CHAPITRE 6
À l'extérieur, le vent souffle toujours. Je m'engouffre dans la pénombre de plus en plus présente. Définitivement, les heures se sont écoulées sans que je m'en aperçoive. Ma tête va de gauche à droite, essayant de comprendre d'où provenait le bouclé et où il avait bien pu disparaître. À priori, il n'y a aucune trace de ce mystérieux garçon, comme s'il n'était qu'un mirage. Encore suffisamment certaine de ma santé d'esprit, malgré les derniers jours, j'emprunte le trottoir, commençant mes recherches. Je passe devant plusieurs boutiques, toutes fermées, et je me questionne sur la nécessité d'envoyer un texto à ma mère pour l'avertir que tout va bien. J'en viens à la conclusion que ça ne devrait pas être utile. Après tout, je fais seulement un petit tour rapide du quartier, ça ne sera pas long.
Dès que je commence à vraiment observer les alentours, je réalise l'allure sinistre de l'endroit. Un lampadaire sur trois envoi une lumière tamisée sur les commerces et la rue, mais il fait sombre. Trop sombre pour qu'une jeune fille se promène seule. Je zigzague entre les halos de lumière dans le quartier désert, qui semble même abandonné à cette heure. Je me surprends en jetant un coup d'oeil derrière moi. Même en plissant les yeux, je n'arrive pas à distinguer ma voiture. Décidément, je me suis laissée distraire à suivre le peu de clarté offert par les lampadaires et, maintenant, je ne suis plus certaine de la distance que j'ai parcouru. Pour seul indicatif, il y a cette chaleur qui s'est propagée de mes mollets à mes cuisses.
Depuis combien de temps est-ce que je marche?, pensais-je.
Je m'arrête, levant la tête pour examiner l'enseigne du commerce devant lequel je me tiens. The Fork. En approchant mon visage de la vitrine, j'aperçois des tables et des chaises, m'indiquant qu'il s'agit d'un restaurant. Un restaurant qui m'est totalement inconnu. J'inspire profondément, il est temps de rebrousser chemin. Peu importe où ce bouclé peut être, ce n'est pas important. Le vent souffle toujours et lorsqu'un frisson secoue mon corps, je me rends compte de la stupidité de ma promenade. Essayer de retrouver, en fait, essayer d'entrevoir un garçon que je ne connais point, alors que je devrais être chez moi, dans mon lit à lire ou regarder une de mes émissions préférées. Je ris en secouant la tête devant ma naïveté. Foutu curiosité. Je fais demi-tour, avançant un peu plus rapidement maintenant que la température plus fraîche se fait de plus en plus présente.
Quelques mètres plus loin, je me retourne vivement en croyant avoir sentie une présence derrière moi. Je refrène mon envie de courir après avoir observé la rue, aussi déserte qu'il y a quelques minutes, mais à l'apparence bien plus menaçante. Je scanne rapidement la devanture des différents commerces que je ne connais aucunement, me concentrant plus amplement sur les régions plus sombres présentent à l'entrée des petites ruelles entre les magasins et restaurants. Un cri m'échappe quand un matou se sauve de l'arrière de la poubelle où il était planqué, reculant de deux pas sous la surprise, mon dos entre en contact contre la façade de ce qui me semble être une librairie. Je ris nerveusement, une fois le choc passé, étant toutefois incapable de quitter des yeux la cachette du matou. Une très infime douleur commence à se faire sentir à ma hanche.
''Du calme Lexie'', me chuchotais-je à moi même.
Je sursaute lorsque la sonnerie de mon téléphone retentit, causant un élancement désagréable au niveau de mes côtes. Un bras entourant mon corps du mieux possible dans le but de soulager ne serait-ce que légèrement la douleur, j'attrape l'appareil dans la poche arrière de mon short. Ça c'était le geste de trop, celui qui diffuse cette douleur que j'avais presque réussit à oublier aujourd'hui.
"Oui", répondis-je, sans penser à regarder la personne qui m'appelait.
"Où es-tu?"
"Je bois un café avec Dereck." Juste un demi-mensonge, rien de bien grave. Je reprend ma route, me sentant plus confiante avec la voix de ma mère dans le combiné.
"À vingt-deux heures?" Je comprends à son ton incertain qu'elle se questionne sur la véracité de ma réponse. Pourtant, elle ne me contredit pas. "La porte ne sera pas barrée, on se voit demain matin." Puis la ligne coupe, sans qu'un autre mot de ma part ne puisse être dit.
Je hâte le pas, me sentant incroyablement seule avec pour seule alliée, mon insécurité grandissante. Le trajet de retour jusqu'à ma voiture est assez bref et ce n'est qu'en m'asseyant derrière le volant que je prend conscience de mon essoufflement. Finalement, ma marche rapide s'était transformée en jogging et j'en vivais les répercussions, essayant de reprendre mon souffle tout en mettant le contact. J'enclenche le reculons et sors du stationnement sans me donner la peine de regarder derrière. De toute façon, il n'y a personne. Je suis la seule parcelle de vie encore présente ici à cette heure tardive.
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L'adrénaline qui avait élue domicile lors de ma promenade me quittait petit à petit tandis que l'eau chaude coule abondamment sur mon corps nu. Les yeux fermés, j'hume doucement la vapeur qui emplit la douche. Une fois toute la tension contenu dans chacun de mes muscles disparue, j'enroule une serviette autour de ma poitrine. Mes pieds chauds entrent en contact avec la céramique fraîche, me conduisant jusqu'au lavabo. Postée devant le miroir, j'y essuie la buée accumulée à l'aide de la paume de ma main, de petites gouttes coulant lentement jusqu'à la bordure du bas.J'examine l'ecchymose foncé sur mon visage une dernière fois puis éteins la lumière, me dirigeant machinalement jusqu'à mon lit. J'avais effectué ce trajet si souvent que même dans la noirceur la plus totale, j'arriverais à destination sans embûche. Je plonge sous les couvertures, prête à me laisser sombrer dans un sommeil profond, les anti-douleurs que j'ai pris en arrivant accomplissant un travail incroyable sur la gestion de mon mal.
Mes paupières lourdes se ferment, laissant place à des rêves parsemés de ruelles sombres et de matous à l'allure menaçante, m'épiant sans relâche et me suivant furtivement.
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Emma Jenner est Lili Reinhart
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