Chapitre 1 : Détective Maggie

Le réveil sonne, il est 6h. Pourtant, au lieu de se lever, Maggie l'éteint et se recouche. Elle ne va pas au travail, elle s'est faite licenciée la veille. La boutique dans laquelle elle travaillait a fermé. Plus personne ne se marie. Les belles robes de princesse ne font plus rêver personne. Le monde nuptial fait faillite.

Ce n'est qu'à 9h25 que la jeune femme se lève de son lit. Elle ne déjeune pas et va directement prendre sa douche. Elle ne se maquille pas et enfile un jogging. Elle n'a pas le moral. Son métier qui la passionnait tant, elle ne l'exercera plus. Qui voudra d'elle maintenant ? Elle n'a jamais eu de diplôme officiel dans la vente ou la couture. Elle a été embauchée au culot, mais surtout à la confiance. En ces temps de crise, qui voudra à présent lui faire confiance ?

Maggie ouvre son ordinateur, va sur internet et s'inscrit sur Pôle Emploi. Elle commence à traquer les petites annonces. Malheureusement, rien d'intéressant. Maggie aurait dû continuer ses études, ou tenter de passer le concours pour entrer dans la police. Ça lui aurait beaucoup plu d'être flic.

C'est justement en repensant à ce concours qu'elle se souvint avoir gardé le papier que lui avait envoyé Patron pour entrer dans l'équipe de détectives privés. Et si ? Non... Elle n'est pas faite pour ça. Ou peut-être que si... Après tout, ça ne coûte rien d'essayer. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard...

La jeune femme ouvrit alors le tiroir de sa table de chevet et se saisit d'une enveloppe qui se trouvait à l'intérieur. Elle sortit la feuille qui y reposait depuis plusieurs mois déjà et la lu.

Bonjour mademoiselle Annisterre, nous serions ravis de vous compter parmi nous dans l'équipe. Pour cela, venez avec cette lettre à l'adresse suivante : 17 rue du Général de Gaulle, Jouville. Présentez cette dernière à l'accueil, ainsi qu'une pièce d'identité pour pouvoir accéder à nos bureaux. Cordialement, Morgane Liet, secrétaire à l'agence de détectives privés de Jouville.

Maggie connaissait Jouville puisque c'était la ville où elle vivait et y travaillait avant d'être licenciée. Elle alla donc se changer et se maquiller un peu, puis, elle enfila une veste et sortit de son petit appartement. Elle appuya sur le bouton de l'ascenseur, mais il ne vint pas, il était à nouveau en panne. Maggie dut alors prendre les escaliers. Elle vit sous les combles, au 5ème étage de l'immeuble.

Une fois dehors, la jeune femme se rendit à l'agence de détectives privés à pieds. C'était un petit bâtiment d'un certain âge, mais très bien entretenu. Maggie appuya sur l'interphone.

« —Oui ? demanda une voix d'homme.

—C'est Maggie Annisterre, je viens rencontrer Patron, j'ai une lettre. »

Il y eut un déclic et la jeune femme pût ouvrir la porte. Elle se retrouva dans un très grand hall, avec des fauteuils, de la lecture et, au bout du hall, un bureau d'accueil qui permettait d'accéder à d'autres pièces et à l'ascenseur. Maggie se dirigea vers ce bureau.

« —Mademoiselle Annisterre ? demanda un homme d'une trentaine d'années.

—C'est ça.

—Puis-je voir votre convocation s'il vous plaît ? »

Maggie sortit de la poche de sa veste son enveloppe et la donna à l'homme qui l'ouvrit et lu la feuille qu'elle contenait. Une fois la lecture finie et la pièce d'identité vérifiée, il se mit à sourire.

« —Enchanté Maggie, ça faisait un moment que l'on vous attendait ! Je suis Kenny, celui qui est chargé de surveiller toutes les entrées et sorties la journée en semaine. Je vais vous demander de vous rendre au 1er étage de l'immeuble, la porte au fond du couloir, à gauche. »

Maggie remercia Kenny qui lui ouvrit une porte en plexiglas. La jeune femme passa la porte et se dirigea vers l'ascenseur.

« —Je suis désolé mais vous allez devoir prendre les escaliers, l'ascenseur est en panne depuis ce matin, fit Kenny sans se retourner. »

Maggie poussa un soupir puis emprunta la porte juste à côté de l'ascenseur, celle qui mène aux escaliers à en croire le petit panneau qui y était accroché. Elle arriva au premier étage et se rendit au dernier bureau du couloir, à gauche. Elle frappa à la porte.

« —Entrez ! prononça une voix que Maggie connaissait. »

La jeune femme ouvrit la porte et vit Patron, assis derrière un grand bureau. Il n'avait pas changé, toujours le même homme énigmatique et avec une aura de puissance. Il eut un petit sourire quand il vit apparaître Maggie devant sa porte. Elle entra alors dans le bureau et s'assit en face de lui après en avoir reçu l'ordre.

« —Je ne t'attendais plus Maggie ! commença-t-il.

—Je suis désolée, mais...

—Aucune importance, la coupa ce dernier. Maintenant que tu es là, j'espère au moins que c'est pour une bonne nouvelle.

—Sûrement.

—Ah ? lança-t-il feignant l'indifférence alors qu'il savait pertinemment quelle était la raison de la venue de Maggie ici.

—S'il n'est pas trop tard, j'aimerais faire partie de l'équipe de détectives.

—Il n'est jamais trop tard. »

Maggie se mit à sourire. Un sourire de soulagement. Un sourire de joie et d'excitation.

« —La boutique a fermé c'est ça ?

—Oui, comment le savez-vous ?

—Je sais tout. Mais ne nous attardons pas sur ce sujet. J'ai gardé pour toi quelques papiers que tu auras juste à signer et tu feras partie de notre équipe. »

Patron attrapa le téléphone qui était posé sur son bureau puis appuya sur deux touches.

« —Apporte-moi le dossier Annisterre s'il te plaît. »

Patron raccrocha le téléphone et attendit tout en dévisageant la jeune femme qui était assise devant lui. Puis, on frappa à la porte et la personne entra sans attendre l'autorisation de Patron.

Apparut alors une jeune femme d'une trentaine d'années, avec des cheveux châtains attachés en queue-de-cheval. Elle portait de grosses lunettes noires Ray-Ban posées devant de beaux yeux noisette. Elle était vêtue d'un jean très serré, avec un chemisier blanc parfaitement ceintré. Elle tenait à la main un dossier rouge avec le nom de Maggie inscrit dessus. Elle donna ce dossier à Patron.

« —Je te présente ma secrétaire Morgane Liet, dit Patron en désignant la femme.

—Enchantée, répondit Morgane en serrant la main de Maggie. Vous devez donc être Mademoiselle Annisterre dont on a tant entendu parler !

—Euh, oui, c'est bien moi.

—Nous pensions que vous ne viendriez jamais.

—C'est...

—Morgane, l'interrompit Patron, retourne à ton poste s'il te plaît. »

Morgane quitta docilement le bureau en refermant la porte derrière elle. Patron ouvrit le dossier et en sortit plusieurs feuilles qu'il tendit à Maggie.

« —Il me faudrait une signature sur la dernière feuille ainsi que tes initiales sur chacune d'entre elles. Tu désires les lire avant ?

—Oui je veux bien. »

Maggie se saisit du paquet de feuilles, les survola rapidement et parapha chaque feuille une par une. Puis, elle rendit le paquet à Patron.

« —Bienvenue parmi nous ! fit ce dernier avec un sourire. Tu souhaites commencer quand ?

—Dès que possible.

—Et bien suis-moi. »

Patron se leva, sortit du bureau et se dirigea vers la plus grande porte du couloir, la seule qui se situait du côté droit. Derrière la porte, il y avait du brouhaha. Il ouvrit la porte et entra. Tout le monde à l'intérieur se tût.

« —Je vous demande à tous un peu d'attention s'il vous plaît, commença Patron d'un ton faussement sévère. Je vous présente votre nouvelle collègue, Maggie Annisterre. »

La pièce était très grande. Elle était divisée en 5 parties par des demi-murs. C'était un open-space. Dans la première partie à gauche, il y avait des armoires qui débordaient de dossiers et des piles de documents qui n'avaient pas l'air d'avoir été ouverts depuis un certain temps. Dans la partie juste à côté, il y avait 4 bureaux, dont un vide. Maggie reconnut à l'un des bureaux, Ewen, le beau garçon qu'elle avait rencontré à l'anniversaire d'Aurélie, quelques mois avant. Sur les autres bureaux, il y avait deux femmes qu'elle n'avait jamais vues. Dans la partie juste en face de la porte, il y avait une photocopieuse, un scanner, trois ordinateurs plus performants que tous les autres, et d'autres machines que Maggie ne reconnut pas. Dans la première partie à droite, il y avait le bureau de Morgane Liet, l'assistante de Patron, entouré de piles de dossiers. Dans la dernière partie, il y avait 4 bureaux vides. Au centre de la pièce, il y avait des canapés installés autour d'une table basse. Sur cette table, il y avait des gobelets en plastique vides et des magazines. Sur les côtés il y avait aussi un distributeur de boissons chaudes et un petit réfrigérateur.

Patron se dirigea vers la partie où se trouvaient les bureaux occupés par Ewen et les deux autres femmes.

« —Je ne te présente pas Ewen, fit Patron. »

Ewen et Maggie se sourirent. Ils peinaient à cacher leur joie de se retrouver.

« —Voici Béthanie, c'est aussi une détective privée. Elle fait partie de l'équipe depuis le début. C'est ma toute première recrue. »

Béthanie serra la main de Maggie. C'était une jeune femme de grande taille, très musclée. Elle était toute aussi souriante. Elle avait un carré plongeant. Ses cheveux teints en bordeaux lui tombaient sur de grands yeux gris. Débardeur, jean et baskets, un style sobre et passe-partout.

« —Et là, c'est Djamila. Elle est aussi détective privée. Elle est arrivée quasiment en même temps qu'Ewen il y a environ 1 an. »

Djamila serra à son tour la main de Maggie, beaucoup plus formellement que l'avait fait Béthanie. C'était une belle maghrébine qui avait elle aussi un carré plongeant. Ses cheveux méditerranéens étaient noirs et bouclés. Ses yeux étaient eux aussi très noirs. Elle était très féminine, autant dans sa façon de s'habiller que dans son maquillage finement travaillé.

« —Ton bureau est celui qui est vide, à côté de Djamila, l'informa Patron. Je vais vous laisser, j'ai du travail. Et vous aussi d'ailleurs. Pour le fonctionnement, ton emploi du temps et tout le reste, demande à tes collègues, ils seront ravis de papoter avec toi pour éviter le travail. »

Patron quitta la pièce après avoir jeté un dernier regard furieux à ses trois employés. Maggie s'assit derrière son bureau. Tous se mirent à la regarder sans dire un mot.

« —Bon, je vais t'expliquer le travail que tu auras à faire quand tu ne seras pas en mission, commença Béthanie toujours avec le sourire. »

Béthanie se leva de sa chaise à roulettes et se dirigea vers le bureau de Maggie.

« —Alors ici, continua la jeune femme en montrant une pile petite de papiers, c'est le travail que tu auras à effectuer. Ce sont des dossiers d'archives d'enquêtes qui n'ont pas été résolues. Des cold-case. Ils atterrissent ici. Tu vas devoir te pencher dessus dans l'espoir de ne pas les laisser sans fin éternellement. Je t'avoue que ce n'est pas le travail le plus excitant du monde, mais heureusement, ce n'est pas ce qui nous prend le plus de temps. »

Béthanie fit une pause et s'assura que sa nouvelle collègue suivait bien ses explications.

« —Tu es également libre d'aller sur les lieux qui t'intéressent, à condition de prévenir Morgane avant. Tu peux aussi essayer de recontacter les gens qui sont concernés. Morgane et Djamila peuvent t'aider à les rechercher. »

Elle se tût et allait se rassoir, mais elle ajouta :

« —Ah ! J'allais oublier ! Pour ce qui est des horaires ordinaires, nous commençons à 9h. Tu as une pause repas à partir de 12h et tu peux quitter le bureau à partir de 17h30. Nous ne sommes pas censés travailler le weekend en temps normal. Après, il y a les périodes dites « d'enquête active ». En fait, il s'agit des moments où nous sommes appelés à enquêter sur une affaire qui est en cours. Dans ces moments-là tu dois être opérationnelle 24h sur 24 en semaine comme en weekend. Et le mieux avec des affaires de ce genre, c'est la prime de réussite à la fin. Des questions ?

—Il y a d'autres personnes qui travaillent ici ?

—Oui, il y a de nombreuses personnes qui travaillent indirectement avec nous. Tu dois connaître le lieutenant Ludivine Messant ?

—Oui, je l'ai déjà croisée.

—C'est elle qui fait la liaison entre le commissariat et les bureaux. Avec Morgane, évidemment. Quand ils ont besoin de venir ici, ils s'installent dans les bureaux vides en face. Ils viennent généralement 2 à 3 fois par mois pour faire le point sur la situation. Kenny est chargé de la sécurité en journée et Sandrine la nuit. Il y a aussi Raphaël Potéo qui travaille avec nous via le journal local. Mais ça j'imagine que tu le sais déjà (Maggie acquiesça). »

La jeune femme s'arrêta de parler, elle se mit à fixer la nouvelle recrue.

« —Bon, je vais te laisser, j'ai du travail. »

Elle se réinstalla derrière son bureau et se remit à travailler. Maggie l'imita. Elle commença à survoler des dossiers et se mit à trier ceux qui semblaient plus intéressants que les autres en affinant son choix au fur et à mesure.

Au bout de quelques heures de travail, Maggie fut tirée de sa énième lecture de dossiers par Ewen.

« —C'est l'heure d'aller manger, annonça le jeune homme en soupirant. Enfin ! »

Tout le monde se leva de son bureau. Ils descendirent au rez-de-chaussée et entrèrent dans une pièce avec une grande table, un réfrigérateur, un micro-ondes et une grande armoire.

« —Donc ici, c'est la cantine, le lieu préféré d'Ewen, souffla Béthanie à Maggie. Il faut que tu apportes ta bouffe. Ou alors tu peux aller chercher quelque chose à la boulangerie d'en face. »

Maggie acquiesça et sortit de la cantine pour aller chercher un sandwich à la boulangerie en question. Elle ne revint pas manger avec les autres, mais elle s'assit sur un banc et contempla la rivière qui séparait Jouville en deux parties. Elle regarda l'heure sur son portable et s'aperçût qu'elle avait oublié de demander l'heure à laquelle elle devait revenir travailler.

Elle oublia ce détail car elle avait reçu un texto. C'était Alex, son ex. Ils ne s'étaient pas reparlés depuis novembre. Il voulait la revoir. Elle ne répondit pas. Qu'il poireaute un peu, ça lui fera les pieds.

Une fois son sandwich avalé, Maggie retourna aux bureaux. Kenny lui ouvrit aussitôt la porte d'entrée ainsi que celle de l'accueil.

« —Tu es en avance Maggie ! fit ce dernier. Il n'est que 12h36 et tu reprends à 13h.

—Je n'étais pas au courant.

—Les horaires sont affichés à côté de mon bureau (Kenny désigna une fiche accrochée au mur). Au fait ! Je dois te donner ton badge.

—Quel badge ?

—Celui qui te permettra d'entrer dans l'immeuble sans avoir à utiliser l'interphone. »

Il tendit une petite carte à la jeune détective.

« —Tu l'insères dans la fente qui est sous l'interphone et tu peux entrer. Il ne faut surtout pas que tu la perdes !

—T'inquiète pas pour ça. »

Maggie fit un léger sourire accompagné d'un clin d'œil au réceptionniste, puis elle monta dans son bureau. Elle se remit à travailler. Elle était tellement plongée dans ses dossiers qu'elle n'entendit pas ses collègues revenir.

« —Ben t'es déjà là toi ? lui demanda Béthanie qui entrait dans la partie du bureau qui leur était destinée.

—Euh, oui, je suis revenue un peu avant pour prendre de l'avance sur mon travail.

—N'essaie pas de faire du zèle, c'est comme ça qu'on fait des erreurs. »

Maggie eut pour toute réponse un sourire forcé.

La journée passa rapidement. Il était déjà l'heure de partir. Maggie rentra alors chez elle. Elle monta les escaliers jusqu'au 5ème étage de son appartement, mangea un yaourt, alla se mettre en pyjama et se coucha.

Allongée dans son lit, elle prit soudain conscience de la journée qui venait de se dérouler. Il y a tout juste un mois, sa patronne lui apprenait que la boutique était dangereusement en train de couler. Hier matin, l'inévitable s'était produit : la boutique a fermé, Maggie a été renvoyée. Pendant tout ce dernier mois qui venait de s'écouler, elle n'avait osé y croire. Elle n'avait pas non plus cherché de nouveau travail. Fataliste, elle s'était dit que sans formation, personne ne voudrait d'elle. Ce matin, une vague idée lui avait traversé l'esprit. Ce soir, Maggie est devenue détective privée. Et demain, elle sera de nouveau confrontée à un meurtre.

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