TWENTY - BAD ENDING
La main de Chris se pose sur ma cuisse alors qu'il m'accorde un sourire franc. Je lui souris en retour, le moteur de la voiture faisant trembler l'intérieur, mon siège ainsi que mon cœur.
Le brun retire sa main de ma cuisse puis la pose sur la boite de vitesse alors qu'il s'adresse à moi d'une voix enjouée.
- Tu as peur ?
Je secoue la tête.
Bien que mon cœur batte la chamade dans ma cage thoracique, étrangement je n'ai pas peur. Je suis excité, un peu anxieux des sensations que je vais ressentir, mais je ne suis pas effrayé, je veux être dans cette voiture et vivre ce que le brun vit.
Une Alfa rouge se place à notre hauteur, avec Rhys au volant. Il a un regard toujours étrange et un sourire vraiment perturbant plaqué sur le visage. A son côté se trouve un métis que je n'ai jamais vu, ou peut-être que je l'ai déjà vu mais en tout cas je ne lui ai jamais porté grande attention.
Chris ouvre la vitre puis pose son bras sur la portière d'un ton las alors qu'il s'adresse à son adversaire.
- Tu es sûr de vouloir te ridiculiser Rhys ?
- Va te faire foutre Evans. On conduit à travers la forêt, puis jusqu'au pont. Thomas nous y attend.
Chris ne répond pas, il se contente seulement de faire un signe de tête puis il referme sa vitre.
Mais alors qu'une fille se place entre les deux voitures, devant très certainement donner le départ, je sens la main de Chris se poser contre moi puis tirer brusquement sur la ceinture, un air inquiet sur le visage. Puis après avoir vérifié si j'étais bien attaché, il me sourit rapidement puis repose sa main gauche sur le volant, alors qu'il pose l'autre sur la boite de vitesse.
Le moteur rugit, et je sens mon corps être parcouru d'une adrénaline vraiment plaisante, mes sens étant comme renversés.
La pression monte, je peux le sentir. Je vois un air sérieux et concentré se peindre sur le visage du brun, alors que de mon côté je ne peux m'arrêter de sourire.
La fille lève les bras, et encore une fois je sens la voiture vibrer un peu plus fort, comme pressée de pouvoir rouler.
Puis elle baisse les bras, donnant le départ.
La voiture part en trombe et je me sens plaqué brusquement au fond de mon siège. Mon cœur s'écrasant au fond de ma poitrine alors qu'un soupire d'ébahissement s'échappe d'entre mes lèvres.
L'excitation grimpe dans mes veines alors que je jette un coup d'œil à Chris. Ce dernier est toujours concentré, passant les vitesses d'une façon assurée, la voiture allant de plus en plus vite. Le paysage passe rapidement de la soirée, aux maisons un peu reculées de la campagne pour finalement finir sur une rangée interminable d'arbres aux feuilles bien vertes.
Je jubile voyant que la voiture de Rhys est derrière nous, mais rapidement la jubilation laisse place à un stresse grandissant alors que nous croisons une voiture en face de nous.
Un cri menace de s'échapper, mais l'assurance de mon conducteur l'empêche de s'exprimer.
En effet Chris tourne brusquement le volant, évitant la voiture comme si elle n'avait été qu'un simple sac plastique trainant sur la route. Puis il se remet sur la file de droite en accélérant encore plus.
Je vois les chiffres défiler sur son tableau de bord, mais je suis si obnubilé par l'extérieur que je n'ai pas le temps de voir à quelle vitesse nous roulons.
C'est fascinant ce que je ressens, c'est comme être envahi par une angoisse qui est elle-même écrasée par une euphorie sans limite. Et je comprends alors pourquoi les autres se sentent si bien pendant une course, pourquoi ils se sentent si spéciale dans cet habitacle de ferraille. C'est juste ahurissant.
Je suis fébrile mais pourtant je souris.
Chris jette un coup d'œil au rétroviseur intérieur et fronce tout à coup les sourcils.
Mais je n'y fais pas plus longtemps attention. Car en effet, devant nous se trouve le pont et donc la ligne d'arrivée. Je peux apercevoir une voiture grise, sûrement un des amis de Rhys, et je comprends que nous avons gagné.
Le brun pose son regard sur moi puis rit doucement, lui aussi comprenant que nous avons gagné la course.
Cependant quelque chose nous percute à l'arrière.
Mon corps est compressé contre ma ceinture, puis ma tête vient cogner contre l'appuie-tête alors que je suis de nouveau enfoncé dans mon siège. Alors que je regarde à ma droite, je vois les arbres défilés devant mes yeux, la vitesse toujours aussi élevée les rendant presque imaginés. Mais tout à coup j'aperçois la voiture rouge de Rhys dans le rétroviseur extérieur, puis son sourire, terrifiant.
Et là encore nous sommes de nouveau percutés.
Je vois l'ami de Rhys lui hurler dessus, essayant de prendre le volant, puis tout à coup Chris s'écrie, me faisant sursauter malgré toute l'agitation.
- Quel fils de pute !
Chris accélère, mais ça ne semble pas fonctionner. Rhys nous rentre une nouvelle fois dedans et ma main s'agrippe à la portière.
Et tout à coup tout dérape.
Chris perd le contrôle de la voiture. Elle va tout d'abord sur la file de gauche, puis la file de droite avant de finalement se retourner brusquement alors que le brun freine pour diminuer notre vitesse.
Mais c'est trop tard.
La voiture, à cause de la trop grande vitesse, commence à se retourner. Ma main vient cogner contre le plafond alors que mon corps est pressé contre ma ceinture. La voiture continue de se retourner sur elle-même, et ma tête vient cogner contre la vitre, une fois, puis une seconde fois et une troisième fois
Je n'arrive plus à savoir où nous sommes. La voiture continue de faire des tonneaux, et je comprends que nous avons quitté la route alors que nous sommes entourés d'herbe.
Ma tête cogne contre la vitre, ou peut-être contre le plafond, je n'en sais rien, je n'arrive plus à savoir où je suis. Le pare-brise explose et des débris de verres viennent me couper la peau, mais la douleur est absente. Je suis comme coupé du monde, mon corps étant malmené comme une simple poupée de chiffon.
Ma tête me fait souffrir, mon ventre me fait souffrir, mon corps entier n'est qu'une souffrance brutale.
La voiture continue de dévaler, ou peut-être que nous sommes arrêtés, je ne sais plus rien. Ma vue se trouble, et alors que j'essaye de toucher ma tête, mes doigts entrent en contact avec un liquide poisseux. Or je ne peux les voir, j'en suis incapable.
J'ai mal, j'ai froid et finalement je ne sens plus rien.
Je me laisse aller doucement.
Puis le noir complet.
Une soirée inoubliable, c'est ce qu'ils s'étaient dit. Ils auraient dû s'amuser et rire comme des personnes insouciantes, à se pourrir d'alcool mais en aimant toutefois sentir le poisson brûlant couler dans leur gorge.
C'est ce qu'ils s'étaient dit.
Mais ça ne s'est pas passé de cette façon.
Alors que la voiture blanche dévalait la pente, enchainant tonneaux après tonneaux, quelques personnes regardaient le spectacle, totalement impuissant face à la machinerie qui s'était mise en place, impossible de pouvoir l'arrêter.
Les deux jeunes étaient malmenés, leur tête cognant contre les vitres, puis contre le tableau de bord, pour finalement rester pendus à leur ceinture alors que la voiture finissait sa course un peu plus bas.
Le toit de la voiture contre le sol, leur monde étant sans-dessus-dessous.
Le premier à être sorti de la voiture fut Chris. Ses cheveux collés à cause du sang, et sa jambe blessée, très certainement cassée. Il s'est extirpé de la voiture, serrant les dents de douleur alors que le verre brisé de sa vitre lui tranchait la peau de son bras nu. Son souffle était court et saccadé, il semblait mourir à chaque inspiration qu'il prenait, ses poumons se serrant avec douleur.
Mais il s'est quand même échappé de la prison de tôle, complètement brisée et cabossé.
Il n'a pas attendu une seule seconde avant de se diriger côté passager, sa démarche difficile et cuisante. Et finalement il a réussi à faire le tour de la voiture, mais ce qu'il vit fut pire ce qu'il aurait pu imaginer.
Lucas était là, son corps à moitié à l'intérieur et à moitié à l'extérieur.
Il avait sa ceinture, pourquoi était-il à l'extérieur ?
Le brun se précipita vers lui, son cœur se brisant un peu plus à chaque pas qu'il faisait en direction du blond. Puis finalement il se laissa tomber à côté du blond, son esprit totalement affolé.
Les mains de Chris tremblaient, elles étaient recouvertes de sang et du verre s'enfonçait dans sa peau, mais il n'y faisait guère attention. Il les posa contre le visage de Lucas, ce dernier avait les yeux fermés et il ne bougeait plus.
Le brun s'écria, secouant doucement le corps du blond.
- Lucas, réveille-toi ! Je t'en prie réveille-toi.
Des larmes ruisselaient contre ses joues, alors qu'il entreprit de sortir son amour hors de la voiture, mais quand ses doigts entrèrent en contact avec la peau de Lucas, il comprit, et même si il refusait d'y croire, une partie de lui savait très bien que c'était trop tard.
Chris tira Lucas hors de la voiture, puis se laissa tomber un peu plus loin, le corps de son copain entre ses jambes.
Le brun sortit son téléphone, à l'écran cassé, de sa poche, puis appela les urgences, sa voix totalement brisée par ses sanglots.
Il ouvrit la bouche, voulant hurler pour qu'on l'aide, pour que Lucas se réveille et qu'il ouvre les yeux, mais ce ne fut qu'un murmure douloureux et suppliant qui s'échappa.
- Lucas, je t'en prie, je t'aime.
Chris n'était jamais faible, il ne pleurait jamais du moins c'est ce qu'il s'était promis depuis bien longtemps.
Mais là, comment ne pouvait-il pas pleurer ? L'amour de sa vie était dans ses bras, ses yeux fermés alors que du sang perlait d'entre ses lèvres. Comment ne pouvait-il pas pleurer alors qu'il était en train de le perdre, que la vie s'échappait de Lucas sans qu'il ne puisse rien y faire, sauf pleurer. Alors Chris pleurait, il hurlait, tenant le corps sans vie du blond entre ses bras, ne pouvant plus le lâcher car si jamais il le faisait, c'est qu'il abandonnait, et il ne pouvait pas abandonner, ça aurait été accepter qu'on lui arrache le blond. Alors non, il le maintenait contre lui, ses joues inondées de larmes alors que ses mains agrippaient le T-shirt ensanglanté de Lucas.
Mais Lucas n'ouvrit pas les yeux.
Chris était seul, secoué par son chagrin et son désespoir.
Les pompiers arrivèrent dix minutes plus tard, mais il n'y avait plus rien à faire, Lucas n'était plus. Mais en mourant, Lucas tua Chris, car si la vie de Lucas pris sens le jour où Chris posa son bras sur ses épaules, se fut aussi le jour où Chris compris ce qui importait vraiment, et il s'était promis de protéger ce blond défiguré et brisé par la vie.
Mais Chris a failli, Lucas est mort et ce jour-là, Chris mourut aussi, son cœur brisé ne pouvant plus jamais être réparé.
FIN
AudreyPh18
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