TWO

  J'ai déposé Charlie chez son ami, puis j'ai roulé en direction de l'entrepôt, à l'entrée de la ville. C'est un lieu abandonné, sur une ancienne partie d'un chantier dont le père de Chris devait construire un hôtel, mais le projet a été déplacé autre part, et maintenant l'entrepôt est à nous.

Je me gare devant le bâtiment, puis je sors de ma voiture, claquant la portière négligemment.

L'odeur si unique du lieu entre dans mes narines, et en à peine une seule seconde j'oublie mes problèmes, comme si j'entrais dans un tout autre monde. L'entrepôt sent un peu comme Chris, étant donné que le brun traine toujours ici, ayant transformé ce hangar abandonné en une demeure habitable. Même si la décoration est faite de pneus, de casier en ferraille et de caisse en bois, c'est chez lui.

Je frappe à la porte et quelques instants plus tard celle-ci s'ouvre sur Chris.

Ce dernier à une cigarette entre les lèvres, toujours vêtu de son T-shirt gris, les températures d'été étant assez élevées cette année, puis j'aperçois une bière dans sa main droite alors qu'il s'exclame tout à coup.

- Tu as une sale gueule.

- La ferme.

Chris rit puis me laisse entrer.

Quand je tourne la tête vers la gauche, en direction de ce qui pourrait s'apparenter à un salon, je distingue Connor Anderson, et Daiki Lee, les deux autres membres de notre bande d'amis.

Connor est du genre branleur, il a abandonné ses études et est un déchet de la société, mais il n'en a que faire. Sa vie tourne autour des jeux d'argent, il pari celui de son père, mais ce dernier est trop désespéré par le comportement de son fils qu'il le laisse faire, lui accordant un certaine somme par mois à dépenser. Donc Connor dépense, et le blond s'en fou, il vit sa vie et passe une bonne partie de celle-ci avec Chris et Daiki.

Daiki quant à lui est l'opposé total de Connor, il est typé asiatique et n'est pas très grand, il est toujours assidu en cours, voulant réussir sa vie, ne pouvant dépendre de l'argent de ses parents, étant donné qu'il est orphelin depuis ses trois ans. Par chance une de ses tantes a pu le recueillir chez elle, mais Daiki n'attend que d'avoir un boulot pour s'envoler de ses propres ailes. Alors lui est sérieux, même si il sait s'amuser dès que nous sommes tous les quatre réunis.

Je viens m'assoir sur un tabouret près du canapé puis attrape une bière que Chris vient de me lancer.

C'est lui, celui qui nous réunit.

Il est l'aimant qui nous joint tous, il maintient le groupe sans même le savoir. Car nous venons tous de monde différent, nous avons tous différentes personnalités et je pense que sans lui nous ne serions même pas amis. Le brun a cette faculté à tirer nos pires instincts, à nous faire devenir des personnes dont nous n'aurions jamais osé devenir, et c'est ça qu'il aime chez nous.

Chris est une personne unique, vraiment mauvaise par moment, il s'en fou du monde qui l'entoure, il vit sa vie comme si elle pouvait se terminer à tout moment, et parfois c'est lui-même qui amène la mort à sa porte.

Mais parfois une zone de lumière nous éblouit. Il se montre gentil, et à ce moment-là, nous savons qu'il tient à nous, qu'il tient à moi. Et même si ce moment est rare, c'est de loin le plus beau.

Daiki me tend la bouteille de vodka alors qu'il rit d'une voix grasse et que sa voix s'élève dans l'entrepôt.

- Et ce connard de Connor l'a frappé en plein dans la mâchoire, c'était énorme. Tu as raté Chris.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Ma voix est un peu lente, l'alcool courant dans mes veines impactant sur mon comportement.

Daiki rit de nouveau, puis montre le blond du doigt avant de se lancer dans ses explications.

- Tout à l'heure, un mec a commencé à bousculer Connor, il pensait avoir affaire à un petit faible, alors il a commencé à s'approcher d'Anderson, l'insultant de je ne sais plus quoi. Et d'un seul coup Connor lui a mis une belle droite, mettant l'autre mec au sol en un seul coup.

- J'en suis sûr que tu exagères.

- Je te le promets Lucas, sur ma vie c'est la vérité. Hein Connor, dis-lui.

Le blond ne fait pas attention à nous, il a ses yeux braqué sur Chris, qui lui est au téléphone avec je ne sais quelle personne. Il a son visage sérieux et ne se laisse pas déconcentrer par la voix insistante de Daiki.

Ce dernier soupire et attrape une canette vide avant de la jeter sur le blond. Connor sursaute et jette un regard noir en direction de son agresseur.

- Bordel Lee, qu'est-ce que tu fous ?

- Je te parle, dis à Lucas que tu as mis un mec à terre d'un seul coup de poing.

Le blond se tourne vers moi et me parle tout à coup.

- Tu veux que j'essaye sur toi pour te le prouver ?

- Va chier.

Connor hausse les épaules et se concentre une nouvelle fois vers Chris.

Je n'aime pas la violence. C'est la seule chose qui me dérange et qui m'exclut de ce groupe. Connor est le genre de type qui frappe sans aucune raison, qui est le premier à se battre juste par plaisir. Daiki quant à lui adore voir les autres se battre, surtout quand Connor est le vainqueur du combat. Puis il y a Chris, qui est souvent à l'origine des conflits, mais qui ne se salit jamais les mains. Au contraire, il parie de l'argent, il a le contrôle, influençant les autres à se battre pour son propre plaisir ou règlement de compte.

Puis il y a moi, qui a horreur du sang, des coups et des bleus, en ayant suffisamment chez moi pour devoir me retrouver encore face à ça à l'extérieur.

- Lucas, ça te dit une pilule ?

Je lève les yeux et rencontre le regard sombre de Chris, ce dernier est envoutant et pourrait pénétrer mon âme. Il affiche un air narquois, ses lèvres s'étirant en un petit sourire que seul le brun maitrise à la perfection.

Mais je refuse son offre, voulant être maitre de mon esprit pour le moment.

Il hausse les épaules alors que je secoue la tête, puis je le vois glisser une gélule sur sa langue d'un geste naturel et contrôlé.

Je sens mon ventre se contracter alors que j'observe ses lèvres se coller au goulot d'une bouteille de bière, puis sa langue passer doucement sur elles pour attraper les gouttes qui se sont échappées de sa bouche. Chris sourit ensuite et je sens son regard braqué sur moi.

Mes joues deviennent peu à peu rouges et je me presse de détourner le regard.

Dire que je suis insensible au brun serait mentir, car je suis totalement sous son charme. Depuis la première fois où il a posé ses yeux sur moi, j'ai senti tout mon univers s'effondrer pour devenir plus beau. Et depuis, mon cœur bat plus fort quand ma peau frôle la sienne ou qu'il me regarde avec insistance.

Cependant il ignore ce que je ressens et je veux garder ça secret, car je sais qu'à peine une seconde après qu'il soit tenu au courant, ma vie s'effondrerait, mais avec aucune possibilité de se reconstruire.

Alors je garde mes sentiments au plus profond de mon être, priant pour que ces sentiments diminuent avec le temps.

Mais, ils ne font que grandir jour après jour.

Alors que Daiki et Connor sont en train de débattre à propos d'une fille, je sens soudainement une main se poser sur mon épaule, puis une odeur sucrée m'envelopper. Et la voix de Chris caresse doucement la peau de ma nuque.

- Alors, qu'est-ce que voulait ton frère ?

Un frisson me parcourt au souvenir de mon père un peu plus tôt dans la soirée, mais je chasse cette image en répondant assez vite.

- Rien de très important.

Je sens une de ses mains glisser sur ma joue droite puis s'enrouler autour de mon cou alors qu'il vient chuchoter à mon oreille.

- Pourquoi est-ce que tu me mens ?

Sa main ne fait pas pression autour de mon cou, et son contact n'est pas désagréable. Au contraire je viens fermer les yeux pour mieux apprécier la sensation de sa peau sur la mienne, la chaleur de sa paume diffusant des impulsions électriques qui m'hérissent les poils le long de ma nuque.

Je pourrai lui dire que je ne mens pas, mais il saurait que c'est le cas. Donc je préfère être honnête, mais en lui cachant toujours la vérité.

- Ça ne t'intéresserait pas.

Sa main quitte mon cou, puis passe dans mes cheveux alors qu'il vient chuchoter à mon oreille.

- Je le saurais un jour, tu le sais.

Mon cœur rate un battement, et je suis sur le point de défaillir, avoir son corps si près du mien me faisant tourner la tête.

Mais tout à coup il rompt tout contact, il passe à côté de moi et s'immobilise avant de s'exclamer assez fort pour stopper la discussion de Daiki et Connor.

- On se casse.

Nous nous levons tous les trois, obéissant sans discuter. Puis c'est d'un pas assuré, que nous nous dirigeons vers la porte.

Mais alors que Chris ferme la porte à clef, je ne peux m'empêcher de l'interroger.

- Et où est-ce qu'on va ?

Le brun m'accorde un sourire malicieux, puis me répond en accompagnant ses mots d'un clin d'œil.

- On va vivre.



A vendredi !

AudreyPh18

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