le mariage. Maggie posa le dossier avec ses feuilles. Il lui fallait maintenant savoir dans quelles conditions ce dossier avait été signé. Elle décida donc de se rendre dans le bureau du chef de famille pour lui poser quelques questions.

Elle frappa à la porte du bureau mais n'obtint aucune réponse. Elle annonça alors qui elle était, suffisamment fort pour qu'il puisse l'entendre à travers l'épaisse porte, mais elle ne reçut toujours aucune réponse de la part du vieil homme. La jeune femme ne décida pourtant pas d'ouvrir la porte elle-même comme elle l'avait déjà fait la veille, mais de se diriger plutôt vers sa femme pour tenter d'avoir des explications à ce contrat de mariage.

Cette fois, lorsqu'elle frappa à la porte de la chambre de madame de Féniel, la maîtresse de maison lui répondit qu'elle pouvait entrer.

« —Bonjour Odile, commença Maggie en serrant la main de la vieille femme.

—Bonjour. Excusez-moi mais j'ai oublié votre nom.

—Maggie. Maggie Annisterre.

—Que me voulez-vous encore Maggie ?

—J'aimerais vous poser des questions concernant votre fils et votre belle-fille.

—Je suis étonnée qu'aucun de vous quatre ne soyez venus m'interroger plus tôt à ce sujet. Votre patron n'était pas très content non plus de votre lenteur.

—Il est venu vous parler ?

—Naturellement. »

Odile de Féniel avait un visage légèrement plus serein que la veille. Elle paraissait également plus apte à communiquer.

« —Donc, reprit Maggie, que pouvez-vous me dire à propos de votre belle-fille ?

—Pas de bien, mais je pense que vous vous en doutez.

—Oui, j'ai déjà eu quelques témoignages à son propos.

—Judith est une fille peu recommandable, nous nous en sommes rendus compte très tôt.

—C'est-à-dire ?

—Laissez-moi le temps de vous expliquer, ne me pressez pas.

—Oui, excusez-moi.

—Donc je disais que Judith est loin d'être la belle-fille idéale. Nous avons tous commencé à nous méfier d'elle dès le début. Elle a mis fin au magnifique couple que formaient Christophe et Marina. Ils étaient mariés, heureux, ils parlaient de fonder une famille petit à petit, mais un jour cette maudite femme débarque et détruit tout ce qu'ils avaient construit. Je ne sais pas si on vous a raconté comment ils se sont rencontrés ?

—J'ai eu quelques informations mais plus j'aurais obtenu de témoignages, mieux ce sera.

—Christophe l'a retrouvée complètement ivre dans un bar dans lequel il avait ses habitudes avec ses amis. Il l'avait déjà remarquée quelques jours plus tôt et lui a donc proposé de la ramener chez elle en voiture. Elle a accepté et il lui a laissé son numéro pour prendre de ses nouvelles. Ils ont donc communiqué par messages pendant un moment puis, pour le remercier, elle l'invite au restaurant. Elle lui raconte donc une histoire bien tragique sur un compagnon qui la frappait et dont elle a enfin réussi à échapper, vous y croyez ou vous n'y croyez pas. En tout cas, elle a réussi à envoûter mon fils, un imbécile qui n'arrive plus à raisonner avec son cerveau lorsqu'il croise le chemin d'une jolie fille. Le temps passe et il divorce d'avec Marina pour sa petite protégée. Et ils n'ont pas traîné à se remarier.

—Elle n'a jamais réussi à vous faire changer d'avis quant à elle ?

—Absolument pas. Seules Alice et Victorine ce sont faites avoir par cette Judith. Elles sont beaucoup trop gentilles, leur monde est trop rose. »

Lorsqu'Odile a prononcé le nom de sa fille décédée, son visage ridé s'est légèrement crispé.

« —La ressemblance entre votre fille et Judith est assez frappante, fit Maggie avec un air qui se voulait le plus détaché possible.

—Oui. Mais Judith est fausse. À commencer par sa plastique. Il n'y a rien de vrai. C'est une pâle copie de Victorine, bien que ça ne soit pas volontaire.

—Vous l'avez tout de même acceptée ici.

—Si nous ne l'avions pas fait, mon mari et moi, Christophe serait parti habiter dans sa propre maison puisqu'il en a les moyens, mais dans ce cas, comment ferions-nous pour la surveiller ? »

Maggie réfléchit un instant. C'était glauque mais ça se tenait.

« —Vous auriez autre chose à ajouter ? demanda la détective.

—Soupçonnez-vous Judith d'avoir assassiné ma magnifique fille ?

—Non, au contraire, je pense qu'il y a eu une erreur et que la personne qui a tué Victorine voulait en réalité tuer Judith.

—Vous ne parlez pas sérieusement mademoiselle Annisterre ? »

Soudain, Odile avait pris un ton très sévère et une mine grave. Elle s'était redressée et avait cessé d'appeler Maggie par son prénom. Ceci signifiait qu'elle n'avait pas aimé du tout la remarque de la jeune détective et que cette dernière allait devoir être extrêmement prudente dans ses paroles si elle voulait s'en sortir le mieux possible.

« —Je suis très sérieuse madame de Féniel. Judith bénéficie en ce moment-même d'une protection rapprochée pour être sûrs que le tueur ne passe pas à l'action une seconde fois.

—Donc vous vous êtes laissés berner par cette femme. Je suis déçue de vous. Sortez de ma chambre et ne revenez pas tant que vous garderez cette idée-là en tête. »

Maggie s'apprêtait à sortir de la chambre mais Odile de Féniel la rappela finalement :

« —Et il en est de même pour votre Patron. Il sait parler mais je n'aime ni ses méthodes, ni sa façon d'être. Il m'a tiré les vers du nez une fois, mais je ne me laisserai pas faire une seconde fois. Hier j'étais faible et encore beaucoup trop accablée par la mort de ma fille pour me défendre, mais à partir d'aujourd'hui, croyez-moi qu'il n'en sera plus ainsi. Maintenant allez importuner quelqu'un d'autre avez vos pseudos théories de détectives en herbe. »

Maggie claqua la porte de la chambre en sortant et s'y appuya. Une personne de plus venait de remettre en doute ses capacités à enquêter. Après tout, qui était-elle ? Une pauvre vendeuse licenciée du jour au lendemain, mais certainement pas une grande détective. Elle faisait une confiance aveugle en un homme dont elle ne connaissait rien, pas même le prénom. Patron pense que Judith est menacée mais il a peut-être tort. Maggie ne savait plus quoi penser, une nouvelle fois ses pensées fusaient à toute vitesse. Il fallait qu'elle note tout ce qu'il venait de se passer, et au plus vite.

Par chance, elle ne croisa personne jusqu'à sa chambre. Une fois assise derrière son bureau, elle nota convulsivement sur ses feuilles blanches tout ce qu'elle avait en tête, toutes ses pensées. Quand ce fût chose faite, elle alla s'allonger dans son lit et s'assoupit, elle était épuisée.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top