16 avril { Juliane }
Je suis tombée comme une masse hier soir, mais j'ai fait un cauchemar et je n'ai pas pu me rendormir après.
Je rentrais des courses et Malone était là dans sa chambre avec son petit sac à dos rouge et jaune. Il observait la nouvelle peinture des murs. Quand je me suis avancée dans la pièce, il a tourné la tête vers moi et il m'a dit : "C'est très joli comme ça maman. Pourquoi tu ne l'as pas fait plus tôt ?". Je ne lui ai pas répondu. J'ai posé le sac de courses sur le sol et me suis aperçue qu'il ne contenait que des rouges à lèvres rouges. Pleins de rouges à lèvres. Peut-être une centaine. Malone a regardé le sac et m'a demandé : " Pourquoi tu n'avais pas mis de rouge à lèvres ce jour-là ?". La peinture rouge des murs s'est soudainement mise à ruisseler. C'était comme une pluie rouge qui faisait des taches partout. Il pleuvait rouge de plus en plus fort. J'ai pris Malone dans mes bras et la pluie de peinture rouge s'est arrêtée. Mon fils ne bougeait plus et c'était comme une impression de déjà vu. Je l'ai écarté doucement de moi. La peinture avait disparu, mais lui il était couvert de taches rouges. De sang. Il était couvert de sang. Sa jambe formait un angle improbable et ses yeux étaient fermés. J'étais en train de suffoquer. Tout est devenu noir. Une voix d'homme lointaine me disais : " Madame, vous allez bien ? J'ai prévenu les secours, ils vont arriver". Malone a subitement ouvert les yeux et il m'a dit : " Tu as mis le rouge à lèvres rouge. C'est le plus beau, maman ! Mais tu aurais dû me faire un bisous avant, maintenant je vais avoir une marque !".
C'est à ce moment que je me suis réveillée. Complètement paniquée. Je me suis levée. En passant devant la chambre de Malone, j'ai était prise de vertiges et l'odeur de peinture fraîche m'a donné envie de vomir. Il était 3h26 du matin. Je me suis faite un thé et j'ai allumé la télévision.
Je ne sais pas exactement pourquoi je relate ce cauchemar dans ce journal. Il m'a terrifié. Même plusieurs heures après, j'y pense encore et la nausée refait surface. Vraisemblablement, l'envie de vomir n'est pas tout à fait partie. Le café du matin a un drôle de goût et les brioches industrielles ont comme perdu leur saveur et leur délicatesse.
Le malaise continue encore. L'odeur de peinture émanant de la chambre de Malone me fait tourner la tête. J'ai besoin de sortir, mais le simple fait de sortir sans but précis m'angoisse. Je décide de me rendre chez le Dr. Arslow pour voir si je peux avoir une séance aujourd'hui même si ce n'était pas prévu.
Manque de chance, son cabinet est fermé. Je me retrouve donc à marcher le plus vite possible sur les trottoirs du centre-ville pour rejoindre ma voiture garée un peu plus loin. Je ne me suis jamais sentie aussi perdue. Pourtant, lorsque je suis allée au magasin la veille, je me suis sentie bien, comme guérie de cette phobie de l'extérieur.
Je heurte un homme de plein fouet et manque de perdre l'équilibre. Il me rattrapé par le bras et me demande si je vais bien. Un homme charmant. La plupart des gens de maintenant m'auraient insulté ou humilié. Je l'aurais sûrement mérité. À trop penser, j'en ai oublié de regarder où j'allais. Je sens la crise de panique pointer le bout de son nez. L'homme a dû percevoir ma détresse car il m'entraîne vers une table de restaurant en terrasse. Après s'être assuré que j'allais bien, il m'offre très gentiment les deux pains au chocolat qu'il vient d'acheter et s'éloigne avec un sourire sympathique.
Il me faut plusieurs minutes avant de reprendre véritablement mes esprits. Les gens grouillent autour de moi. Je ne me sens pas en sécurité. Je rejoins ma voiture d'un pas pressé et rentre à la maison.
Retrouver un endroit familier me fait un bien fou. Ma nausée disparaît et l'envie de manger l'un des pains au chocolat me saisit. Dans le paquet en papier, se trouve un mot. Sans doute le monsieur devait-il l'offrir à sa femme ou sa fiancée pour le petit déjeuner. Je m'en voulut encore plus de ma maladresse de tout à l'heure. Il avait dû retourner à la boulangerie pour en racheter. Faites que je n'ai jamais à le recroiser.
Sur le papier était écrit : « Les mauvais rêves s'évanouissent, la culpabilité se couche et la tristesse s'estompe » .
Je reste un instant interdite devant les mots. La phrase est si étrange, si énigmatique, mais pourtant les mots font écho en moi, comme s'ils avaient été écrits pour... moi.
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